Les échanges, les retrouvailles, les souvenirs nous rappellent d'où l'on vient et sont indispensables pour savoir où l'on va.

Guillaume Musso
La Jeune Fille et la nuit (2018)

Le train entre en gare et je descends, le coeur un peu lourd. Sur les sièges en fer, une petite silhouette recroquevillée vacille. J'approche et une fois près d'elle, je laisse mon sac tomber à côté de moi avant de prendre place à côté d'elle. Et sans un mot, je fixe le train qui repart.

Gwendoline finit par relever la tête avant de me reconnaître. Elle passe ses bras maladroitement autour de ma taille alors que je fais de même au niveau de ses épaules. Elle serre le plus fort qu'elle peut en chuchotant : « Je savais que tu reviendrais ».

On finit par se lâcher, je laisse un bras autour de ses épaules en la gardant contre moi, et porte mon sac de l'autre main.
« On rentre à la maison, d'accord ? » elle hoche simplement la tête en souriant faiblement.
« On prendra des nesquik ?
- Autant que tu veux. J'en ai pris un hier. Je pense rester sur le cacao.
- Je suis offensée, comment peux-tu lâcher le nesquik pour le cacao ? Dit-elle faussement vexée, sur un ton relativement comique, sans ses yeux rouges, je pourrais la croire normale, comme avant.
- Je m'excuse pour cette offense, mais je vais rester sur le cacao. Toutes mes excuses à ton dieu nesquik, mais nous ne pouvons pas partager cet amour pour lui. »

Je tourne la tête, sur le quai d'en face, l'homme raciste nous fixe, et je lui envoie mon plus beau sourire. Il faut donner de l'amour aux racistes et homophobes. C'est important.