Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 20

« Gaëtan. Gaëtan !

Étalé de tout son long sur le sol, le nez dans sa couverture, le garnum ne tressaille pas. Derrière moi, les gémissements de Morgane brisent le silence.

— Gaëtan, par Tharsio Silvia, réveille-toi !

Mais j'ai beau lui secouer l'épaule, il reste immobile, la respiration régulière, le visage détendu.

Que lui arrive-t-il ?

— Gaëtan !

Aucune réaction, pas même un frémissement. Ce n'est pas naturel, ce...

Le regard qu'il m'a lancé la dernière fois me revient en mémoire.

"C'est fou ce que c'est solide, ces petites choses-là. Pas vrai ?"

Sombre...

Les sanglots de Morgane s'intensifient.

— Gaëtan ! Espèce de... cervelle de sican ! Cesse de faire semblant de dormir et aide-la !

Les gémissements de la fillette s'étouffent, se bousculent. J'ai l'impression qu'on me compresse la poitrine. Et ce crétin qui ne daigne pas ouvrir un oeil !

Chiasse de troll !

— Tu me le paieras ! grincé-je en me levant.

Le garnum ne bouge pas, même lorsqu'il reçoit la pointe de mon pied dans la jambe. Mais les coins de sa bouche ont frémi.

La fillette tremble sur le sol. Elle a enfoui sa tête dans sa couverture, des sanglots secouent ses épaules. Ainsi, sa longue silhouette pliée sur le sol, elle paraît minuscule, fissurée. Vulnérable.

Le grondement des flammes, les maisons qui s'effondrent.

Je redresse les épaules.

— Morgane ?

La petite tressaille puis se recroqueville un peu plus sur elle-même. Ma gorge se serre.

Comment Gaëtan s'y prend-il pour l'apaiser ? Il la berce contre lui, peut-être...

Je tends la main vers elle.

— Morgane ?

Mes doigts effleurent son épaule. La fillette pousse un cri et se redresse, les yeux écarquillés. Je recule aussitôt.

Qu'est-ce que j'ai fait ?!

Les joues de Morgane luisent de larmes, ses lèvres tremblent. Elle me regarde, elle me regarde comme si je pouvais l'arracher aux images qui se bousculent dans son esprit, comme si elle savait que j'en étais incapable.

Un nouveau sanglot secoue sa poitrine. Elle s'étouffe avec.

— Inspire.

Ses yeux s'agrandissent encore, les larmes continuent de couler.

— Inspire, répété-je.

Elle hésite. Puis, elle ouvre la bouche, inspire par saccades.

— Continue. Concentre-toi uniquement sur l'air.

Morgane expire, ses petites narines dilatées, ses yeux écarquillés. Elle inspire, les traits tirés. Encore, encore, le souffle entrecoupé, un hoquet avant chaque inspiration. Peu à peu, ses sanglots s'apaisent. Elle cesse de pleurer. Je lui adresse un pâle sourire.

— Te sens-tu mieux ?

Trois secondes passent. Enfin, elle hoche la tête.

— Je... murmure-t-elle, la voix cassée. Je... j'ai fait un cauchemar...

À mon tour, je hoche la tête.

— Tu veux en parler ?

Elle fait signe que non. Elle se tait. Elle me regarde. Longtemps. Mais au bout d'un moment, ce n'est plus moi qu'elle voit.

— Est-ce que...

Sa voix est à peine plus élevée qu'un murmure.

— Est-ce que vous allez me faire du mal ?

Mon souffle se bloque dans ma poitrine.

— Quoi ?! Non... non, bien sûr que non, je...

La fumée qui emplit mes narines. Les hurlements.

Je ferme les yeux. J'inspire. Et recrache aussitôt un air qui sent le bois brûlé.

Toujours ces images, sous mon crâne !

— Écoute... commencé-je en rouvrant les yeux. Je sais que tu n'as aucune raison de me croire, mais... je n'ai jamais eu l'intention de te faire du mal, je... je te le promets.

"Je reviendrai à temps !"

La fontaine, l'eau rouge, le corps transpercé d'Hélène.

Je redresse les épaules, une grimace de rage coincée à l'intérieur des joues. Je fixe Morgane, son regard brouillé, ses traits émaciés, pour effacer les souvenirs. J'ai l'impression que si je détourne les yeux, mes yeux,  ils tomberont au fond de moi. Et ils n'y verront rien. Juste un gros vide sanglant. Le regard de la fillette s'accroche au mien. Sec. Puis, Morgane se glisse dans mes bras. Je n'ai pas le temps d'esquisser un geste pour la repousser qu'elle a blotti son petit corps osseux contre moi, la tête rentrée dans les épaules. Elle tremble.

— Il y a une boule dans ma gorge, murmure-t-elle.

Et elle continue de trembler, mais je ne peux pas la serrer dans mes bras. Elle est trop fragile, trop cassante. Trop cassée.

— Elle va disparaître ?

Je baisse les yeux sur la fillette. Ses cheveux bruns lui couvrent le visage, elle presse ses doigts contre sa poitrine. Une brindille.

— Je ne sais pas, dis-je.

Une brindille charriée par le vent.

— On finit par s'y habituer.

Morgane ne répond rien. Elle se blottit un peu plus contre moi, elle se tasse comme si elle espérait disparaître. Et elle tremble. Elle a froid. Je passe mes bras autour d'elle, avec précaution, pour la réchauffer, juste pour la réchauffer, la protéger. C'est la première fois que le mutisme de mes flammes me soulage.

Morgane s'est endormie. Son souffle régulier résonne dans mes oreilles et brise le silence qui plane sur le campement depuis que le feu s'est éteint. Je regarde le Lac. La lune brode les îles et ourle la surface d'un filet d'argent. Les étoiles s'y noient.

Combien de personnes les sirènes ont-elles entraînées sous l'eau ? Combien ont cru que ce qu'elles offraient suffirait ?
Suffire. Qu'est-ce qui suffit ? Qu'est-ce qui peut bien suffire à des créatures immortelles, enchaînées pour l'éternité à un pauvre lac ?! Qu'ont-elles besoin de bijoux, de calices, de richesses, si tout l'horizon qu'elles contempleront jamais se résume à une ceinture d'arbres ? Elles payent si cher leur connaissance du passé et du futur, pour quel prix accepteraient-elles de la partager ? Hein ? Quel prix ?

Mon regard tombe sur l'orée de la Forêt, à quelques mètres de la rive. Les arbres se penchent en avant, leurs racines rampent vers l'eau miroitante, pourtant les frondaisons s'arrêtent net. Pas une branche qui s'échappent de l'amas sombre de feuilles et de bois. Cette Forêt est tordue. Elle est tordue, et elle avale la lumière, elle pèse de toute son ombre sur les épaules, elle ricane et elle montre du doigt, comme si elle aurait pu faire mieux ! Pourtant, de toutes les rumeurs qui courent à son sujet et inspirent la peur, aucune ne s'est révélée exacte. Pas de racines étrangleuses, ni de monstres tapis derrière les fougères, ni de lumière qui se condense et s'échappe en laissant les voyageurs dans une obscurité éternelle. Juste des troncs, et un air vicié. Juste Karim qui avance ramassé sur lui-même et Morgane, abattue. Juste les images sous mon crâne.

"Être sur le chemin du Lac", rappelle la voix de Gaëtan dans mon esprit, "ça veut dire qu'on perd la tête".

Par Tharsio Silvia !

Morgane pousse un gémissement lorsque je la repousse pour me lever, les dents serrées sur un cri de douleur, la main lancinante. Melion ! Où est Melion ?! Il faut qu'il sa... Là !

Je me précipite vers la silhouette étendue sur le sol.

— Melion, appelé-je en me laissant tomber près de lui. Melion, réveillez-vous !

Les offrandes ne suffiront pas, elles ne suffiront jamais ! Pour obtenir une réponse, il ne faut pas donner un présent qui satisfasse les sirènes...

— Melion, ouvrez les yeux !

...mais quelque chose qui coûte à celui qui demande ! La traversée de la Forêt, les souvenirs qui ressurgissent, cela fait partie du prix !

— Melion, bon sang !

La douleur explose dans la main tandis que je secoue l'elfe aux yeux toujours clos !

Mais émerge, chiasse de troll ! Émerge ou tu es condamné !

— Melion !

Je le gifle, il ouvre les yeux, Morgane pousse un cri strident. Mon cœur tombe au fond de ma poitrine.

Non...

Lentement, je me retourne pour faire face au Lac. Un nuage a masqué la lune. Une clarté sombre effleure l'eau, comme un voile de brume. Et au milieu des ondes, entouré d'une flaque de cheveux grisés, les traits si lisses qu'ils en deviennent irréels, un visage se dessine dans la nuit.

Le temps s'arrête.

Sans tourner la tête, je vois le sac des offrandes à côté des braises, informe, inutile. Je perçois le souffle de Melion, à côté de moi, la présence de Karim, quelques mètres derrières. Mais surtout, le liseré noir des arbres, dans mon dos, et la bile amère qui guette, tapie dans ma gorge.

— Gaëtan, lâché-je. Fais ce que je t'ai dit.

Et je me lève, les yeux fixés sur la sirène, les épaules raidies. Des images se superposent à la surface lisse du Lac. Le grondement des flammes, les restes rongés de mon jyrkhem, le visage de Melion, impassible sur la blessure qu'il dissimule. Et l'autre visage. Ce regard.

Clac. Clac. Clac.

Le salut du Continent dépend de cette mission. Un loup, un elfe, un neighian.

"Le cas échéant..."

Je ne suis plus indispensable à cette mission, Beren.

J'ouvre la bouche.

— Pour quelles raisons Fream de Piroê, ancien héritier du trône de Fadren, a-t-il assassiné le Dominant de la Meute du Nord ?

Mon souffle gèle dans mes poumons. Les mots résonnent dans l'air sombre. Je tourne la tête vers Melion. Droit, calme, il regarde la sirène, le visage aussi lisse que du marbre. Sûr. L'évidence me frappe.

Il savait. Il connaissait depuis le début la nature du prix à payer, il est tout à fait conscient de ce qu'il fait. Mais alors...

L'eau du Lac s'agite.

— Le savoir coûte, souffle une voix, sans que la sirène ait ouvert la bouche. Est-il prêt à sacrifier ce qui lui est le plus cher pour l'obtenir ?

Les secondes filent. Melion n'a pas cillé.

— Oui, finit-il par répondre.

Non...

La sirène le dévisage, toujours muette. Enfin, elle hoche la tête, ses cheveux s'arrachent à l'eau pour s'élever en l'air, gris comme la pluie, et elle disparaît sous la surface. Melion pousse un cri. Il porte les mains à son visage, s'effondre sur le sol. Je veux courir vers lui, mais une violente bourrasque manque de me renverser tandis qu'une voix chuinte à mon oreille :

Fream de Piroê n'a pas frappé seul, mais il a tourné le dos à son peuple. La rancune et la noirceur ont armé son bras. Il effleure les voiles du doigt et écoute les ombres du passé.

Et le vent tombe, et je me précipite vers l'elfe. Il est prostré sur le sol, la tête entre les mains. Ses épaules se soulèvent par saccades.

Par Tharsio Silvia...

— Melion...

Il ne répond pas. Je m'accroupis près de lui, les entrailles écrasées.

— Dragon... murmure Gaëtan près de moi. Qu'est-ce qu'il a ?

Lentement, je tends les mains pour écarter celles que Melion plaque contre son visage. La douleur de ma plaie fait trembler mes doigts. Je serre les dents. Enfin, l'elfe relève la tête. Mon souffle disparaît. Sous la frange de cheveux drus, sous la barre droite des sourcils, aux milieux des traits taillés dans la pierre, deux globes blancs me fixent sans me voir.

ME TAPEZ PAS ! JE VOUS JURE QUE, COMME J'EN AI CHIÉ À ÉCRIRE CE CHAPITRE, JE LE MÉRITE PAS ! Et puis voilà, hein, le jugement des sirènes a un prix, ça a toujours été comme ça, j'y peux rien, moi. Non, j'y peux rien. Melion a fait son choix.

Le pire, c'est qu'il me reste plus qu'un dernier chapitre avant la fin. Normalement, je le publie samedi prochain, histoire de faire durer encore l'aventure, mais si je dois vraiment me faire pardonner, je peux peut-être vous le publier plus tôt. À vous de voir.

Bon, sinon, il vous a plu, ce chapitre ? Au moins un petit peu ? J'espère, quand même. Encore une fois, merci d'être toujours là, de suivre cette aventure depuis le début jusqu'à ce qui ressemble de plus en plus à une fin (provisoire, hein, y a un tome 2, derrière !), vous êtes une incroyable raison d'avancer ! Et il se pourrait que j'ai quelque chose à vous annoncer dans des temps prochains, mais chut, c'est un secret...

Sur ce, l'une des plus longues notes que j'ai jamais faites dans ce bouquin, je vous souhaite une excellente fin de journée, et à bientôt pour la suite/fin !

Une santé de licorne et un sourire de cochon d'Inde

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro