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Morceau de carton


C'est devant la grille du parc que je me mets à pleurer. Pourquoi là ? Aucune idée. Le hasard. Le poids qui devenait vraiment trop lourd à supporter. Je m'agenouille à moitié sur le sol. Je dois avoir l'air tellement tellement misérable. Je m'en fous. Ca me déchire la poitrine cette douleur, ça compresse tout. Les poumons, la gorge, la bouche : tout.

Il doit se passer une minute ou deux avant que quelqu'un vienne me voir. C'est un jeune homme. Il a le crâne rasé et des yeux très bleus, des yeux qui s'inquiètent vraiment. Il me tend la main.

-Ca va ?

Je dis non. Il a l'air sincèrement triste pour moi. Il m'aide à me relever en me serrant par la taille. Je renifle, j'ai des larmes jusque dans la bouche. Le garçon me montre l'autre côté de la rue. Par terre, sur le trottoir, il y a un carton, un sac à dos et un gros chien roux.

-Tu veux t'asseoir ?

Je dis oui. C'est totalement con je crois, parce que ma maison est à quelques mètres maintenant. Le garçon m'aide à marcher. On s'installe tous les deux sur le carton. Il me prête une couverture bleue qui gratte et je m'enroule dedans. Il me demande si je veux en parler et je réponds que non, pas vraiment, alors il n'insiste pas.

Puis je lui prends la main et je dis :

-Mais je veux bien que toi tu me parles.

Il sourit un peu. Son pouce caresse ma peau et il se raconte. Il dit qu'il s'appelle Xavier, qu'il a 23 ans, il dit qu'il a toujours beaucoup aimé l'école, qu'il voulait devenir professeur mais qu'il se disait toujours que la vraie vie c'était dehors.

-Maintenant j'y suis toujours, dehors.

-Est-ce que c'est la vraie vie ?

-Y en a t-il seulement une vraie ?

Il sourit encore. Il me montre son chien. Il raconte le chien : c'est Joe, il l'a eu tout petit, il l'a ramassé dans la rue.

Je l'écoute longtemps parler, avec sa voix un peu basse et rauque. Je le regarde se passer la main sur son crâne rasé de près. Je respire l'odeur de ses fringues et la tristesse s'évapore lentement, le mal de ventre devient un simple mal de vivre. Je me sens mieux. C'est presque la nuit. J'ai la tête posé sur l'épaule de Xavier. Il a arrêté de parler. On s'entend respirer, tous les trois avec le chien, assis sur le carton. Joe a sa tête posé sur mes jambes.

Je dis :

-Est-ce que tu crois que je peux rester pour la nuit ?

Ca le fait rire, Xavier. Moi je me sens stupide parce que je pense à ma maison quelques mètres plus bas, à mon lit tout chaud, à la lumière jaune de ma cuisine.

Xavier doit y penser aussi alors je murmure :

-J'ai peur de rentrer chez moi. Je me sens mieux ici.

Il hoche la tête. Il a l'air de comprendre. Qu'être bien ça n'a rien à voir avec ce qu'on possède, être bien parfois c'est dans la rue que ça se passe, avec un inconnu et son chien, avec une main qui serre la notre et une chaleur qu'on partage. Etre bien c'est dans le monde entier, et là, pour moi, c'est dans le sourire de Xavier.

Assis par terre sur un trottoir, sur un carton avec un chien et une couverture qui gratte et un garçon au crâne rasé, je murmure :

-Demain matin, je partirais, mais j'aimerais bien, juste un peu...

Xavier me sert doucement la main. Et puis il répond simplement :

-C'est un grand carton tu sais. Il y a de la place pour trois, Harry.

Fin.

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