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WildLife: WildLife est une entreprise américaine de création de vie artificielle animalière, fondée en 2060 en Californie dans la Vallée de la mort, par les Intelligences Artificielles Hope Dean et Radja Dean. L'entreprise s'est développée conjointement à la ratification du traité numérique SaveWildLife.

SaveWildLife: Traité numérique ratifié en 2060. Il ordonna l'endormissement artificiel de l'ensemble de la faune mondiale à des fins de protection et de conservation des espèces, particulièrement touchées par la hausse des températures et la modification de leur habitat naturel. Elle fut remplacée la même année par une faune exclusivement synthétique rétablissant ainsi une biodiversité mondiale stable.

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Cette nuit-là, Anthéna dormit d'un sommeil agité. Sa mère n'était toujours pas rentrée lorsque Morphée la berça de ses bras protecteurs. Osiris veilla sur son repos, sa truffe synthétique posée sur le lit.

Aux aurores, une odeur de pin envahit sa chambre. Un parfum qu'elle chérissait tout particulièrement. Puis, les doux rayons d'un soleil artificiel caressèrent son visage engourdi. Ses songes la libérèrent, elle ouvrit les yeux. Quelqu'un toqua.

- Anthéna ! Anthéna ! Mon enfant, j'entre ! cria sa mère d'une voix suraiguë qui l'agressa.

La jeune fille grimaça puis s'étira. Quant à Osiris, il regardait la porte avec étonnement. Le battant valsa avant que l'héritière n'ait eu le temps de répondre.

- L'oisiveté est un mauvais vice, ma chère enfant ! récita-t-elle avant de claquer dans ses doigts.
La lumière jaillit. Puissante. Intrusive. Anthéna plissa les yeux.

- Mais mère, il n'est que 7 heures ! s'indigna la jeune fille avant de se saisir de son coussin et de le plaquer sur son visage ensommeillé.

- Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, vous devriez le savoir depuis le temps ! piailla-t-elle tout en repoussant la couette thermosensitive de sa fille. Vous avez reçu une invitation. Elle est arrivée dans la nuit.

Une invitation ? Son ventre se noua. Se pouvait-il que... Anthéna daigna enfin se redresser, sa curiosité piquée au vif.

- Ouvrez-là donc ! la pressa sa mère. Je n'y ai pas accès et l'attente m'insupporte.

Anthéna ferma les yeux un instant, agacée par la fièvre de sa mère. L'invitation apparut dans son esprit en un mélange de couleurs pastels. Une scène se joua dans son esprit. Le visage d'Édouard Saint Clair se matérialisa en filigrane.

«  Chère Anthéna, je suis ravi d'avoir fait votre connaissance. J'aimerais que vous vous joigniez à moi cet après-midi. Je souhaiterais vous montrer quelque chose. »

- Alors ? s'impatienta la mère de la jeune fille. Qui est-ce ?

Le visage de l'Immortel se dissipa.

- Édouard Saint Clair, murmura l'héritière à demi-mot.

Le regard de Linda s'illumina. Les traits de son visage se décontractèrent et un sourire angélique se dessina sur ses lèvres.

- Magnifique ! Absolument magnifique !

L'héritière Rockfell ne partageait pas l'ardeur de de sa mère. Ambrose Dean. L'Immortel ne cessait de hanter ses pensées depuis la veille au soir. Par crainte ? Par désir ? Elle n'aurait su le dire. Il émanait de lui une aura prédatrice glaçante, mais sa beauté troublait autant que celle d'un Dieu de la mythologie antique.  

- Oui, c'est enthousiasmant ! lâcha-t-elle soudain. 

-  Enthousiasmant ? Est-ce là le seul mot que vous avez trouvé à dire ? la réprimanda sa mère qui papillonnait dans la pièce sans vraiment savoir que faire.

- Stupéfiant ? se risqua Anthéna, un brin railleuse.

- Moquez-vous, moquez-vous tant que vous le pouvez ma chère enfant, se défendit madame Rockfell. Après votre heure de sport obligatoire, rejoignez-moi dans le salon, nous vous choisirons une tenue adéquate pour cette ravissante entrevue.

Anthéna grogna. Cette journée prenait une tournure qui lui déplaisait au plus haut point.

- Entendu mère ! répondit-elle pour conclure la conversation.

Linda Rockfell souffla avant de quitter la chambre de son impertinente descendance. Les pensées d'Anthéna virevoltaient, se mélangeaient. Édouard Saint Clair était en tout point un protecteur idéal. Élégant. Riche. Magnétique. Malheureusement, seul l'énigmatique Ambrose Dean avait su piquer sa curiosité. L'insaisissable.
Anthéna balaya la jeune intelligence artificielle de son esprit. Elle s'égarait. Son unique but était de séduire Édouard.

La jeune fille se leva puis caressa Osiris qui se tortillait à ses côtés, heureux. La queue blanche du chien synthétique s'agita. L'illusion était parfaite. Sûrement une conception de WildLife. L'entreprise se surpassait en la matière.

Anthéna se dirigea vers l'immense salle de sport du loft connecté. Pour les Normaliens ainsi que pour les lignées humaines supérieures, le sport était obligatoire. Chaque individu devait pratiquer au minimum deux heures quotidienne d'une activité sportive personnalisée. Une mesure mise en place par les premières Intelligences artificielles afin de lutter contre l'obésité, les maladies cardiovasculaires et la sédentarité.

La salle de sport était vaste et luxueuse. Anthéna commençait toujours sa séance du matin par plusieurs affrontements contre un Gorgue, un monstre imaginaire venu d'une exoplanète lointaine. Elle maniait à la perfection le combat acrobatique.

La jeune fille lança la projection holographique après avoir mis une combinaison souple thermorégulatrice connectée. Le premier combat fut intense. Rapidement, de grosses gouttes de sueur perlèrent sur le front d'Anthéna. Aujourd'hui, les attaques du Gorgue étaient imprévisibles. Une nouvelle mise à jour, songea-t-elle. Lorsqu'elle lui infligea le coup de grâce quelques minutes plus tard, son souffle était saccadé. Victoire. Après une courte période de récupération, elle réitéra l'expérience. Plusieurs fois.

La séance se termina au bout d'une vingtaine de minutes. 4 combats. 3 victoires. Pouls 150. Condition physique excellente. Ses performances furent instantanément téléchargées sur son cloud personnel.

La jeune fille poursuivit avec une séance de surf. Elle grimpa sur une planche et une vague gigantesque se matérialisa autour d'elle. Le mini malibu se mit en mouvement et elle eut la sensation de dévaler une impressionnante montagne aquatique. L'héritière avait toujours apprécié ce sport. Avec un peu d'imagination, elle pouvait presque sentir les embruns caresser son visage. Elle rêvait de surfer une véritable vague, de celles qui déferlent à Hawaï. Un désir qu'elle ne satisferait jamais, prisonnière de sa condition. Elle ne pouvait risquer sa vie. Une voix résonna soudain dans la salle.

«  Bravo Anthéna ! Vous avez effectué 1 heure sur 2 de votre sport obligatoire journalier. Votre condition physique est excellente. Je vous souhaite une bonne journée.»

Le sport relaxait l'héritière. Il canalisait ses pensées, fortifiait son corps et apaisait son tempérament explosif. Une bonne chose, car elle affronterait bientôt les critiques de sa mère avec qui elle ne supportait pas faire du shopping.