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Les adorateurs d'Apollon: groupuscule ésotérique d'individus fondé en 2059 à Los Sea Angeles vouant un culte aux Immortels. L'apparition des Intelligences Artificielles Singulières est le point de départ de leur culte. Les adeptes de cet ordre considèrent les Immortels comme des Dieux tout puissants et font des Lois de l'Intelligence Synthétique leur principal adage.

Contrat dématérialisé de protection: est un acte juridique holographique liant un Immortel à un humain ou une humaine. Ils doivent être issus d'une lignée humaine sélectionnée par les Intelligences Artificielles Singulières. Le contrat est signé par les deux parties concernées de leur empreinte et organise les clauses de la protection. Il peut être dissout sous certaines conditions.

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Édouard se détendit imperceptiblement lorsqu'Anthéna et lui quittèrent l'insoupçonnable jardin d'Ambrose Dean. Visiblement, l'homme d'affaires avait le don de mettre mal à l'aise ses hôtes. Une sorte de voilier volant les attendait à l'opposé du parc. Un engin luxueux aux courbes graciles.

- Est-ce là l'une de vos inventions ? se risqua la jeune fille, émerveillée.

- En effet, admit l'Immortel tout en passant une main dans ses cheveux ébouriffés.

Le navire volant était amarré sur une mer de nuages. Un océan blanchâtre sur lequel flottaient les derniers étages des tours les plus hautes de la ville. Édouard s'approcha d'Anthéna avant de pointer un gratte-ciel du doigt. Point minuscule perdu dans l'immensité du ciel.

- Voici la Tour Richmond, indiqua-t-il d'une voix susurrante. Mon havre de paix.

- Cela à l'air magnifique ! s'extasia Anthéna.

De là où elle se trouvait, l'héritière devinait une gigantesque piscine suspendue au-dessus du vide. Les Immortels ne se refusaient aucun caprice, remarqua-t-elle. Jardins secrets, voiliers volants, lofts démesurés, bassins suspendues. Rien ne semblait assez ostentatoire pour eux. Leur désir n'avait aucune limite. Mais cette opulence était tolérée par les humains, car les Immortels œuvraient pour le bien de tous.

Au fil du temps, ils avaient rétabli un certain équilibre sur Terre, ralentissant le réchauffement climatique, endiguant le phénomène de surpopulation, dépolluant mers et océans. Certains Normaliens vouaient même un culte à cette caste de non-humain éternels. D'autres, plus sceptiques, gardaient leur distance.

Anthéna, quant à elle, découvrait ce monde d'ivresse. À la fois merveilleux et dangereux. Édouard lui tendit une main amicale. Elle s'en saisit puis grimpa avec précaution sur le pont du voilier aérien. Une brise légère fit virevolter ses cheveux et de fines mèches caressèrent ses joues. Elle frissonna. Une fois qu'Édouard fut monté, le navire volant se mit en mouvement. Son moteur était étrangement silencieux.

- Quel genre de moteur est-ce ? s'intéressa l'héritière dont la curiosité était piquée au vif.

- C'est un secret, répondit un Édouard énigmatique. Je vous en prie. Prenez place à l'arrière sur la banquette. Vous y serez à votre aise.

Anthéna s'exécuta. Quelques instants plus tard, Édouard lui servit un verre de nectar dont une bouteille était dissimulée dans un compartiment réfrigéré. Ils trinquèrent. Au loin, le loft démesuré d'Ambrose Dean disparaissait dans les nuages. Le ventre de la jeune fille se noua. L'Immortel était aussi dangereux que magnétique. Un douloureux mélange qui déstabilisait l'héritière plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle chassa le prédateur de son esprit.

- Vos passions sont nombreuses, il me semble, se risqua Édouard d'un ton doux.

Anthéna savoura le délicat nectar qui luisait dans son verre avant de répondre.

- Mon intérêt se porte sur de multiples domaines, en effet.

Les yeux d'Édouard, d'un bleu franc, respiraient la sincérité contrairement au regard sombre d'Ambrose.

- Vous aimez l'art ? insista-t-il tout en passant à nouveau une main dans ses cheveux. J'ai pensé que ma collection vous intéresserait.

- Je suis une grande amatrice d'art moderne et contemporain, le rassura Anthéna tout en lui offrant un sourire sans artifice. Les peintres italiens de la renaissance me passionnent. L'invention de la perspective est une prouesse qui à mon sens a révolutionné le monde de l'art.

Les yeux d'Édouard pétillèrent. Il était sous le charme de la jeune fille. Son esprit était vif et sa beauté naturelle. Elle avait reçu une éducation riche et ne coqueter pas comme les autres demoiselles de son rang. L'Immortel et l'héritière partagèrent leur point de vue sur des courants phares du XXe siècle tels que le cubisme, le dadaïsme ou encore le surréalisme. Leur conversation dériva ensuite sur le mouvement Transynthétiste et l'artiste Néopill. Le temps se fit paresseux alors qu'une certaine complicité naissait entre Anthéna et Édouard. Innocente.

Le voilier continuait sa silencieuse course et bientôt ils sortirent de New Sky City, voguant juste au-dessus d'une eau tourmentée. Le soleil brillait haut dans le ciel. Une trentaine de minutes plus tard, le navire ralentit sa course. Anthéna reporta son attention sur ce qui l'entourait. Édouard accrocha avec dextérité le voilier à une île artificielle luxuriante. En son centre, une vaste construction moderne trônait en maîtresse des lieux.

- Voici mon musée personnel ! chantonna Édouard d'une voix douce. J'y conserve les pièces les plus prestigieuses de ma collection.

Anthéna balaya l'île paradisiaque du regard, émerveillée. Une polyphonie mélodieuse lui parvenait, enivrante. Des oiseaux exotiques chantaient la grâce.

- N'avez-vous pas peur d'attiser les convoitises ? Ce lieu est si reculé, s'inquiéta Anthéna avant de se redresser.

L'engin volant tanguait légèrement et la jeune fille manqua tomber. Édouard la rattrapa de justesse en posant ses mains sur sa taille menue. L'odeur dégagée par l'Immortel était étourdissante. L'héritière rougit. Édouard était incroyablement beau. D'une beauté irréelle. Sa mâchoire carrée soulignait à merveille les muscles de son cou. Ses cheveux soyeux encadraient à la perfection son visage souriant.

- Penchez-vous ! lui ordonna-t-il avec douceur. Cette île est imprenable.

Anthéna s'exécuta et découvrit avec effroi qu'une dizaine d'ailerons de requin tournoyait autour du bateau suspendu dans les airs.

- C'est effrayant, lâcha-t-elle tout en ayant un brusque mouvement de recul.

Édouard la recueillit dans ses bras avec délicatesse.

- Ils sont inoffensifs, du moins tant que je l'ai décidé, la rassura-t-il avant de l'entraîner vers l'île.

Anthéna se laissa guider parmi les plantes grimpantes et les arbres fruitiers. L'immense bâtisse était l'œuvre du célèbre architecte Joan Novel. À peine passa-t-elle la porte vitrée de l'entrée, que son cœur se mit à battre dans sa poitrine. Sur le mur opposé au hall, trônait avec élégance la Dame à l'hermine de Léonard de Vinci. L'émoi d'Anthéna était à son comble. Elle vivait un véritable rêve éveillé. Un rêve qui ne tarderait pas à se briser.