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Chapitre 25 - Goutte d'eau

   La Mora avait été quelque peu distancée, mais parvenait à nous suivre.

Le soir, sur le point de descendre dans les bastingages, je remarquai que le petit blond sous mon aile était isolé dans un coin, croisant les bras sur son torse, le regard perdu sur la mer.

Depuis notre arrivée sur l'Irrévérence, je n'avais pas vraiment pris le temps de papoter avec Issan, hormis pour le travail. À vrai dire, retrouver Célestin avait été une immense bouffée d'air, alors dès que j'avais un peu de temps libre, je l'embêtais.

Je me dirigeai vers mon marin et posai ma main sur son épaule :

« Tu as l'air soucieux. »

Il sursauta, puis se radoucit. Il hocha la tête :

« On se rapproche de Malaury... ou, en tout cas, de là où il se trouve sûrement.

— Tu as peur de ce qu'on va trouver... ou... pas trouver ? »

Il acquiesça. Je poussai un léger soupir en m'installant sur les bastingages :

« C'est une possibilité... mais il faut qu'on y croie, d'accord ? repris-je avec sourire. Soyons positifs, croyons-y, et nous le retrouverons !

— Tu penses vraiment que ça peut marcher ? Tu penses vraiment que notre pensée et nos espoirs sont plus puissants que des faits et la réalité ?

— Je ne veux pas nous porter malheur, avouai-je. Y aller dépité, c'est s'avouer vaincu, et laisser ce qu'on craint le plus prendre le dessus, pour moi...

— Et tu n'as jamais été déçue ?

— Hum... »

J'observai les étoiles. Être déçue après y avoir trop cru ? Darren ? Un frisson me parcourut. Il était vrai que j'y croyais dur comme fer, à notre amour... j'avais mis du temps à me relever. Des mois et des mois à me sentir brisée.

« Si... mais au moins, je peux me dire que j'ai essayé. Et je n'ai rien à regretter. Et je n'ai pas porté malheur. Peut-être même que j'ai pu me porter un peu chance... qui sait ? Et puis, regarde ! J'ai bien retrouvé ma sœur en y croyant pendant neuf ans !

— C'est vrai, admit-il. Mais, j'avoue que j'ai peur pour autre chose...

— Explique-moi. »

Il tâta distraitement la poignée de son sabre.

« Je n'ai jamais tué... j'ai peur... d'être cloué sur place, et de me faire éventrer sans pouvoir bouger... »

Je passai un bras autour de ses épaules :

« Tu as bien suivi les entraînements de Malo ?

— Oui ! soutint-il avec sérieux.

— Qu'est-ce qu'il a dit, la dernière fois ?

— Que j'avais beaucoup progressé et que je pouvais bientôt commencer à intégrer les abordages. »

J'ébouriffai sa chevelure blonde :

« Faisons-lui confiance. Pour ce qui est du combat, on peut le suivre les yeux fermés.

— Mais il a dit bientôt... c'est que je manque encore d'expérience, non ? »

Je tapotai sa tête :

« Si tu as trop peur, on pourra t'assigner à un poste ici.

— N-Non ! Je veux rendre Malaury fier ! Je ne veux pas qu'il croit que je me suis dégonflé à la dernière minute... »

Je souris avec mélancolie :

« Tu sais, le connaissant, il va te gronder pour t'être engagé dans cette mission. Donc peut-être que...

— Non, je vais y aller. »

Ses yeux verts me fixaient avec une profonde détermination, luisant sous les étoiles.

« Je ne peux pas éternellement rester caché derrière vous tous. Je veux faire mes preuves. J'ai quand même dix-neuf ans. Je suis certain que toi-même tu savais déjà te battre bien avant mon âge. »

Je concédai :

« Oui, c'est vrai, mais j'avais de grands objectifs. Pour retrouver Mora, je voulais devenir capitaine. Pour le devenir, j'ai dû travailler jusqu'à l'épuisement pendant neuf années. Je devais être parfaite sur tous les points, et pourtant, j'ai encore des progrès à faire. Si j'y arrive. Je ne suis pas certaine d'atteindre le niveau de Malaury au combat, par exemple. »

Il sourit :

« En même temps, Malaury est un monstre pendant les batailles. Je l'observe toujours de loin, et il me fascine. Il est si grand, mais si agile... Quand on a l'impression qu'il n'a pas vu un coup d'épée, il le bloque à la dernière seconde, comme s'il avait tout prévu...

— N'est-ce pas ? Je ne suis pas sûre de réussir à le battre un jour. »

Un souffle doux souleva nos cheveux.

« Dans tous les cas, Célestin est excellent à la rapière, et je serai présente aussi. Tu seras auprès des meilleurs, il ne t'arrivera rien. On prendra le relai au moindre problème. Et si jamais tu n'es pas sûr de vouloir participer à la mission, on peut toujours trouver un remplaçant.

— D'accord. Merci, capitaine, sourit le blond. »

Je sautai sur mes jambes et glissai une main sur son épaule :

« Allez, Issan. Malaury aimerait te voir sourire et y croire. Je compte sur toi quand on ira le sauver. Aucune erreur ne sera permise.

— Compris, capitaine !

— Repose-toi bien, la journée sera chargée ! »

Issan avait néanmoins raison, on aurait peut-être une mauvaise surprise... mais je ne voulais pas rester sur cette idée. Je voulais me montrer positive et attirer les bonnes ondes à Malaury. Il le fallait.

Dans la coursive pour rejoindre la cabine de Nesly, Célestin m'attrapa directement par le bras :

« Viens là ! »

Entraînée dans sa cabine qu'il referma à clef, il m'assura :

« Vous ne dormez pas seule, ce soir, Votre Altesse. Je préfère m'assurer que vous passiez une bonne nuit avant le combat de demain.

— Quelle galanterie ! me moquai-je en marchant jusqu'au lit. »

Emmitouflée dans ma couverture, je soufflai :

« Mais l'équipage ne va pas croire des choses entre nous ?

— Et alors ? Qu'ils y croient, nous savons que c'est faux ! rit-il en s'installant près de moi. »

Je haussai les épaules. Plus sérieusement, il ajouta :

« On se ressemble plus qu'on ne le pense. Depuis ces trois ans, j'ai appris à te connaître. Tu détestes que ton image ne soit pas celle que tu veux montrer. J'étais comme toi, avant. »

Il se prit les mains :

« Seulement, il ne faut pas oublier de différencier ce que nous voulons montrer de ce que nous sommes. On tient tous les deux à avoir une belle image, c'est vrai. Or, on ne peut pas tout contrôler à son propos. Par exemple, les rumeurs, on ne les contrôle pas. Alors, plutôt que de batailler pour garder une belle image, j'ai appris à me détacher de tous ces gens qui parlent car leurs mots ne me définiront jamais. Ils font beaucoup de vent, ils modifient notre image, certes, mais elle se reconstruira. Et, le plus important, c'est ce qu'il y a en profondeur. Eux, ils ne sont qu'une goutte qui agite la surface. Or, au bout d'un moment, l'eau redevient toujours claire pour renvoyer ton véritable reflet. On ne modifie pas la nature profonde de la mer simplement avec de la pluie, je me trompe ? »

Je ne pus que sourire en relevant la tête :

« Tu es fort sage, mon cher ami. »

Passant un bras autour de mes épaules, il termina :

« De toute façon, même si la mer est brouillée, quelques rares personnes sauront que cet instant de trouble n'est que temporaire, et surtout, que ce n'est pas toi. »

Comme Malaury et toi.

Je me redressai pour laisser un baiser sur sa joue épineuse.

« C'est rare que j'y ai droit. Il faut que je ressemble à un vieux sage pour ça, maintenant ? »

J'éclatai de rire :

« C'est vrai que tu fais plus quatre-vingt ans que vingt-huit... »

Il pinça ma taille et répliqua :

« Non mais ! Je suis encore jeune et beau !

— Avec la sagesse d'un homme qui a beaucoup vécu... »

Il souffla :

« Ce n'est pas vraiment faux... »

Il tourna son regard gris vers moi, et, cette fois, sans une once de moquerie sur le visage, me sourit :

« Je te remercie d'être ma chère amie. Je sais que je ne suis pas bavard et que tu ne sais pas grand-chose de mon passé... mais un jour, je te raconterai tout. Quand je me sentirai prêt. Promis.

— Ne promets pas ! »

Il tira sur une mèche de mes cheveux :

« Tu es vraiment un marin, toi, avec tes superstitions à deux sous...

— Allez, retire ta promesse. Je déteste ça.

— Rien que pour t'embêter, non. »

Je levai l'œil au ciel, puis je posai ma tête contre sa clavicule, l'enlaçant au niveau du torse.

« Mais, Célestin... même si tu ne m'en parles jamais... Je t'aime fort.

— Moi aussi. »

La nuit fut néanmoins difficile. J'avais peiné à trouver le sommeil, tourmentée par l'état de Malaury. Probablement vers quatre heures du matin, j'avais ouvert l'œil, entre les bras de Célestin, la tête sur son torse. On ne s'était pas trop chamaillés, ce soir. On avait préféré rester collés l'un à l'autre en papotant sous la couverture.

Après une vaine tentative de me rendormir, je l'enjambai souplement, attachai ma chevelure en arrière, me vêtis de mes bottes, ma cape, et je sortis à pas de loup de sa cabine.

Installée sur un tonneau sur le pont, somnolente, j'observais l'horizon sombre de mon œil fatigué. Les vagues semblaient se confondre avec le ciel, comme si elles s'amusaient à chercher à dévorer les astres.

Je n'eus pas la force de me joindre aux hommes, j'essayais plutôt de m'endormir en laissant les vents et la mer me bercer.

« Un souci, madame la capitaine ? »

La voix de Baldr.

« Du mal à dormir...

— On t'a réveillée ? On peut faire du bruit, on n'est pas loin.

— Non, rien de tout ça. On approche juste du but, ça me tracasse, confiai-je. »

Je baissai l'œil avant de me reprendre :

« Enfin, on va y arriver, je ne me fais pas de soucis pour ça. »

Il me jaugea sans un mot, m'adressa un sourire à la fois encourageant et peiné, puis il retourna travailler. Qu'avait-il lu dans mon regard ? Je me renfrognai. Je n'aimais pas que l'on perce mes peurs et faiblesses, et j'avais l'impression qu'il en avait entraperçues... Enfin, autant tenter de se reposer encore un peu avant le matin.

J'ouvris l'œil en soupirant, constatant que j'avais sombré quelques temps, réveillée de temps à autres par les bruits des hommes qui travaillaient. Je bâillai longuement, m'étirai, et observai les paysages alentours, le soleil se levait petit à petit. Je travaillai quelques heures avec les hommes, surveillant l'horizon régulièrement, puis je grimpai jusqu'au gouvernail pour piquer une longue-vue et observer le point qui m'intéressait : le port de Febiran. Nous y serions d'ici une demi-heure.

« Tu as vu aussi ? supposa Célestin.

— Le navire y est ?

— Oui, amarré. »

J'avalai ma salive de travers. Il fallait espérer que Malaury s'y trouve encore.

« Comment on s'y prend ? Si on lance une offense dès maintenant, on risque d'attirer tous les soldats et corsaires, imaginai-je.

— J'avais songé à envoyer des hommes sur terre pour connaître la localisation de Malaury. Selon les informations obtenues, on aura deux options. S'il s'y trouve encore, on attaque, il faudra être rapide et faire cesser l'opération une fois qu'il sera à bord. S'il n'y est plus, aller le sauver, où qu'il soit.

— Je t'aurais proposé d'essayer d'attirer le navire en mer, mais ils ne sont pas stupides, ils risquent de flairer le piège.

— Sauf s'ils voient ton chapeau au commandement de La Mora...

— On les attirerait au large avec La Mora, et on les prendrait à revers avec L'Irrévérence, acquiesçai-je, la mine sérieuse.

— Il faudrait s'assurer que Malaury y est, sinon ça ne sert à rien. »

Je me tournai vers mon navire : il était situé à bien trente minutes de navigation.

« Comment on les contacte ? questionnai-je.

— On n'a qu'à envoyer un homme en barque. Récupéré sur La Mora, il expliquerait le plan. On aurait le temps de glaner des informations – par la force si besoin. On communiquerait avec nos pavillons : autant que La Mora se tienne à carreaux si Malaury n'est pas dans ce bateau... qu'en dis-tu ?

— Faisons ça, acquiesçai-je.

— Drapeau blanc, éloignez-vous. Drapeau rouge, faites l'appât. Besoin d'un autre signal ?

— Drapeau noir, fin de l'opération, direction l'Ouest, vers le Repaire. Que ce soit pour une réussite ou non. »

Il hocha la tête, appela un marin, lui expliqua le plan, écrivit les trois signaux sur un morceau de papier, et une chaloupe fut mise à la mer, en direction de La Mora.

« J'espère que nous aurons le temps de trouver ces informations.

— Les corsaires sont aussi avides d'or que nous, ne t'en fais pas pour ça, s'esclaffa Célestin. »

Je poussai un léger soupir, puis suggérai :

« Je pense monter dans les voiles avec Issan. En cas d'offense, on se jettera sur le navire de là-haut, affirmai-je en rabattant ma capuche sur ma tête.

— Selon le déroulé des événements, je vous rejoindrai ou sauterai depuis le pont. »

Il jeta un œil à ses marins.

« Ils sont un peu sur les nerfs... ils se veulent batailleurs, mais je leur ai rappelé que comme pour toute offense, il fallait éviter le combat autant que possible.

— Tu as un médecin à bord ?

— Deux. Un expérimenté et un jeune qui apprend. »

C'était rassurant, surtout si Malaury n'était pas en forme. Il passa un bras derrière mon dos :

« Mais dis-donc, toi, tu t'es sauvée pendant la nuit ? J'ai appris que tu étais sur le pont vers quatre heures. Tu aurais dû me réveiller, on aurait papoté, sourit-il.

— Tu avais besoin de repos pour aujourd'hui, rétorquai-je.

— Je ne serais pas mort de quelques heures de sommeil en moins... dois-je te rappeler toutes les fois où tu me réveillais en pleine nuit pour qu'on aille voler en ville ? »

Je ris et me blottis un instant contre lui, le cœur léger. Il savait toujours me détendre, même à moins d'une heure d'une opération dangereuse. Je pris ensuite congé, tournée vers le pont. Issan repéré, je lui proposai de nous installer sur une vergue le temps d'arriver au port. Accrochée au bois, je soupirais en observant la lignée de navires amarrés se rapprocher à vue d'œil. Les hommes rangeaient le navire pour y être plus libres de leurs mouvements. L'Irrévérence s'arrêta à quinze mètres du port et Célestin envoya trois hommes nager jusqu'à la terre ferme, la barque étant déjà utilisée. Je supposais qu'il avait décidé de ne pas amarrer pour gagner du temps si l'on devait poursuivre le navire.

Je regardais les différents bâtiments. Lequel était celui où Malaury avait été aperçu ? Je percevais des marchands, des corsaires... mais qui était notre cible ?

« On attend qu'ils reviennent ? questionna Issan. »

J'acquiesçai. Mon cœur battait la chamade. Ils étaient parvenus jusqu'à la rive et ils se dirigeaient vers le port. Je ne les voyais bientôt plus, ils disparaissaient derrière les caissons déchargés et la foule de marins qui s'activaient, comme dans une fourmilière, chacun à son poste.

Je poussai un soupir :

« Vivement qu'ils reviennent, je déteste l'incertitude. »

Agitée, je balançais mes pieds d'avant en arrière. Besoin de me dépenser, de relâcher cette foutue pression. On apprendrait peut-être une terrible nouvelle. Une nouvelle que je refuserais probablement d'accepter... non, je devais rester positive. Pour lui.

J'expirai longuement pour détendre ma poitrine. Je me redressai, dos droit, et m'efforçai de décontracter mes muscles. Je décidai d'inspecter mes armes pour me changer les idées. Bien là et prêtes à l'emploi. Je les rangeai soigneusement, et en redressant la tête, je m'aperçus que les hommes revenaient vers nous. Quinze minutes, ils avaient été rapides. Lèvre inférieure mordue, je les observais grimper à l'échelle en corde qu'on leur avait jetée, et le premier se précipita vers le capitaine. Célestin se tourna ensuite vers le mât et ordonna de hisser un pavillon. Le rouge.

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