Chapitre 15
La voix de Gaëtan résonne dans mon esprit.
« Vous savez ce que ça veut dire quand on dit "être sur le chemin du Lac" ? »
Avec la Forêt du Lac qui s'étalait en contrebas, à quelques centaines de mètres, immense et noire dans la nuit, dense. Comme une pierre tombale. « Ça veut dire qu'on perd la tête. »
Les branches des arbres craquent, à une petite distance du vallon dans lequel nous avons établi notre campement. Ils attendent, tapis dans l'obscurité, gorgés de toutes ces légendes, de toute cette odeur de peur qui rancit dans l'ombre. Je voulais avancer. Gagner du temps sur la traversée, approcher du Lac, de la réponse, alors que le Continent est en sursis. Mais Gaëtan s'y est opposé. Trop sombre pour y voir quoi que ce soit, a-t-il dit. Comme si les ornières du chemin étaient plus vicieuses dans la Forêt qu'à l'extérieur !
Et maintenant, l'elfe et lui, la tête penchée sur un damier tracé à même la terre, font une nouvelle partie de Pierre de Suie. Le garnum parle sans s'arrêter.
- Un jour, j'ai joué contre un gars, il avait une technique imparable pour gagner ! Il misait très gros, comme ça l'enjeu était si important que ses adversaires angoissaient tout ce qu'ils pouvaient à l'idée de perdre. Quand ils mentaient, du coup, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure ! Mais le jour où il a perdu, il a perdu une sacrée somme.
Le garnum sourit, replace d'une main ses cheveux derrière ses oreilles.
- Mais les meilleurs, à ça, ça reste quand même les stygias. Ils trichent, tu me diras, mais...
Melion lève les yeux. Son regard couleur de feuilles mortes s'accroche au visage de son adversaire, l'emprisonne, le transperce. L'autre ne se trouble même pas.
- Vous avez menti, déclare l'elfe.
Gaëtan penche la tête sur le côté.
- Sûr de toi, unique-ombre ?
Pour toute réponse, l'elfe tend la main, saisit une pierre sur le damier, ôte du doigt la couche de terre qui la recouvre. La pierre apparaît blanche. Gaëtan sourit de toutes ses dents.
- Manqué. T'as perdu, unique-ombre. Je comprends pas, je t'ai donné une raison de ne pas croire l'honnête homme que je suis ?
Melion ne répond rien, il baisse les yeux sur le damier, puis les relève vers Gaëtan, fixes, perçants. Le garnum sourit.
- T'en penses quoi, toi ? me lance-t-il en se levant, bras écartés. Je ressemble à un gars qui ment sur la couleur de ses pierres ? C'est pas triste, ce manque de confiance ?
Je reporte mon attention sur le feu.
- Parce que tu n'as pas menti ?
Le garnum s'incline.
- Si peu... Mais à ma décharge, je...
Un appel, infime. Une caresse à la lisière de mon esprit.
Que...
Je me redresse, le feu crépite, ses ombres rougeoient sur les pentes du vallon. Et loin, très loin, le souffle, l'appel. Je le reconnaîtrais entre mille.
- Chérie ?
Mes bottes glissent sur l'herbe tandis que je gravis en courant un versant du vallon. Quelques secondes plus tard, la nuit se déploie autour de moi. Le paysage est noir. Toujours pourtant la sensation, aux frontières de ma conscience. Le vent plaque mes cheveux sur mon visage tandis que je tourne sur moi-même, les yeux écarquillés.
Où ? Où est-il ? Je l'ai bien senti ! Où...
Je me fige. Et une pierre m'écrase la poitrine. Face à moi, perdu tout au fond de l'obscurité, un halo rougeâtre découpe l'horizon.
Oh non...
- Chérie, on peut savoir ce qu'il se p... »
Il n'a pas le temps de finir sa phrase, j'ai dévalé le vallon, sauté en selle, et talonné ma monture. Bientôt, le vallon et ses flammes ont disparu, avalés par la nuit. La douleur pulse dans ma main. Le vent hurle quelque chose à mes oreilles, mais je garde les yeux fixés sur la tache écarlate qui s'étale peu à peu.
L'appel gagne en intensité, un grondement se mêle au sifflement du vent. J'enfonce mes talons dans les flancs de mon cheval.
Des maisons éventrées. Des corps partout.
Non... Je me trompe. Je dois me tromper. Par Tharsio Silvia, il faut que je me trompe !
Les flammes s'élèvent vers le ciel. La barricade de bois, dont les restes noircis gisent sur le sol, n'a pas dû contenir l'assaut longtemps. Au-delà, des cadavres, de torchis et de bois, d'os et de sang. Une odeur de chair brûlée encrasse le vent. Je me vois mettre pied à terre.
L'incendie projette des ombres pointues sur la terre, retournée par les sabots de plusieurs chevaux. Les pillards étaient nombreux. Un éclair de souffrance transperce mon brouillard. Je baisse les yeux sur ma main gauche. Mes doigts crispés tremblent.
Des flaques rouges répandues sur les dalles claires.
Les flammes achèvent de consumer les toits de chaumes, des fleurs immenses éparpillées au milieu des ruines. Elles crachent sur mon passage. Je m'avance dans ce qui a sans doute été la rue principale du village. Un village peu peuplé. Peu de corps à imbiber la terre de sang. Des hommes surtout, certains avec encore des haches ou des fourches dans les mains.
La place dallée de cadavres. L'odeur.
Une femme, la gorge ouverte, la tunique arrachée. Le grondement des flammes. Ma rage.
Au centre du village, il y a un fossé délimité par un cercle de pierres noircies. Les restes des feux allumés lors de veillées. Allongé sur le sol, à côté, un gamin d'une dizaine d'années, la poitrine éclatée. On lui a dessiné un sourire rouge sur le visage. Derrière moi, une maison s'écroule dans un jaillissement de flammes. La douleur déchire mes avant-bras. Lentement, je m'accroupis près du garçon. Mes doigts tremblent. Je dois m'y reprendre à trois fois pour fermer ses paupières.
Je les tuerai. Je les tuerai tous.
« Si tu venais pour le sauver, c'est un peu tard... »
Mes muscles tressautent. Le feu bouillonne dans mes veines, emplit mes oreilles. Autour de moi, l'incendie se tend. La chaleur des flammes m'enrobe, leur rage se focalise dans ma poitrine et entre mes mains. Je ferme les yeux.
La fontaine, son écume rouge.
Aussi rouge que le sourire du garçon. Le feu hurle. Un rictus se dessine sur mes lèvres. Je me retourne. Et j'ai l'impression de sentir tout le sang se retirer de mon visage.
La troupe de pillards se tient à vingt pas. Une trentaine de silhouettes, peut-être plus, si l'ombre dissimule des trolls. Et en avant, teinte en rouge par les flammes, une grande femme au teint pâle, aux oreilles pointues, au sourire sauvage, au poignard appuyé contre la gorge d'une fillette. Mon souffle s'est volatilisé.
« Pourquoi cette mine horrifiée ? Tu ne supportes pas la vue du sang ?
Des ricanements... L'enfant ne bouge pas. Elle ne se rend pas compte de ce qui lui arrive. Les flammes se reflètent dans ses yeux vitreux.
Une vague de haine me submerge.
- Lâche-la, articulé-je d'une voix que je ne reconnais pas.
La petite est toujours immobile. Le sourire de l'elfe s'élargit.
- Pourquoi je ferai ça ? réplique-t-elle avec un accent prononcé. Elle est très bien là où elle est, pas vrai, goniosiâ ?
Elle appuie son poignard sur la gorge de la fillette. Le sang coule.
Protéger ! Mes muscles se tendent, l'incendie hurle, je veux bondir en avant, mais l'elfe accentue encore la pression de son arme. Je ressens presque physiquement le gémissement de l'enfant.
- Un geste, susurre la pillarde, et je lui tranche la gorge. Compris ?
Je me fige, les yeux rivés à ceux de la fillette. Une main de glace enserre ma poitrine pour m'attirer vers elle. Pour la protéger. Il faut que je la protège.
- Mais elle obéit, en plus ! Alors c'est tout ? Il suffit d'une gamine pour maîtriser la si redoutable Heltia de Cytari ?!
Je sursaute, je relève les yeux.
Comment... comment sait-elle...
- Pourquoi cette expression de surprise ? poursuit l'elfe avec un sourire de délectation. C'est bien ton nom, non ? Heltia de Cytari, Neighian et élémentaire de feu. C'est bien toi ?
"Il a dit : "ramenez-la si elle se montre coopérative"."
Qui est cette elfe ? Qui lui a fourni tant d'informations sur moi ? Qui a envoyé les pillards sur ma route, qui a ordonné au serveur de verser du qavol dans ma chope ? Qui veut ma mort ?!
- On ferait peut-être mieux de chercher les autres, intervient brusquement un nain en s'avançant vers l'elfe. Le message parlait de compagnons et...
Par Tharsio Silvia !
- La ferme ! crache l'elfe en se retournant. T'as rien à dire, aucun ordre à donner, compris ?! Rien ! »
Un rapport. Des compagnons. Les flammes se tassent, mes avant-bras me brûlent, je dois faire appel à toute ma volonté pour empêcher l'incendie de s'élancer. La fillette est toujours entre les mains de l'elfe. Celle-ci ne la tuera pas. Elle sait qui je suis, ce que je suis, elle sait le risque qu'elle prend en me défiant au milieu du brasier. Elle sait que sans son otage, elle crève, et toute sa troupe de chiens avec elle ! Non, elle ne la tuera pas. Mais ce qu'elle peut lui infliger... Les flammes grondent, je les agrippe. Pas maintenant ! Melion et Gaëtan m'ont forcément suivie, à l'heure qu'il est, ils doivent se trouver quelque part dans le village. Ils vont trouver un moyen de faire diversion, de libérer la fillette. Il faut juste leur en donner le temps.
« Tu t'es bien renseignée, lancé-je alors que le nain s'apprête à répondre. Donc à qui ai-je affaire, une admiratrice ?
L'elfe reporte son attention sur moi, un air incrédule peint sur le visage. Puis elle éclate de rire. Le fil de sa lame tressaute sur la gorge de la fillette. J'inspire.
- Une admiratrice, c'est ça ! s'exclame-t-elle, ses mots déformés par son accent. Tu peux pas savoir comme j'espérais te rencontrer avant les autres !
Toujours à côté de l'elfe, le nain jette des coups d'oeil rapides autour de lui, les mains crispées autour du manche de sa hache.
Ne pas regarder. Ne pas les chercher.
- Quels autres ? interrogé-je.
L'elfe me jette un sourire sardonique.
- Quel effet ça te fait, de savoir que tu vas mourir sans connaître la réponse ?
Quel effet ça te fait, crevure, de savoir que ce massacre était ton dernier ?!
Et l'enfant, entre ses mains, qui ne réagit toujours pas, les yeux grands ouverts, vitreux. Les flammes s'épanchent un bref instant.
- Admettons, grincé-je. Tu parviens à me tuer. Et après ? Qu'est-ce que cela peut bien t'apporter ?
L'elfe ouvre la bouche.
- Seiviel... commence le nain d'un ton menaçant.
- Ferme-la ! hurle presque la dénommée Seiviel en se tournant vers lui. T'as entendu, ferme-la ! T'es rien ici, je t'ai dit ! T'as déjà de la chance qu'on t'ait épargné, alors tais-toi ! Tais-toi !
Qu'ils l'aient épargné ? Comment cela ?
- Elle va mourir de toute manière, qu'est-ce que ça peut te faire que je lui dise ? Hein ?!
Elle pivote de nouveau vers moi, son poignard collé contre la gorge de la fillette, un rictus dément pendu aux lèvres.
- Tu veux savoir ce que ta mort va m'apporter ? lance-t-elle avec un rire dans la gorge. Ce que je mérite, pauvre idiote ! Une place de choix dans le monde du Nouvel Ordre !
Je manque une inspiration.
Le Nouvel Ordre ?!
- Ça suffit ! éructe le nain. Ferme-la, par les tripes des Dix ! Tu veux vraiment qu'elle...
Une ondulation dans l'air. Une chape de plomb sur mes épaules. Les traits du nain se tordent violemment et il s'effondre sur le sol, la tête entre les mains. Sans un cri. Mes muscles se crispent, je sens le rythme de mon cœur accélérer. Devant, les pillards s'agitent.
- Seiviel, lance l'un d'eux, arrête. On a besoin de lui.
Mais l'elfe reste immobile, les yeux fixés sur la silhouette prostrée du nain.
- Ce... ce n'est pas moi...
- Bonjour, lance soudain une voix, c'est moi que vous cherchez ? »
Ensuite, tout se déroule très vite.
Les pillards se retournent d'un bloc vers Gaëtan, l'elfe pousse un hurlement de terreur et recule en lâchant la fillette, je me précipite vers elle. Les flammes se cabrent, ma double lame creuse un gouffre sanglant dans la poitrine d'un pillard. Il se désagrège.
Chiasse de...
L'épée du vampire frôle mon bras lorsque je bondis sur le côté. Douleur, pivot, le pillard s'effondre, je reprends ma course. Ma main pulse en même temps que les flammes, en même temps que mes coups. Esquive, contre-attaque. L'incendie cogne contre ma volonté.
Où est l'enfant ? Où est-elle ?! Tant qu'elle ne sera pas à l'abri, je... Là ! J'ai l'impression que ma poitrine explose de soulagement. Derrière les restes d'une maison, la fillette se recroqueville dans l'ombre. Avant même que j'aie compris ce que je faisais, je cours vers elle au milieu du combat. La protéger ! La rejoindre et la protéger, coûte que c...
Le son disparaît. L'espace d'un instant, des formes évoluent autour de moi, la bouche déformée, sans émettre le moindre bruit. Mon esprit est empli de coton. Puis, la douleur me frappe. On compresse ma tête, on la serre à deux mains jusqu'à la faire éclater. Mon crâne se fêle, mes pensées s'échappent, on m'écrase, on me broie. Mes genoux heurtent le sol.
« Et ils disaient que tu étais dangereuse...
Une forme s'accroupit devant moi. La douleur s'intensifie. Je voudrais crier, mon cri n'a plus la place de passer.
- Regarde-toi... Comment peux-tu espérer vaincre l'Ombre ? Tu n'es même pas capable de sauver une fillette. »
Les mots... pas de sens... Mais de la joie. De la joie dans cette voix. Les morceaux de mon crâne crissent les uns contre les autres. " Même pas capable de sauver". Mes pièces se cisaillent. De la joie. De la joie...
Les murs effondrés du village. Les corps tordus dans les rues. Le garçon au sourire rouge. La fontaine. Ses yeux vides. Hélène.
Ma poitrine explose.
L'elfe pousse un hurlement de terreur lorsque je me redresse dans un jaillissement de flammes. Le brasier se jette sur elle, lui arrache son cri, sa vie, sa joie, tout ce sang qu'elle a sur les mains ! Mes avant-bras sont en feu, de la lave coule dans mes veines, le feu rugit contre mes tempes. Détruire ! Il veut détruire ! Il éclate, il se déchaîne, il gueule sa haine et la mienne. Il couvre les hurlements. Tuer ! Tuer pour la fontaine, pour le garçon, pour tuer ! Je suis invincible ! Mon pouvoir est un océan sans limite ! Je me noie, le pouvoir me submerge, et cette impression enivrante... Je veux détruire ! Nous voulons détruire ! Détruire pour oublier, détruire l'image de la fontaine, l'image de... l'image de deux yeux gris comme l'orage, fixés sur moi, écarquillés par la terreur.
Je crève la surface. Le bruit me frappe. Cris de douleur et d'agonie, mugissement du feu. Ce feu qui se reflète dans les iris horrifiés de la fillette.
Protéger.
Et les bâtiments qui se consument, et les flammes qui lèchent la terre, qui détruisent tout, qui tuent.
Par Tharsio Silvia... mais qu'est-ce que je fais ?!
Je rappelle mes flammes. Si vives, si belles. Rien ne se produit. Mon cœur manque un battement. Quoi ?! Je recommence, je les rappelle, je tends ma volonté vers elles, mais rien. Elles m'ignorent, elles s'échappent. Si libres... Elles détruisent, elles ne m'écoutent pas, elles ne m'appartiennent plus. Comme si je leur appartenais. Et elles courent sur la fillette.
Non !
Avec un cri de rage, je lance ma volonté contre elles. Elles se cabrent, elles se rebiffent, elles déciment pour ne pas abandonner leur liberté. Cette liberté... Je les bride. Elles ruent, la douleur de mes avant-bras est insupportable. Je les ramène à moi. Je les tire, je les traine, je m'épuise. Mais elles cèdent. L'incendie reflue. Et je tombe à genoux. Le choc se répercute dans ma main, je n'ai plus la force de serrer les mâchoires. Je me sens vidée. Une enveloppe vide qu'un souffle de vent pourrait tordre. Mais il n'y a pas de vent. En fait, il n'y a plus un bruit.
Sauf un long sifflement. Puis :
« Eh ben chérie, c'est pas rien quand tu t'énerves. »
Gaëtan. Le ton léger. Comment ? Il ne voit les ossements carbonisés des maisons et pillards ? Il n'a pas vu les flammes ?! Il n'a pas... La fillette ! Je fouille les ruines du regard, à la recherche de la maison derrière laquelle elle s'est réfugiée. Je la trouve enfin, et j'ai l'impression de sentir mes épaules se détendre pour la première fois que j'ai senti l'appel des flammes. Son visage est éclairé par les restes de l'incendie. Elle crispe ses doigts sur une poutre noircie. Elle me regarde. Et elle s'enfuit en courant.
Mon cœur tombe comme une pierre dans ma poitrine.
Je garde les yeux fixés sur l'endroit où se tenait l'enfant.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
« L'emmener comprend des risques.
Je tourne la tête vers Melion. Sa cape blanche se détache dans la pénombre rouge. Lui aussi fixe la maison derrière laquelle la fillette a disparu.
- Je n'ai rien dit.
- Vous allez le faire.
Oui.
- On peut pas la laisser ici, de toute manière, intervient Gaëtan.
Ici ? Cela n'existe plus, ici. Il ne reste rien. Plus rien. De la bile me remonte dans la gorge.
- Non, répliqué-je en tentant de me redresser, mon arme à la main. On ne peut pas.
Mes jambes tremblent un peu, des frissons courent le long de ma colonne, mais je défie Melion du regard. Je le défie de s'y opposer. Je le défie de la condamner. Il finit par céder.
- Soit.
Je me tourne vers Gaëtan, qui m'adresse un sourire.
- T'inquiète chérie, j'y vais.
Et il s'éloigne en direction de l'endroit où a fui la fillette. Les flammes moribondes projettent son ombre sur la terre noire. J'ai la nausée.
- Que s'est-il passé ?
La voix de l'elfe. Et mes pensées qui tourbillonnent.
Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ! Je n'étais plus moi-même, je voulais... je voulais oublier.
- Heltia !
Je sursaute. Melion s'est rapproché, il me dévisage avec une intensité anormale, presque de l'urgence.
- Qu'avez-vous ressenti ?
Quoi ? Pendant que je brûlais les restes de ce village sous les yeux de la seule rescapée ? Pendant que je me laissais emporter par mes flammes ? Pendant que je me battais contre moi-même pour retrouver le contrôle sur mon pouvoir ?!
- Depuis quand vous souciez-vous de ce que ressentent les autres ?! craché-je.
Je voudrais le voir reculer d'un pas, comme si je l'avais giflé. Je voudrais le voir écarquiller les yeux. Je voudrais l'atteindre, percer sa carapace de glace. Je voudrais qu'il ait mal, lui aussi.
Mais son visage reste impassible. Tout ce que je peux dire n'a aucune importance, il se contente de me disséquer du regard. Comme s'il pouvait trouver des réponses à ses questions, alors que je ne les connais pas moi-même ! Mes muscles se crispent. J'inspire. J'expire. Les flammes restent silencieuses.
- C'est bon, on peut y aller.
Volte-face. Le sol tangue, la douleur explose dans ma main. Je serre les dents. Gaëtan est revenu, ses doigts griffus serrés autour de ceux de la fillette. Lorsque celle-ci croise mon regard, elle se serre contre les jambes du garnum, la tête rentrée dans les épaules, les yeux écarquillés.
Curieux, je pensais mon cœur déjà éclaté.
Hey !
Chose promise, chose due, deux chapitres d'un coup ! Avec une Heltia qui commence un peu à péter les plombs, là. On finit sur une note joyeuse, au moins.
J'espère que ces chapitres vous ont plu, que ceux qui ont des examens s'en sortent et je vous dis à samedi prochain pour une suite qui s'annonce légère et enjouée !
Une santé de licorne et un sourire de cochon d'Inde
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