
You probably never loved someone like i do
J'aime tellement cette chanson que je pouvais que vous la mettre en fond sonore en prime...
PS : comme d'habitude, correction orthographique pleinement autorisée !
Trop abasourdie, je sentis mon cœur s'affoler dans ma poitrine mais je restai immobile, les yeux écarquillés tandis que Derek s'écartait déjà. Cela avait été juste un baiser très doux, très calme. Une brève pression presque irréelle mais qui, pourtant, laissait une sensation brûlante sur ma peau.
Ses iris bleutés se posèrent dans les miens et il esquissa un petit sourire face à ma bouche entrouverte et mon propre regard écarquillé. Je bégayai maladroitement, ne comprenant que mal ce qu'il venait de se passer. Il m'avait embrassé. Il m'avait réellement embrassé, n'est-ce pas ?
- Ferme la bouche, sourit-il. Je sais que je te fais un effet de dingue, pas la peine de me donner plus de preuve.
Ma bouche, obéissante, se referma, cependant, je le gratifiai d'un coup de poing dans l'épaule qui ne fit que redoubler son sourire. Mais il resta calme, ne cédant pas à l'amusement qui ne pétillait même pas dans le fond de ses yeux. Il était sérieux. Et, comme pour me le confirmer, sa main vint passer contre ma joue, caressant ma peau avec douceur. Son pouce traça une courbe invisible et j'avalai difficilement ma salive, restant immobile face à l'intensité de son regard.
- Pou... pourquoi ? Finis-je par parvenir à demander. Pourquoi tu m'as embrassé ?
- Tu vas trouver ça débile mais... cela me rendait dingue que ce type soit le dernier à l'avoir fais.
Je ne répondis pas. Oui ça avait un côté un peu idiot. Mais terriblement mignon. Je ne pus m'empêcher de pouffer faiblement et ses doigts pincèrent ma joue en me faisant grogner. Je saisis sa main pour l'écarter mais lorsque je fis mine de la relâcher, il les enlaça fermement, m'empêchant de reculer. Et je n'en eus aucunement l'envie.
- Je suis désolé, ajouta-t-il. Je... je suppose que je viens de te forcer, moi aussi, d'une certaine façon.
- Je... non, fis-je, secouant la tête négativement. Tu n'as pas à t'excuser... je crois que je te suis reconnaissante. Je... j'avais...
J'avais quoi ? Je n'en savais strictement rien. Mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine à cause du baiser, commençait déjà ralentir. Battant lentement. Lourdement. Le chaos de mes émotions devenait trop violent, m'emportant dans un tourbillon étouffant.
Et les larmes s'écrasèrent sur mes joues. Lourdement. Un peu hébétée et ne comprenant pas pourquoi elles coulaient, je vins vivement frotter mes paumes contre mes joues. Je n'avais pas de raison de pleurer. Il ne s'était rien passé de dramatique. Un baiser volé c'était rien. J'avais eu peur mais il ne s'était rien passé. Rien passé. Rien passé. Rien passé. J'enfonçai mes dents dans mes lèvres alors que les larmes continuaient de tomber en flot.
Je ne voulais pas pleurer. Ce serait comme donner de l'importance à ce type. Comme lui dire qu'il avait eu raison, qu'il avait réussi à m'atteindre. Et je ne voulais pas de ça. Ma respiration devenait plus sifflante, plus saccadé alors que la panique enflait de plus en plus. Ma gorge était nouée. Mon cœur battait au ralenti, étouffé par une poitrine trop serrée. J'allais suffoquer.
Mais alors que je me recroquevillai en avant, luttant encore et encore contre ces émotions, deux mains se posèrent sur les miennes, venant les écarter, en douceur, de mon visage qui devait être autant rougies par mes larmes que par mes frottements frénétiques. Pathétique, je n'eus pourtant pas la volonté de me défaire des mains de Derek.
Il était passé devant moi, s'agenouillant afin de placer son visage à hauteur du mien. Ses yeux étaient humides. Et brillaient d'une douceur infinie. Je me pinçai les lèvres, cherchant finalement à esquiver ce regard où je lisais trop de compassion, trop de pitié. Mais il lâcha l'une de mes mains sans que je n'ai à le lui demander et la passa derrière ma tête, la ramenant vers la sienne sans brusquerie mais suffisamment fermement pour que je ne puisse reculer. Son front se posa contre le mien.
- Tu as le droit de pleurer, Heden. Autant que tu le veux, murmura-t-il. Ce qu'il s'est passé... n'aurait jamais dû arriver. Mais sache que, quoi qu'il advienne, que tu finisses par me détester parce que je suis un con, que tu décides de ne plus m'aimer, que tu décides que quelqu'un d'autre que moi te rendras plus heureuse... je te protégerai toujours. Je serais toujours là et je te jure que cela ne t'arriveras plus jamais.
C'était une promesse idiote. Il ne pouvait pas garantir qu'il serait toujours là au bon endroit et au bon moment. C'était une promesse illogique. Sans fondement réelle. Une promesse qu'il ne pourrait probablement pas tenir. Et, pourtant, elle gonfla ma poitrine, laissant un peu plus d'espace à mon cœur pour battre. Les larmes affluèrent un peu plus encore, mais, cette fois, je ne cherchai plus à lutter. Je cédai au flot qui se pressait contre mes paupières.
Mes bras passèrent autour de sa taille et mes mains se pressèrent contre sa peau nue et brûlante. Il me ramena aussitôt contre lui, comprenant que j'avais besoin de m'accrocher à lui. Il m'enlaça, blottissant ma tête contre son épaule et caressant mes cheveux pendant ce qui me sembla durer des heures. Il me parla, longuement, continuant de me promettre qu'il ne laisserait plus qui que ce soit me faire pleurer. Plus encore, qu'il ne me laisserait plus pleurer de la sorte.
Et quand le flot de larme commença à s'apaiser, il m'écarta quelque peu pour me contempler sans que je ne sache quoi lire dans ses iris bleutés. Cherchait-il à graver cet instant dans sa mémoire ? J'avais dû mal à comprendre pourquoi il ferait une telle chose. Ses doigts finirent par venir sécher les dernières larmes qui m'échappaient tandis que je me sentis, soudainement, terrassée par la fatigue. Mais j'étais encore suffisamment éveillée pour sentir mon cœur s'emballer lorsqu'il déposa ses lèvres sur mon front. Sur ma joue. Sur le coin de mes lèvres. Et, alors que j'étais persuadée qu'il allait à nouveau m'embrasser, il se stoppa, se contentant de me fixer.
- J'ai envie de t'embrasser, lâcha-t-il avec un sérieux qui ne put que faire rosir mes joues et accélérer un peu plus encore mon cœur. Mais je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ne veux pas... que tu le fasses juste parce que je suis là pour toi et que tu es reconnaissante... enfin tu n'en as peut-être même pas envie... Alors... si tu as le moindre doute, secoue la tête et je ne le ferais pas.
Secouer la tête ? Pourquoi l'aurais-je fait ? J'en avais bien évidemment envie. J'en avais même plus qu'envie. Et pas uniquement parce qu'il m'avait aidé. Pas seulement parce que sa présence, en cet instant précis, allait probablement me sauver. Mais parce que j'en avais toujours eu envie. Parce que c'était lui. Parce que c'était moi.
Alors, tandis qu'il attendait patiemment une réponse quelconque, je me contentai de franchir, de moi-même, la maigre distance qui séparait nos visages. Et, pour la première fois de la soirée, ce furent mes lèvres qui se pressèrent contre les siennes.
Après la surprise passée, les mains de Derek glissèrent sur mes joues et il m'écarta une unique seconde pour revenir m'embrasser. Plus longuement. Plus passionnément. Et mon monde vacilla, tremblant pour ne plus que se focaliser sur une unique personne. Lui. Lui. Et seulement lui. Avec une unique pensée parvenant à émerger de temps à autre : comment avais-je pu ne faire que penser que je pourrais aimer quelqu'un d'autre que lui ?
♪
- Réveille-toi !
Je geignis lourdement, chassant, avec agacement, la main qui secouait mon épaule. Je dormais, pourquoi devait-on venir m'enquiquiner alors que j'étais si bien ? Un sommeil lourd avait fini par m'emporter mais je n'en avais pas encore assez profité à mon goût. Et puis, il faisait si chaud dans mon lit, c'était bien trop agréable pour que je ne fasse que songer quitter ma couette. Elle et moi, c'était une histoire d'amour sans fin et inégalable.
- Heden !
Je lâchai un nouveau grognement mais bougeai légèrement, consentant à m'éveiller alors que la voix, masculine, semblait réellement dans tous ses états. Elle était fébrile et marquait toute l'inquiétude du monde. Que ce passait-il encore ? Je me tournai, prête à écarter ma couverture mais, alors que j'aurais dû pouvoir m'étendre longuement, je rencontrai, brusquement le vide. J'allais m'étaler par terre, mes yeux s'écarquillant dans la panique.
Mais un bras, passé autour de ma taille, me ramena sèchement en arrière et me ramena vers la source de chaleur qui avait tenté de me maintenir confinée. Je lâchai un soupir de soulagement avant de jeter un coup d'œil, autour de moi.
Je n'étais pas dans ma chambre. J'étais dans le salon. Je fronçai les sourcils, un peu perdue. Je me souvenais d'être venue boire un thé mais en cours de route j'étais tombée sur Derek. Mais, ensuite, les choses étaient plus floues. Je supposai que j'avais dû m'endormir là, cédant à la fatigue, et que Derek avait dû m'installer dans le canapé. Ma main se décala, cherchant un appui pour me redresser plus prudemment sur le canapé étroit, et atterri sur une peau brûlante.
Ma tête bifurqua lentement sur ma gauche et j'ouvris la bouche, incrédule, lorsque je croisai le regard, parfaitement éveillé, de Derek. Sagement allongé à côté de moi. Non. Pas à côté. Contre moi. Son bras était encore autour de ma taille et, au vue de notre position, j'imaginai aisément que nous avions passé la nuit ainsi. Mes joues s'empourprèrent et je voulus baragouiner quelque chose, mais fut interrompue lorsque deux nouveaux bras vinrent s'attacher autour de mon cou. Je geignis à nouveau, surprise, alors que l'on me tirait en arrière à peine avais-je eu le temps d'esquisser le mouvement de m'asseoir. Mais, alors que je craignis de tomber, mon dos se retrouva blottit contre un second torse masculin. Je posai mes mains sur les avant-bras qui m'étranglaient presque, un peu perdue.
- Nathanaël ? Lâchai-je, incertaine mais reconnaissant les cheveux brun de mon meilleur ami qui venait de poser sa tête contre mon épaule. Qu'est-ce que tu fic...
- Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?!
Je mis un petit temps avant de comprendre sa question. Je soupirai doucement alors que Nathanaël était visiblement plus que secoué par ce qu'on venait de lui apprendre. Mes doigts, crispés sur lui, se détendirent et je vins passer l'une de mes mains dans ses cheveux, les caressant avec tendresse.
- Je vais bien, assurai-je.
- Bien sûr que non tu ne vas pas bien ! Tu as dû avoir peur ! Tu aurais dû me réveiller !
Il ne relevait pas la tête, la gardant appuyée contre mon épaule. Je continuai mes caresses, cherchant à l'apaiser, mais cela semblait bien vain. Je croisai le regard de Derek qui se redressait à son tour, ramenant ses cheveux en arrière alors qu'ils étaient en pagaille sur le sommet de son crâne. Il m'offrit un petit sourire, presque timide, que je lui rendis, maladroitement. Ce qu'il s'était passé hier soir me revenait en tête, sans que je ne sache vraiment si cela signifiait quelque chose.
- Nath, tu veux bien me lâcher ? Demandai-je, doucement. J'aimerais pouvoir te faire face.
- Non, murmura-t-il. Je ne te lâcherai plus jamais.
- Idiot, souris-je. Tu sais, tu n'as pas besoin de tant en faire pour me convaincre que tu es adorable. Je le sais déjà. Alors, s'il te plaît, laisse-moi t'assurer, convenablement, que tout va bien.
Il ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de réfléchir à ce que je disais. Puis, finalement, ses bras me relâchèrent de leur étreinte et je pu me tourner pour enfin lui faire face. Il posa ses yeux dans les miens alors qu'ils étaient aussi imbibés de larmes que moi durant la nuit. Il était réellement inquiet pour moi. Et cela ne pu que faire gonfler mon cœur. Je pris l'une de ses mains et nouai nos doigts.
- J'ai eu la trouille de ma vie, avouai-je, le fixant longuement. J'ai cru... j'ai vraiment cru que ce type allait...
Ma voix s'étouffa dans ma gorge, les doigts de Nathanaël se resserrant aussitôt sur les miens. J'inspirai longuement, me focalisant sur l'étreinte rassurante qu'il intimait.
- Qu'il allait faire plus que je n'aurais été capable de supporter, paraphrasai-je donc, offrant un pauvre sourire pincé. Mais cela n'est pas arrivé. Et... maintenant, tout va bien.
Il me fixa longuement, incertain et revint passer ses bras autour de moi, agrippant mes épaules pour me ramener contre lui. Il me serrait bien trop fort, mais il ne me serait pas venu à l'esprit de lui dire de s'écarter. Je l'étreignis simplement, caressant son dos, le cœur serré alors que son affection me submergeait totalement.
Au bout d'un moment, il s'écarta, détournant les yeux alors qu'il était un peu gêné de se montrer ainsi devant d'autre que moi. Mais Derek se montrait étrangement bienveillant. Malgré qu'il ne puisse se faire transparent, il faisait au mieux pour ne pas attirer l'attention sur lui, restant bien silencieux et se callant dans le fond du canapé alors que je l'empêchais de le quitter. Cependant, toute ses tentatives de se faire invisible furent mise à mal lorsque Nathanaël posa longuement ses yeux sur lui.
Il le dévisagea une longue minute durant laquelle une légère pression monta, me faisant me raidir grandement. Il était torse nu. J'avais dormi avec lui. Nos cheveux étaient en pagaille. Et j'imaginais aisément ce que Nathanaël pouvait imaginer dans une telle situation. Pourtant, lorsqu'il rouvrit la bouche, il n'en sortit pas la slave de reproche à laquelle je m'étais attendue :
- Merci d'avoir pris soin d'elle.
Derek fut aussi surpris que moi, arquant un peu un sourcil, pas du tout habitué à recevoir la reconnaissance de Nathanaël. Ni même un quelconque sentiment positif. Mais il finit par hocher la tête, sobrement :
- Tu n'as pas à me remercier. Je sais... que je lui ai fais du mal et que tu es en droit de penser que je suis un abruti. Cependant, sache que je ferais toujours tout pour la protéger. Elle est bien plus importante pour moi que tu ne l'imagines.
Ses yeux bifurquèrent dans les miens et y restèrent. Intensément. Trop intensément. Comme une petite fille gênée, je détournai le regard en passant ma main vers mon oreille, faisant glisser une mèche rebelle derrière mon oreille et profitant du mouvement pour camoufler mes joues rougies tandis que je sentais bien, peser sur moi, les regards de Derek et de Nathanaël.
Mais, interrompant ma gêne, Nathanaël attrapa ma main et la tira, m'intimant de me lever. J'obéis sagement, m'extirpant, tant bien que mal, de l'amas de plaid sous lesquelles Derek nous avait entassé.
- Je vais te faire le meilleur petit déjeuner du monde ! M'informa Nathanaël, tâchant de retrouver tout son entrain habituel, bien qu'il manquait encore de naturel, pour le moment. Je suis le roi des gaufres.
- Des gaufres brûlées, ajouta une voix masculine.
Je levai les yeux vers Cameron qui, à son tour, descendait les escaliers qui menait aux chambres. Torse nu. Alors que depuis le début de son séjour, il avait toujours arboré un T-shirt à manche courte, blanc. Je ne pus que le soupçonner de s'être dénudé pour rivaliser avec un Derek aussi peu habillé que lui. Un concours de tablette de chocolat se déroulait sous nos yeux et, pour une fois, j'aurais été la première à vouloir me jeter sur ce met que je n'aimais pourtant pas. Ils étaient sublimes. L'un n'ayant rien à envier à l'autre.
Son regard croisa le mien, puis se posa sur Derek, durant une courte seconde. Je me crispai, mais il reposa son regard sur moi, m'offrant un petit signe de tête voulant m'interroger sur mon état. Je le lui rendis, presque timidement, mes yeux se faisant quelque peu fuyant.
- Mes gaufres sont toujours merveilleuses, protesta Nathanaël lorsque Cameron fut à notre hauteur. C'est ton gaufrier qui est nul.
- Mais oui, je le lui signifierais tes revendications, sourit-il en coin, moqueur.
- Et je suis désolée de gâcher tes espoirs, mais je n'ai aucune sinistre idée d'où ma mère peut bien ranger le gaufrier, ajoutai-je.
- Le Dieu des céréales est contre moi ! Geignit, exagérément, Nathanaël.
Je le gratifiai aussitôt d'un coup de poing dans l'épaule qui le fit éclater de rire tandis que « le Dieu des céréales » était une moquerie claire à mon attention. J'avais eu le malheur de lui parler de mon Dieu fétiche, durant la semaine, et, depuis, il ne cessait de me taquiner là-dessus. Mais il ne devrait pas, le Dieu des céréales pouvait se montrer très virulent envers ses détracteurs.
- Sérieusement, si on ne peut pas faire de gaufre, est-ce que nous pouvons faire quelque chose qui te ferais plaisir, princesse ?
Ses mains, agrippées aux miennes, s'agitèrent vigoureusement, les secouant en me faisant grogner. Mais son regard, lui, était bien sérieux sur moi, alors je pris le temps de réfléchir. Quelque chose qui me ferait plaisir ? Après réflexion, il y'avait bien une chose qui me tentait fortement.
- Je... j'aimerais beaucoup jouer.
- Jouer ? Répéta Nathanaël, interloqué.
- Du piano, expliquai-je donc.
- Maintenant ?
- Non, je ne veux pas révei...
- Vas-y, joues.
Je levai les yeux vers mon frère. Depuis quand était-il là ? Visiblement depuis peu de temps au vue de son regard brumeux et son air hagard. Il se tenait vers l'encadrement de la porte de la chambre de nos parents, la refermant, négligemment, en me laissant supposer que Marie était toujours profondément endormie.
- Cela ferait trop de bruit, refusai-je, secouant la tête. J'aurais l'occasion de jouer plus ta...
- Ne m'agace pas, si tu as besoin de jouer, tu joues. Et puis se réveiller en musique n'est pas le pire des supplices, rétorqua-t-il.
- Surtout la tienne, compléta Cameron. Et puis, moi aussi j'ai bien envie de jouer. Comme ça, si quelqu'un râle, il n'aura qu'à s'en prendre à moi.
- Je suis partant aussi ! Pailla Nathanaël. Vous avez une batterie ?
- Une batterie ? S'enquit Jason, arquant un sourcil, sceptique. J'ai peur que nous n'ayons pas ça chez nous.
- ... vous avez des casseroles ?
- Ah non ! Protesta aussitôt Cameron. Toi et des casseroles, une fois cela m'a suffit.
- T'es pas drôle ! Protesta-t-il. Moi aussi je veux participer !
- Tu feras le rythme avec ton pied, répondit-il, sobrement.
Nathanaël fit les gros yeux, n'appréciant pas du tout l'idée suggérée, mais Cameron saisissait déjà mon poignet, m'arrachant aux mains de Nathanaël pour me guider jusqu'au piano droit qui trainait dans le salon. Je ne m'y étais pas assise depuis de trop nombreuses années. Ainsi, lorsqu'il me relâcha vers l'instrument, mon hésitation s'estompa. J'avais envie de jouer. J'avais réellement envie de jouer.
Lentement, je m'assis devant le piano, soulevant le cache qui me séparait de mes chères touches noires et blanches. Mon sang se mit à bouillonner dans mes veines, mes doigts à frémirent d'impatience. Jouer. J'avais le sentiment que cela faisait trop longtemps que je n'avais pas jouée. Pourtant, cela ne devait faire que quelques jours, ayant décidée qu'il fallait que je repose mes mains engourdies par ces derniers mois. Mais je détestai rester séparer de lui.
J'appuyai sur une première touche, un la qui résonna autour de moi, m'enveloppant. Jouer. Vider une dernière fois tout ce que j'avais sur le cœur. J'appuyai sur une nouvelle série de note. Inspirai profondément. Quelle chanson choisir ? Une de mes propres compositions ? Non, je n'en avais pas vraiment envie. Cela serait trop personnel. Je voulais juste me vider la tête, je voulais juste être quelqu'un d'autre durant quelques minutes. Loin de tous mes soucis, de toute la réalité. Mais la réponse était la même : quelle chanson ?
Pourquoi ? Pourquoi rien ne me venait ? Je connaissais pourtant un grand nombre de mélodie. Et puis, j'avais des spectateurs. Il aurait été aisé de choisir la chanson préférée de mon frère pour le remercier de ses encouragements, ou bien encore de jouer la première chanson où je m'étais exercé avec Nathanaël. Mais, je restai immobile, incapable de prendre la moindre décision.
- There are days i wake up and i pinch myself...
Mon cœur loupa un battement.
Sa voix.
Cette chanson.
Combien de fois l'avais-je entendu chanter cette mélodie ? Combien de fois avais-je été morte de jalousie alors qu'il l'adressait à une nana, pendue à son bras et au décolleté faramineux ? Mon cœur s'emballa. Défaillit. Je me sentis emportée dans une vague qui allait forcément finir par me submerger, m'écraser, m'étouffer. J'aurais dû fuir. J'aurais sans doute dû vouloir fuir. Mais je savais. Je savais que j'étais incapable de bouger de là. Pas quand son regard était enfin sur moi.
Alors, mes doigts, hésitants, suivirent le mouvement. Je ne pouvais pas fuir. Mais je pouvais faire une chose. L'unique chose que j'avais toujours su faire. Jouer. Mais je n'étais pas comme avant. Jouer pour respirer. Jouer pour que quelqu'un m'entende. Jouer pour m'exprimer. En me demandant si quelqu'un parviendra à entendre ma voix, si quelqu'un prendra seulement la peine de m'écouter jusqu'au bout. Tout ça je le faisais toujours. Néanmoins, je réalisai aussi que, désormais, plus que m'exprimer, le piano pouvait me permettre de mener. De mener la danse, de mener la mélodie. Je ne me contentai plus de suivre, de me laisser entraîner. C'était difficile, mais je gardai la tête hors de l'eau.
Et, maintenant, c'était lui qui me suivait. Je finis par sourire, me mordant la lèvre alors que Derek continuait de chanter et que, me surprenant un peu plus, la guitare de Cameron – qui avait dû aller la chercher dans sa chambre – résonna et que Nathanaël concéda à donner le rythme en tapant des mains sur le plan de travail de la cuisine. Lukas Graham n'avait qu'à bien se tenir, ses trois là allaient forcément lui voler la vedette dans très peu de temps.
A la fin de la chanson, mes épaules s'affaissèrent et mon regard se perdit sur le piano. J'avais eu tort. Peut-être était-ce Derek qui m'avait sauvé cette nuit. Mais c'était elle qui me sauvait, chaque jour, depuis des années. Et c'était elle qui me ferait encore avancer.
La musique.
♪
- Tu es sûr qu'on peut les laisser seuls ? Me questionna Mickaël alors que je refermai la porte d'entrée de la maison dans un soupir alors que, enfin, la voix de Jason cessait de nous parvenir.
- Jason a dit qu'il nous rejoindrait, répondis-je dans un haussement d'épaule. S'il arrive couvert de sang, on saura tous qui il a tué.
Mickaël eut un rictus. Il était amusé ? Je n'aurais su le dire puisque le rictus disparu aussi vite qu'il était apparu. Mais, contrairement à lui, Andréa, Mathieu et Tamara rirent ouvertement. Au contraire de Nathanaël qui pinça ma joue en me faisant grogner et taper dans sa paume.
- Tu ne devrais pas en plaisanter, me sermonna-t-il. Jason a raison de péter un plomb. Tu as vu son comportement ? Ce n'est qu'une sombre conn...
- C'est ma sœur, coupai-je. C'est juste... sa façon de gérer la situation.
- Gérer la situation ? Répéta-t-il, froidement. Elle se fou de ta tronche oui. C'est de sa faute tout ce qu'il s'est passé et elle se trimballe en mini-jupe, s'incruste à notre soirée dans l'espoir de se faire sauter et ne te présente pas la moindre excuse, elle n'est qu'une...
- Arrête, coupai-je, une seconde fois, plus durement en me plantant face à lui. Tu ne l'as connais pas. Et puis, regarde-moi, est-ce que je suis vraiment mieux placée pour parler ? Je suis aussi plus apprêtée que jamais et prête à aller faire la fête alors que tout date de la veille.
- Cela n'a rien a voir, protesta-t-il. Et puis, toi, c'est Tamara qui t'a forcé.
- Et puis il n'y a aucune comparaison possible, ajouta Cameron. Ta sœur... avait un peu abusée sur le côté sexy. Toi, tu es juste superbe.
Je fis la moue, peu convaincue et Tamara me gratifia, aussitôt, d'une grande tape dans le dos qui me fit gémir tant elle fut violente. Elle me foudroya du regard lorsque j'ouvris la bouche pour protester. Ses yeux furieux venaient de me lancer une menace lourde et limpide : « oses dire que mon œuvre est ratée et je te le ferais regretter ». Je lui fis la grimace et elle me montra les crocs. Très vampirique comme réaction. Je pouffai. Si Tamara avait été un vampire, elle aurait été redoutable. Et aurait dévissé un trop grand nombre de tête pour que je ne puisse freiner le frisson d'angoisse qui me parcourut.
- J'ai fais un travail exceptionnel, assura-t-elle tandis que les garçons nous jaugeaient avec amusement.
- Il est vrai qu'être parvenu à faire rentrer la poitrine d'Heden dans l'un de ses vêtements à elle, peut être considéré comme exceptionnel, murmura Nathanaël à un Cameron qui se pinça les lèvres, retenant un sourire.
Mon pied s'abattit lourdement sur celui de Nathanaël qui glapit aussitôt, sautillant sur place sous les rires qui fusèrent, aucun ne compatissant avec ce crétin, se doutant tous qu'il l'avait largement mérité. Et puis, de toute façon, il n'était pas traumatisé, se contentant de venir s'agripper à mon cou, dès qu'il eut cessé d'attirer l'attention.
- Affreuse princesse, grommela-t-il.
- Preux chevalier en carton, rétorquai-je.
Il m'offrit un parfait sourire et je levai les yeux au ciel en souriant. Ce type était infernal. Mais on s'y faisait plutôt bien. Même foutrement bien. Il devait forcément avoir des pouvoirs, une capacité quelconque à ensorceler tous ceux qui le côtoyait.
- Sérieusement, princesse, t'es canon. Il est tant que tu ouvres un peu les yeux et que tu l'admettes, me dit-il.
- Bien sûr, fis-je, consciente que mes paroles étaient étroitement surveillées par Tamara. Non, mais je reconnais que... j'ai faillis ne pas me reconnaître dans le miroir.
Il fallait dire que Tamara avait sortit la truelle et la pelle à maroufler. J'avais passé la moitié de l'après-midi enfermée dans la chambre, à me faire tirer les cheveux, recouvrir le visage de masque et autres produits de beauté et avais dû essayer une dizaine de robe. Et je devais admettre que Nathanaël n'avait pas totalement tort. Je n'étais entrée dans aucune d'elles. Alors, finalement, Tamara s'était rabattue sur un ensemble veste/pantalon à carreaux écossais gris et rouge. Mais lorsque j'avais fais mine de prendre un de mes débardeurs pour le mettre sous la veste, elle avait refusé catégoriquement. Ainsi, je me sentais plus nue que jamais était bien heureuse de pouvoir me cacher derrière mon manteau.
Cependant, j'admettais que la tenue m'allait plutôt bien. Le pantalon, bien coupé, soulignait mes longues jambes et le décolleté plongeant, révélait que j'avais effectivement une poitrine contrairement à ce que mes T-shirt et mes pulls informes, tentaient de faire croire. Et Tamara avait aussi soulignée que j'avais certes une poitrine mais qu'elle était aussi bien ferme. Chose dont elle pouvait attester puisqu'elle m'avait peloté sévère et en se justifiant avec la volonté de vérifier si c'était des « vrais ». Je souris malgré moi. Cette nana n'avait aucune pudeur.
Pour compléter la tenue, elle avait lissé mes cheveux à la perfection et les avait tirés en une queue de cheval haute. Elle avait même soignée les détails en enroulant quelques mèches de cheveux autour de la base afin de camoufler l'élastique. Une vrai Cristina Cordula en puissance. Et, contrairement à mon impression première, le maquillage était très léger. Pas de fond de teint, juste une crème hydratante, qui avait gommée les quelques zones sèches de mon visage, une bonne couche de mascara et un rouge à lèvre rouge qui m'avait d'abord déstabilisée mais qu'elle avait refusé que je retire, m'assurant que, ainsi, j'étais une femme fatale.
Et, pendant une courte seconde, j'y avais réellement cru lorsqu'un intense silence s'était abattu sur le salon lorsque Tamara avait décrété que nous étions prêtes à nous exposer aux yeux du monde. Mais le sentiment s'était volatilisé lorsque j'avais vu Marie. C'était elle la femme fatale. Vêtue d'une robe noire dentelle, elle était relativement courte pour mettre en avant ses jambes pâles et longilignes, avait de longues manches dont le bout était évasé, et, pour clôturer le tout, un dos nu somptueux dévoilait un corps parfait. Nous n'avions rien de comparable. Et il fallait vraiment que je consulte pour cette jalousie mal placée.
- C'est Derek qui va faire une crise en te voyant, ajouta Nathanaël, toujours accroché à mon cou alors que nous nous étions désormais à hauteur de leurs voitures.
- Pourquoi ? Fis-je, distraitement, cherchant à extirper mon portable de la poche de mon manteau.
- Parce qu'il va crever de jalousie, sourit-il en coin.
- Je vois pas pourquoi il serait jaloux, rétorquai-je.
- Parce qu'une flopée de gars vont se rendre compte qu'ils ont été complètement aveugle, expliqua-t-il. Ils vont tous ramper à tes pieds.
- Mais bien sûr, soufflai-je, sans conviction, me contentant de pianoter sur l'écran de mon téléphone pour dire à Derek que nous l'attendions.
Il me bouscula et je grognai pour seule réaction. Il en faudrait bien plus pour me convaincre de la véracité de ses propos.
- Derek ne devrait pas tarder, les informai-je, rangeant mon téléphone.
- Qu'il se magne, je caille, gronda Tamara.
- En même temps, tu as clairement tentée de rivaliser avec Marie, commenta Mickaël en la jaugeant de la tête au pied.
- Il était temps que quelqu'un lui signifie qu'elle n'est pas la seule nana sur terre à savoir user de tous ses charmes, sourit Tamara à pleine dent.
- Vous êtes vraiment flippante, vous les filles, ajouta-t-il, restant de marbre devant le clin d'œil que la rouquine venait de lui adresser.
Je souris, amusée alors qu'elle venait déjà chahuter avec lui, le faisant soupirer instantanément. Mais il était vrai que Tamara était effrayante. Effrayante de charme, d'énergie, d'assurance et de spontanéité. Et elle n'avait clairement pas besoin de sa tenue du jour pour attirer l'attention sur elle. Cependant, la somptueuse robe verte sapin, moulant ses courbes féminines, et sa somptueuse chevelure rousse ne pouvaient que faire se dévisser les têtes.
- Voilà pitbull, souffla Mathieu.
- Prête ? Murmura Nathanaël à mon oreille.
- Arrête, grognai-je. Et depuis quand tu m'emmerdes avec lui ?
- Depuis qu'il me semble évident que te pousser vers quelqu'un d'autre est inutile. Pas vrai ?
Je braquai mes yeux dans les siens, une courte seconde. Son sérieux me déstabilisa et je passai ma main dans ma nuque, gênée. Je me détournai la première, rivant mes yeux sur mes pieds. Tentant de me convaincre que maudire Tamara pour m'avoir forcé à porter des talons – me faisant ainsi ressembler à un ours sur des échasses niveau élégance et grâce – était bien plus intéressant que de penser à ce que mon meilleur ami essayait de me faire comprendre.
Mais, bien vite, je relevai les yeux, jaugeant Derek qui s'avançait dans notre direction. Il n'avait fait aucun effort particulier pour la soirée, se contentant d'arborer l'un de ses looks habituels : pull noir, jean, veste en cuire, vans. Rien d'extravagant. Contrairement à Nathanaël qui avait opté pour un pantalon moutarde, pull à col roulée noir, veste en jean et une paire de basket de marque et multicolore. En soi, il avait déjà fait pire, mais on ne pouvait pas le manquer pour autant.
Le regard de Derek détailla notre petit groupe, entassé autour des voitures, puis se posa sur moi. Et je sentis mes joues rosirent lorsqu'il se stoppa brusquement au milieu de mon allé, écarquillant les yeux un instant. Quoi ? J'avais l'air si différente que ça ? Mal à l'aise, je détournai le regard, me fixant face à Nathanaël qui me lança un regard, très amusé et satisfait de lui-même.
- Je te l'avais bien dit, fanfaronna-t-il.
- Nananana, fis-je, gaminement. Continue à me parler.
- Pourquoi ?
- Parce que ça m'occupe l'esprit et j'ai moins l'impression d'être une bête de foire.
- Tu n'as rien d'une bête de foire. Tu devrais nous laisser un peu plus le droit de te dire que tu es jolie, idiote.
Et le poing de Cameron s'abattit doucement sur le sommet de ma tête. Je le fixai un instant, surprise qu'il se montre aussi doux. Depuis ce matin, il avait été naturel mais j'avais bien senti que quelque chose clochait. Il était moins... entreprenant ? Oui. C'était le mot. Il ne m'évitait pas, me parlant comme si rien n'avait changé, mais il conservait une certaine distance physique. Et puis ses yeux ne cherchaient plus les miens. Il savait. Tout comme Nathanaël savait. Mais, moi, dans tout ça ? Je n'avais pas besoin de me poser la question. Je savais. Et j'avais probablement toujours su.
- Bonsoir.
Je me détournai de Cameron qui s'était écarté, naturellement, sans rien ajouté et n'attendant pas de réaction particulière de ma part. J'osai enfin reposer mes iris dans ceux de Derek et ne fus guère surprise de rencontrer ses prunelles bleutés qui restaient rivés sur moi. Mon cœur accéléra. Où en étions-nous tous les deux ? Non. Où en étais-je ? Est-ce que je le croyais ? Est-ce que je décidai de lui accorder une dernière chance ? Plus encore, est-ce que j'étais entrain de me risquer à croire en ses paroles ?
- Bon..., finit par lâcher Andréa. On bouge ? Ou vous comptez vous bouffer des yeux pendant des heures ? Parce que c'est par pour dire, mais c'est légèrement gênant.
Merde. Merde. Merde. Il avait vraiment balancé ça à haute voix, pas vrai ? Je lui fis les gros yeux et il haussa les épaules, désinvolte, faisant éclater de rire ceux qui nous entouraient. Enfin. Presque tous. La portière conducteur de la voiture de Cameron venait de s'ouvrir bruyamment et il s'était laissé tomber derrière le volant, sans attendre que qui que ce soit signal le top départ. Je me mordis aussitôt la lèvre, percevant sa mâchoire serrée et son regard fixé sur un point devant lui. Il était en colère ? Cela serait plus que compréhensible. Je l'avais fais espérer pour rien. Je l'avais clairement utilisé. Au fond, je n'étais guère mieux que Mathieu.
- Tu viens, princesse ?
Nathanaël saisit ma main, posant un regard inquiet sur moi. Il avait clairement perçu mon malaise mais je lui offris un sourire naturel, jugeant que je n'avais aucun droit de me plaindre. C'était ma faute. Ma responsabilité. Et c'était donc à moi de gérer la situation.
- Allons-y avant qu'Andréa ne décide de me martyriser un peu plus, souris-je donc.
- C'est parce qu'il t'adore, pas vrai, Andréa ? Répondit Nathanaël, tirant sur le bras de l'intéressé.
- Ne l'embête pas, cela va me retomber d...
- Qui aime bien, châtie bien, je suppose, m'interrompit notre bourru de la bande.
Aussi surpris que moi, Nathanaël lâcha le bras d'un Andréa qui en profita pour s'engouffrer à l'arrière d'une voiture. Nous échangions un regard, interloqué. Andréa venait bien de dire qu'il m'aimait bien, n'est-ce pas ? Nous pouffions en même temps et nous ruions à l'arrière de cette même voiture, le taquinant ouvertement. Cette soirée me réservait bien des surprises, à n'en pas douter.
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