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Chapitre 9

Le vent jette la bruine dans mes yeux. Mes muscles se crispent à mesure que l'eau imprègne mes vêtements et ruisselle sur ma peau. 

Le ciel gris surplombe l'herbe grise qui se soulève en vagues sales. La Plaine des Bastides est un drap huileux étalé sur le paysage. Une seule bande de terre tranche son uniformité, large, droite, nette comme un coup de couteau. Déserte, aussi. L'absence de villes relais dissuade les voyageurs de traverser cette région. Il n'y a que les caravanes pour s'y risquer, ou les antiquaires fous, qui creusent le sol dans l'espoir d'y découvrir un casque ou une hampe datant de la Guerre d'Unification. Et il bruine toujours. L'eau se frotte contre moi, imbibe mes cheveux malgré ma cape.

Par Tharsio Silvia, temps de Fraîche Saison, tu parles !

De part et d'autre de la route, la Plaine ondule sous le vent. Nous chevauchons depuis plus de deux heures, à présent, et elle ne s'est pas interrompue une seule fois. Mais bientôt, normalement...

Après une demi-heure environ de chevauchée, sur ma gauche, le sentier apparaît enfin. Un petit chemin à peine dessiné qui quitte la route comme à regret. J'hésite un instant.

Il n'y a pas de ville à rejoindre avant la nuit. Si nous prenons du retard, nous pourrons le rattraper en avançant plus longtemps. Et puis, si jamais l'herbe a repoussé...

« Que faites-vous ? interroge l'elfe alors que j'engage mon cheval sur la piste qui s'enfonce dans la Plaine.

— Continuez, je vous rattraperai. »

Si la route était nette comme un coup de couteau, le sentier ressemble à une fissure, une déchirure irrégulière dans l'immensité du paysage. Une déchirure tracée par des générations et des générations de voyageurs qui voulaient la voir. L'une des dernières traces d'un passé qui s'oublie.

La Plaine des Bastides avale les distances et les repères. Si immense et vierge, intacte, qu'on dirait qu'elle ne s'arrête jamais, que son herbe luisante a englouti la terre elle-même. Tenue en échec à un endroit, un seul, qui ne devrait plus être loin. À moins que je ne me sois trompée de... Là ! Elle est là ! Une vingtaine de mètres, l'énorme tache noire sur le drap de la Plaine. Au milieu de l'herbe drue, le cercle de terre nue qui troue le paysage. Comme une cicatrice.

Mes bottes s'enfoncent dans le sol spongieux quand je descends de cheval. La terre noirâtre devant moi ressemble à celle infectée par la toxine des abreshks. Et l'herbe n'a pas repoussé. Bien sûr ! Trois siècles qu'elle s'acharne sur cette brûlure sans parvenir à la guérir, pourquoi y aurait-elle réussi en deux ans ? Réussi à recouvrir le lieu ou Pugnemce Bastideon, "celui qui hausse les épaules", est tombé.

Les rumeurs affirment qu'il avait tant ravagé, tant tué, tant détruit, que lorsqu'une lance lui a transpercé le flanc, durant la dernière bataille de la Guerre d'Unification, il s'est vidé d'un flot de sang, le sien et celui qu'il avait fait couler pendant plus de cent ans. Le liquide a si bien abreuvé le sol que plus rien n'y pousse plus.

En réalité, le roi vampire a ordonné à ses fidèles, dans un dernier souffle, de brûler son corps sous sa tente puis de saler la terre dénudée par les flammes, de la saler jusqu'à ce qu'elle en devienne grise. Pourquoi, là demeure le mystère. Désirait-il saigner la Plaine comme elle-même l'avait saigné ? Laisser une trace indélébile de son passage ? Savait-il déjà que les peuples, incapables d'admettre qu'ils devaient l'unification du Continent à un homme si sanglant, oublieraient son nom pour ne se souvenir que de son oeuvre ? Leur a-t-il laissé cette cicatrice noire en rappel ? En défi ?

Je cligne des yeux pour en chasser la pluie. Je regarde la terre, la boue, la plaie.

La première fois, je me tenais au même endroit avec Anna. J'avais insisté pour faire un détour, elle m'avait suivie en maugréant.

« T'es fascinée. J'y crois pas, t'es fascinée ! Dragon, ce type était un enfoiré, c'est toi-même qui l'a dit ! Pourquoi tu veux aller te recueillir sur sa tombe ?! »

Elle avait tort. De la fascination, non, et encore moins l'envie de me recueillir, simplement... Pugnemce Bastideon de Carkevitt est sans doute l'homme qui a le plus marqué le Continent. Pourtant, son nom se perd peu à peu, enfoui par les dix peuples. Enfin non, pas les Dix. Il en est un qui se souvient encore de la raison pour laquelle on appelle cet endroit la Plaine des Bastides.

Gloire à lui !

Je tourne les talons un goût infect dans la bouche, rejoins mon cheval et monte en selle. Un coup de talon, il s'élance au galop à travers la Plaine pour retrouver la route.

Oreilles Pointues ne m'adresse pas un regard lorsque je le rattrape, les foulées de ma monture éclatant la terre du chemin, pour m'arrêter à sa hauteur. Raide comme un mur, il fixe l'immensité grise. Après tout, peut-être sait-il que la Guerre d'Unification s'est achevée ici. S'il connaît au chapitre près - par Tharsio Silvia, au chapitre près ! - l'œuvre la moins connue de Qvam Priskeon de Talek, il a sans doute lu les autres.

« Melion ?

Il tourne la tête. Le vent tord ses cheveux sur son crâne.

— Comment les vôtres considèrent-ils Pugnemce Bastideon de Carkevitt ?

L'elfe me dévisage un instant.

— Que voulez-vous dire ?

Chiasse de troll, alors lui non plus ne le connaît pas ? Il paraissait pourtant... Mais si, il doit le connaître !

— Pugnemce Bastideon de Carkevitt, répété-je en appuyant sur mes mots. Le vampire qui a unifié le Continent, vous savez ? Mis fin aux guerres intestines, conquis tous les trônes de l'Ère Morcelée, massacré jusqu'à plus soif, tout cela... Comment est-il considéré par les elfes ? En héros ? En monstre ? Ou est-il oublié, comme ailleurs ?

Oreilles Pointues reporte son attention sur la Plaine.

— La mort est quelque chose d'absolu chez les miens.

Ah.

— Certes. Les autres peuples ont tendance à mourir moins absolument.

— Il ne s'agit pas de mort physique, mais spirituelle, réplique l'elfe sans me regarder, l'air de ne pas saisir l'ironie. Vous parlez de la considération accordée à un vampire mort. À Fadren, elle n'a pas de raison d'être.

Un rictus étire mes lèvres.

— Parce que ce vampire n'est pas elfique ?

— Parce que ce vampire est mort.

Cette fois il a tourné la tête vers moi et son accent rocailleux écorche ses consonnes lorsqu'il poursuit :

— Un individu n'a de valeur pour la société que tant qu'il peut agir sur elle. Son décès met un terme à cette action. Il ne sert alors à rien de retenir son nom.

La manière qu'il a d'énoncer cela, neutre, factuelle. Comme s'il parlait de pierres sur un damier. 

Je redresse les épaules.

— Vous ne portez pas le deuil, alors ?

— Non.

Catégorique. Comme peut l'être une réponse à une question sans intérêt.

Par Tharsio Silvia, ce type est-il seulement capable d'éprouver quelque chose ?!

— Comme si une existence s'effaçait ainsi, d'un revers de main.

Je vois le changement s'opérer dans son regard. Le simple effleurement laisser place à l'attention roide, impitoyable, aiguisée comme un pointe de lance qui s'enfonce dans mes yeux, dans mon crâne. Elle écarte mes pensées à la recherche de quelque chose, comme on écarte la chair pour révéler un os. Mes épaules se raidissent.

— Cessez de me regarder comme cela, articulé-je avec lenteur.

L'elfe ne réagit pas. Il continue de me fixer sans ciller, le visage lisse, les yeux violents. Le picotement se répand dans mes doigts.

— J'ai dit « cessez de...

Il détourne la tête.

— Il ne s'agit pas d'effacer, mais de relativiser, lâche-t-il. Les proches d'un mort retiendront son nom et certaines de ses caractéristiques, mais il s'agit de souvenirs individuels, non d'une véritable mémoire. Pour la société, un individu mort disparaît absolument.

Je reporte mon regard sur la Plaine. La bruine s'agrippe à ma peau.

— Absolument, hein ? Comment apprenez-vous de vos erreurs, alors ?

Cette aura de certitude, autour de lui. La manière d'affirmer chaque chose comme s'il s'agissait d'une pierre qui s'écrase avec un craquement sur l'aveuglement des autres.

Un rictus tord mes lèvres.

— J'oubliais. Les elfes ne commettent pas d'erreurs, n'est-ce pas ? »

Melion ne répond rien. Mais je jurerais avoir vu une ombre passer sur son visage.

***

Le vent est tombé, la bruine a cessé, une odeur lourde stagne au-dessus de la Plaine. La nuit est poisseuse. Je tends la main, la boule de feu qui apparaît entre mes doigts révèle une terre gangrenée. De place en place, l'herbe grasse le cède à un sol noirâtre d'où surgissent les tiges rachitiques de plusieurs abreshks. On dirait une poignée de clous enfoncés dans une planche pourrie.

Quelques secondes plus tard, une demi-douzaine de feux percent la nuit, leur fumée dense salit les ténèbres. Mais les plantes repousseront. Avant un mois, elles se dresseront de nouveau, au milieu de la terre infectée par leur toxine. Des ordures increvables. Enfin, pour le moment, elles flambent bien haut, bien fort, elles se consument en langues écarlates qui mordent la nuit. Belles.

En ouvrant le sac de provisions, je grimace. C'est à peine s'il nous reste de quoi manger pour ce soir et demain.

« Nous devrons faire un détour par Prek, demain. Pour nous ravitailler.

Occupé à scruter les ténèbres, l'elfe tourne la tête vers moi et acquiesce. Je choisis une galette avant de lui tendre le sac. Il s'en saisit sans un mot.

Les flammes crépitent. Un crépitement chaleureux, un peu râpeux à l'oreille, comme une main passée sur l'écorce. Elles se heurtent et s'enchevêtrent en dansant. À les regarder avec attention, elles dessinent presque des motifs. Elles se tordent, elles sont des herbes couchées par un vent violent. Elles se redressent, elles deviennent vagues en furie. Puis un bourgeon en train d'éclore, un orage, un vol d'oiseaux, le soulèvement d'un monstre marin. Une fillette recroquevillée sur le sol.

Que...

« Si vous ne croyez pas aux Fées, en quoi croyez-vous ?

Je sursaute et relève la tête. De l'autre côté du feu, l'elfe me regarde avant de baisser les yeux sur mes doigts. Je lâche le manche de ma dague.

— Quoi ?

Dans les flammes, la silhouette recroquevillée a disparu.

— Si vous ne croyez pas aux Fées, répète Oreilles Pointues, en quoi croyez-vous ?

Visage lisse, regard neutre. À peine l'air d'y toucher.

— Qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai besoin de croire en quelque chose ? rétorqué-je d'un ton sec.

L'elfe ne cille pas.

— La manière que vous avez de passer la main sur votre tatouage.

Mon souffle se bloque dans ma poitrine. Je baisse les yeux sur mon poignet gauche, sur les ailes noires du jyrkhem qui dépassent de ma manche. Je les relève. Melion me fixe, le regard ancré sur mon visage. Les flammes crépitent.

— Qu'est-ce que vous cherchez ?

Aucune réponse. Juste les yeux, les feuilles mortes gelées qui ne me lâchent pas. Mes doigts me démangent.

— Qu'est-ce que vous espérez apprendre, à me poser des questions sur ma foi, à faire semblant de vous y intéresser ?

Des étincelles s'abattent sur la terre devant lui, et toujours aucune réaction. Il doit se sentir sûr. Il doit se sentir tellement sûr de son fait, cet elfe, qui affirme sans avoir la moindre idée de ce dont il parle, de ce que représente même l'ordre neighian ! La manière que j'ai de passer la main sur mon tatouage, hein ?!

— Qu'est-ce que ça peut bien vous foutre, que je croie ou non aux Fées ?!

Il me regarde, sans un tressaillement, sans une crispation. Juste des secondes qui filent, une à une. Le feu crache.

— C'est irrationnel, laisse-t-il soudain tomber d'une voix basse, trop basse, comme s'il se parlait à lui-même.

Ses yeux sont fixés sur moi, mais il ne me regarde plus. Il est... au-delà.

Je redresse les épaules.

— Irrationnel ? répété-je. Le fait de ne pas croire que des êtres omnipotents jaillis de nulle part aient créé le monde d'un claquement de doigts ?

— Non.

Oreilles Pointues se recentre.

— Le fait que vous ne croyiez pas que ces êtres omnipotents jaillis de nulle part aient créé le monde d'un claquement de doigts.

J'ai l'impression de me prendre une gifle.

La voix de l'elfe me dépouille. Elle me remplace par un illogisme de fonctionnement, une série de causes et de conséquences. Une anomalie. Et elle paraît si certaine d'avoir vu juste.

Pauvre idiot !

— Vous pensez m'avoir cernée, n'est-ce pas ? lâché-je avec un ricanement.

— Non.

Temps.

— C'est ce qui est irrationnel.

J'ai rêvé. J'ai dû rêver, l'espace d'un instant, il y avait quelque chose dans sa voix, sur son visage... Du désarroi. 

Alors peu à peu, un sourire se dessine sur mes lèvres. Il est perdu. Il est perdu parce qu'il ne me comprend pas. Mais le plus drôle, c'est qu'il a cru pouvoir y parvenir, à me comprendre. Sans rien savoir. Sans rien connaître.

Oui, vraiment, idiot.

— Il va vous faire si mal, murmuré-je. Le jour où vous réaliserez que vous n'avez rien compris.

Oreilles Pointues ne répond rien. Après un instant à me dévisager, il détourne le regard pour fixer l'obscurité. L'ombre des flammes lui dansent sur le visage. Et moi je le regarde, avec toujours les mêmes questions qui tournent en boucle. Que veut-il ? Que cherche-t-il, à travers son interrogatoire sur les Fées ? Parce qu'il ne me demande pas cela au hasard, oh non. Ce type parle brut, il projette une lance sur son interlocuteur chaque fois qu'il ouvre la bouche, il a forcément quelque chose derrière la tête. Et puis...

Et puis des eaux noires et lisses se dessinent dans mon esprit. La voix de Beren.

"Le cas échéant, je te demande de ne pas oublier que tu es la seule personne indispensable à cette mission".

Je redresse les épaules. Au fond, quelle importance.

Comme s'il m'avait entendue penser, Oreilles Pointues tourne la tête, ouvre la bouche.

— Les humains rendent hommage au passé.

Pas une question, bien sûr. Par Tharsio Silvia, si tous les elfes sont aussi convaincus que lui de tout savoir sur tous les peuples du Continent, pas étonnant qu'aucun ne fiche le nez en dehors de Fadren !

— Dépend des humains, dépend du passé, maugréé-je en reportant mon attention sur les flammes.

— Pugnemce Bastideon de Carkevitt.

Je fronce les sourcils.

— Quoi, Pugnemce Bastideon de Carkevitt ?

— Vous le connaissez, répond l'elfe avec son accent caillouteux.

Il me faut quelques secondes pour comprendre où il veut en venir.

— Et alors ? Cela implique que tous les humains le connaissent également ?

— Est-ce le cas ? réplique-t-il sans broncher.

Mais... mais en quoi... Oh, et puis après tout !

— En quelque sorte, oui, réponds-je avec un haussement d'épaules. Mais cela n'a rien à voir.

L'elfe me dévisage. Je pousse un soupir.

— Pour vous la faire courte, les humains se souviennent de Bastideon parce qu'en unifiant le Continent, il a aussi mis fin à l'esclavage que certains roitelets faisaient peser sur eux sous prétexte qu'ils n'avaient pas de magie. Dépourvus de pouvoir, donc inférieurs, cela coule de source. C'est aussi pour cette raison qu'ils se méfient des autres peuples.

Et des élémentaires. Quitte à sombrer dans la sottise, autant battre des pieds pour se noyer plus vite.

Les yeux de l'elfe ne me lâchent pas.

— Vous parliez d'apprendre de ses erreurs, dit-il après un temps. Entretenir le souvenir du passé au détriment du présent en est une.

Puis, sans me laisser le temps de répondre :

— Qvam Priskeon de Talek croyait aux Fées.

Par Tharsio Silvia, encore les Fées ?! Il est bigot, ma parole !

— Cela lui a servi, d'ailleurs, répliqué-je, puisqu'il est mort assassiné. Grâce en soit rendue aux mères créatrices.

Au tour de l'elfe de marquer un temps.

— C'est une perte, acquiesce-t-il enfin.

Belle oraison funèbre.

— Il était dévoué.

Mieux.

— Vous savez, lâché-je en baissant le regard sur les flammes, il n'est pas nécessaire d'être dévoué pour être assassiné.

Silence. Je relève les yeux. L'elfe m'observe, raide, impassible, et pourtant l'air penché en avant, les sourcils froncés, comme une ombre que le feu projetterait sur le sol pourri.

— Votre réponse n'avait pas de sens.

Le constat tombe, irrévocable. Je ne peux retenir un léger sourire.

— Laissez tomber. Il s'agissait d'une tentative d'humour.

L'elfe me dévisage,impavide. 

— L'humour, répété-je. Vous savez, cette habitude de tourner en dérision tout ce qui peut l'être... Toujours pas ? Je vous fais un dessin ?

Cette fois, la pique semble porter. Un tressaillement agite les traits d'Oreilles Pointues.

— Comment vous y prendriez-vous pour dessiner l'humour ? réplique-t-il d'une voix dont l'accent perce un peu plus que d'habitude.

— Je commencerais par ne pas vous prendre pour modèle. »

Melion de Fadren se détourne, mais pas assez vite. L'éclat du feu a déjà accusé l'esquisse de sourire qui fait frémir le coin de ses lèvres. Un sourire étrange, presque douloureux. Comme quand on mord dans un fruit trop acide.

Mais quel fruit ?

Hey, 

Pauvre  Melion, lui qui aurait tellement aimé rester dans l'Histoire comme la première allégorie de l'humour ! Heltia est sans cœur.

J'espère que ce chapitre vous a plu, que vous allez bien et que vous ne mordez pas dans des fruits trop acides. C'est mauvais pour les dents. Sur cette information capitale, je vous dis à la semaine prochaine pour la suite !

Une santé de licorne et un sourire de cochon d'Inde

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