Chapitre 7
Il pleut. Des gouttes épaisses et visqueuses qui frappent le sol avec rage, collent mes vêtements à ma peau, alourdissent ma cape. Depuis qu'elle m'a réveillée ce matin, depuis que nous avons quitté la ville, la pluie n'a fait que gagner en intensité. Les nuages bas habillent la campagne d'un manteau terne. En avant, l'elfe chemine sur son petit cheval dont la robe blanche vire peu à peu au brun. L'eau écrase la fourrure de sa cape contre ses épaules.
Il est venu s'asseoir à ma table, ce matin. Sans un mot, bien sûr, mais la conteuse partie, l'auberge déserte, il n'avait aucune raison de profiter de ma compagnie. Alors pourquoi ? Pourquoi juste un regard pour noter mes cheveux et mes vêtements déjà trempés de pluie, puis plus rien. S'il cherche quelque chose, pourquoi se montrer si distant ? Que veut -il savoir, qu'il peut obtenir sans ouvrir la bouche ? Quelle trahison prépare-t-il ?
Des eaux noires, leur surface huileuse troublée par le corps qui s'enfonce en dessous.
Je redresse les épaules. Qu'importe, après tout. Traître ou non, ce voyage s'achèvera bien d'une manière ou d'une au...
Mon cheval lève la tête. Mes muscles raidis tressaillent, je balaye la campagne du regard. Rien. Aucun mouvement derrière le rideau de pluie.
Que...
Ma monture pousse un hennissement strident, un farfadet apparaît devant ses sabots. Avant que j'aie pu faire un geste, je me sens partir en arrière. Le sol se rapproche.
« Par Tharsio... »
Je m'extirpe à la dernière seconde de ma selle, mon dos heurte la terre du chemin dans un bruit d'éclaboussures. Le choc me coupe le souffle. Bruit de chute à côté de moi. Et un éclair d'argent qui jaillit dans mon champ de vision.
Je roule sur le côté, la lame du farfadet se plante dans le sol, son juron s'étouffe lorsqu'il reçoit mon pied dans le ventre. Mais le temps que je saisisse ma dague, il a disparu.
Chiasse de troll !
Roulade. Le poignard de mon adversaire siffle à mes oreilles. J'amorce un demi-tour, le farfadet se dissipe de nouveau. Prévisible. Il réapparaît sur ma droite, ma dague ne lui laisse pas le temps de réagir. Cueilli à l'abdomen, il ouvre de grands yeux et émet un gargouillement sanglant. Son corps s'effondre lorsque je retire mon arme.
Mon dos me lance. Des centaines d'aiguilles se plantent dans mes flancs chaque fois que je respire. Un frisson de dégoût court le long de ma colonne lorsqu'une eau noirâtre ruisselle contre ma peau. Au sol, à côté du farfadet qui achève de se convulser, mon cheval étendu fixe la route, l'encolure étrangement arquée. La pluie se charge de laver le sang qui imbibe sa robe. Je pince les lèvres et relève la tête. L'elfe a les yeux fixés sur moi. Et derrière lui, une armée se précipite vers nous.
Un picotement familier se répand dans mes doigts. À travers la pluie et la distance, les cris des attaquants me parviennent. Cris de rage, cris de haine. Cris d'assassins. Je passe une main dans mon dos et saisis le manche de ma double lame. Une pression des doigts, deux fers effilés jaillissent à chaque extrémité. Le crépitement de la pluie perd en intensité. Le rythme du sang qui bat à mes tempes emplit mes oreilles. Mes avant-bras me brûlent.
Je pourrais les tuer. Lâcher la bride à mon pouvoir et les regarder brûler...
Non ! Ce serait trop facile ! Trop rapide ! Je veux leur ôter la vie de ma main, je veux voir la peur dans leurs yeux ! Leur faire payer, à tous ! Seule. Seule contre eux.
« Ils ont des cavaliers. »
Les battements de mon cœur résonnent à mes oreilles. La voix de l'elfe me paraît lointaine. Insignifiante. Pourtant, je bats des paupières afin d'en chasser la pluie et plisse les yeux. À travers le rideau gris, l'armée de pillards gagne du terrain. Des silhouettes plus massives se détachent du gros des troupes. Des cavaliers. Des cavaliers dont ni la pluie, ni la distance ne parviennent à masquer la chevelure flamboyante. Stygias.
Le lien se fait. La bulle éclate. Le bruit me heurte.
Crépitement des gouttes, hurlements de la troupe qui se rapproche. Qui se rapproche toujours plus.
Par Tharsio Silvia !
Je baisse les yeux sur mes doigts, si serrés autour du manche de mon arme que mes jointures blanchissent. La douleur enflamme la peau de mes avant-bras. Ils ont failli m'avoir, failli empêcher le feu... Oui, mais pourquoi ne pas les laisser venir ? Les exécuter un par un ? La vengeance... et à portée de main...
Mais c'est trop tard, assassins !
Je tends la main devant moi. L'eau s'immisce entre mes doigts serrés tandis que je concentre mon énergie dans mon poing. Un sourire étire mes lèvres. Et mes flammes jaillissent.
Une gerbe incandescente embrase l'herbe devant le cheval du premier assaillant. L'animal se cabre, mais son hennissement se perd dans le hurlement du brasier qui dévore tout sur son passage, insensible à la pluie. Une frontière ardente se dresse bientôt entre moi et les pillards. Dans les cris, la rage le cède à la peur, à la douleur. L'attaque se mue en retraite mortelle. Le feu gronde. Mon sourire s'élargit, malgré mes membres qui s'alourdissent. Les flammes s'étendent, s'éloignent, tirent sur mon esprit pour avancer, consument mes forces. Mais je ne lâche pas prise. Pas avant qu'ils n'aient tous crevé !
Soudain, un farfadet surgit devant moi. J'ai juste le temps de bondir en arrière pour éviter la lame qui cherchait ma poitrine. Privé de volonté, mon feu s'éteint en grésillant.
Non !
Ma double lame décrit un arc de cercle, le farfadet se téléporte au dernier moment... et ses compagnons se jettent sur moi.
Pivot. Emporté par son élan, le loup qui m'attaquait s'écrase au sol. Avant que j'aie pu l'achever, un autre adversaire me saute dessus. L'un des fers de mon arme transperce son épaule. Le hurlement de douleur qui s'ensuit me parvient assourdi. Le grondement de ma rage étouffe tout, balaye ma fatigue, efface les visages. L'argent de mes lames a viré au pourpre. Et la fontaine. La fontaine se dresse dans mon esprit.
Le sang se mêle à la terre en une boue noirâtre. Les portes béent sur des maisons ravagées.
Feinte. Coup. Un nouvel assaillant s'effondre. Un nouvel assassin.
Les pavés des rues disparaissent sous les cadavres. L'odeur de la mort s'accroche à la peau.
Esquive, pivot, frappe.
Au bout de la rue, sur la place, une fontaine. Une tour blanche au-dessus du charnier.
Geste circulaire. Un pillard s'effondre.
Et à son pied, un corps. Un corps parmi tant d'autres.
Mon arme tranche la chair. Mais le hurlement qu'elle entraîne n'est rien en comparaison de celui qui résonne dans mon esprit.
Hélène !
Les quelques pillards survivants battent en retraite. J'aurais presque envie de rire. Parce qu'ils croient pouvoir s'échapper ? J'avance d'un pas. Tache floue sur ma droite. Une fraction de seconde, je tourne la tête. Toujours à cheval, immobile l'elfe fait face à quatre pillards. Et un cinquième se précipite vers lui, épée au clair. Mes doigts fusent vers ma dague avant que j'aie pu réfléchir. L'arme vole. Une masse me percute avec violence et me renverse en arrière. Le choc expulse l'air de mes poumons, des griffes s'enfoncent dans mes épaules, ma vision se trouble. Et au milieu du brouillard, des crocs qui s'approchent de ma gorge. Mon feu se cabre, j'appuie ma main sur un pelage trempé. Le loup pousse un hurlement lorsque le feu le heurte de plein fouet et le projette en arrière. Il décrit une courbe flamboyante et vociférante avant de s'écraser sur le sol. Couchée dans la boue, je cherche mon souffle. Mes forces m'abandonnent. Je tends la main. Ma double lame, où... Un pied s'abat sur mon poignet. J'arme ma jambe dans la seconde.
« Il a dit "ramenez-la si elle se montre coopérative".
Mon mouvement avorte. Les gouttes de pluie s'écrasent dans mes yeux. Au-dessus de moi, un vampire dégingandé me sourit.
Que...
— Et on peut pas dire que tu te sois montrée très coopérative, pas vrai ?
Mine attristée.
— Le bonjour aux Fées ! lance-t-il en dégainant une épée. »
La lame crisse. Mon pied fuse pour aller frapper le vampire dans le genou. Je roule sur le côté tandis qu'il s'écroule avec un cri de douleur. Mes doigts se referment sur le manche de mon arme. L'autre n'a pas le temps de se redresser qu'une de mes lames lui transperce la poitrine. Son corps s'affaisse. Puis se désagrège.
Chiasse de troll !
Je m'aplatis au sol. L'épée de mon adversaire passe au-dessus de moi en sifflant. Je ne lui laisse pas l'occasion de réitérer sa tentative. Mouvement circulaire. Avec un gargouillis, la seconde moitié du vampire dédoublé porte la main à sa gorge ouverte. Cette fois, lorsqu'elle s'écroule, c'est pour ne plus se relever.
Je me relève. Mes muscles protestent, le sol semble attirer mon corps. Des ondes de douleur se propagent dans mes bras tandis que la magie opère pour guérir les plaies de mes épaules. Toujours à cheval, l'elfe promène sur les silhouettes gisantes un regard impassible. Il ne reste plus un assaillant debout.
D'une pression des doigts, je rengaine mes lames rougies.
"Il a dit "ramenez-la si elle se montre coopérative"."
"Il a dit "ramenez-la"."
"Il a dit."
Les mots se heurtent dans mon esprit. Un attentat ? Ordonné par qui ? Quelqu'un qui aurait intérêt à voir le Nord sombrer dans la guerre ? Il n'y pas d'autre explication, hormis ma fonction de garantie durant cette mission, je n'ai aucune valeur.
Une main de glace se referme brusquement sur mes entrailles.
Sauf si...
« Est-ce la vôtre ?
Volte-face. Mes doigts se referment sur le vide là où devrait se trouver ma dague, une vague de douleur écrase mes épaules déchiquetées.
— Chiasse de... crissé-je.
Devant moi, l'elfe a mis pied à terre et me dévisage, impassible. La pluie plaque ses cheveux sur son crâne en arabesques étranges. Il me faut quelques secondes pour reconnaître ma propre dague dans l'arme qu'il tient entre ses doigts. Comment... Ah, oui.
Visiblement, j'ai atteint ma cible.
— Oui.
Le regard de l'elfe revient sur ma dague, se pose sur un corps effondré près de son cheval puis se fixe sur mon visage. Sans un mot, il me tend mon arme.
Bon. Maintenant, trouver une nouvelle monture.
— Ces pillards devaient posséder davantage de chevaux, lâché-je avec un geste du menton vers la troupe qui s'abîme dans la boue. Leur campement est sans doute à proximité.
— Vous comptez vous y rendre, observe Oreilles Pointues.
— Perspicace.
— Comment ?
— J'envisageai de mettre un pied devant l'autre.
L'elfe me dévisage quelques secondes, puis, il tourne les talons et saisit les rênes de sa monture.
— Montez.
La mâchoire m'en tombe.
— Quoi ?!
— Montez, répète-t-il avec un regard par-dessus son épaule.
Et t'être redevable ?!
— Certainement p...
— Ou du moins essayez.
Ma répartie meurt sur mes lèvres.
Que...
Il lâche les rênes, recule de quelques pas et se tourne vers moi. Ses yeux aux couleurs de feuilles mortes harponnent les miens, luisant de défi. Je redresse les épaules.
Parfait.
La monture elfique lève la tête lorsque je m'approche. Ses yeux bleus suivent mes déplacement avec attention, mais elle ne fait pas mine de s'écarter. Elle n'a pas encore perçu la marque des flammes.
Tant mieux.
Je tends une main, le cheval allonge l'encolure, j'avale la distance qui nous sépare, saisis les rênes et bondis en selle. Mes épaules protestent, mes muscles tremblent, je sers les cuisses le plus fort que je puisse pour ne pas me laisser démonter.
Idiot ! C'était idiot ! Les animaux ne supportent pas ma présence, alors...
Alors pourquoi celui-ci ne réagit-il pas ?
« Félicitations.
Avant que j'aie pu répliquer, Oreilles Pointues se hisse devant moi et s'empare des rênes. Il me faut encore quelques secondes pour comprendre.
— Espèce de...
— Vous auriez été trop lente à pied, me coupe l'elfe sans se retourner. Et nous avons assez perdu de temps comme cela. »
Je serre les dents et renonce à mettre pied à terre. La mission. La mission d'abord.
Peu importe qu'il m'ait manipulée, il y a plus urgent. Mais mes doigts fourmillent tandis que l'elfe mène son cheval sur la piste laissée par les pillards.
Le bois se noie. L'eau ruisselle sur l'écorce tordue, sur les troncs transparents des crimls, et les feuilles mortes émettent un bruit spongieux sous les sabots du cheval elfique. La piste des pillards s'est estompée, mais nous dénichons bientôt les restes d'un feu de camp. Plusieurs chevaux sont attachés ici et là à des racines. Seulement, ils ne sont pas seuls.
Le nain assis près du feu éteint se tourne vers nous lorsque nous émergeons du sous-bois. Un instant, il reste immobile, les yeux agrandis derrière ses lunettes de criml. Puis, il se lève d'un bond, saisit sa lance et se précipite vers nous en hurlant. L'adrénaline se répand dans mes veines. En même temps que la haine. En même temps que le feu. Le pillard a déjà parcouru la moitié de la distance qui nous séparait. Il brandit sa lance pour la planter dans l'encolure du cheval de l'elfe. L'arme rebondit comme si elle avait heurté un mur invisible.
Après. Réfléchir après.
Le nain ne s'est pas remis de sa surprise que j'ai bondi, plantant l'un des fers de ma double lame dans le sol. Mon pied, reçu en pleine poitrine, le renverse en arrière. Il n'a pas le temps de se relever que je projette mon arme vers son cœur.
"Il a dit "ramenez-la si elle se montre coopérative"."
Ma lame se déporte au dernier moment pour transpercer l'épaule de nain, lui tirant un grognement. Mes avant-bras me brûlent.
Des réponses. Il me faut des réponses !
« Restes-en là, grondé-je tandis que le pillard gigote au sol. Tu guéris peut-être vite, mais on peut toujours te tuer.
Oh oui, on peut toujours.
Le nain pose les yeux sur mon tatouage, à moitié dévoilé par ma manche. Il s'immobilise. J'esquisse un rictus.
Si lâche ! À peine s'il me lance un regard haineux, les paupières plissées pour protéger ses yeux de la lumière. Il ne sera pas difficile de le faire parler.
— Connaissez-vous des elfes parmi les vôtres ?
La voix de Melion de Fadren, son accent rude, se répercutent contre les arbres. Je tourne la tête vers lui.
Qu'espère-t-il ? Apprendre où se trouve le prétendu Perverti responsable de tout ce bourbier ?
Imperturbable face au silence du pillard, l'elfe réitère sa question. Il n'a ni haussé la voix, ni changé de ton, pourtant son accent a pris une tournure presque violente. Le nain réagit enfin.
— Que les sénèches vous dévorent les entrailles, chair à...
La pression de ma dague sur sa gorge l'empêche de continuer.
— On t'a demandé des réponses, craché-je en pesant contre la lame plantée dans son épaule. Pour les insultes, on peut se débrouiller.
L'éclat de surprise dans ses yeux me fait réaliser mon erreur. Trop tard.
— Vous comprenez le runique, constate l'elfe dans mon dos.
Rouge. Le runique rouge. Malgré les années...
Et maintenant ? Répondre que non ? Que le ton du nain était en lui-même assez explicite ? Après tout, qu'est-ce que cela peut-il bien lui foutre, à cet elfe ?
Je hausse les épaules et reporte mon attention sur le pillard.
— On t'a posé une question, il me semble.
Pour toute réponse, le nain recommence à gigoter. Ma lame a beau lui mordre la gorge, la plaie cicatrise avant que le sang ait pu couler.
Sale...
Brusquement, le pillard s'immobilise. Ses yeux s'écarquillent, ses traits se tordent en une grimace de souffrance. Une sorte de lourdeur s'empare de mes membres, comme si l'air ruisselant pesait de tout son poids sur mes épaules. La pluie se charge d'un parfum d'orage.
— Réponds.
Je tourne la tête vers l'elfe. Toujours à cheval, les traits figés, presque crispés, son pouvoir emplit l'atmosphère. L'air semble onduler autour de lui.
— Je sais pas ! hurle le nain. Je... je sais pas, je jure ! Je connais que des rumeurs !
— Quelles rumeurs ? interroge l'elfe de la même voix calme.
L'air bourdonne à mes oreilles. Mes doigts fourmillent.
— Des rumeurs sur des elfes ! glapit le nain, les traits si congestionnés qu'ils semblent se nouer entre eux. Des elfes qui quittent leur royaume, mais je sais pas si c'est vrai ! Je jure ! »
Melion de Fadren ne dit rien. Il fixe le pillard avec une attention implacable. Comme s'il le cisaillait, comme s'il le disséquait, pour trouver derrière une surface invisible une vérité qu'il est seul à chercher. Puis, il bride son pouvoir. L'atmosphère s'allège aussitôt. Pas la brûlure de mes bras.
Si puissants... et pourtant cloîtrés derrière leurs frontières !
Sous mon genou, le nain recommence à se démener pour échapper à ma lame, haletant, gémissant, terrifié.
"Il a dit "ramenez-la si elle se montre coopérative"."
Étrange comme les mots, leur consonance, me reviennent en mémoire en dépit du temps écoulé. Comme si je soufflais la poussière d'un vieux livre.
« Pe kyp porakos kur occip ?
Le pillard me dévisage un instant avec stupeur. Puis il jette un regard à l'elfe, hésite, tente de nouveau de se dégager. Mes flammes jaillissent en crépitant autour de mon poing, je sens mon corps s'alourdir encore un peu plus. Avec un glapissement, le nain ferme ses yeux trop sensibles. Sous mon genou, le rythme de son cœur accélère.
— Merok ?
— Sok ekor fpore ! débite-t-il si vite que je peine à traduire. Sok dasos mer fap co mer occip kyp, mer ek foruss ! Sok sharpor ikpe forus !
Un stygia ? C'est un stygia qui leur a ordonné de m'assassiner ? Et au nom d'une personne influente mais anonyme ?
Par Tharsio Silvia, qu'est-ce que cela signifie ?!
Qui, parmi les aristocrates de l'Union, trouverait son compte dans un conflit inter-espèce ?! Qui serait assez riche pour dépêcher à sa place un stygia chargé de faire miroiter la fortune à une bande de pillards en échange de ma mort ? Et du chaos qu'elle ne manquerait pas, en l'état actuel des choses, d'entraîner. La guerre. C'est la seule raison que l'on pourrait avoir de m'assassiner. D'assassiner Heltia de Cytari.
Quant au reste...
Mes entrailles se tordent.
Quant au reste, il est enterré depuis trop longtemps pour représenter l'ombre d'un danger !
— C'est tout ? lâché-je.
Le nain hoche la tête avec précipitation. Mes flammes se résorbent. Je me relève, rengaine ma dague et rétracte les fers de ma double lame. Dans la boue, le nain inspire avec frénésie.
L'objet que je cherche gît à quelques pas de là.
— Vous comptez le tuer.
Je ramasse la lance du nain, abandonnée au sol, sans un regard pour l'elfe.
— Cela vous pose un problème ?
Temps.
— Il a trahi son peuple
Je ne peux retenir un ricanement.
Bien sûr. Le sacro-saint peuple.
— Vous êtes d'une naïveté... touchante, murmuré-je en passant mes doigts sur le manche de la lance.
Une arme de mauvaise facture, mal assemblée et mal entretenue. Comme la plus grande partie de l'équipement des pillards. Pas des guerriers. Juste des meurtriers avides de sang qui ont découvert qu'on peut tuer sans savoir se battre. Je jette sa lance au nain qui l'attrape avec avec un air ahuri.
— Reprenons où nous en étions. »
Durant quelques secondes, mon adversaire reste immobile, les yeux fixés sur le manche de l'arme, entre ses doigts. Puis, il se penche, et ramasse dans la boue ses lunettes. Il les essuie. Il les replace sur son nez. Il se rue sur moi en hurlant. Une foulée. Deux. Trois. Quatre. Il bondit. J'esquive, l'élan l'emporte, je frappe.
Sa tête roule au sol. La plaie ruisselante au cou du cadavre cicatrise durant une poignée de secondes. Puis, le corps s'écroule. Je me détourne.
Les quelques sacoches abritées sous un criml renferment de maigres provisions. À peine de quoi tenir deux jours. Curieux. Il n'y a pourtant pas grand-chose à chasser, par ici. Exceptés les kirpouflus, et ils ont un goût exécrable.
Je libère les chevaux pour ne garder que le plus solide, qui tente une ruade lorsque je monte en selle. Quand je relève enfin la tête, mes yeux croisent ceux de Melion. Perçants.
Mes épaules se raidissent.
« Pourquoi lui avoir rendu son arme ?
Aucune curiosité dans sa voix, mais une sorte... d'intensité. Le souvenir de son pouvoir tord mes lèvres en une grimace.
Un lâche ! Un lâche si puissant ! Et ses yeux qui ne me quittent pas, comme s'ils pouvaient forcer le passage...
— En route, lâché-je avant de tourner bride. »
Hey,
Rien de tel que d'apprendre que sa tête est mise à prix pour bien commencer la journée ! Ça commence à se corser sévère, pas vrai ?
J'espère que ce chapitre vous a plu, que ceux qui ont du beau temps en profitent et que ce qui n'en ont pas ne désespèrent pas trop (faux, c'est pas mon cas). Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite, et en attendant,
Une santé de licorne et un sourire de cochon d'Inde
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro