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Décorner un élan.

BON. 

Chapitre excessivement plat. MAIS ON FAIT COMME ON PEUT. ;_; xD 

Bonne lecture mes petits lotus /o/ xD 



Les yeux fixés sur un plafond dont je n'étais pas encore habituée à contempler, j'écoutai le rythme lent et régulier de la respiration de Nathanaël. Il avait finit par s'endormir, épuisé. Il avait tenté de résister au sommeil, refusant de sombrer dans les bras de Morphée même après que je l'eus fait moi-même. Il était trop inquiet à l'idée de ne pas être éveillé lorsque je me réveillerai. Il craignait que je ne m'effondre à nouveau dans ses bras. Mais je crois que j'avais déjà éclusée toutes les larmes que pouvaient créer mes corps.

J'avais pleuré durant des heures. Incapable de m'arrêter ne serais-ce qu'une seule seconde. De mon pallier jusqu'à chez lui, puis durant ce qui me semblait être une éternité, j'avais imbibé son T-shirt de larme. Il n'avait pas prononcé un seul mot, peinant à trouver des mots réconfortants tant j'étais dévasté. Aucun n'aurait pu me soulager, il le savait pleinement. Alors il s'était contenté de m'offrir sa présence rassurante, me cajolant dans une affection sans borne. Et j'avais finis par m'assoupir, trop arasée par ce flot de tristesse qui venait de me tomber dessus.

Mais désormais j'étais bien éveillée et incapable de me rendormir. Pourtant, je restai immobile. Je n'avais aucune idée de comment je m'étais retrouvée dans le lit de Nathanaël, mon dernier souvenir me situant dans son salon. Sans doute m'y avait-il porté. Je le fixai un instant, remarquant, pour la première fois, un grain de beauté se situant sous son œil droit. Il était beau. C'était la première fois que je le remarquai. Lorsqu'il cessait de s'agiter, on pouvait remarquer sa mâchoire masculine, ses traits fins et gracieux. Cependant, ainsi, on ne pouvait voir son sourire. Un sourire à faire se retourner tous les cœurs du monde.

Je souris vaguement, attendrie. Je lui devais beaucoup. Je crois que, sans lui, j'aurais totalement sombrée. Ou peut-être pas. Probablement n'aurais-je jamais eu le courage de parler à Derek si je n'avais pas su qu'il m'attendait derrière la porte. Je me détournai, revenant à ma contemplation première : le plafond. Cela faisait quelques minutes déjà que je le fixai. Il était d'un blanc immaculée. L'appartement de Nathanaël étant très récent, il n'avait pas eu à subir les aléas du temps.

En me réveillant, j'avais eu la volonté première de vite me lever et de m'occuper l'esprit, trop consciente que si je restai sans rien faire, mon esprit se mettrait à divaguer. Mais un problème majeur s'était présenté. Nathanaël avait un bras passé autour de ma taille et sa tête reposait, plus ou moins, contre mon épaule. Et je n'avais aucune envie de le réveiller après l'horrible nuit que je lui avais fait passer.

Alors je m'étais retrouvée à gamberger. J'avais lutté farouchement. J'avais tenté de convaincre mes pensées qu'il fallait impérativement réfléchir à la future histoire que je voulais écrire. J'avais réussi à me concentrer quelques instants, imaginant l'histoire rocambolesque d'une jeune fille timide et craintive se découvrant des pouvoirs incroyables et devant affronter milles aventures accompagnés d'une joyeuse bande. Il y'aurait eu une jeune femme comme Tamara. Forte. Libre. Courageuse. Elle aurait été son modèle. Et évidemment un garçon comme Nathanaël. Rayonnant. Joyeux. Toujours présent pour l'héroïne. Et, bien sûr, elle aurait été amoureuse. C'est à cette pensée que j'avais su que je ne pouvais lutter. L'image de Derek s'imposant à moi.

Je repensai à son visage déconfit, à ses larmes. A ses bras qui me seraient dans tout le désespoir qu'il éprouvait. Mon cœur en battait à tout rompre, comme s'il n'avait pas compris. Comme si tous ces gestes pleins de tendresses et d'affections étaient encourageants. Mais ils ne l'étaient pas. Ils ne le seraient plus jamais. Je soupirai tout bas, remontant mon bras gauche devant mes yeux.

- Bonjour, princesse.

Un peu surprise, j'écartai le bras que je venais à peine de poser, tournant la tête pour regarder Nathanaël s'étirer longuement, baillant sans vergogne. Il grogna, frottant ses paumes sur son visage pour tenter d'émerger d'un lourd sommeil. Puis, il finit par laisser ses yeux dans les miens, m'adressant un sourire naturel :

- Tu m'as fait passer la plus belle des nuits, bébé.

Malgré moi je pouffais. Et lorsqu'il rajouta un petit clin d'œil se voulant séducteur, je ris même franchement. Il me fixa un long moment, tâchant de continuer à sourire bien que ses yeux se teintaient de plus de sérieux. Il était inquiet. Je souris plus doucement, venant pousser son bras pour venir poser ma tête contre son torse et me blottir dans ses bras, sans l'ombre d'une gêne. Son bras passa autour des épaules et il déposa même un petit baiser sur le sommet de mon crâne.

- Si seulement tu étais hétéro, soufflai-je.

- Si seulement tu étais un mec.

Je ris à nouveau, détendue. Et il rit avec moi, m'enlaçant avec force. Aaaaaah. Mon monde était bousillé. Mais Nathanaël m'offrait le sien, me laissant m'y reposer quelques temps. Juste un petit moment. Je fermai les yeux.

- Plus sérieusement, comment tu te sens ?

- J'n'en sais rien, admis-je. Fatiguée surtout je crois. Un peu vide.

- Tu m'étonnes, avec toute l'eau que tu as sortie, tu es forcément plus vide qu'avant, assura-t-il en me faisant grogner à son encontre. Comment un corps aussi menu peut-il contenir autant d'eau ?

- Le corps humain est fait de soixante cinq pourcent d'eau, répondis-je, sobrement.

- Pas le tien actuellement. Tu dois être plus proche des dix pourcent.

Je donnai un petit coup dans son torse et il ria légèrement, faisant se soulever son torse. Je me détendis un peu plus. Il était rassurant de l'entendre rire, de le voir agir normalement. Il ne cherchait pas à faire comme si rien ne c'était passé. Pas plus qu'il ne me traitait différemment que d'habitue. Il était normal. Et c'était exactement ce qu'il me fallait. Retrouver la sensation que tout n'était pas différent, que tout n'était pas perdu.

- Je suis désolée, finis-je par lâcher. J'ai gâché ta soirée.

- Pas le moins du monde, m'assura-t-il, ses doigts caressant mon épaule. J'étais vraiment très heureux que tu ais suffisamment confiance en moi pour te montrer aussi... fragile. Et, plus encore, j'étais très heureux que tu te réfugies dans mes bras. Bon, je préférerais que cela n'arrive plus... mais sache que je serais toujours là pour te consoler.

- Merciii.

Ma voix n'était pas aussi enjouée qu'elle aurait voulue l'être. Je lui étais reconnaissante. Véritablement. Mais la reconnaissance ne parvenait pas à prendre le dessus sur la culpabilité. Nathanaël s'était retrouvé embringué à devoir me consoler alors qu'il aurait très bien pu passer le reste de la soirée avec ses amis. Avec Mathieu.

- Tu craques pour Mathieu ?

- Hein ? Fit-il, intrigué. Pourquoi tu me parles de lui soudainement ?

- Parce que j'ai envie de parler de quelque chose de léger et que j'ai bien vu que tu lui tournais autour. T'étais aussi discret qu'un ours autour d'un pot de miel.

- J'n'aime pas le miel. Je dirai plutôt comme un Cameron autour d'une Heden.

Je lui balançai un coup plus fort que le précédent, le faisant éclater d'un rire sonore. Ce type était impossible. Il n'allait pas me lâcher avec Cameron, j'en étais plus que convaincue. Je redressai la tête pour le fusiller du regard et il se contenta de pincer mon nez en me faisant bougonner. Il relâcha vite la pression et ramena ma tête contre son torse, me laissant loger tout contre lui.

- Mathieu me plaît bien, finit-il par reprendre, un peu plus sérieux. Il a l'air cool.

- Il en a l'air oui, approuvai-je, ne connaissant que peu le garçon mais ayant déjà eu d'apprécier sa gentillesse et sa bienveillance. Il me fait assez penser à toi. Et puis, il est plutôt mignon...

- Mais ? Rajouta Nath en constatant mon hésitation.

- Mais il ne ressemble pas... à ton style habituel, paraphrasai-je, pour éviter de remettre Cameron au centre de l'attention, trop certaine qu'il sauterait sur l'occasion pour me taquiner.

- C'est vrai, admit-il. Mais je ne sais pas. Il a un truc qui m'attire.

- Coup de foudre ? Suggérai-je dans un sourire en coin.

- Il n'y a que pour toi que j'en aurai un, princesse, sourit-il aussitôt en retour. Non. Je dirai plutôt... qu'il cache quelque chose et que j'ai bien envie de découvrir quoi.

- Qu'il cache quelque chose ? Répétai-je. Comme son homosexualité ?

- Non, répondit-il. Il l'est et même s'il ne le revendique pas sur tous les toits, il ne cherche pas à le cacher. Tamara m'a dit qu'il leur avait déjà présenté un de ses ex. Et puis il répond à mon rentre dedans... bien qu'il instaure toujours une certaine distance.

- J'avais remarqué, avouai-je. Peut-être qu'il te trouve lourd.

- Lourd ? S'indigna-t-il aussitôt faisant la moue. Je suis adorable.

- Adorablement lourd, approuvai-je en le faisant sourire en coin.

- Tss. Princesse cruelle.

Je souris naturellement. J'étais réellement soulagée qu'il se soit réveillé. Bien que j'aurai voulu lui accorder un temps de repos bien plus long.

- Je ne pense pas que ce soit moi le problème, assura-t-il en me faisant hausser un sourcil, très sceptique devant son narcissisme. Sans prétention, rajouta-t-il en roulant des yeux. J'ai bien des défauts et je comprendrais parfaitement qu'il me trouve insupportable. Mais au contraire il semble plutôt intéressé par ma personne. Du coup, je ne comprends pas et je suis donc convaincu qu'il cache un truc.

- Du genre ?

- J'en sais encore trop rien... mais peut-être que, tout simplement, il est déjà amoureux de quelqu'un. Un amour à sens unique un peu com...

Nathanaël se stoppa. Un peu comme moi. Il resserra sa prise sur mon épaule tandis que je ne répondis pas, restant immobile. Mon cœur battait lourdement dans ma poitrine. J'en sentais les moindres battements. Ils résonnaient au fond du creux. Du vide. Du néant. Je tâchai de reprendre la conversation, comme si de rien n'était :

- Tu penses qu'il est amoureux de quelqu'un qu'on connait ?

- Hmm. Ouai, soupira-t-il. Et je crois que tu ne te goures pas en affirmant qu'on se ressemble.

Je redressai la tête, intriguée par le sens de cette phrase. Il me contempla sans répondre, me jaugeant l'air de dire : « tu ne comprends vraiment pas où je veux en venir ? ». Je fronçai les sourcils. Puis l'illumination survint.

- Noon ? Tu penses qu'il est amoureux de Cameron ? Sifflai-je.

- J'en suis pas certain, approuva-t-il levant les yeux au ciel pour me souligner que j'étais longue à la détente. Mais... il est très proche de lui, il me rappelle un peu mon propre comportement à l'époque où j'étais moi-même amoureux de cet affreux type.

- Il est pas affreux, soulignai-je.

- Alors qu'est-ce que tu attends pour te jeter dans ses bras ? Sourit-il en retour. Si tu te dépêches pas, tu vas te le faire chourer.

- Tu sais bien que je suis déjà amoureuse moi aussi, désapprouvai-je, me rallongeant lourdement. Je ne m'engagerais jamais avec quelqu'un pour qui je n'ai pas de sentiment. Je ne veux pas faire souffrir qui que ce soit. Surtout pas un type aussi cool. Et puis, de toute façon, il mérite m...

- Si tu oses finir cette phrase, je te chatouille jusqu'à ce que mort s'en suive, me coupa-t-il aussitôt.

- Il mérite mieux, fis-je, chantonnant presque, provocatrice.

Et aussitôt que les mots franchirent mes lèvres, Nathanaël se redressa et mit sa menace à exécution. Très rapidement j'éclatai de rire, pas vraiment chatouilleuse mais appréciant la légèreté de l'ambiance. Il s'avoua vaincu le premier, constatant que son supplice n'en étant pas réellement un. Et finalement, se laissa retomber contre moi, m'écrasant de tout son poids.

- Arrête de te dévaloriser. Cela me rend triste.

- C'est vrai que t'as l'air au fond du gouffre, rétorquai-je, souriante. Tu veux qu'on compare nos yeux de panda ? D'ailleurs, je dois avoir une tête affreuse actuellement.

- Tu es belle, Heden.

Il laissa tomber ses yeux dans les miens et je piquai un léger fard devant la sincérité qu'il voulait m'assurer. Je baragouinai quelques mots qui le firent lever les yeux au ciel et je lui décochai un coup de poing dans l'épaule. Il sourit aussitôt, se décalant pour s'asseoir sur le bord de son lit, s'étirant longuement :

- Que veux-tu faire aujourd'hui ? Me demanda-t-il tandis que je l'imitai, m'asseyant à mon tour.

- Aucune idée, admis-je. Je n'ai pas d'envie particulière. Donc ce que tu veux.

- Hmmm... cela te dit de sortir manger quelque chose dans un premier temps ? J'aurai bien cuisiner, mais mon frigo doit être vide, souffla-t-il, songeur, fixant l'écran de son téléphone.

- On peut aller faire des courses, suggérai-je. Ça nous reviendra moins cher.

- T'inquiète pas pour ça, je t'invite.

- Pas question, assurai-je en me levant, me dirigeant vers le sac que j'avais emporté la veille. Tu m'héberges déjà, c'est su...

- Heden. J'ai un truc à t'avouer.

Je me retournai vers lui, un peu surpris par son ton soudainement sérieux. Il me fixa en retour, visiblement hésitant. Il était donc sérieux. Ne cherchant pas à le taquiner, je restai face à lui, attendant patiemment qu'il reprenne la parole, ce qu'il fit après quelques secondes supplémentaires :

- Hier tu n'as dû trop remarquer, mais, aujourd'hui, rien ne te frappe avec mon appartement ?

Je pris le temps de la réflexion, mes yeux fouillant la pièce. Une chambre tout à fait normale. Plutôt spacieuse. Des murs blancs. Un joli parquet. Un grand lit, deux tables de chevets de chaque côté. Un placard encastré dans l'un des murs. Deux portes, l'une était ouverte et laissait apercevoir un couloir tandis que l'autre, close, devait donner accès à une salle de bain. Je me retournai vers Nathanaël, perplexe :

- Tu es nul pour la décoration ? Suggérai-je.

- Je t'emmerde, sourit-il en retour. Je n'ai pas encore eu trop le temps de personnalisé, admit-il cependant. Mais non. Ce n'est pas ça.

- Alors je vois pas, soufflai-je dans un haussement d'épaule.

- Heden. Nous sommes à Paris. Dans le neuvième. Dans une chambre qui ne se trouve pas dans un salon. Dans une chambre qui fait plus de quinze mètre carré. Dans une chambre qui a sa propre salle de ba...

- La vache, fis-je brusquement. C'est vraiment ton appartement ?

Je venais de percuter. Un quartier chic. Un appartement dont la chambre faisait presque la taille de l'appartement que je partageai avec Derek. Et j'avais vu son salon. D'au moins une trentaine de mètre carré. Sans compter la salle à manger. Il avait une salle à manger. Nathanaël pouffa ouvertement devant mes yeux exorbités :

- Ouais. Et si tu veux tout savoir, j'en suis même le propriétaire.

J'ouvris la bouche. Et ne prononçai pas le moindre mot. La mâchoire m'en tombait. Sans jeu de mot. J'hallucinai. Comment un type même pas âgé de vingt cinq ans pouvait-il avoir un appartement pareil ? Mais canalisant mon incrédulité, Nathanaël semblait se renfrogner. Il évitait mon regard ébahi et avait ramené un bras le long de son torse tandis que la main du second venait serrer le premier. Il était mal à l'aise.

- Ce n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude de me vanter, avoua-t-il, soupirant. Au contraire, je préfère le cacher... cela a gâché pas mal de mes relations passées... mais... toi, je pense que ce sera différent.

Je ne répondis rien, ne sachant que trop dire alors que je ne savais pas trop de quoi il parlait. Je le supposai, mais je préférai lui laisser le temps d'éclaircir la situation. Ce qu'il fit sans trop me faire attendre :

- Mon grand-père était un riche entrepreneur. Il a monté, tout seul, son entreprise alors qu'il n'avait que dix huit an et a fait fortune dans le textile, expliqua-t-il, dans un calme qui lui ressemblait peu. Il a ensuite rencontré sa femme qui était la fille d'un de ses clients... ils ont eu un enfant : ma mère. Mais mon grand-père était très occupé et ne passait que peu de temps à la maison... ma mère lui en a beaucoup voulut pour cela. A tel point que l'un et l'autre ont finit par ne plus s'adresser la parole après le décès de ma grand-mère... elle le juge coupable de sa mort. Mais, je n'ai jamais pu couper les ponts avec lui, pour ma part. Je l'aimais beaucoup. Il est vrai qu'il faisait toujours passer ses affaires avant tout autre chose mais... je crois que c'était la seule façon qu'il avait trouvé d'exprimer son affection à ses proches.

Je conservai encore le silence. Nathanaël avait les yeux perdus dans le vague. Tout ceci soulevait en lui beaucoup d'émotions. Amour. Tristesse. Nostalgie. Je m'avançai vers lui, posant ma main sur son épaule en tâchant de lui apporter autant de réconfort qu'il l'avait fait pour moi. Il sembla se détendre aussitôt, m'offrant un sourire plus timide que d'habitude mais toujours aussi débordant de sincérité. Il attrapa ma main, la serrant dans la sienne en me ramenant avec lui vers son lit où il s'assit, me faisant rapidement limiter.

- Il m'a toujours traité avec bienveillance alors que j'étais un garçon très turbulent et qui agaçait, énormément, sa mère, sourit-il en coin. Il me souriait sans cesse, même après que ma mère lui ait balancé des horreurs à la figure alors qu'il était simplement venu lui demander s'il pouvait m'emmener en balade... et il est le seul de ma famille a qui j'ai pu confier mon homosexualité, ajouta-t-il.

- Il avait l'air très gentil, assurai-je, hésitant à grimacer tant ma phrase était bateau.

- Il l'était, approuva-t-il, sans s'offusquer de mon manque de talent pour le réconfort. Lorsqu'il est mort, il y'a deux ans... j'ai éprouvé un grand vide. Mais il avait hâte de retrouver sa femme car, contrairement à ce que pense ma mère, il l'aimait énormément.

Je hochai la tête, mes doigts se resserrant sur les siens. Je pensais pouvoir comprendre ce sentiment. J'avais encore la chance d'avoir mes grands-parents maternels et paternels. Les premiers étant plus présents dans ma vie quotidienne pour la simple raison qu'ils vivaient tout proches de chez mes parents. Des grands-parents gâteaux qui me gâtaient un peu trop. Je me souvenais parfaitement des après-midis entiers passés avec mon grand-père maternel sur le petit balcon de leur appartement, à imaginer comment pourrait être repeint l'immeuble en face du leur. De ses petites querelles quotidiennes avec ma grand-mère. Cette même grand-mère attablée devant sa machine à coudre, toujours pleine de vie et souriante. Ils me manquaient. Je n'avais pas eu l'occasion de les voir depuis trop longtemps alors que j'avais l'habitude les côtoyer presque toutes les semaines.

Et, plus encore, je ne m'imaginais pas les perdre. Je savais qu'ils étaient âgés. Je savais que dans la logique des choses, j'allais devoir leur survivre. Mais je refusai d'y songer. Je refusai d'y croire seulement. Je ne supportai simplement pas l'idée. Alors je comprenais. Je comprenais la souffrance réelle qu'éprouvait encore Nathanaël.

- Quoi qu'il en soit, très peu de temps après son décès j'ai eu la surprise de découvrir qu'il avait légué tous ses biens à ma mère et moi. Bien sûr, je savais que nous allions hérité d'une sacrée somme... mais peu de temps avant son décès mon grand-père avait vendu son entreprise qui était encore très florissante et fait de nombreux placements prolifiques. En somme... il a fait en sorte que ni ma mère, ni moi n'ayons besoin de nous inquiéter de l'avenir. Et, au contraire, il voulait qu'on profite à fond. Contrairement à lui.

Il s'était, en quelque sorte, sacrifié pour ses enfants. Je comprenais pourquoi Nathanaël semblait déprécier que sa mère en veuille encore à son père. Il le comprenait sans doute mieux qu'elle. Mais nous étions aussi mal placés. Elle avait aussi dû souffrir de l'absence de son parent. Peut être aurait elle préféré avoir une vie plus compliquée, mais où son père aurait été présent. Oui. Sans aucun doute même. J'avais toujours aimé que mon père soit à la maison plutôt qu'il ne soit sans cesse à travailler.

- Bref, enchaîna Nathanaël. Tout ça pour dire que tu as devant toi un très très très riche héritier.

- Un très très très riche héritier crâneur, ajoutai-je dans un sourire avant de recouvrir mon sérieux. Pourquoi... est-ce que cela semble te poser soucis de me confier cela ?

- Malheureusement, j'ai trop souvent appris à mes dépends que l'argent retournait la tête de bien des gens, admit-il dans un soupir. Lorsque certains de mes amis ont appris que j'avais hérité de mon grand-père... ils ont changés du tout au tout. Soudainement, j'étais invités à toutes les sorties qu'ils faisaient, on me trouvait soudainement tellement cool qu'on pouvait plus se passer de moi. T'imagines, ils riaient même à toutes mes blagues, souffla-t-il, dans un sourire en coin.

- Effectivement, de vraies hypocrites, grimaçai-je exagérément.

- Saleté, rit-il, recouvrant un peu plus son naturel. Mais ouais. Au début j'y voyais que du feu... et je me moquai pas mal d'être généreux. Au contraire j'étais content de l'être... mais par contre je déteste qu'on me prenne pour une bille. Ils faisaient toujours semblant d'avoir oubliés leurs porte-monnaies, venaient toujours se plaindre dans mes pattes qu'ils étaient justes ce mois-ci sans jamais avoir le courage de me demander directement de les aider, préférant attendre que je propose de le faire... J'ai finis par me barrer de ma ville natale et j'ai migré ici.

- Je suis désolée que cela ce soit passé ainsi, soufflai-je, plus doucement. Ce sont des abrutis s'ils n'ont pas sus voir au-delà de ton compte en banque. T'es un mec qui vaut bien plus que des millions de billet.

- Des milliards, rectifia-t-il, un peu plus froid.

Je le contemplai un instant, peu déstabilisée. Il semblait s'attendre à ce que cette information ne me fasse blêmir ou ne me fasse changer d'avis. Je me contentai de sourire :

- Ouai. C'est vrai. Tu vaux même bien plus que des milliards. Mais bon, c'est un peu arrogant de le souligner soi-même.

Il me fixa avec surprise avant de céder à son envie de rire. Il m'attrapa par le cou me faisant grogner d'avance alors qu'il avançait déjà sa main vers mon crâne. Mais je ne me débattis pas, le laissant frotter, vigoureusement, ses doigts dans mes cheveux. Stupide type. Je me fichai pas mal de savoir qu'il avait de l'argent. Je n'allais certainement pas me comporter comme ses soi-disant « amis ». Jamais je ne lui demanderai de me payer quoi que ce soit sous prétexte qu'il avait de l'argent. C'était son argent. L'héritage de son grand-père. Il lui appartenait pleinement. Et ne me concernait en rien.

- Bref. Tout ça pour dire que tu peux bien me laisser t'inviter autant que j'en ai envie, finit-il par reprendre, m'offrant un sourire très satisfait.

- Aucune chance, assurai-je en retour, haussant les épaules. On va aller faire des courses, que je vais payer et tu vas même me laisser cuisiner.

- Pourquoi tu payerai ? Désapprouva-t-il aussitôt. En plus, quitte à faire des courses, je ferai les miennes alors je peux bien prendre ce qu'il faut pour notre repas.

- Je payerai tes courses aussi. Si je reste ici, je compte bien payer une partie des frais.

- Hors de question, grogna-t-il en se redressant, me faisant face de toute sa hauteur. Heden, ne sois pas idiote. Tu ferais mieux de garder ton argent pour la fac. Tu ne voulais pas t'acheter un nouveau piano ? Le tien se fait vieux, n'est-ce pas ?

Je fis aussitôt la moue. Effectivement, mon piano n'était pas de première jeunesse. Mes parents l'avaient offert à ma sœur pour ses huit ans, donc cela remontait déjà à plus d'une dizaine d'année. Bien évidemment, ils n'avaient pas eu les moyens de lui offrir un piano neuf, ils avaient optés pour une occasion. Et en non connaisseurs, n'avaient pas su remarquer que l'objet qu'ils acquéraient était loin d'être en aussi bon état qu'on voulait leur faire croire. Ainsi, au fil des ans, son état s'était dégradé. Le plus alarmant étant le bois qui se fendillait à de nombreux endroits. Je soupirai. Je savais qu'il ne tiendrait, probablement, pas plus d'une année supplémentaire.

- Cèdes, insista Nathanaël, constatant mon mutisme. En contre-parti c'est toi qui t'occuperas de la cuisine ! Et tu m'aideras dans les tâches ménagères en prime.

- Comme si je ne comptais pas déjà le faire, maugréai-je.

- Aller, cesse donc de faire ta mauvaise tête, sourit-il en venant me pincer le nez. T'es bien la première nana qui me pètes une crise parce que je veux l'inviter.

- Tu ne fais pas que m'inviter, protestai-je, attrapant sa main avec mécontentement. Tu me laisse squatter chez toi pour quelques jours, tu me laisses pleurer pendant des heures sur son épaule, tu me traites avec plus de gentillesse que toutes les personnes que j'ai pu rencontrer, jusqu'à présent, réunis, tu ...

- Hoy, du calme, rit-il. Je fais déjà gonfler mes chevilles tout seul, pas besoin d'en rajouter je risque de plus pouvoir rentrer dans mes pantalons.

Je ris naturellement, le fixant avec un amusement réel. Je me sentais déjà plus légère, moins vide. Pour le moment. Mais plutôt que de recommencer à broyer du noir, je tâchai de me focaliser sur le moment présent.

- Sérieusement. Je te dois déjà beaucoup... J'aurais voulu pouvoir te renvoyer l'ascenseur plutôt que d'encore abuser de ta gentillesse.

- Tu sais, je ne suis pas aussi gentil avec tout le monde, me sourit-il, plus doux. Tu es spéciale, princesse. Et, de plus, je ne fais pas tout ça dans l'espoir d'avoir quelque chose en retour. Enfin cela dit, si tu tiens vraiment à me remercier, j'ai bien une petite idée...

- J'écoute ? Fis-je, plissant les yeux, très sceptique face à l'amusement qui se lisait dans ses iris bruns.

- Emménages définitivement ici.

J'écarquillai les yeux, réellement surprise. Je le fixai, m'attendant presque à ce qu'il éclate de rire, m'assurant que c'était une mauvaise blague. Mais il ne le fit pas. Il se contentait de rester droit devant moi, son visage arborant un sérieux absolu. Je finis par détourner le regard la première, posant une main dans ma nuque, perplexe.

- Cela impliquerait que Derek change d'appartement, soulignai-je. Et à cette période de l'année, cela risque d'être compliqué. Je...

- Tu peux continuer à payer ta part pour votre appart, me coupa-t-il, très calmement. Je ne te ferai évidemment rien payer ici.

Je n'avais rien à redire, visiblement il avait déjà longuement réfléchit à la question. Je soupirai, toujours aussi indécise. L'idée était tentante. Vivre en collocation avec Nathanaël ne m'effrayait pas le moins du monde, j'étais certaine que tout ce passerait bien. Là n'était pas le problème. C'était juste une rupture de plus. Un lien en moins entre lui et moi. C'était le mieux à faire, j'en avais conscience. Mais, pourtant, je ne parvenais pas à prendre une telle décision. Pas quand j'avais encore du mal à me faire à tout ce que j'avais encaissé la veille. Derek ne m'aimait pas. Pas comme je l'aimais. Et cela ne serait jamais le cas. Je serrai les poings. C'était douloureux. Réellement douloureux.

- Tu peux prendre le temps d'y réfléchir, reprit Nathanaël en venant tapoter sa main sur le sommet de ma tête, percevant le changement dans mes émotions. Rien ne presse.

- Merci, murmurai-je en retour.

- Aller, debout, m'intima-t-il, attrapant l'un de mes bras pour me forcer à me redresser. Je commence à avoir grave la dalle. Y'a un super restaurant japonais a deux pas.

- Nathanaël ! M'offusquai-je.

- Tu auras le droit de râler seulement une fois qu'on aura mangé, rit-il en poussant dans mon dos. Je suis sûr qu'une fois que tu auras goûté au meilleur ramen de la ville, tu vas me bénir de t'y avoir emmené.

- Je ne veux pas, insistai-je, enfonçant mes pieds dans le sol alors qu'il venait pousser dans mon dos pour me faire avancer.

- Aller, s'il te plaît, Heden. Cela me ferait hyper plaisir de t'inviter, soupira-t-il, passant son bras autour de ma taille, familièrement. Tu sais, je fais les fières à bras mais je suis vraiment inquiet pour toi. Laisse-moi avoir la sensation de te gâter.

Je fis la moue, touchée par ses paroles. Il ne les prononçait pas que dans l'unique but de me convaincre. Je savais qu'il était éprouvait une réelle inquiétude pour moi. Je soupirai lourdement, lui adressant un regard en coin, presque accusateur.

- Si ton restaurant vend aussi des édamamés... c'est d'accord.

Son sourire illumina son visage et il me serra vivement contre lui, me soulevant jusqu'à faire décoller mes pieds du planchés. Je ne pus m'empêcher de rire avec lui alors qu'il me balançait de gauche à droite, riant à plein poumon dans une légèreté délicieuse. Cela prendrait du temps. Beaucoup de temps. Mais, grâce à lui, une mince lumière se dessinait dans la noirceur.

- On fait quoi ce soir ?

- Je sais pas.

- Mauvaise répooonse. Je te laisse une seconde chance : on fait quoi ce soir ?

- Je ne saiiiis toujouuuurs pas, fis-je, l'imitant dans ses enfantillages.

- Aller. T'as bien envie de faire quelque chose. Je te suis où tu veux, insista-t-il, attrapant ma taille pour me faire chuter en arrière et écraser mon dos contre torse. Et on pourrait bouger ce week-end.

- Il faut que je bosse, désapprouvai-je, me calant contre lui sans cesser mon occupation initiale, commençant fortement à m'habituer à son agitation. Je suis censée nous composer deux chansons pour le mois prochain, tu te rappelles ?

- Tu en as une pratiquement complète, non ? Tu peux bien te faire un peu plaisir.

- Hmmm.

Il pinça ma taille et je grognai, tentant, vainement, de conserver une mince concentration. Sa tête se posa sur mon épaule alors que ses bras étaient, désormais, passer autour de ma taille. Je ne me sentais toujours pas mal à l'aise dans cette proximité physique et ceux malgré le lieu où nous nous trouvions. Nous avions choisi d'élire domicile dans une « pseudo » bibliothèque que la faculté mettait à notre disposition. Pseudo puisqu'ici aucun silence ne régnait, tout au contraire nous pouvions y faire autant de bruit que nous le désirions. En réalité, la salle était plus considérée comme une salle de repos, à la différence qu'un grand nombre de partitions et de livre sur la musique y avaient été installés.

Nathanaël aimait venir ici, il aimait l'ambiance chaleureuse qui s'en dégageait. Ne venait ici que ceux souhaitant échanger avec d'autres et il n'était pas rare que plusieurs élèves s'improvises un bœuf. Ce n'était pas l'idéal pour la concentration mais je concédai que l'endroit était incroyable. Il regorgeait d'une magie que seule la musique pouvait créer. C'était un monde appart. Un monde de rire. De joie. De son. De vie.

Et puis les fauteuils y étaient ultra confortable. Atout majeur quand je passais mon temps les fesses enfoncées dedans. J'aimais particulièrement une petite banquette très profonde dans laquelle nous pouvions étendre nos jambes et emplit de nombreux petits coussins multicolores. Elle devenait d'autant plus confortable lorsque Nathanaël se glissait dans le fond, m'entourant ainsi de ses bras et me couvrant de toute sa chaleur alors que le principal défaut de cette pièce était sa température basse. Et puis, plus que l'aspect pratique, sa proximité m'apaisait. Et je me fichai pas mal des rumeurs qui circulaient à notre sujet.

- Cette chanson... est très personnelle, souffla-t-il en détaillant mon écriture. Tu es sûr de vouloir l'utiliser pour la scène ?

- Je n'en sais rien, admis-je dans un soupir, basculant ma tête contre son épaule pour fixer le plafond blanc. Mais j'ai beau vouloir écrire autre chose, ce sont ces mots qui sortent, alors je n'ai pas vraiment le choix.

- Si tu veux, je peux m'essayer à l'écriture, assura-t-il. Je ne t'arriverai certainement pas à la cheville, mais je pense pouvoir pondre quelque chose de convenable.

- Non, lui souris-je aussitôt. Je suis certaine que tu serais génial, mais si je veux progresser, c'est à moi de trouver mes paroles. Et puis... même si cette chanson est plus personnelle, je l'aime bien...enfin je crois, ajoutai-je dans un soupir.

- Elle est très belle, approuva-t-il. Mais j'en connais un à qui cela va faire drôle de la chanter.

Je ne répondis pas, mes yeux se perdant dans le vague. Derek. Mon cœur se serrait encore de cette même douloureux. Quand allait-elle disparaître ? Je fermai les yeux, écrasée par une fatigue aussi physique que morale. Grâce à Nathanaël, je parvenais à avancer, à être normale. Sans me forcer. Sans avoir à lutter. Cependant, une part de moi, elle, n'avançait pas. Elle restait immobile, attendant qu'une main précise se tende vers elle. Cette main seule pourrait la faire avancer. Mais je n'avais aucune intention de la saisir, même si elle apparaissait un jour. Alors je devais simplement patienter. Attendre que le sentiment s'écoule, jusqu'à disparaître.

Mais les choses auraient été bien plus simples si je n'avais pas à côtoyer le détenteur de cette main, tous les jours. Bien sûr, je pouvais ne plus dormir dans notre appartement, mais je ne pouvais pas éviter Derek à la fac. Nous faisions partis de la même promotion et, plus encore, du même groupe. De plus je ne voulais pas qu'il disparaisse de ma vie. Je voulais simplement stabiliser les choses. Ne plus souffrir.

Le premier jour avait été le plus difficile. En arrivant devant la salle de répétition, j'avais eu envie de faire demi-tour, de retourner me terrer dans l'appartement de Nathanaël. Mais celui-ci avait poussé la porte, son bras autour de ma taille m'interdisant de reculer. Et dès que j'avais eu franchis le seuil, Derek avait planté son regard dans le mien. Juste une brève seconde. Une brève seconde durant laquelle j'avais pu y lire toute sa propre tristesse, toute sa souffrance. J'avais les yeux gonflés et rougies, mais je n'étais clairement pas la seule. Il nous avait brièvement salué et nous avions fait comme si de rien n'était. Cependant, l'ambiance était restée pesante une grande partie de la journée, ce qui avait grandement agacée Samira.

Au fil des jours, j'avais été soulagé de constater qu'il ne cherchait pas à me parler. Il semblait m'éviter aussi soigneusement que je le faisais moi-même. A midi, il mangeait avec Samira et la bande de Kevin. Durant les cours que nous avions en commun, il partait à l'arrière des amphis, s'installant régulièrement avec un garçon qui faisait partit de cette fameuse bande et dont je ne connaissais pas le nom. Pour ma part, je passais le plus clair de mon temps avec Nathanaël et, de temps en temps, nous étions rejoins par Cameron et le reste de son groupe. Tout semblait bien plus facile que je ne l'avais pensé. Derek avait accepté la situation. Enfin. Je crois.

Je sentais parfois son regard peser sur moi. Et, dans ces moments là, je savais qu'il avait envie de s'avancer vers moi, qu'il luttait pour ne pas me parler, pour ne pas m'approcher. Tout comme je le faisais moi-même. Nos regards se rencontraient parfois et je tentai de lui sourire, cherchant ainsi à assurer que notre distance n'était que temporaire. Juste le temps de ne plus avoir l'impression d'être ensevelis sous mes émotions dès qu'il était à mes côtés.

- Alors ? Souffla Nathanaël alors que je restai songeuse.

- Alors ? Répétai-je, ne comprenant pas ce que signifiait cette interrogation.

- Que fait-on ce soir. Et ce week-end, sourit-il à pleine dent.

- Ce soir je dois travailler, soupirai-je.

- Maiiiis. T'es pas drôle, se plaint-il, s'agitant vigoureusement dans mon dos dans l'espoir, enfantin, de me faire céder ainsi. 

- Cependant, rajoutai-je en levant les yeux au ciel. Si tu me files un coup de main pour la composition de la seconde mélodie, je te consacre mon week-end tout entier. Tu as raison. J'ai besoin de me vider un peu la tête.

Nathanaël écarquilla les yeux et je grognai en retour, comme s'il était surprenant que je puisse vouloir, moi aussi, m'amuser un peu. Il ria naturellement, ses bras se resserrant un peu plus fort autour de ma taille avec allégresse.

- Et si on allait à la plage ?

- A la plage ? Répétai-je, ahuri. Tu as conscience qu'on approche de l'hiver ?

- Ce n'est pas l'hiver partout dans le monde, rétorqua-t-il tout en haussant les épaules, désinvolte.

- Mais oui, soufflai-je en levant les yeux au ciel à nouveau. T'as vraiment cru que j'allais partir à l'autre bout du monde pour un week-end ? Et puis, moi, je n'ai pas le compte en banque de la reine d'Angleterre et de Zuckerberg réunis.

- Tss. Toujours à râler, bougonna-t-il en me faisant sourire. Alors qu'est-ce que madame propose ?

- Hmmm... j'aimerai bien visiter le musée du Quai Branly, murmurai-je, songeuse. Depuis que je suis arrivée à Paris, je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire.

- Nous irons samedi matin alors, acquiesça-t-il. C'est l'un de mes musées préférés. Leur collection Amérindienne et Asiatique sont fabuleuses.

- J'ai remarqué que tu avais beaucoup d'objet d'Amérique du sud chez toi, commentai-je aussitôt. Livre, objets de décoration et même un sacré nombre de partition de chants traditionnels... une passion ?

- Plus ou moins. Cela va peut-être te surprendre, mais mon père à des origines amérindiennes. Très lointaine mais qui lui tienne à cœur, à tel point que mon deuxième prénom est à décorner un élan.

- A décorner un élan ? Répétai-je, arquant un sourcil.

- J'aime inventer des expressions, se targua-t-il aussitôt, très satisfait de lui-même. Et les animalières sont celles où je suis le plus doué.

- ... je trouve ça plutôt cool, fis-je.

- T'es bien la première, rit-il. Je t'initierais.

- Cela me va, souris-je en retour. Et, donc, quel est ce nom à décorner un élan ?

- Nashobatekoa.

Je sifflai, admirative et il se contenta de faire la moue. Je lui donnai aussitôt un petit coup de coude dans le torse, tout en le sermonnant :

- C'est très classe comme nom.

- Je ne suis pas très fan perso. Entre mon premier nom hérité d'une famille un peu psychorigide et mon second dont je ne comprends même pas le sens...

- Tu aurais voulu t'appeler comment ? Interrogeai-je.

- Hmmm... j'aime le prénom Devon.

Je ne fis aucun commentaire. Devon. Cela sonnait plutôt bien. Mais je préférai Nathanaël. Cependant, j'étais la première à pouvoir être apte à comprendre le non amour de son prénom. Je souris en coin.

- Tu sais que Heden n'est pas mon vrai prénom ?

- Hein ? Fit-il, surpris, plantant aussitôt ses yeux dans les miens.

- Le mien est... trop connoté à autre chose, soupirai-je.

- Dominique nique nique ? Suggéra-t-il en me faisant rouler des yeux.

- Hedwige.

- Ha vous parlez Harry Potter ? C'est l'un de mes bouquins fétiche.

Je redressai la tête pour fixer notre nouvel interlocuteur, bien que j'eusse déjà reconnu la voix de celui-ci. Cameron laissait tomber son sac à côté de nous, pointant du doigt la place à notre gauche pour ainsi demander la permission de s'y installer. Nous hochions d'un même signe de tête et il se laissa tomber lourdement.

- Regarder notre petit amoureux transi qui vient retrouver sa dulcinée, que c'est ro-man-tique, articula Nathanaël, tout sourire. Avoue tu espérais qu'elle soit toute seule.

- Exact. J'espérai avoir l'immense bonheur que tu nous lâche la grappe avec cette histoire, rétorqua Cameron, impassible.

- Faut juste l'ignorer, assurai-je à mon tour. Si on répond, il est encore plus content de lui.

- Une vraie plaie ce type.

- Je ne te fais pas le dire, approuvai-je dans le même faux semblant de sérieux.

Nathanaël grogna vivement, me serrant trop fortement dans ses bras. Je ris calmement, tandis que tous les regards se braquaient dans notre direction. Mais ce n'était pas nous que tous dévisageaient. C'était lui. Lui et lui uniquement.

Cameron faisait toujours son petit effet lorsqu'il entrait dans une pièce. Il dégageait quelque chose. Un charisme inné. Assez semblable à celui de Derek. Et je me maudissais de sans cesse les comparer à tout bout de champ.

- C'est bon, c'est bon, je vous lâche, finit-il par capituler, bougonnement, devant nos moqueries. Qu'est-ce qui t'amène ?

- Je voulais inviter Heden à sortir vendredi soir.

Nathanaël lâcha un hoquet de surprise avant de le fusiller du regard alors que Cameron pouffait ouvertement. Pour ma part, je me contentai de les regarder se chamailler, les joues légèrement chaudes et tentant de canaliser mon cœur qui avait loupé un battement et tentait, désormais, de se rattraper en battant furieusement.

Cameron escomptait m'inviter à un rendez-vous ? Je me mordis l'intérieure de la joue. Et si c'était réellement le cas, qu'est-ce que j'allais pouvoir lui répondre ? Me défiler ? Lui dire que c'était encore trop tôt ? Trop tôt pourquoi ? Pour tenter de tourner la page plus rapidement ? Trop tôt pour essayer de tomber amoureux de quelqu'un d'autre que Derek ? Interrompant le fil des questions qui s'accumulaient, Cameron reposa ses yeux sur moi, m'acculant au pied du mur :

- Des potes jouent dans un bar du coin et ils ne reprennent que des musiques de Nickelback, je me suis dit que cela pourrait te tenter. C'est tout, rajouta-t-il après une seconde d'hésitation.

- Tu es entrain de me dire que ce n'est pas un rendez-vous ? M'enquis-je, dans un léger sourire, un peu timide.

- Non. Enfin... si, soupira-t-il, soudainement beaucoup plus mal à l'aise, ses yeux évitant les miens et sa main se posant sur l'arrière de son crâne. Enfaîte c'est comme tu veux. Si tu as envie que ce soit un rendez-vous, j'en serais le premier heureux. Mais si cela te gêne, on peut simplement y aller en ami.

- En ami qui va te rouler une pelle à la première occasion, chuchota Nathanaël.

Cameron lui balança une tape derrière la tête et mon coude atterrit dans son ventre dans un même temps. Il pouffa simplement, très fier de sa petite « plaisanterie ». Je le fusillai du regard et il m'offrit une rangée de dent blanche parfaitement alignée.

- Sans rire, finit par reprendre Cameron. Tu peux prendre cette soirée comme tu en as envie. Mais accepte de venir avec moi.

Ses yeux se replantèrent dans les miens et j'allais ouvrir la bouche, prête à répondre impulsivement. Oui. J'allais répondre oui. Parce qu'écouter du Nickelback toute une soirée ne pouvait être que cool. Parce que je devais passer à autre. Parce que Cameron était un type plus que super. Et surtout : parce que j'en avais simplement envie.

Mais à l'instant même où ma bouche s'ouvrait, mon téléphone, posé sur la table devant nous, vibra contre le bois, attirant mon regard. Et ma bouche se referma d'elle-même, mon visage se referma d'un coup. Je n'allais pas me rendre à cette soirée

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