Le conteur aux pas d'étoiles
Ainsi passèrent plusieurs années,
Durant lesquelles Gsaer fit voyager,
Au son de sa voix, à la lumière de son esprit,
Les peuples sur la splendeur de ses récits.
Partout on louait le talent du conteur
Dont les pas sur la terre faisaient jaillir comme fleurs,
Des étincelles si vives que les étoiles
Pâlissaient à leur vue dans leur nocturne voile.
Et dans l'obscurité de la nuit éteinte,
Gsaer dessinait le monde et ses complaintes.
Mais il advint toutefois que celui dont les rois
Se disputaient l'esprit comme la voix,
De sa naissance le mystère voulut percer,
Et le pouvoir de ses pas d'étoile dévoiler.
De ses légendes, une idée lui vint,
Et, toujours contant, il emporta sur son chemin
Ceux qu'avait charmé la beauté de ses vers.
Ainsi entouré, semant étoiles, il marcha vers
Le Lac aux eaux profondes et ses dames immortelles.
De son talent certain, il implora celles
Qui une main sur le passé, l'autre sur l'avenir,
Contemplent le cours du temps, de lui dire
Qui étaient les siens. En échange, il offrit
Gage de son talent, le meilleur de ses récits.
Et, marchant, se mit à conter le voyage,
Semant étoiles dans son sillage,
D'un marin, dont le bateau malmené
Fut sauvé par la grâce des Fées.
Il parla longtemps, et le ciel descendait sur la terre
Tant étaient vives ses étoiles et sublimes ses vers.
Confiant dans son savoir, loué par ceux
Qui le suivaient, jamais il ne baissa les yeux
Devant le Lac aux eaux d'éternité,
Contant, contant sans cesse son expérience accumulée.
Mais le récit, d'orgueil et de mensonges empli,
Les dames du Lac ni leur savoir ne satisfit.
Et l'on vit sous les reflets changeants disparaître
Le conteur aux grandes épopées, jadis maître
De son destin, désormais servant et oublié,
Aux obscures eaux du Lac à jamais enchaîné.
Extrait du Conteur aux pas d'étoile, lai populaire
Auteur anonyme, traduit de la langue ancienne par les érudits de Piane
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