Une fois arrivé au domicile de Ryuji, Noucky s'est endormi dans la voiture. Pour cette fois, je ne vais pas lui faire de remontrances. Mais cette histoire est étrange. Les yakuzas sont impliqués dans cette affaire et ça ne va pas faciliter les choses. Les lois sont différentes qu'en Europe, je vais devoir agir avec prudence. Je suis certain d'une chose, je dois en parler à Auré. Lui seul pourrait m'aider. Mais, comment lui en parler sans le mettre en danger dans son travail ? Déjà qu'il est constamment exposé en surveillant le fils de son employeur. Faut que je réfléchisse calmement à la situation.
Je descends du véhicule et porte Noucky sur mon dos. J'ai pris l'habitude quand il s'endort pendant le trajet.

POV Auré

La visite surprise de Noucky et Aza m'ont totalement déstabilisé. Je ne me suis pas attendu à leur arrivé, encore moins la raison de leur présence. J'ignore si c'est le destin qui l'a voulu, mais je pense qu'on se reverra très vite. Ce qui me choque, c'est que ce policier, enfin, ancien policier, soit vraiment devenu le porte-parole des hybrides. Si on m'avait prédit cela quelques années auparavant, j'en aurai ri jusqu'à me casser les côtes. Faut croire que les années peuvent changer les gens et tant mieux. Alors que je suis plongé dans mes pensées, je sens une main qui se pose sur mon épaule. Je me retourne et voit Akira qui me regarde avec curiosité.

- Auré-San, vous allez bien ? Vous semblez être ailleurs. Demande-t-il.

- Ne t'en fais pas pour moi. Je vais très bien.

- C'est la visite de vos amies qui vous préoccupe ? Ils ont l'air sympathique.

- C'est le cas. Ce qui m'inquiète c'est l'affaire dont ils doivent se charger.

Le garçon me regarde avec interrogation et montre soudainement son inquiétude.

- Vous pensez qu'ils sont en danger ?

- Je ne sais pas, peut-être. Mais, je sais que Noucky est très fort en combat. Enfin, cela ne devrait pas t'inquiéter.

- Auré-san, vous savez, si vous êtes inquiet, on peut aller les voir. Suggère-t-il.

- Au risque qu'un autre gang tente de te kidnapper pour la quarante-cinquième fois ? Hors de question. S'il t'arrive quelque chose, ton père me fera la peau. Je tiens à ma vie.

Akira baisse la tête. Je sais qu'il veut bien faire et je trouve gentil de sa part de vouloir m'aider. Seulement, je ne veux pas le mettre en danger. Il est la cible de plusieurs mafieux, ses sorties doivent être limités, ainsi que ses fréquentations. Je sais bien qu'il n'a pas la vie dont il rêve et il n'est en rien fautif. Seulement, il n'a pas beaucoup le choix à l'heure actuelle.

- Je sais, mais vous voir comme ça m'inquiète. Admet-il.

- Ne t'en fais pas pour moi. Ça ne va pas m'empêcher de continuer à te protéger.

- Auré-san, vous vous donnez tant de mal pour moi, j'aimerais vous rendre la pareille.

- Si tu veux me rendre service, reste vivant et en lieu sûr.

- Il baisse la tête et reste silencieux avant de reprendre la parole.

- Mais, il y a bien autre chose que je peux faire pour vous ?

Le problème d'Akira, c'est qu'il est tellement bienveillant et qu'il veut rendre service que ça peut lui jouer des tours. Je ne veux pas profiter de sa bonté, je n'en ai pas le droit.

- Je comprends que tu veuilles me rendre service. Seulement tu m'accordes beaucoup trop d'importance. Pense d'abord à toi et à ce que tu veux.

- Auré-san, ce que je souhaite en ce moment, c'est pouvoir vous être utile comme vous l'êtes pour moi en me protégeant.

- Alors vit ta vie tout en restant prudent, c'est le meilleur que je te souhaite.

Son sourire s'efface aussitôt et baisse sa tête. Je sais que mes paroles sonnent creuses pour lui, compte tenue dans la position qu'il se trouve.

- Vous savez que ma vie actuelle est une prison dorée. Mon père est un yakuza et beaucoup de personnes lui en veulent.

- Je sais...

- Manque de chance pour moi, je suis la cible de tous ça. Pourtant je n'ai rien à voir avec toutes ces histoires. Et vous me demandez de vivre normalement.

- Akira...

- J'en ai marre de toujours faire attention à tout et ne pas pouvoir vivre normalement ! Me coupe-t-il.

Les points et la mâchoire serrées, Akira semble en colère. Son regard ne fait que confirmer ce que je pense. Je ne peux rien dire pour contrer cette vérité qui le fait souffrir. Ce serait lui mentir.

- Je ne peux pas manger ce que je veux par risque d'être empoisonné ! Ni sortir au risque d'être kidnappé ! Poursuit-il.

- Je sais que c'est difficile...

- Et pourtant vous contribuez à entretenir cette cage dorée où je suis enfermé ! Je ne veux pas être tout seul ! Vous avez des amis, mais moi, non !

Dans sa colère, je vois des larmes couler le long de son visage. Cette situation est des plus pénibles pour lui et je le comprends. Je ne peux pas lui donner tort, car ce qu'il dit est entièrement vrai. Akira souhaite vivre comme quelqu'un de normal et pas comme le fils d'un clan de yakuza.

- Je suis désolé de t'avoir peiné. Je comprends que tu souhaites être libre, mais tant que le danger est présent, je ne peux rien faire de plus que te protéger.

- Auré-san, si on partait ? Juste tout les deux ? Loin du Japon ?

Ma bouche se décroche totalement et mes yeux sont sur le point de tomber. À quel moment il tient de telles idées ? Je me contente de le regarder en silence, ne sachant pas quoi lui répondre. Akira voit à mon visage que je ne m'attendais pas à ça.

- Je sais que ce que je vous demande vous paraît surprenant, mais je veux changer de vie. Poursuit-il.

- Si je le pouvais, je te laisserai vivre comme tu le souhaites. Mais au risque de me répéter, mon travail consiste à te protéger.

- Mais si vous me suivez à l'étranger, vous pouvez continuer à faire votre travail.

Je soupire et reste silencieux quelques secondes. Il ne va rien lâcher ce gamin, c'est certain.

- L'idée est tentante. Seulement, trois soucis se posent. Ton père ne te laissera pas partir comme ça. Ensuite tes études, tu ne peux pas les abandonner ce serait dommage.

- Et la dernière raison ? Interroge-t-il.

- J'ai des choses à régler ici. Tant que ça ne sera pas fait, je ne quitterai pas le Japon.

Akira me fixe longuement, avant de réfléchir. J'ignore ce qu'il peut bien penser, mais je sens que je ne vais pas pouvoir m'en débarrasser. Il s'est attaché à moi et je crains de ne pas réussir à lui faire entendre raison.

- Eh bien, pour la dernière solution, je peux vous apporter mon aide. Propose-t-il.

- Comment peux-tu m'aider ?

- Eh bien, je peux toujours demander à des personnes de mon école de s'intéresser aux activités des yakuza.

Je le fixe, les yeux las et il comprend que je ne suis pas convaincu. Il ne sais pas se défendre et il espère m'aider ? Parfois je me demande s'il a une case en moins ce garçon.

- Attendez, Auré-san, je peux me rendre utile pour autre chose sinon.

- Oui, rester en vie et vivre ta vie de lycéen serait un grand service pour moi.

- Mais...

Devant son insistance, je comprends que je n'ai pas le choix et qu'il ne lâchera pas l'affaire. Me voilà dans de beaux draps, ça promet.

- Bon d'accord, je vais réfléchir à quoi tu peux m'être utile, mais pas un mot à ton père, compris ?

- Évidemment. Je ne veux pas qu'il vous vire.

- D'ailleurs, je vais le voir pour essayer de t'autoriser à sortir sous ma surveillance. Tu as intérêt à m'écouter.

Le visage d'Akira s'illumine et sourit. J'espère que je ne vais pas regretter cette décision, s'il lui arrive quelque chose, je suis mort.

- Bien sûr Auré-san.

Je sors de la pièce et marche vers celle de son père. Je toque à la porte et attend qu'il m'autorise à entrer dans la pièce.

- Entrez. Autorise-t-il.

J'ouvre la porte et entre dans la pièce qui lui sert de bureau. Il est assis, avec des documents à la main et les lis attentivement. J'avance l'entement jusqu'à me retrouver face à lui.

- Je m'excuse de vous déranger, mais votre fils commence à en avoir marre d'être constamment sous surveillance et je commence à être à court d'arguments pour essayer de l'apaiser.

Le père d'Akira pose ses documents et ferme les yeux avant de soupirer. J'ignore ce qu'il va me demander, mais je remarque que ça ne le rassure pas.

- Décidément, il n'en fait qu'à sa tête, ça devient embêtant. Merci de m'avoir fait part de la situation. Je comprends que ce soit difficile pour lui, mais il est la cible des autres clans et je dois le protéger de tout les dangers.

- Je le comprends, mais plus le temps passe, moins j'arrive à le retenir. Que dois-je faire ?

L'homme réfléchit quelques secondes, puis il semble avoir une idée, car il me fixe intensément. J'ignore ce qu'il a en tête, mais il a l'air confiant.

- Les jeunes gens qui sont venus récemment, j'ai entendu dire que tu les connaissais.

- Oui, en effet. Qu'avez-vous en tête ?

- Je pense qu'il est préférable qu'Akira soit entouré de vos amis, cela pourrait tromper l'ennemi qui penserait qu'il serait ici. Annonce-t-il.

Mes yeux s'agrandissent. D'où il sort cette suggestion ? Je la trouve plutôt dangereuse, voir complètement irréfléchie.

- Je sais que tu dois te dire que j'ai perdu la tête, mais c'est surtout que je viens d'apprendre qu'il y aura un assaut dans ma demeure et j'ignore quand. Si par malheur il m'arrive quelque chose, je voudrais te confier mon fils, ainsi que le Bakeneko. confie-t-il.

- Pourquoi vous dites cela ? Vous m'annoncez cela comme si vous alliez mourir.

- Pourtant, c'est une éventualité que je risque tout les jours. Sur l'un des rapports de mes hommes, un assaut est prévu dans cette demeure prochainement. Si cela devait arriver, je veux qu'Akira soit en sécurité. Tu es le seul sur qui je peux compter pour veiller sur lui.

Je reste silencieux et ne sait pas quoi lui répondre. D'un côté, je comprends sa position, mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il n'attaque pas directement pour repousser ses adversaires ? Mais s'il a prit cette décision, c'est qu'il n'a plus d'autres choix. 

- Je vois, vous souhaitez qu'il parte de la demeure quand ?

- Dès demain matin. Mes hommes l'escorteront avec le Bakeneko en toute discrétion, d'autres resteront ici pour tromper ceux qui nous espionnent.

- Vous avez pensé à tout.

- Il le faut quand il s'agit de ma famille. Akira ne mérite pas de vivre dans la peur et je vois qu'il est triste. Je ne veux pas qu'il soit victime de mes agissements.

- Je comprends.

POV Aza

J'ouvre doucement les yeux et je sens un poids m'écraser le torse. Je vois que c'est Noucky qui est sur moi avec un filet de bave qui sort de ses lèvres. Ressemble à un vrai gamin comme ça et encore plus surprenant, je suis en couple avec lui. Je le secoue légèrement en espérant qu'il se réveille, en vain. Il semble dormir comme une pierre et n'est pas prêt de bouger. Seulement, j'entends des pas se diriger vers ma chambre avant d'entendre toquer trois fois. Noucky sursaute, se décolle de moi et tombe par terre. Je me lève et prends un pantalon et un autre t-shirt avant d'ouvrir la porte. Mes yeux s'écarquillent et je découvre avec surprise Auré sur le pas de la chambre. Il me regarde avec interrogation avant de voir Noucky qui est par terre, se lever avec une gueule de bois.

- Ah, je tombe mal peut-être ? Demande le neko blond.

- Non, ne t'en fais pas, on devait se réveiller de toute façon.

- Moi je voulais dormir encore un peu. Ajoute Noucky, avec une voix fatiguée.

- Continue de dormir, je parlerai avec Auré dans une autre pièce.

Il acquiesce et retourne dormir. Puis, Auré et moi allons vers la pièce principale. Ryuji déjà levé est en train de se servir le thé  et le repas à son fils, Hideki. Puis, je vois avec surprise Akira qui est assis à côté du jeune neko. Mes yeux s'agrandissent avant de regarder étrangement l'hybride blond.

- Le père d'Akira a décidé d'amener son fils ici pour sa sécurité. Me chuchote-t-il.

- Il y a un souci ?

- Un assaut va être lancé dans la demeure et il ne voulait pas que son fils soit parmi les victimes.

- Et il est au courant ?

- Akira ? Non. Son père doit l'appeler pour lui dire, justement.

- Je n'ose imaginer le choc qu'il va avoir.

- Je ne sais pas comment il va agir. Mais je pourrais mieux veiller sur lui ici, ainsi que Noucky au moins, je pourrais agir plus efficacement.

Soudain un smartphone sonne, c'est celui d'Auré. Il décroche et s'éloigne légèrement de moi. Seulement, je ne comprends pas ce qu'il dit, car il parle en japonais. Je patiente dans le couloir et attends. Je repense à Akira, le pauvre, il ne doit pas comprendre ce qu'il se passe. Quand je vois qu'Auré a terminé il s'avance rapidement vers la pièce principale.

- Il veut parler à son fils. Annonce l'hybride blond.

Je le suis et salue Ryuji, ainsi qu'Hideki. Le neko blond va voir Akira et lui donne le smartphone pour qu'il réponde. Le jeune homme prend l'appareil et s'éloigne. Je m'assois alors que l'hôte de maison vient vers moi.

- Voulez-vous un peu de café ? Ou un peu de thé ? Me propose-t-il.

- Je partirai bien sur un thé, je vous remercie.

- Aza, si vous êtes le père d'Halliwell, pourquoi vous n'êtes pas un neko ? Me demande Hideki.

Je suis choqué que cet enfant ose me demander ça, mais il est curieux et c'est normal à son âge. Son père fronce les sourcils avant de croiser les bras. Il n'apprécie pas la question déplacé de son fils, je le sens.

- Hideki, voyons ! Gronde Ryuji.

- Mais papa, c'est vrai ! Pourquoi c'est un humain et pourquoi Halliwell n'a pas de maman ?

- Tu n'as pas à poser ce genre de question ! Rouspète son père.

- Laissez, n'accablez pas votre enfant. Je peux répondre à ses question.

Ryuji se calme et reste silencieux, je comprends qu'il peut être gêné. Je porte mon attention vers son fils et lui répondre.

- Pour tout te dire, le passé d'Halliwell n'est pas joyeux et il a perdu ses parents très jeune. Il a subi des tortures de la part d'un scientifique, mais il n'est pas le seul, Noucky et Auré ont également beaucoup subi à cause de ce scientifique.

- Et comment vous avez rencontré Halliwell ? Me demande Hideki.

- Quand s'est vu la première fois, je découvrais l'existence des Neko et il s'est naturellement attaché à moi. Et il m'a choisi en tant que parent. Depuis, je fais tout pour qu'il puisse se sentir bien et en sécurité. Même si je ne suis pas son père biologique, s'il est heureux à mes côtés, ça me convient.

Hideki me regarde avec de grands yeux, je ne sais pas s'il va comprendre, mais j'espère avoir répondu correctement à sa question. Puis notre conversation est interrompu par Akira qui traverse la pièce en furie, avant de sortir de la maison. Auré apparaît lentement, le visage impassible avec le smartphone en main.

- Je suppose que ça s'est mal passé ?

- Malheureusement, je ne m'attendais pas à ce qu'il réagisse de cette façon. Admet Auré.

- Vous ne le suivez pas ? Il risque d'être en danger s'il s'éloigne de la maison. Demande Ryuji.

- Il ne s'enfuira pas car trois hommes lui bloqueront la sortie. Il va juste rester dehors et assimiler ce que lui a dit son père. D'ailleurs, on a ramené le Bakeneko. Poursuit le Neko blond.

Mes yeux s'agrandissent, je ne suis pas préparé à cette nouvelle et encore de savoir qu'il va être ici. D'un côté, ça me rassure, plus vite que je boucle cette affaire, plus vite il sera en sécurité.

- Où est-il ?

- Avec d'autres hommes dans une des voitures devant la maison. Il est mort de peur et ne comprend pas ce qu'il se passe. M'explique Auré.

- Tu penses qu'on peut l'interroger ?

- C'est ce que voulais te proposer. Je vais avertir les hommes et avoir une sérieuse discussion avec Akira.