Chapitre 18
Le petit groupe avançait calmement, en formation serrée, pour protéger les plus vulnérables. Les deux garçons les plus vieux marchaient devant, l'arme au poing, guettant le moindre mouvement ou bruit suspect, tandis que les deux femmes se trouvaient à l'arrière, toute aussi attentives que les homologues masculins. Jackson et DaeHyun encadraient la petite japonaise, qui avait Da Reum sur les talons. La journée était déjà bien avancée, et ils ne s'étaient arrêtés que pour manger, ou se reposer quelques instants. Le poids de leur sac pesait sur leurs épaules.
Ils n'avaient rencontré que des bestioles sans intérêt, non digne que l'on se fasse du soucis quant à leur sécurité. JunMyeon regarda l'heure sur sa montre. L'écran s'était cassé, mais il voyait toujours les aiguilles, qui bougeaient, à chaque seconde. La fin d'après-midi débutait, et le ciel commençait doucement à s'obscurcir. Quelques nuages trainaient dans l'étendue bleue, et la lune apparaissait déjà au dessus de leur tête.
Ye Ji réfléchissait. Le groupe était constitué de quatre hommes, de deux femmes, d'un adolescent rebelle et d'une enfant. Son frère n'était pas trop blessé, à son grand soulagement. Mais elle ne connaissait pas réellement la condition physique des autres. Elle avait remarqué au fil des jours que les garçons de Séoul étaient plus musclés, même si DaeHyun paraissait plus svelte que les deux autres. Jackson, étant un sportif de haut niveau, ne l'inquiétait pas non plus. Mais Ji Eun, qui faisait des études de médecines, et Kameko, qui ne dépassait pas le mètre vingt, étaient plus faibles, et plus enclines à être blessées. Quant à elle-même, elle n'avait jamais eu à se plaindre de son endurance ou de sa force physique. Elle avait même l'impression que ces derniers jours, elle se sentait mieux. Comme si l'adrénaline lui conférait vitesse et ardeur. C'était comme une impulsion de vie qui lui donnait la force de battre contre la mort.
Da Reum marchait juste derrière Kameko, qui tenait toujours sa peluche contre sa poitrine. Le garçon ressentait une légère douleur dans son dos, mais il n'avait pas osé en parler à sa sœur ou à Ji Eun. Et le sang qui avait coagulé sur son front le démangeait horriblement. Il devait sans cesse se retenir de gratter la croute rouge. Il avait aussi très chaud, et même si il avait enlevé le surplus de vêtements pour se retrouver simplement en t-shirt, il sentait la sueur rendre le tissu de son vêtement humide. La légère brise faisait flotter ses cheveux noirs devant ses yeux. Il espérait bientôt arriver, et enfin être fixer sur ce qui le torturait depuis maintenant plusieurs jours. Est-ce que leurs parents étaient en vie ? Ye Ji était plutôt proche de leur mère, mais Da Reum avait un lien particulier avec son père. Il ne cessait de prier, les yeux fixant la petite tête de Kameko, qui dodelinait sur ses épaules.
Elle ne devait pas être habituée à marcher aussi longtemps, et c'était encore une jeune enfant. Ne sachant pas parler japonais, il se contenta de poser sa main sur les cheveux noirs de la petite fille, qui s'arrêta pour le regarder. Elle n'eut comme réponse qu'un sourire avant que Da Reum ne l'attrape sous les aisselles, pour la hisser sur se propres épaules. Kameko poussa un petit cri de surprise, stupéfaite de se retrouver si loin du sol. Elle agrippa les cheveux du garçon et tira dessus, ayant l'impression de tomber à la renverse.
- Aie ! Mais me tire pas les cheveux fillette !
Le petit groupe s'était arrêté, et riait des cris dénués de virilité de l'adolescent. Après cette brève halte, ils reprirent la route, la pression un peu relâchée, mais gardant toujours leur vigilance à leur maximum.
Ye Ji n'était venue qu'une fois depuis que ses parents avaient déménagé de ce côté de la ville. Mais ça lui avait suffi pour connaître le chemin menant à leur nouvelle demeure. Le soleil était caché derrière les bâtiments et les arbres qui bordaient la route. Ici, les immeubles avaient laissé leur place à des rangées de maisons dissimuler derrière des murs et des arbres hauts. Et dans une rue ou deux, ils seraient arrivés à destination. Pour le meilleur ou pour le pire.
- On est presque arrivé, signala Ye Ji à ses acolytes.
- C'est pas trop tôt, j'ai un de ces mal de dos, ajouta DaeHyun en étirant ses bras au dessus de sa tête.
MinSeok sourit, et jeta un rapide coup d'œil derrière lui. Il vit sans effort que les deux frères et sœurs étaient tendus, et il les comprenait. Dans quelques instants, ils sauraient la vérité, à savoir si leurs parents étaient en vie, ou non.
Ye Ji aperçut enfin le mur beige qui entourait le jardin de ses parents. Elle courut jusqu'à la porte, peinte dans une bleu outremer. La peinture était écaillée par endroit, et la poignée légèrement rouillée grinça lorsque Ye Ji appuya dessus pour ouvrir la porte. Dans un crissement sinistre, la porte s'ouvrit, et les gongs lui parurent faire un bruit monstre. Derrière, le jardin était comme elle l'avait vu. Soignées, sans doute par son père, quelques fleurs poussaient en ligne, et un chemin de dalle reliait l'ouverture dans le mur jusqu'à la porte de la petite maison. Elle avait presque l'impression que rien ne s'était passé, que Chan Seong était avec elle, prêt à voir ses parents, et Da Reum allait partir embêter leur père, et que sa mère l'accueillerait d'un sourire et d'une embrassade sur jouée.
Da Reum s'était précipité à la suite de Ye Ji, après avoir déposée son bagage humain au sol. Il n'avait jamais vu la nouvelle maison de ses parents, puisque Ye Ji était partie leur rendre visite pendant qu'il passait des examens à l'école.
Il suivit sa sœur des yeux lorsqu'elle passa la porte, et disparut de sa vue. Le jardin était sombre, le soleil n'étant plus présent pour l'illuminer. Mais il se doutait que lorsque l'astre solaire éclairait cet endroit, il devait ressembler à un petit eldorado. Il marcha le long du chemin de dalle, suivit par leurs compagnons, qui étaient restés silencieux. Ye Ji avait frappé à la porte, attendant une réponse vaine. Elle essaya alors de l'ouvrir, et contre toute attente, la porte n'opposa aucune résistance. A l'intérieur, il n'y avait pas un bruit.
La jeune femme se précipita à l'intérieur, Da Reum sur les talons.
- T'es sûre que c'est ici Noona ?
- Evidemment que oui !
Ye Ji sentait son cœur battre la chamade. Elle commençait à s'affoler de n'apercevoir aucune trace de ces géniteurs. Elle partit en direction de la cuisine, puis de leur chambre, mais elle ne voyait personne.
- Ye Ji ! J'ai trouvé quelque chose ! cria JunMyeon de la cuisine.
La jeune femme se précipita dans la pièce et fixa le garçon, attendant qu'il parle.
- Tiens.
Il lui tendit une feuille blanche, où des lignes d'écriture avaient noirci la page. Elle s'empara du papier et se plongea immédiatement dans la lecture.
« Ma petite Ye Ji, mon petit Da Reum
Oh mon dieu, je ne sais pas par où commencer...
Bon, je vais être brève. J'espère que vous aller
bien, tous les deux. Je suis inquiète, vous étiez
censés arriver il y a maintenant cinq jours, et nous
n'avons aucune nouvelle de vous...
Votre père a entendu à la radio qu'un camp de
réfugiés s'était formé dans les alentour de Daejeon.
Nous sommes donc partis là-bas. J'espère que nous
nous retrouverons là-bas. Nous avons du partir, les
monstres grouillent autour de la maison, et nous n'y
sommes plus en sécurité.
Je vous aime, vous père vous aime.
A bientôt,
Maman. »
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