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Chapitre 22 : Dumb

Et la fin de la semaine est passée comme ça. Elle s'est laissé glisser jusqu'aux vacances de printemps, comme si on avait tous été embarqués sur un immense toboggan sans le savoir.


Elle est passée comme ça. Et moi j'avais la sensation de flotter dans une réalité étrange depuis ma discussion avec Oreste. J'évoluais dans un monde en clair-obscur. Des ténèbres lumineuses.


"The sun is gone

But I have a light"


J'ai fini par accepter de jouer avec eux et Théo était ravi. Il m'a presque noyée sous une avalanche de SMS pour être certain que je viendrais bien répéter chez lui samedi. Je pense qu'il avait peur que je me ravise.


J'ai bien failli le faire, d'ailleurs. Me raviser. J'ai hésité à ignorer ses messages et à m'enfermer dans ma chambre pendant toutes les vacances (mode "autruche" activé).


Aller chez Théo et voir Oreste embrasser Lily entre chaque chanson... Pourquoi je m'infligerais ça ? J'ai beau creuser dans mon cerveau, je ne crois pas avoir de penchants sadomasochistes.


Pourtant, je n'ai pas refusé. (Note à moi-même : il y a encore du boulot pour apprendre à dire "non")


"I think I'm dumb"


Et c'est ce qui m'amène à fixer d'un air hésitant (ou stupide, au choix) la porte d'entrée de la maison de Théo. Je sais bien que si je fais demi-tour et prends la fuite encore une fois, je risque de le décevoir.


Je ne peux pas faire ça. Je ne veux pas perdre son amitié. Elle m'est trop précieuse (Pourquoi à chaque fois que j'emploie ce mot, la voix de Gollum résonne-t-elle dans ma tête ? Mince !).


Alors je reste là.

Figée.

Je ne parviens pas à appuyer sur la sonnette.


Et si c'était Lily qui ouvrait la porte ? À cette pensée, mon cœur se serre un peu plus. Nous ne nous sommes toujours pas reparlé depuis cette nuit au Chien Andalou. Et si...


Mon monologue intérieur est interrompu par la porte qui s'ouvre en grand sur Théo, qui manque de me bousculer en sortant :


— Ah t'es là ! Je partais te chercher !


— Quoi ? Mais je ne suis pas en retard ! Il est à peine quatorze heures, dis-je en vérifiant l'heure sur mon téléphone.


— Oui, oui, je sais bien. Mais comme tu n'as pas répondu à mes derniers messages, je me suis dit que t'allais pas venir et qu'il valait mieux que je te ramène par la peau des fesses... Enfin, tu vois ce que je veux dire, hein ? T'inquiète, j'ai pas l'intention de toucher à tes fesses...


Je ris tandis que mon ami s'enfonce un peu plus dans sa blague vaseuse en essayant de se rattraper. Il continue de bafouiller quelques instants avant de se taire, embarrassé. Ceci dit, sa gêne ne dure pas bien longtemps et elle est vite remplacée par son large sourire.


Théo sourit presque tout le temps. Il est comme ça.

Il est le genre de personne dont le sourire vous allège le cœur.


Tout paraît plus simple quand il sourit. Plus simple et plus facile. Comme si la chape étouffante du monde se soulevait quelques instants pour vous permettre de respirer à pleins poumons.


— Oui, je sais... Je ne t'ai pas répondu. Je n'allais tout de même pas encourager ta campagne de harcèlement par SMS ! Sérieusement ? Je crois que tu viens de battre le record détenu par ma mère, là !


Théo feint d'être vexé par la comparaison et m'adresse une magnifique grimace. Il me tire par le bras pour me faire entrer chez lui (comme s'il avait peur que je décide de m'enfuir) et nous montons aussitôt dans sa chambre.


Et l'écho de nos rires nous précède dans les escaliers.


"Think I'm just happy"


Je pousse un tas de linge sale pour m'asseoir sur son vieux canapé en cuir, customisé par les griffes de son chat, et jette un coup d'œil autour de moi. J'aime beaucoup la chambre de Théo. Elle a été aménagée sous les combles de leur maison et elle est bien plus grande que la mienne. Les murs disparaissent sous des affiches de concerts et des posters de guitaristes connus. Je détaille celui de Stone Gossard, qui est épinglé au-dessus du lit.


— Les autres ne sont pas encore arrivés ?


— Quels autres ? me demande Théo. Il ne manque que Gaspard. Mais bon... Il va sans doute avoir une demi heure de retard. Comme d'habitude !


Il fait un peu frais, même si les rayons de soleil printaniers caressent le plancher. La fenêtre est grande ouverte et Théo, me voyant frissonner, s'inquiète :


— Tu as froid ?

— Un peu...

— Désolé, j'avais ouvert pour aérer...


Il va fermer la fenêtre tandis que je reprends le sujet qui me préoccupe :


— C'est juste que je m'étais dit que...


Je marque une hésitation et prends une grande inspiration avant de débiter d'une traite :


— Je pensais que vos copines viendraient peut-être vous écouter jouer.


J'ai essayé de prononcer le prénom de Lily. En vain. Il est resté coincé au fond de ma gorge.


Mon ami se pose sur son lit et attrape sa guitare. Tout en pinçant machinalement les cordes, il m'observe d'un air songeur. Il commence à me connaître. Je crois qu'il devine ce qui se cache derrière cette question innocente.


— Non, ce sera juste nous trois aujourd'hui, affirme-t-il. Ninon est partie une semaine en vacances en Espagne avec ses parents. Et Lily... Elle n'est venue qu'une seule fois nous écouter. Elle n'a pas trop aimé, je crois. Elle a beaucoup râlé et nous a bien fait comprendre qu'on jouait de la musique de vieux.


Je l'imagine tout à fait en train de critiquer leur répertoire. Oui, c'est du Lily tout craché, ça ! Et, même si à l'époque ses remarques m'agaçaient, je me sens toute nostalgique en y repensant.


— Ne t'inquiète pas, poursuit-il. Je suis déjà content que tu sois venue, alors je n'allais pas t'imposer un public !


Il se met à jouer les accords d'une chanson de Nirvana et me propose :


— Et si on commençait ? Peut-être que ça le fera arriver plus vite...


J'acquiesce et sors de mon sac le trieur dans lequel j'ai rangé les paroles des chansons qu'on joue ensemble.


Et, pour tout vous dire, on a bien fait de ne pas l'attendre. Oreste s'est pointé deux heures plus tard.


Théo n'a pas arrêté de lui envoyer des SMS, auxquels il n'a eu aucune réponse.


Quand la sonnette de l'entrée résonne enfin, j'ai peur qu'il lui saute à la gorge. Je n'ai jamais vu mon ami aussi énervé.


J'entends leurs éclats de voix depuis la chambre de Théo.


— T'aurais pu prévenir quand même !


— Désolé ! J'avais presque plus de batterie et comme j'avais pas de nouvelles de Lily...


— C'est vraiment pas cool de ta part ! ça fait deux heures qu'on t'attend !


— Vous n'avez pas commencé sans moi ?


Oreste pénètre dans la pièce, Théo sur ses talons :


— Qu'est-ce que tu crois ? Bien sûr que si ! Mais quand même, ça ne se fait pas...


— Salut Clara ! me lance Oreste en ignorant les reproches de notre ami. Comment ça va ?


Il se penche sur moi pour me faire la bise et je hume son odeur. Un mélange de tabac et de gel douche aux senteurs marines.


"My heart is broke

But I have some glue"


— Désolé pour le retard, me dit-il. C'est juste que j'attendais Lily mais elle m'a posé un lapin encore une fois.


— C'est pas grave pour le retard...


— Comment ça "c'est pas grave" ? me coupe Théo. Ne lui dis pas ça ! Il est tout le temps à la bourre ! Faut pas l'excuser aussi facilement, sinon la prochaine fois ce sera pire...


Oreste se passe la main dans les cheveux et se gratte la tête d'un air embarrassé (qui le rend absolument craquant... mais je m'égare).


— Allez, Théo ! Je t'ai déjà dit que j'étais désolé... Promis, la prochaine fois, j'arriverai en avance pour me faire pardonner.


— Ouais, c'est ça. Le jour où tu seras à l'heure, les poules auront des dents et les manchots joueront des maracas.


— Eh bien, justement ! En parlant de maracas, j'ai vu une vidéo sur You Tube...


Oreste attrape son téléphone pour nous montrer un truc mais Théo l'arrête aussitôt :


— Non, sérieux ? Tu crois qu'on a le temps de mater des vidéos là ? Et si on s'y mettait plutôt ?


— C'est bon, mec ! On n'est pas pressés non plus... C'est les vacances après tout !


Je sens que Théo est sur le point d'exploser, alors je prends la parole à mon tour pour désamorcer le conflit :


— En fait, c'est un peu de ma faute... J'ai un repas de famille ce soir et il faut que je rentre chez moi en fin d'aprèm' pour aider ma mère à cuisiner.


— Ah ok ! Pas de souci, me répond Oreste en sortant sa guitare de la housse protectrice. Vous voulez qu'on commence par quoi ?


— On s'est tapé un petit délire autour de Nirvana, lui dit Théo en reprenant son instrument. On pourrait continuer sur notre lancée, si ça vous dit ?


J'attrape donc les paroles de "Dumb" tandis que les garçons cherchent la meilleure tonalité possible. Celle qui m'irait le mieux.


Et on se met à faire de la musique tous les trois.


Les premières minutes, ma timidité me joue des tours. Elle fait trembler ma voix et enflamme mes joues. Mais, très vite, je prends mes marques et me cale sur leur mélodie.


Il faut dire que si Théo se débrouille pas mal, Oreste, lui, est un excellent guitariste. Je contemple ses doigts qui glissent sur le manche de sa gratte avec une facilité déconcertante.


"I'm having fun"


On joue tous les trois et ça devient une évidence.


Les chansons s'enchainent, nous liant les uns aux autres, nous aimantant, nous connectant au détour d'une note nouvelle. Théo a retrouvé sa bonne humeur et Oreste m'observe du coin de l'oeil.


Et l'alchimie se fait. Un truc puissant qui relie ma voix aux accords qui naissent sous leurs doigts. Une énergie incroyable qui réchauffe mon ventre et me donne envie de faire des bonds partout (même si je me retiens pour ne pas passer pour une folle).


Au bout d'une heure, Théo s'arrête et nous demande si on désire boire quelque chose.


— De l'eau pour moi, s'il te plaît !


— Ok ! Et toi, Gasp' ? Tu veux un truc ?


— Non, c'est bon. Merci. On peut fumer dans ta chambre ?


— Ouais, mais va à la fenêtre. Mes parents sont un peu psychorigides au sujet de la cigarette et j'ai pas envie qu'ils me prennent la tête en rentrant ce soir.


— De toute façon, je comptais pas fumer une clope, lui lance Oreste en riant.


Il se lève et prend son paquet de cigarettes à l'intérieur de sa housse de guitare. Il en sort un joint et le porte à ses lèvres.


"We'll float around

And hang out on clouds

Then we'll come down

And have a hangover ..."


— Gasp', sérieux ! ça ne peut pas attendre ? Il nous reste une bonne heure de répét' avant que Clara rentre chez elle. Tu veux pas le fumer plus tard ?


— Ok, râle-t-il. T'es pas marrant aujourd'hui...


Théo ne répond pas. Il se contente de serrer les dents et descend à la cuisine nous chercher à boire.


Pendant ce temps-là, mon nouveau pote me demande s'il peut jeter un coup d'oeil à mon trieur. Et, tandis qu'il lit les titres des différentes partitions, je réalise qu'Oreste s'efface de plus en plus pour laisser la place à Gaspard.


L'image en papier glacée du beau guitariste, celle que j'ai punaisée à mon cerveau, devient floue. Ses contours s'affaiblissent. Ses lignes s'estompent... Et Gaspard prend de l'épaisseur.


— Ah ! Skunk Anansie ! Cool ! On pourrait la jouer, non ?


Tout en disant ça, il ouvre la fenêtre et s'assoit sur le rebord, la partition dans une main, son briquet et une cigarette dans l'autre.


— Carrément ! Mais avant ça, j'aurais bien aimé qu'on essaie de faire "Where did you sleep last night" pour voir comment elle sonne.


— Ouais, on peut faire ça.


Gaspard tourne la tête pour souffler la fumée à l'extérieur. Il extirpe son portable de sa poche et constate :


— Plus de batterie. Tant pis.


Il tire sur sa clope et me demande :


— Tu crois que Lily...


Mais, réalisant à qui il s'adresse, il laisse sa phrase en suspens. Il se racle la gorge et regarde le jardin en contrebas.


Je ne sais pas si une ombre est passée sur mon visage quand il a prononcé son prénom.


Je ne peux pas le savoir.


Mais une ombre est passée sur mon cœur. Elle a voilé ma joie et emporté l'euphorie que la musique avait fait naître.


Et tout mon corps s'englue dans le spleen né des sonorités de son nom.


Un spleen qui me rappelle qui je suis... ou plutôt qui je ne suis pas.


"I'm not like them

But I can pretend"


C'est Théo qui me sort de la torpeur dans laquelle je me suis perdue. Il me tend un verre d'eau et me demande :


— Au fait, Clara, ça tient toujours pour ce soir ? Je peux venir mater le dernier épisode de "The Expanse" chez toi, après ton repas de famille ?


J'acquiesce et lui offre un pâle sourire, tandis que Gaspard balance son mégot par la fenêtre, après l'avoir écrasé sur le rebord.


Et c'est comme si un bout de mon coeur était jeté avec lui.

Un bout de mon coeur, écrasé par ses doigts et la réalité.


"I think I'm dumb"

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