- Donc Kameko-Chan est venue ici en vacances avec ses parents, mais ils se sont fait attaquer par des monstres, et ils n'ont pas survécu. Ils ont fait en sorte qu'elle puisse s'enfuir, finit Jackson.

Le chinois se débrouillait aussi bien en coréen, qu'en anglais ou qu'en japonais. Il avait eu la chance d'étudier beaucoup de langues orientales pendant son cursus scolaire, et il était content de pouvoir mettre ses années d'apprentissages au service d'une pauvre fillette. Celle ci tenait sa peluche, qui ressemblait à un lapin, par l'une des oreilles. 

- Pauvre enfant, fit JunMyeon en regardant la petite fille avec compassion. Elle paraissait perdue, et ses yeux étaient cernés de noirs. Son visage enfantin était parcouru d'égratinures, et ses plaies faisaient peine à voir. Le coeur des garçons se serrait lorsqu'elle grimaçait de douleur au contact du désinfectant. Ji Eun avait posé ses genoux au sol pour se mettre à la hauteur de la petite japonaise, et elle passait une compresse propre sur les blessures superficielles de Kameko.

Ye Ji les avait laissé en plan, et Da Reum se sentait déçu de ne voir aucune émotion sur le visage de sa soeur lorsqu'elle était partie. Ni tristesse, ni colère, ni pitié ou compassion. Seulement un regard las et fatigué.

Mais Ye Ji ne s'était pas enfuie. Et elle ressentait évidemment beaucoup de choses pour la jeune fille. Elle avait perdu ses parents comme elle avait perdu son compagnon. Kameko avait le même regard qu'elle. Elle le savait. Un soir, où elle marchait dans le couloir éclairé de néons clignotants, elle avait aperçu ses pupilles sombres. Ses prunelles noires qui brillaient de mélancolie. Mais Ye Ji avait eu la chance d'avoir son frère à ses côtés, et même si l'avouer lui était insupportable, la présence des garçons de Séoul était réconfortante. 

La jeune femme marchait entre les différents rayons qu'elle avait déjà sillonné quelques minutes auparavant. Elle arriva enfin en face des étagères qui l'intéressaient, et elle s'agrippa au rebord de l'une d'elle. Ye Ji essayait d'attraper l'un des sacs au design enfantin qu'elle avait aperçu plus tôt. Elle se tenait avec la main droite, et tendait la gauche dans l'espoir de frôler le cartable jaune. Mais rien n'y faisait, quelques centimètres lui manquait, et le fait de tendre son bras tirait sur sa blessure franchement recousu.

Soudain, des mains capturèrent ses hanches, et l'espace disparut. Elle attrapa le sac entre ses doigts, et lorsque ses pieds touchèrent le sol, elle se tourna pour voir qui l'avait aidé. MinSeok se tenait près d'elle, et ses mains reposaient toujours sur la courbe de ses reins. 

- Euh, merci, fit Ye Ji, un peu gênée par cette soudainement proximité. Le Baozi sembla se rendre compte que ses mains n'avaient pas bougé, et il s'empressa de les retirer. 

- Tu aurais dû demander de l'aide au lieu de partir toute seule. Tu aurais fait quoi si l'étagère était tombée sur toi ? la sermonna le garçon pour masquer son trouble. 

Ye Ji ne répondit pas. Qu'aurait-elle pu dire de toute façon ? MinSeok avait raison.

- Tu vas m'aider ? À faire son sac ?

- Oui Cap'.

- Quoi ? C'est quoi ça, "Cap" ? demanda Ye Ji, intriguée.

- Bah, Cap, pour Capitaine. Tu as l'air d'avoir piquer le rôle de leader à JunMyeon depuis qu'on est ensemble, ria MinSeok. 

- Ah... Désolée.

- Pourquoi tu t'excuses ?

- Je... sais pas ?

Leur conversation ne menant nul part, les deux énergumènes lâchèrent un petit rire. Et ce léger sourire sur les lèvres de Ye Ji fit rater un battement de cœur au garçon. 

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda la fille, interrompant MinSeok dans ses pensées. 

- Hein ? Je te regarde comment ?

- Comme si j'étais... un gâteau au chocolat.

- N'importe quoi, rétorqua le garçon en levant les yeux au ciel. Bon, on lui fait son sac, oui ou non ?

- Oui, oui...

- Tu peux t'occuper des vêtements, je me charge du reste, décida-t-il en faisant volte-face. Et il partit en laissant Ye Ji seule au milieu du rayon. 

- Putain, mais c'était quoi ça ? souffla-t-il en pressant une main contre sa poitrine. Il secoua la tête, comme pour faire s'envoler toutes les pensées trop dérangeantes à son goûts. Ce n'était pas le moment pour un béguin. Il était hors de question que son cœur fasse un caprice. Pas maintenant. Et encore moins Elle.

Ye Ji le regarda partit, et haussa les épaules pour elle-même. Elle ne pouvait pas comprendre le comportement de tout le monde. Elle finit par se mettre en tête de trouver quelques petites perles qui feraient plaisir à la petite japonaise. Elle arpenta les allées jusqu'à trouver les étalonnages pour les enfants. La jeune femme déroba quelques vêtements, ainsi qu'une doudoune aux couleurs flashy, et  une paire de bottines robustes. 

Après avoir emballé son butin dans le sac, elle retrouva ses camarades. MinSeok n'était toujours pas revenu, et les autres semblaient les attendre.

- Tu faisais quoi Noona ? Pourquoi t'es partie ?

- Je... Je suis allée chercher quelques bagages pour Kameko. 

Ye Ji s'approcha de la petite fille, qui s'était assise sur les genoux de Ji Eun. Sa tête, qui reposait contre l'épaule de la jeune fille, se tourna vers Ye Ji lorsqu'elle entendit son prénom. L'aînée lui sourit, et s'agenouilla à côté d'elle.

- Je m'appelle Ye Ji. Je t'ai trouvé quelques vêtements, est-ce que tu veux te changer ? Tu dois avoir froid comme ça, non ? demanda Ye Ji en japonais, surprenant son frère. Il ne savait pas qu'elle parlait aussi facilement la langue nipponne. Il observait la conversation entre les deux filles, à la fois intrigué et envieux. La dernière fois que Ye Ji lui avait parlé de la même manière remontait à tellement longtemps qu'il ne s'en souvenait plus.

- Oui, merci Ye Ji One-san, fit la petite fille en la regardant dans les yeux.

Elles restèrent quelques secondes comme ça, et Ye Ji lui sourit tendrement. Dans un sens, elle lui rappelait son frère, quelques années plus tôt. La jeune femme se leva et tendit la main à Kameko. La petite fille attrapa ses doigts et se mit rapidement debout sur ses fines jambes blanches. Ji Eun les suivit du regard, lorsqu'elles disparurent un peu plus loin, pour laisser l'enfant se changer loin du regard des garçons. Jackson la mit debout à son tour, et posa son menton sur l'épaule de sa compagne. 

- Elle est pas aussi sans cœur qu'il n'y paraît, en fait. 

Ji Eun se dégagea de l'étreinte du chinois et lui lança un regard noir.

- Ne dis pas ce genre de chose, tu ne sais pas ce qu'elle a traversé, idiot.

- Hein ?

- Son mec est mort y'a une semaine, il s'est fait bouffé par un cochon géant, fit Da Reum en regardant Jackson. 

- Comment tu peux dire ça de cette façon ! s'insurgea Ji Eun en se tournant vers l'adolescent. 

- Oh ça va, je l'ai jamais aimé de toute façon. Je suis juste triste pour Noona. 

- Je comprends que Ye Ji soit aussi mal, avec un soutien pareil, marmonna Ji Eun en partant en direction des deux autres filles. 

- Qu'est-ce que t'as dit ? s'énerva Da Reum. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu, mais le fait que Ji Eun l'accuse du mal être de sa sœur le mettait hors de lui.

- Rien du tout. Ji Eun lui lança un sourire forcé. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais rejoindre Ye Ji et Kameko-chan. 

- Calme toi, gars, fit DaeHyun en donnant une tape derrière la tête de l'adolescent. Tu rends tout le monde de mauvaise humeur. 

Quelques secondes après qu'elle ait disparu, MinSeok revient, les mains chargées de babioles pour le groupe et pour Kameko. Il remarqua aussi que les représentantes féminines manquaient à l'appel.

- Bah, elles sont passées où les filles ?

Le silence lui répondit, et MinSeok ressentit un certain malaise. Il discernait une tension, et ce genre de chose n'était jamais bon. Surtout dans leur situation actuelle. Ils n'avaient pas le droit de se diviser maintenant. 

Comment trouvez-vous les musiques ? Et particulièrement celle-ci ?