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Chapitre 16 - Masque fissuré 1/2

   Aux alentours de midi, le coq, un homme de la quarantaine qui avait perdu son pied droit lors d'un combat, nous annonça que le repas était chaud et prêt. Cela signifiait qu'il avait pu cuire des aliments, donc que c'était meilleur que nos habituels biscuits secs !

On me remplaça le temps de déjeuner, et je partis dans ma cabine. Mora s'était couchée sur mon matelas, toujours en robe, couverture remontée jusqu'aux épaules, enlaçant son chat d'un bras. Les traits de son visage étaient détendus. Avec appréhension, je caressai sa tête. J'ignorais ce que Logan lui avait exactement fait subir, alors je préférais être douce. Son regard chocolat s'éclaira en me reconnaissant, et elle m'enlaça immédiatement, grand sourire sur les lèvres.

« Comme tu m'as manquée... »

Tête nichée dans ses cheveux humides qui sentaient la mer, je soupirai de contentement. Comme elle m'avait manqué aussi...

Nous descendîmes par l'écoutille, et je l'emmenai dans la salle où nous prenions nos repas, main dans la main. Nous attendions notre tour pour être servies en papotant, avançant dans la queue rapidement. Arrivées devant le coq, il nous jaugea.

« Grosse faim, capitaine ? questionna l'homme mal rasé.

— Petite.

— Et toi... euh, vous, mademoiselle ? se reprit-il.

— J'ai assez faim, avoua la concernée. »

Nous nous installâmes à une table dans un coin, sur un banc en bois. Nous avions droit à des carottes cuites et une omelette, aujourd'hui. Ma sœur picorait, je la sentais intimidée par tous les regards curieux qui nous étaient jetés.

« Ne t'en occupe pas, ils sont juste surpris.

— J'essaie...

— Tu mangeais plus vite, avant, me souvins-je.

— J'ai pris l'habitude de prendre mon temps. À cause de Logan. »

Je fronçai les sourcils :

« Qu'est-ce qu'il t'a raconté, encore, ce mérinos mal peigné ?

— Je pense que tu as remarqué que j'ai perdu du poids...

— Eh bien ?

— Il me trouvait trop ronde, alors il me demandait de manger plus lentement, et en plus petites quantités... »

Un grognement me quitta. Il était vrai qu'elle était un peu plus joufflue que moi, par le passé, mais je l'avais toujours trouvée jolie. J'avais même été jalouse pendant une période, trouvant qu'elle portait mieux nos vêtements que moi.

« Mange autant que tu le veux, tant que tu n'en tombes pas malade. Tu es très belle, Mora. Je te l'assure. Ne pense plus à lui, il ne t'apporte rien de bon. »

Son regard s'éclaircit :

« Tu n'es pas ma sœur pour rien... merci. »

Je déjeunais avec un léger sourire sur les lèvres : l'avoir à mes côtés consolait par petites touches le manque que me causait Malaury. Il était toujours à ma droite lors des repas, me permettant de l'observer plus facilement de mon œil valide. Je passais souvent ce moment tournée vers lui, discutant de piraterie, de trésors, de navigation et de la mer, ou lui chuchotant des taquineries et mots tendres à l'oreille. De bonne compagnie, je me surprenais à rire à ses paroles ou à le chercher du regard, avant de refermer un peu mon visage pour paraître sérieuse devant le reste de l'équipage. Néanmoins, notre complicité restait visible, et cette bonne entente devait probablement rassurer les marins : être sur la même longueur d'onde ne pouvait que nous permettre d'être plus efficaces lorsque nous pirations.

J'éprouvais tout de même de la peine, à planter ma fourchette sans la présence de Malaury à ma droite. Je n'entendais plus sa voix et ses plaisanteries, je ne sentais plus son épaule et sa jambe qui me frôlaient, ni les pans du foulard noué autour de son crâne chatouiller mon visage lorsqu'il bougeait. Il n'était plus là.

Puis, une question me titillait : avais-je le droit d'être heureuse alors que l'équipage pleurait la perte de leur second ?

Je terminai mon repas sans appétit, attendis que Mora termine, et nous remontâmes sur le pont. Elle partit se balader près des bastingages tandis que je montais vers le gouvernail. Je constatai que Jack était aux commandes... Je ne l'avais pourtant jamais autorisé à prendre la barre !

Borg, qui se tenait à côté, désamorça ma mauvaise humeur :

« Pardon, je n'ai pas eu le temps de vous demander plus tôt, mais je suis en train de le former !

— Lui ? »

L'intéressé grogna :

« Faites au moins semblant de chuchoter, je suis à côté... »

Il parvint à m'arracher un sourire amusé.

« Eh bien, je ne suis pas éternel, capitaine. Il faut bien que quelqu'un d'autre puisse vous seconder. Jack est de confiance.

— Reste juste à s'assurer qu'il contrôlera ses pulsions... »

L'homme estropié fronça les sourcils.

« Je l'imagine sans mal nous envoyer dans un tourbillon pour nous prouver que ce n'est pas dû à des créatures de la religion, souris-je. »

Borg éclata de rire et Jack ronchonna dans sa barbe qu'au moins, ils seraient fixés.

« Je prends le gouvernail tout de même. »

Seule, je m'efforçais de me concentrer sur la mer et ma sœur pour ne pas penser à lui. J'avais toujours agi ainsi. Éviter la dure réalité et me conforter dans mes espoirs comme pour Mora, ou essayer d'oublier, et garder l'œil rivé sur mes objectifs, comme lors de ma séparation avec Darren – et actuellement avec la... mort de Malaury. J'avalai ma salive de travers.

Je savais que cela me retomberait dessus, un jour. Malaury aussi, le savait. Cette nuit à La Courbe, par exemple. Il me connaissait bien, alors il avait insisté. Il savait que je n'en parlerais pas par moi-même, que je garderais pour moi, comme toujours. Plutôt que d'affronter, je mettais de côté pour avancer au plus vite – un peu impatiente, pourrait-on me dire. Je ne prenais pas le temps de me soigner, je me précipitais en avant – mais que faire, sinon ? C'était ma façon d'affronter – ou plutôt d'esquiver – les situations désagréables. Faire comme si de rien n'était devant les autres, se donner un semblant de force, un beau masque bien décoré, doré et ornementé de bijoux. Un masque qui paraissait imbrisable. Un masque si parfait que j'y croyais, jusqu'à ce que je sois seule. À ce moment-là, le masque n'avait plus d'effet, alors j'ignorais ce qui me passait par la tête – j'essayais, en tout cas. Je sentais bien que j'avais du mal à m'empêcher de penser à Malaury, par exemple. Comment pourrais-je, de toute façon ? Trois années passées à ses côtés, quotidiennement. Comment ne pas ressentir ce vide immense qu'il me laissait ?

« Capitaine ! hurla-t-on. Bâbord ! Bâbord ! »

Nous avions manqué de percuter un rocher, bien visible pourtant. Je poussai un long soupir en contournant la masse sombre s'élevant de l'eau. Voilà notamment pourquoi je ne pouvais pas me permettre de me perdre dans mes pensées : trop de responsabilités m'incombaient. Mathurin m'avait lancé un regard soucieux, avant de me rejoindre, suivi de Jack.

« Tu devrais te reposer, Neven.

— J'étais simplement distraite, tout va bien.

— Borg dort, mais Jack va te remplacer.

— Je peux tenir la barre, grognai-je, le regard plus sombre. »

Alors qu'il tentait à nouveau de me convaincre, je leur demandai sèchement de s'en aller. J'allais me concentrer sur la navigation. Me l'enlever, ce serait me pousser vers mes pensées. Je ne voulais pas me perdre dans le regard souffrant de l'homme que j'aimais. Je voulais passer quelques heures de cette journée sans me sentir peinée et blessée. Je ne voulais pas non plus que les marins s'inquiètent. J'étais capable d'avancer, seule aussi.

Mora avait fini par s'approcher une longue demi-heure plus tard. Je savais qu'elle m'observait, soucieuse.

« On dirait que quelque chose ne va pas, énonça-t-elle en s'installant sur le tonneau.

— Je vais bien, j'étais juste distraite, soufflai-je.

— Tu as l'air triste... »

Je baissai le regard un instant. Je ne pensais pas que l'on pouvait me lire si facilement. À moins que ma sœur reconnaisse toujours aussi facilement mes mimiques qu'avant ? Dans tous les cas, je devais me montrer forte, personne ne devait percevoir ma peine. Je me reconcentrai sur la mer avec un sourire :

« Je vais vraiment bien, ne t'en fais pas. Repose-toi et profite plutôt de la traversée. »

Mora fronça les sourcils, les yeux brillants. Elle devinait que je mentais, cette manie de tout cacher ne datait pas d'hier, et elle avait toujours été ma confidente, avant que Malaury ne le devienne, petit à petit. J'avais longuement réfléchi à cette façon d'être, et j'avais supposé que je voulais tout simplement ressembler à mon père. Je le trouvais fort, intouchable, invincible. Je l'avais toujours vu vaillant, victorieux, infaillible... à part lors du jour de l'incident. Il avait voulu se montrer ferme, grave, mais j'avais perçu toute la peine qui traversait ses yeux fatigués. Lorsqu'il était rentré retrouver notre mère, il avait paru si misérable. Tête basse, il l'avait serrée contre lui pour lui annoncer la terrible nouvelle. Je ne l'avais jamais vu aussi désespéré.

Après cet événement, moi qui étais toujours si joviale et rieuse, j'étais devenue morne, sans réussir à le cacher. À vrai dire, je me moquais que l'on voie que j'allais mal. Je souffrais trop pour réussir à tout contenir. J'avais beau être optimiste, j'avais beau avoir gardé la face les premiers jours, gonflée par une bouffée d'espérance, c'était devenu insuffisant face au déchirement que ma séparation avec Mora m'avait provoqué. Mon père m'avait un jour demandé de sourire. Il m'avait expliqué qu'il était toujours plus agréable et motivant d'avoir un capitaine positif et souriant. Alors, je m'étais efforcée de me montrer optimiste. J'y avais mis tant d'énergie que j'avais fini par le devenir. Un peu comme avant. Ma bonne humeur était devenue ma force, je sentais que j'allais mieux, je m'y accrochais, et je revivais un peu. C'était probablement le meilleur conseil que mon paternel m'avait donné.

Mon père était donc mon héros. Je me souvenais encore et toujours de son beau costume de capitaine dont je touchais l'agréable tissu noir parementé d'or du bout des doigts. De son chapeau aux décorations écarlates qui me captivait depuis que j'étais enfant – lorsque mon père me l'avait offert, une étrange sensation m'avait parcourue. L'impression qu'il me donnait le flambeau, que je devais suivre ses pas, et surtout, le désir, plus que tout, d'honorer le port de ce tricorne. Peut-être avais-je inconsciemment cherché à lui ressembler, sous ce chapeau. Être cette figure impénétrable que j'avais toujours admirée.

Attentive le reste de la journée, aucun incident n'était survenu. Après le dîner, ma sœur et moi rentrâmes dans ma cabine. J'allumai la lampe à huile posée sur le bureau, puis nous nous installâmes directement sur le matelas. Elle s'étira longuement, puis retira sa robe, terminant en sous-vêtements :

« Que ça fait du bien !

— Je ne sais pas comment tu as fait... neuf ans que tu portes ces... choses ? Quand on nous en a fait porter, j'ai toujours détesté ça, on ne peut rien faire avec un truc pareil sur soi !

— Oui ! rit-elle. Certaines, je les aime bien, car elles sont légères et jolies, je l'avoue... mais d'autres sont lourdes et désagréables à porter ! Je pense que je te piquerai des vêtements, demain. Si tu veux bien, précisa-t-elle après coup.

— Tout ce qui est à moi est à toi. »

Elle observa mon bureau en caressant Tigresse :

« Jolie collection de bouteilles, Neven... »

Je levai l'œil au ciel :

« J'ai une certaine appétence pour le rhum, oui... »

Cela faisait un moment que je n'avais pas bu... et j'en avais bien besoin avec ce qui me tombait dessus.

« Les rumeurs sont donc vraies, Neven l'Écarlate raffole de l'alcool ! taquina Mora, rieuse. Ça ne m'étonnait pas vraiment de toi vu comment tu buvais à quatorze ans...

— Je ne buvais pas tant que ça ! rétorquai-je.

— Pas beaucoup, oui, sourit-elle. Mais déjà piquer des gorgées de rhum dans la pinte de papa...

— Roh... ça va ! »

Elle secoua la tête de droite à gauche, amusée. Elle se tourna ensuite vers un manteau en cuir plié dans un coin :

« Au fait... c'est à qui, ça ? Il a l'air grand pour être à toi. »

Mon visage s'assombrit. Je ne parvenais plus à sourire, et je baissais l'œil. Mora fronça légèrement les sourcils, ses yeux brillaient, une peine dans le regard.

« J'ai pu discuter avec les marins dans l'après-midi... c'était à Malaury, ton second, c'est ça ? »

J'acquiesçai lentement.

« Ils m'ont dit qu'il était un ami proche de toi...

— Plus que ça, avouai-je dans un soupir. »

Elle écarquilla les yeux, puis m'entoura immédiatement de ses bras :

« Tu l'aimais beaucoup ? »

Tête nichée dans son cou, je fermai l'œil, m'imaginant contre lui, à rire sous ses mains chatouilleuses, à rougir tandis qu'il me parlait à l'oreille, à sourire, enlacée, apaisée. De désagréables frissons me parcoururent, mes doigts commençaient à trembler. Les larmes chaudes coulaient lentement le long de mes joues, s'écrasant sur sa peau.

« Beaucoup, sanglotai-je. »

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