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Chapitre 18

Clac. Clac. Clac.

« Vous avez échoué !

La voix tonne au milieu du vide. Je fais volte-face. Beren se tient en haut de l'escalier de marbre. Il me sourit. Il tend une main devant lui. L'ouvre. Il y a quelque chose à l'intérieur. Je me hausse sur la pointe des pieds pour voir, mais aussitôt il replie les doigts.

— Il ne fait pas froid, dit-il.

Les maisons brûlent, des gens dansent autour en poussant des cris de joie. Des hommes, des femmes, des enfants qui rient. Au milieu, une petite silhouette me tourne le dos. Si mince devant les flammes. Je tends la main vers elle. Les gens pivotent vers moi, ils hurlent, je hurle, ma voix se casse. Leur poitrine est éclatée et un sourire de sang fend leur visage. Ils ont peur de moi. Ils s'enfuient. La petite silhouette au milieu des flammes a disparu.

— Vous ne l'aurez pas.

Je me retourne. Melion se tient entre les arbres, sa cape blanche accroche les feuilles dans le vent.

— C'est trop petit. Il ne faut pas que vous le cassiez.

L'eau lui arrive à la taille.

— Attendez ! »

Je me précipite vers lui, mais il continue de s'enfoncer dans le Lac. Il ne me regarde plus. Je cours et il ne me regarde plus ! Ses traits changent. Son visage s'amincit, ses cheveux s'allongent, ses iris pâlissent. Elle tourne la tête. Elle ne me regarde pas. Mes yeux s'agrandissent d'horreur. Non... Non. Non !

***

Non ! Pas cela, tout mais pas cela ! Je suis morte ! Je suis...

Douleur. Ma respiration se bloque. Je cligne des yeux. Face à moi, la lueur d'un feu mourant. Les feuilles mortes bruissent sous mes jambes. Des ondes de souffrance remontent le long de mon bras gauche. Je serre les dents.

À quelques mètres, Morgane dort, recroquevillée sous sa couverture. Si petite.

"Il ne faut pas que vous le cassiez."

Mes épaules se raidissent.

« Bien dormi ?

Je sursaute violemment. La douleur m'arrache un grognement.

— À peine sortie du sommeil et déjà si loquace ? Tu me gâtes, chérie.

Où...

Une petite chose dure rebondit sur ma tête. Je lève les yeux. À califourchon sur une branche de l'arbre contre lequel je me suis assoupie, Gaëtan me dévisage, un sourire accroché aux coins des lèvres. Ses yeux s'attardent sur la dague entre mes doigts.

— Tu t'es jamais dit qu'en t'endormant avec ça dans les mains, tu risquais de mourir si tu tombais du lit ?

Il sourit. Comme Beren. Son mouvement pour me cacher ce qu'il tient dans la main...

Je secoue la tête. Un rêve, ce n'était qu'un foutu rêve !

— Tu vois un lit quelque part ? répliqué-je à l'adresse du garnum.

Le sourire de celui-ci s'élargit.

— Si c'est une invitation, chérie, va falloir faire vite : les autres sont en train de se réveiller.

Il incline la tête en direction de Morgane, qui s'agite sous sa couverture. De l'autre côté du campement, la silhouette massive de Karim commence également à remuer. Seul Melion, étendu de tout son long sur le sol de la Forêt, les bras le long du corps, dort toujours à poings fermés. Même dans son sommeil, il conserve son masque impassible.

Une étendue sombre, de l'eau qui lui arrive à la taille.

Soudain, j'ai envie de vomir.

— Eh, s'inquiète Gaëtan, ça va ?

Le Lac. Par Tharsio Silvia, ce n'est plus qu'une question de jours, d'heures peut-être, avant que nous ne l'atteignions ! Si les sirènes refusent de répondre... Tout. Tout absolument dépend de cette réponse !

L'ombre des arbres pèse de toutes ses forces sur mes épaules.

— Chérie...

— Réveille-les, lâché-je. On part bientôt. »

Je tourne les talons sans attendre sa réponse pour m'enfoncer entre les arbres, pour m'éloigner du camp, pour essayer de dissiper la sensation de cette main qui me broie les entrailles.

Que m'arrive-t-il ? Par Tharsio Silvia, le Continent est en sursis, tout est en suspens, crocheté à la réponse des sirènes comme un quartier de viande au-dessus d'une fosse à serpents, alors pourquoi est-ce que je doute maintenant ?!

Et ce visage, ces traits. Ce regard...

Je dégaine ma double lame et l'abat contre un tronc. Le choc se répercute dans mon corps, la douleur déchire ma main crispée, je dégage mon arme, frappe de nouveau.

Pourquoi ?! Pourquoi les images s'écrasent-elles dans ma tête ?! Melion, les flammes, Morgane, Hélène.

Je frappe, je cogne, je plante mon arme de toute ma force. Le bois vole, un éclat érafle ma paupière, mes coups redoublent.

Je sais ce que j'ai à faire, alors pourquoi ai-je l'impression qu'un dégoût poisseux me colle au corps ?! Et ce visage ! Son visage.

Ma lame se fiche dans le bois, la douleur se répercute dans tout mon corps. Mes inspirations se bousculent, un filet de sueur coule le long de ma tempe. Mais j'ai beau exhaler tout l'air de mes poumons, j'ai beau sentir la souffrance irradier dans mon corps, le goût de bile dans ma bouche ne disparaît pas.

Lorsque je regagne le campement, tous sont déjà prêts à partir. Mon regard croise celui de Melion.

Il s'enfonce dans l'eau noire.

Je redresse les épaules.

« Allons-y. »

Le soleil a beau s'être levé, l'ombre terne de l'aube s'attarde encore dans la Forêt, retenue par les branches qui forment une cage au-dessus de nous, qui s'abaissent à mesure que nous avançons. Aussi loin que se porte mon regard, des troncs. Des troncs voilés de lierre, drapés de fougères. Des troncs qui se serrent, qui se pressent à s'étouffer, leurs racines rampant hors de terre comme des tentacules pour se couler sur les roches jaillies du sol. Personne ne parle. Pas même Gaëtan. En tête, il se contente de lancer par moments quelques commentaires que le silence engloutit aussitôt. À côté de lui, Morgane garde la tête baissée, sans même jeter un regard aux structures rocheuses qui encaissent peu à peu le paysage et rivalisent avec les arbres. Envolée, la curiosité émerveillée. Aujourd'hui, la fillette semble porter la Forêt sur ses petites épaules maigres. Elle n'est pas la seule.

Karim avance comme s'il devait faire front, ses bras épais collés le long du corps, les yeux fixés sur la cape de Melion, devant lui. Ses poings se crispent spasmodiquement. Mes sourcils se froncent une énième fois. Certes, la hiérarchie revêt une importance presque sacrée pour les loups, certes, ils vouent un culte à leur Dominant... mais pas au point de justifier la haine de Karim, qui lui suinte par tous les pores. Son corps carré se contracte de plus en plus à mesure que nous avançons. Mes doigts effleurent le manche de ma dague. Il a beau avoir donné sa parole...

« Ah !

Sursaut. Douleur.

Toute la troupe s'arrête à la suite de Gaëtan, qui se tient devant une paroi rocheuse.

Un instant. Une... paroi rocheuse ?

— Ôte-moi d'un doute, lâché-je après une profonde inspiration. Tu ne nous as pas déniché le seul cul-de-sac de cette foutue Forêt, n'est-ce pas ?

Le garnum se tourne vers moi, un sourire étalé sur le visage.

— Doute ôté, chérie, réplique-t-il en faisant un pas de côté.

Au milieu de la roche explosée par les racines se découpe un chemin étroit, presque un tunnel. Des tiges de lierres pendent le long des parois.

— Comment saviez-vous qu'il y avait un passage ici ?

Je tourne la tête vers Melion, dont les yeux sont fixés sur Gaëtan. Celui-ci hausse les épaules.

— Sais pas. Une intuition. Ça a un rapport avec mon boulot de guide, vous pensez ?

Réponse stupide pour question stupide. L'elfe ne bronche pas.

— La Forêt est immense. Ce chemin n'est pas le seul qui mène au Lac.

Un sourire éclatant lui répond.

— Effectivement, unique-ombre, c'est pas le seul. Mais si on veut éviter de perdre une journée à contourner le mur de pierre que tu vois là, ajoute-t-il avec un geste vers la paroi, vaut mieux l'emprunter.

Un léger tressautement des muscles de la mâchoire, avant que Melion ne reporte son attention sur le tunnel. Je fronce les sourcils.

Que lui arrive-t-il ?

— Bon, on y va ?

Puis, sans attendre de réponse, Gaëtan pivote pour s'engager dans le passage, Morgane sur ses talons. Karim jette un regard à Melion, toujours immobile.

— Passe devant. »

Un murmure, et la promesse de crocs plantés dans la chair, d'un sang rouge sur la langue. Comment le loup parvient-il à se retenir, avec cette envie de meurtre qui s'étale par flaques autour de ses pieds ? L'elfe, pourtant, ne bouge pas, ne tourne même pas la tête. À croire qu'il n'a pas entendu. Mais alors que Karim ouvre la bouche une seconde fois, il s'avance soudain et pénètre dans le tunnel. Avant que le loup ait pu faire un geste, je lui emboîte le pas. Il a juré de ne rien tenter avant la fin de la mission, mais il y a tant de haine dans son regard, dans sa voix... Le pommeau éraflé de ma dague se loge dans ma paume. Son loup, lui, n'a rien promis.

Le passage sent la pierre et l'humidité. Des racines ont explosé la roche et frôlent le sol, agrippent ma cape, strient la pénombre de traits noirs et tordus. Derrière moi, j'entends un juron, et le bruit d'un tissu frotté contre la pierre. Massif comme il est, Karim doit peiner à se frayer un chemin. Une nouvelle exclamation étouffée rebondit contre la pierre, se disloque, disparaît.

Ce n'est pas un tunnel, c'est une faille. Une faille dont les murs irréguliers se rapprochent au fur et à mesure que j'avance, comme s'ils se penchaient au-dessus de moi pour me regarder. Il fait de plus en plus noir. Je n'entends plus Karim. Ma respiration résonne dans le passage, elle étouffe le bruit de mes pas, et pourtant, ceux-ci m'écorchent les oreilles, nets, froids. Comme le marbre.

Clac. Clac. Clac.

J'accélère. Je trébuche. J'ai mal. Je continue.

Clac. Clac. Clac.

Ce ne sont pas mes pas, ce sont des échos. Des échos qui me courent après, toujours aussi lents et pourtant de plus en plus proches ! Ils emplissent le passage, ils me poursuivent, et j'ai beau courir, j'ai beau tituber entre les murs, ils sont...

Une forme claire, devant moi. Je titube en voulant m'arrêter. Douleur. Les échos ont disparu. Une respiration erratique se répercute à la place contre la pierre.

Que...

Un pas, je reconnais la cape blanche.

« Melion ?

Il ne répond pas. Tout son corps est crispé, tendu jusqu'à trembler. Ses épaules s'élèvent et s'abaissent convulsivement. J'en reste un instant statique.

Par Tharsio Silvia, que lui arrive-t-il ?!

— Melion ? répété-je plus fort.

Aucune réaction. Je tente de le contourner pour voir son visage, mais le passage est trop étroit, à moins de me coller contre lui... Un pas en arrière, pour prendre la mesure de la tension musculaire qui dessine ses omoplates à travers sa cape et du souffle heurté qui ponctue le silence. Des détails me reviennent en mémoire. Sa démarche raide chaque fois qu'il entrait dans une auberge, cette manière d'avancer comme s'il se retenait d'aller plus vite, ses mâchoires crispées... Je regarde autour de moi, la faille, ses murs qui se rapprochent, le chemin exigu envahi de racines.

Chiasse de troll !

— Melion !

Toujours pas de réponse.

— Melion, il faut que vous m'écoutiez !

Pourtant, il ne m'écoute pas ! Je ne sais même pas s'il m'entend. Il ne réagit pas lorsque je lui secoue l'épaule. Sous mes doigts, ses muscles tremblent.

Très bien. Vraiment, formidable.

— Qu'est-ce que je vous ai fait ? soupiré-je avant de me glisser dans l'étroit espace entre son corps et la paroi de pierre.

Les racines accrochent ma cape et mes cheveux, ma main cogne une aspérité, la douleur me donne envie de vomir. Lui ne bouge pas d'un pouce. Les yeux fixés devant lui, exorbités, sa poitrine se soulève à un rythme irrégulier.

— Melion, appelé-je de nouveau entre mes dents lorsque j'ai enfin réussi à me placer devant lui.

Il ne m'entend pas. Il ne me regarde pas, ses poings si crispés que ses jointures blanchissent. Il ne me voit pas.

— Melion !

Aucune réaction. Et toujours ses yeux fixés sur la faille, comme si rien d'autre n'existait, comme si je n'existais pas, comme si...

— Melion ! Regardez-moi !

Regarde-moi, par Tharsio Silvia ! Regarde-moi ! Re... Je lui saisis le visage à deux mains.

Cospaesq mié'a ! »

Ses yeux heurtent les miens. Ils y plongent, ils s'y perdent, y perdent l'ombre du passage et les murs de pierre trop proches. Ils s'y accrochent. La douleur déchire ma main comme des milliers de lames crochetées. Sous mes doigts, sa peau est douce.

Le silence dans la faille s'épaissit. Un tapis de laine contre lequel le souffle saccadé de l'elfe se jette sans bruit. Je le regarde, il me regarde, les muscles de sa mâchoire se décontractent peu à peu. Mes ses yeux ne me lâchent pas. Au contraire. Son visage a beau être lisse, ses iris couleur de feuilles mortes semblent bouillir. Et lui semble... vivant.

Des eaux noires et lisses, sous la lueur de la lune.

Je retire brusquement mes mains de son visage, le cœur au bord des lèvres.

L'elfe cligne des yeux, comme s'il se réveillait. Son regard se pose sur moi, puis glisse sur la muraille de pierre, revient précipitamment se fixer sur mon visage. Mais ses iris ont retrouvé leur carcan impassible. Bien sûr.

Je redresse les épaules et me détourne.

« Heltia.

Volte-face. Melion me dévisage d'un air étrange, presque frénétique, comme s'il se forçait à focaliser toute son attention sur moi pour éviter de voir ce qui l'entoure.

— Vous...

Le mot, à la tournure rocailleuse, se répercute contre la pierre. Il y meurt.

— Je ?

Il hésite. A-t-il déjà hésité, avant ?

— Vous... parlez l'elfique avec un accent prononcé, lâche-t-il enfin.

Il me faut quelques secondes pour comprendre de quoi il parle. Et encore davantage pour réaliser que c'est sa manière de me remercier.

— Retirez d'abord la flèche qui vous sort du ventre avant de vous inquiéter pour mon écharde, répliqué-je en forçant un sourire.

Un léger froncement de sourcils anime le visage de l'elfe.

— Que voulez-vous dire ?

Bon. Tant pis.

— Laissez tomber, dis-je en balayant l'expression d'une main. Vous passez devant ?

Un regard au passage sombre et étroit, une inspiration un peu plus profonde.

— Allez-y. »

Je hoche la tête et tourne les talons, le regard de l'elfe accroché à ma nuque.

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