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Chapitre 3

« Tu repars en mission ? lance Anna tandis que je tire une chaise pour m'asseoir à ses côtés, le dos droit.

Elle n'attend pas mon hochement de tête et enchaîne avant que j'aie pu lui poser la question :

- Sabine est montée se coucher. Elle était fatiguée.

Ben voyons ! Sabine, la jalouse et possessive Sabine, laisser sa compagne seule avec ce qu'elle considère comme une rivale ?

- Elle était fatiguée, répété-je, ou elle se sentait fatiguée ?

Mon amie écarte la question d'un moulinet du poignet, mais le gris coupable de ses yeux parle pour elle. Au moins, la louve ne nous dérangera pas.

- L'étranger est un elfe, pas vrai ?

Mes épaules se raidissent. Penchée en avant, Anna me dévisage avec des iris devenus jaunes de curiosité.

Comment sait-elle...

- Je m'en suis doutée quand j'ai senti ta colère, explique la stygia. Y avait que ça qui pouvait te mettre à ce point en rogne. Sa présence a quelque chose à voir avec l'affaire du Dominant, au Nord ?

"L'Union souhaite éviter que le bruit de cette mission se répande" rappelle la voix de Beren dans mon esprit. Mais à quoi bon mentir à la stygia ? Elle a déjà deviné le plus gros de l'entretien, de toute manière.

- Je dirai rien, promis ! assure-t-elle aussitôt.

Un sourire étire mes lèvres malgré moi.

Anna ! Tout le monde semble aussi transparent qu'un tronc de criml face à elle !

Tout le monde... sauf l'envoyé elfique.

- Tu sais en quoi consiste cette histoire de Dominant ? interrogé-je.

La stygia hoche la tête et ses cheveux cascadent dans son dos comme une rivière de lave.

- Difficile de faire autrement ! Depuis que les négociations ont débuté, ceux d'entre nous qui n'étaient pas partis au Nord pour minimiser les escarmouches ont dû surveiller presque chaque jour le siège du Conseil ! Pour tout te dire, les débats tenaient plus de la foire aux bestiaux que des pourparlers.

Les flammes du lustre s'agitent au-dessus de nous.

Encore une preuve que l'Union ne possède plus qu'une ombre d'autorité.

- Donc tu sais que l'Union a décidé d'envoyer une délégation aux sirènes pour connaître le fin mot de l'histoire.

Le brouhaha qui règne dans la salle commune ne couvre pas le hoquet effaré de mon amie. Ses iris ont viré à l'orange.

- Dragon, alors c'est vrai ? souffle-t-elle. J'avais bien entendu des rumeurs à ce propos, mais ça me paraissait tellement aberrant...

Elle secoue la tête, une expression anxieuse étalée sur les traits, puis la penche sur le côté pour me dévisager. Ses yeux se teintent de bleu.

- Pas étonnant que Beren t'ait confié cette mission, déclare-t-elle après quelques secondes. Y a que toi pour n'accorder aucune foi aux rumeurs qui entourent la Forêt du Lac.

- Des rumeurs qui se contredisent toutes entre elles.

Anna hausse ses épaules d'un air fataliste.

- Qu'est-ce que je disais ? prend-elle le lustre à témoin avant de baisser les yeux sur moi pour ajouter : Et tu y vas seule ?

Je grimace, elle fronce les sourcils, penche la tête, ouvre grand les yeux et esquisse un sourire ahuri.

- Avec l'elfe ? pouffe-t-elle. Sans rire ?!

C'est vrai qu'on se bidonne.

- Dans la joie et la bonne humeur, confirmé-je entre mes dents.

Le sourire de la stygia s'accentue tandis qu'elle se laisse aller contre le dossier de sa chaise, bras croisés.

- Le pauvre... s'attendrit-elle. Il ne sait pas ce qui l'attend !

Elle replace une mèche de cheveux derrière ses oreilles, se tapote la commissure des lèvres d'un air absorbé puis :

- Il est comment, d'ailleurs ?

Des yeux froids. Des traits immobiles, figés comme ceux d'une statue. Une indifférence qui transpire par tous les pores.

- Elfique.

Anna lève de nouveau les yeux au plafond, comme pour implorer le soutien des Fées. J'esquisse un rictus. Elle peut toujours attendre.

- Elfique, hein ? répète-t-elle avec une pointe d'agacement. C'est bon à savoir. Et tu comptes rester campée sur tes positions durant tout le voyage ?

Les flamme des lustres grésillent.

- Et toi, répliqué-je, tu comptes me faire la morale ?

Anna soupire.

- Dragon, Heltia ! Il s'agit pas de morale, mais de bon sens ! J'ai vraiment besoin de te rappeler comment s'est conclue ta dernière mission avec les elfes ?

- Notre dernière mission. Et non, je m'en passerai volon...

- Notre dernière mission, c'est ça, me coupe la stygia avec un mouvement du poignet. Parlons-en de mon rôle ! Si je n'étais pas intervenue, ce capitaine t'aurait attaquée, Neighian ou pas ! Et tu ne peux pas dire que tu l'as pas cherché !

Les flammes du lustres explosent, une pluie de cire s'abat autour de notre table.

- Parce que la faute me revient ?!

Un lourd silence suit mon exclamation. Je tourne la tête. Autour de nous, les conversations se sont taries, les regards se tournent vers moi. Et la lumière des flammes se déchaîne toujours.

- Oh, Heltia ! lance Socrei depuis l'autre bout de la salle. On se contrôle, tu te souviens ?

Prendre une profonde inspiration. Une autre. Le feu crache, regimbe. Mes doigts fourmillent. Enfin, les flammes cèdent. L'attention de mes frères se détourne à mesure que la pièce retrouve une luminosité stable.

Je reporte mon regard sur Anna. Bras croisés, lèvres pincées, elle me dévisage en secouant la tête.

- Qu'est-ce que j'aurais dû faire, selon toi ? sifflé-je. Le laisser mépriser ce que nous sommes parce que nous ne possédons pas d'oreilles pointues ?

- C'est sûr que manquer d'enflammer les chariots que nous escortions était le meilleur moyen de faire en sorte qu'il t'écoute !

Mes épaules se raidissent. Je croise les doigts devant mon visage.

- Peu importe qu'il m'écoute, lâché-je. Du moment qu'il m'entend.

Anna pousse un nouveau soupir.

- Très bien, capitule-t-elle. De toute manière, toi, tu veux rien entendre. Rappelle-toi juste qu'avec ce qui se passe en ce moment, l'Union n'a vraiment pas besoin d'un incident diplomatique.

Puis, les sourcils froncés :

- Beren t'a dit la même chose, c'est ça ?

- Quasiment au mot près.

- Parfait ! décrète mon amie en se levant. Lui, au moins, tu l'écouteras.

Elle s'étire, rejette ses cheveux en arrière et balaye la salle du regard. Socrei s'empresse de détourner les yeux.

- Une séance d'entraînement te tente ? lancé-je en me levant à mon tour.

La stygia secoue la tête, les yeux fixés sur son ancien amant.

- Il n'a pas encore digéré notre rupture, on dirait... murmure-t-elle.

Un clignement de paupière, quelques moulinets de la main gauche comme pour balayer les souvenirs inopportuns. Le jyrkhem sur son poignet paraît s'envoler. Enfin, elle se tourne vers moi.

- Non, je vais rejoindre Sabine. Et tu rentres juste de mission, tu crois vraiment que tu manques d'entraînement ?

On en manque toujours.

Je porte une main à ma poitrine, l'autre à ma tempe pour saluer mes frères tandis que nous quittons la salle commune. Les flammes des torches s'élèvent comme une haie d'honneur contre les murs du couloir. Le temps d'évoquer une prochaine mission ensemble, l'escalier du hall se dresse déjà devant nous. Debout sur la première marche afin de pouvoir me regarder en face, Anna sourit.

- Bien. Bonne chance pour ta mission, alors.

Je lui retourne son sourire, elle fait mine de se détourner, puis se ravise. Hésite.

- Ça sent mauvais, toute cette histoire.

Ses yeux ont viré au bleu.

- Fais attention à toi, lâche-t-elle.

Ses mots se répercutent sous mon crâne, se confondent avec ceux de Beren. Je redresse les épaules.

- Toi aussi. »

Dehors, la nuit attend, tapie dans l'ombre des torches. Le feu de la Tour aux Effluves épanche, en même temps que son parfum mordant, sa clarté sur les dalles rosées. L'immense cadran solaire qui découpe la place n'en paraît que plus noir. Et les trottoirs grouillent de vie, de bousculades, de passants, de lumières qui occultent celle des étoiles.

Cytari Diiem. "L'étoile du jour". Ceux qui l'ont nommée ainsi n'y ont jamais mis les pieds. La capitale du Territoire Neutre ne dévoile son éclat que la nuit.

Le vent parfumé rejette ma cape en arrière et fait trembler les flammes des torches. À mesure que je m'éloigne du centre, les rues s'étrécissent, les habitations se resserrent, les trottoirs se chargent d'étalages hétéroclites. Une odeur de galette chaude supplante le parfum de la Tour aux Effluves. Rencogné contre un mur, un marchand derrière son étal fait frire d'une main des morceaux de viande et de légumes, de l'autre d'épais disques de blé.

« C'est trois brunes la galette, me lance-t-il sans lever les yeux. Mais je peux vous faire un prix si vous prenez une tourte avec.

- Une galette suffira.

L'homme me jette un coup d'œil, fronce les sourcils lorsqu'il remarque mes cheveux, hausse les épaules et me tend un rouleau de blé fourré, enveloppé dans une feuille de criml.

- Voilà.

Je tire trois pièces de ma bourse pour les déposer dans sa main tendue. Le mouvement dévoile ma dague. Les yeux du vendeur descendent aussitôt vers mon poignet gauche, vers mon tatouage. Il désigne ma galette du pouce.

- Hâtez-vous de la manger, m'dame, conseille-t-il avec déférence. Ça refroidit vite. »

La foule qui se presse sur les trottoirs a beau être aussi dense que dans le centre, les conversations paraissent étouffées, ici, absorbées par l'obscurité. Les étoiles sont plus lumineuses. Je m'arrête devant un immeuble décrépi au coin d'une petite rue. Dans un grincement, la porte d'entrée dévoile un couloir nu qui s'achève en escalier. Malgré mes précautions, le bois des marches gémit sous mes pas.

Chiasse de troll !

Je poursuis mon ascension muscles tendus, lèvres pincées. Mais si mon arrivée a réveillé la paranoïaque qui me sert de concierge, celle-ci ne se montre pas. Sans doute dissimulée dans l'ombre d'un couloir, à me regarder monter chez moi.

Ma galette toujours fumante dans une main, je déverrouille l'unique porte du troisième, forçant d'une épaule contre le battant. À l'intérieur, il fait noir.

Inspirer. Fixer un point précis dans l'obscurité. Expirer. L'étincelle jaillie de mon doigt va enflammer la mèche d'une bougie posée sur un buffet. Au-dessus, un miroir d'étain poussiéreux me renvoie l'image d'une grande femme vêtue de noir. Elle a la peau sombre, très sombre, même pour le Sud du Territoire Neutre. Et, nattés, des cheveux d'un blond lumineux. J'avais espéré qu'avec le temps, il finiraient par brunir, mais les années passent et ils brillent toujours avec autant d'éclat. Comme par bravade.

Un instant encore, je détaille ce nez presque droit, ces lèvres sombres, ces pommettes saillantes, cette tache plus pâle sur ma tempe. Deux iris plus noirs que bruns me défient. Un rictus étire les lèvres de mon reflet. Même à mes propres yeux, je fais plus que mes vingt-deux ans.

Dans le miroir la femme hausse les épaules, avant de se détourner. Je dégrafe ma cape d'une main, l'accroche avec ma double lame à une patère puis saisis la bougie avant de gagner la cuisine.

La fenêtre déverse une pénombre fumeuse sur le carrelage. Je dépose la chandelle sur la table, et ouvre un placard. Vide. Je fronce les sourcils.

Elle était pourtant là.

J'ouvre un autre placard, un autre encore. Rien.

Où est-elle ? Ma concierge ne l'aurait pas...

Là ! En haut d'une étagère, dissimulée par l'ombre du mur, une bouteille de sirop d'érable me tend les bras.

Le liquide ambré dore la galette de blé d'où s'échappent toujours des volutes de fumée, en même temps qu'un parfum sucré se répand dans la pièce. Mon repas dans une main, j'ouvre la fenêtre. Le vent qui s'engouffre dans la cuisine agite les mèches échappées de ma natte. Je déguste ma galette en contemplant les milliers de lueurs qui piquettent l'obscurité. Cytari resplendit dans l'obscurité.

Le sait-elle, cette ville si turbulente, qu'elle est menacée ? Menacée par une guerre inter-espèce qui risque de précipiter les peuples les uns contre les autres ? Tout cela parce qu'un elfe a tué un loup. Comme si les groupes de pillards ne suffisaient pas à ravager le Continent !

Mouvement derrière moi, je fais volte-face, dague au poing.

Qui est...

Le temps de comprendre ce qu'il se passe, la flamme attisée de la bougie a déjà carbonisé un gros insecte silencieux. Son corps, grand comme l'ongle du pouce, s'abat sans bruit sur la table. Les imbrasils qui se sont glissés dans la cuisine ne renoncent pas pour autant à la lumière du feu. À mesure qu'ils s'en rapprochent, ils abandonnent leur carapace noire pour des couleurs vives. Les femelles revêtent un rouge éclatant, les mâles un orange plus discret. On dirait de grosses étincelles qui dansent autour de la chandelle.

Un léger sourire étire mes lèvres. Je tends une main devant moi. Mais le bourgeon écarlate qui y naissait meurt lorsque mes yeux se posent sur la cuirasse noircie, au pied de la bougie. Mon bras retombe le long de mon flanc. Je redresse les épaules et quitte la cuisine, laissant la bougie brûler avec son ballet d'insectes.

La fenêtre ouverte de ma chambre laisse pénétrer l'odeur musquée de Cytari. À l'extérieur, les immeubles de bois écrasent la lueur des torches, masquent celle des étoiles. Hissée sur l'étroit rebord, je me tourne pour faire face au mur et agripper ma première prise. Une quinzaine de mètres en-dessous de moi, les passants, les trottoirs, la promesse d'une mort certaine. Je souris.

Les murs vétustes m'offrent de nombreux appuis, j'atteins le toit en quelques vingt secondes. Lorsque je me redresse, la ville s'étale autour de moi. Ma ville.

Immense, contrastée, baignant dans une lumière trouble, elle jette à la face du ciel ses dômes, ses arêtes, ses colonnes et la vie qui frissonne en elle. Bois et pierre. Misère et splendeur. Ombre et lumière. Un immense cœur de briques et de roche qui pulse dans la nuit. Les architectes pourront lui reprocher la dissemblance de ses quartiers, les politiciens les dangers de ses ruelles, Cytari Diiem, l'étoile du jour, siège de l'Union et de l'ordre Neighian, première cité jamais construite par les Dix, reste la plus belle ville du Continent.

Encore quelques secondes à contempler son harmonie disparate, puis je me détourne. Une douleur familière enveloppe mes avant-bras, l'obscurité recule soudain lorsqu'une boule de feu apparaît dans ma main. Elle s'élève quelques mètres au-dessus du toit, dissimulée aux regards par le cylindre de métal qui recueille l'eau de pluie. Mon ombre s'étale comme une flaque d'encre sur les tuiles.

J'inspire. Encore une fois. Sur le toit, deux bras noirs et démesurément longs se joignent, s'étirent. J'expire en poursuivant mes échauffements. Les événements de la soirée défilent dans mon esprit.

L'inquiétude de Beren. La menace de guerre. Le Lac des sirènes. L'épée suspendue au-dessus de la tête de ce Melion.

Je dégaine ma dague, je la fais tournoyer entre mes doigts.

Deux yeux d'une froideur de glace. Des gestes précis, mesurés. Une carrure de guerrier.

La lame siffle dans l'air, mon ombre virevolte sur le toit.

Un combattant. Cet elfe est un combattant qui, en se joignant à cette mission malgré l'absence d'un loup, met en péril l'impartialité du jugement. Un combattant qui dessert son peuple. Deux choses incompatibles avec ses oreilles pointues.

Je fais sauter mon arme dans ma main gauche, pare, esquive un coup.

"Ne fais confiance à personne. Personne."

Ma dague s'arrête à quelques centimètres de la cheminée. L'avertissement de Beren résonne dans mon esprit. Il n'y a qu'une raison qui puisse expliquer la présence de cet elfe durant le voyage. Et si vraiment son peuple l'a chargé de biaiser la parole des sirènes, je n'éprouverais aucun remord à le précipiter dans les profondeurs du Lac.

Hey,

Alors ? Hâte de vous lancer sur les routes avec Heltia dans une atmosphère de bienveillance et de confiance absolues ? J'espère que ce chapitre vous a plu, que vous allez bien, et en attendant samedi, je vous souhaite

Une santé de licorne et un sourire de cochon d'Inde

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