Nefelibata
Hello :) Bonne vacances et joyeux réveillon de Noël à tous.
J'ai décidé de vous partager cet OS que j'ai écris en quelque jours. Il est assez différent de ce que j'ai pu produire auparavant. J'espère qu'il vous plaira !
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Nous ne sommes qu'une poussière d'étoile qui ne demande qu'à scintiller à travers l'univers.
Le jour se lève, les nuages restent épais dans le ciel recouvrant ce cercle lumineux qui abîme les yeux. La population se réveille, elle s'anime et remplie les rues qui finissent soudainement par être recouvertes d'une marée noire. Le son des talons sur le béton, des pneus qui crissent contre le goudron, des voix qui s'élèvent dans l'air montrent que la vie humaine est animée. Les humains sont devenus des automates, ils se lèvent chaque jour pour un seul et même but précis, avoir un avenir dans ce monde remplie de mensonges et d'illusions.
Sehun marchait la tête dans les nuages, les yeux rouges à peine éveillé. Il haïssait cette société dirigé par le pouvoir et la soif d'argent. Il n'y trouvait pas sa place et il avait cessé de croire qu'il la trouverait un jour. Le jeune homme c'était donc fait à l'idée qu'il n'était pas fait pour être compris ni comprendre qui que ce soit dans ce monde.
La fumée s'échappa d'entre ses lèvres de poupée, elle créa des arabesques au-dessus de sa tête puis s'évapora dans les airs. Il souffla la fumée de sa cigarette tout en gardant les yeux rivés sur le ciel gris. Ses oreilles avaient cessé d'entendre ce qui l'entourait, il s'en fichait. Le jeune désirait simplement s'aéré l'esprit, les yeux statiques et les pensées activent sur son monde imaginaire. Un sourire se dessina sur ses lèvres entourant ce petit bout de malheur.
Lorsque vous viviez trop dans votre imaginaire, les gens autour de vous vous regardaient comme un monstre. Ils ne comprenaient pas. Ils n'essayaient pas de comprendre. Sehun pensait qu'il n'avait pas un esprit rationnel. Sa manière de voir et d'analyser les choses étaient souvent en désaccord avec la majorité. Peut-être prenait-il les choses trop à cœur ? Peut-être n'avait-il pas cette manière logique de décortiquer les situations ? Ses sentiments primaient toujours sur le reste. Sa bulle primait sur la réalité, elle était beaucoup plus rassurante et chaleureuse. Ces quatre murs autour de lui, lui prodiguaient quelque chose de bien plus fort que tous ces bruits l'entourant. Son esprit était sa maison. Ce monde dehors était trop compliqué à comprendre, trop épuisant. Bien trop effrayant. Qui était-il vraiment ?
Le jeune homme revint à ses esprits, à l'entente d'un bruit inconnu. Il ouvrit ses paupières admirant la silhouette qui s'était assise sur son banc à quelques centimètres de son être. L'autre avait la silhouette tremblante mais n'émettait aucun bruit, ce qui était quelque peu surprenant. Mais, Sehun se retrouva conforté par ce silence. Il détourna son regard sur l'horizon qui se présentait à eux : la mer agitée.
A force d'admirer toujours la même chose, on en perd le goût. La beauté des premières fois n'existent plus, elle se perd. Elle devient nostalgique. Sehun ouvrit son sac à dos et sortit une bouteille d'eau qu'il apporta à ses lèvres afin d'hydrater sa gorge sèche. Il essuya sa bouche du revers de la main ne quittant pas des yeux les vagues au loin. La silhouette à ses côtés s'agita soudainement. Elle se leva et s'en alla comme un coup de vent. Seul son doux parfum pénétra à l'intérieur des narines du jeune homme qui était resté assis et coi. Sehun se leva à son tour et partit sans réel but, s'engouffrant dans la ville agitée et hostile qui ne lui convenait pas.
Chaque jours étaient les mêmes, Sehun se levait, sortait et venait toujours s'assoir sur le même banc une cigarette à la bouche. Il n'allait plus à l'école. Etudier était important, mais cela ne lui procurait aucun plaisir. Il était de ce genre de personnes qui n'arrivaient pas à se focaliser sur un but bien précis, même s'il essayait de se fixer un objectif, celui-ci finirait par sombrer au fond de son esprit. Le jeune homme passait son temps à rêvasser peu importe l'endroit où il se trouvait, son imagination était débordante. Elle prenait une place trop importante dans sa vie, et Sehun en avait conscience mais il n'arrivait pas à s'en détacher. Rien ne lui donnait envie dans le monde réel, rien n'était spirituellement assez intéressant pour le subjuguer. Ses parents avaient quant à eux cessé de lui dire quoi que ce soit, ils ne le comprenaient pas. Sehun n'avait pas d'avenir. C'est ce que la société voulait lui faire croire.
Les coups de crayons sur le papier s'enchaînent, ils dansent et marquent la page légère. Les formes abstraites deviennent des traits distincts et les expressions naissent d'un rien. Sehun était concentré, les sourcils froncés, son carnet de croquis entre les mains. Il dessinait avec passion, il se libérait sur cette feuille auparavant libre de ses marques. Ses traits étaient nets et assurés. Le jeune aimait les visages avec du caractère plutôt que les visages doux et angéliques. Il appréciait les beautés lorsque le vécu se ressentait à travers les lignes de leurs faciès. A travers un regard, on pouvait ressentir toute la souffrance d'une personne et c'est ce qui plaisait à l'adolescent. Un regard même voilé, ne cachait pas tout un passé d'une vie périlleuse.
L'homme de la dernière fois était revenu s'assoir au même endroit. Cette fois-ci, son visage était à découvert et Sehun ne put s'empêcher d'être curieux. Ce profil à ses côtés était d'une délicatesse sans nom. Cet homme avait un profil digne d'un prince de conte de fée. Il se tourna en sa direction, ses yeux marron transperçant ceux de Sehun. Le garçon ne dit rien, il soutint l'échange de regard que quelques secondes avant de retourner son attention sur l'horizon. Sehun en eût le souffle coupé. Jamais n'avait-il eu rencontré des prunelles si vides mais pourtant si belles. Ce jeune protagoniste avait su attiser sa curiosité, même si ce ne fut que pendant quelques heures, juste le temps que le soleil s'échappe du ciel.
Il attendait. Mais qu'attend-il exactement ? Il n'en avait aucune idée. Assis sur ce banc, il attendait chaque jour et le temps s'écroulait chaque jour sans l'attendre, sans qu'il ne trouve de but à cette attente perpétuelle. Il alluma une cigarette, tout en s'étirant sur ce banc, les yeux rivés sur le ciel bleu et lumineux. Tout le monde dirait qu'il perdait son temps. Cependant, il pensait différemment, il ne pensait pas que cette routine ne lui apportait aucun enrichissement personnel. Au contraire, il en avait appris beaucoup sur lui-même, à toujours venir s'assoir au même endroit que lorsqu'il était assis à écouter un cours. Sehun était incompris. Le jeune homme vivait dans une utopie irréaliste qui emplissait son cœur d'espoir. L'espoir nous faisait vivre, sans lui plus rien n'avait de sens, tout était voué à l'échec. Tant qu'il gardait espoir, rien n'était fini. Un jour, il allait trouver sa voie sur terre. Un jour, il allait pouvoir s'épanouir dans cet univers.
Des sanglots. Il entendit des sanglots. Ce garçon était triste aujourd'hui. Il pleurait, ses épaules montant et descendant à un rythme de plus en plus soutenu. Le cœur de Sehun se brisa à cette vue. Le prince était une âme en peine qui rendait les armes. Ses yeux étaient rouges et sa peau blanche au niveau de son cou tachée de bleu. Il était en pleine souffrance. Sehun se pinça les lèvres admirant égoïstement la tristesse de l'inconnu s'échapper de son cœur. Il ne savait pas quoi faire, les informations dans son cerveau affluaient à une vitesse ne lui apportant aucune possibilité adéquate. Voir quelqu'un pleurer n'était jamais agréable, et Sehun avait une sensibilité pour ce genre de chose assez élevée. S'il continuait d'admirer les perles transparentes rouler sur les joues blanches du garçon, il allait lui aussi se mettre à pleurer. Par conséquent, il décida de fermer les yeux afin de se concentrer sur autre chose que ce bruit perçant. Petit à petit, l'inconnu calma ses sanglots et essuya ses larmes du revers de sa manche. Ses doigts fins étaient recouverts de petites égratignures comme s'il était tombé sur le sol. Sehun changea son regard de direction lorsqu'il se rendit compte qu'il admirait le garçon avec trop d'insistance. Il sortit une bouteille d'eau non entamée de son sac et la lui tendit. L'étranger parut confus et apeuré mais lorsqu'il constata que Sehun n'osait pas soutenir son regard, il l'accepta.
- M-merci. Murmura-t-il.
L'adolescent lui fit un signe de tête puis prit la fuite. Cette situation était trop embarrassante pour son pauvre petit cœur. Il essuya la sueur qui perlait ses tempes et marcha les mains dans les poches de son pantalon. Il n'aimait pas ce qu'il avait pu apercevoir. Ce garçon paraissait si abîmé. Que lui était-il arrivé ? S'était-il battu ? Cela pourrait être possible au vu de ses blessures, mais contre qui et pourquoi ? Sehun se tapa le crâne. La vie de ce jeune garçon ne le regardait absolument pas. Pour qui se prenait-il à vouloir imaginer des hypothèses ? Ils n'étaient ni amis, ni même de simple connaissances. Ils n'étaient rien que deux garçons qui aimaient partager le même banc et qui restaient des heures à contempler le paysage. Lorsqu'il y pensait, ce garçon devait lui aussi être une personne étrange. Qui appréciait cela ? Mais là encore, qui était-il pour émettre des hypothèses, cela ne le regardait pas. Pourtant, il n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. Il était comme ancré dans ses pensées.
Sehun se laissa tomber sur son lit dans un long soupir de satisfaction. Il prit son téléphone et tapota quelques réponses aux messages que ses amis lui avaient laissé. Leurs vies étaient plus intéressantes que la sienne. Ils avaient toujours des choses à raconter, pas toujours intéressantes certes, mais ils en avaient. La vie de lycéen était pour certains remplie de rebondissement, et c'était le cas pour ses compères. Parfois, il les enviait. Mais, cette vie il l'avait choisie, il la chérissait. Toutefois, il ne pouvait se voiler plus longtemps la face. Elle manquait cruellement de péripéties.
Sehun jura. Son briquet ne voulait pas fonctionner et cela commençait réellement à l'agacer ! Il secoua l'objet puis réessaya plusieurs fois avant de finalement réussir à avoir une flamme suffisante pour allumer sa cigarette. Ce matin, il s'était levé du mauvais pied et n'avait donc aucune patience pour ce genre de chose. Cependant, lorsqu'il entendit un doux rire à ses côtés, il se sentit tout de suite embarrassé. Le garçon n'arborait plus ses larmes, il les avait troquées pour un sourire. Un joli sourire qui plus est. Sehun rougit, gêné. Il tira sur l'embout orange, emplissant son corps de nicotine, de bien-être malsain. Un regard intense le figea. L'étranger fixait ses lèvres se mordant sa propre lèvre inférieure. Sehun décida de sortir son paquet et de l'ouvrir.
- Tu en veux une ? Lui proposa-t-il le paquet diriger vers celui-ci.
L'autre se saisit d'une des cigarettes, pendant ce temps Sehun essaya de nouveau d'allumer son fichu briquet. Il jura encore une fois dans sa barbe. L'autre garçon lui proposa alors une autre solution. Leurs embout se touchèrent et s'embrasèrent. Le prince sourit timidement lorsque leurs doigts se frôlèrent. Sehun tapota doucement son bâton toxique la cendre s'échouant sur le sol. Ses sourcils se froncèrent puis un rire s'échappa de la barrière de ses lèvres. Le garçon toussait, il était un fumeur inexpérimenté.
- Première fois ?
Le garçon aux yeux angélique acquiesça le rouge aux joues. Il était plutôt mignon pensa Sehun. Il lui rappelait le lui d'y il y a quelques années. L'adolescent écrasa son mégot contre la poubelle et le jeta à l'intérieur. Ensuite, il s'étira baillant la bouche grande ouverte. Même s'il ne faisait rien de bien éreintant, il arrivait tout de même à être fatigué tant il pouvait se coucher tard. Il profitait comme il le pouvait de sa triste vie sans goût ni saveur. Les yeux clos, il profita du calme et de l'odeur du tabac. C'était apaisant, presque trop.
S'habituer à quelque chose n'était pas toujours une bonne chose. Il était nécessaire d'établir un changement pour que les choses changent. Ce changement pouvait être éprouvant, fatiguant, tiraillant mais fondamental. Sehun marchait toujours au même endroit, s'asseyait toujours au même banc par habitude. Il n'avait rien changé à cette routine depuis des mois, il y trouvait son bonheur. Mais, plus les jours passaient et plus ce n'était pas assez suffisant. Le temps gris au-dessus de sa tête allait en concordance avec ses pensées actuelles. Il s'était encore pris la tête avec ses parents, ils ne le supportaient plus. Ils ne comprenaient pas comment un jeune comme lui pouvait se satisfaire à rêver tous les jours de choses qui n'arriveraient probablement jamais. En réalité, le problème était bien plus profond mais personne n'avait pris le temps de creuser plus loin pour l'apercevoir. Il soupira la tête entre ses mains. L'inconnu s'était assis à ses côtés comme chaque jour, sans un mot, sans un bruit. Sehun voulut passer ses nerfs sur lui et lui ordonner de foutre le camp, mais il ne fit rien. Il ne pouvait pas le faire. Premièrement, ce banc ne lui appartenait pas, et secondement, ce garçon ne lui avait jamais rien fait. Passer ses nerfs sur lui aurait donc était très déplacé. La jambe de l'adolescent bougea nerveusement tandis qu'il s'arrachait pratiquement les cheveux à cause de la frustration. Il n'en pouvait plus d'être incompris. L'autre osa jeter un coup d'œil en sa direction l'air préoccupé. Sehun soutint son regard le défiant. Ce combat ne dura que quelques secondes, les yeux de biches rompit l'échange se triturant les doigts. Parfois, on aimerait dire à voix haute ce que l'on pense mais on se retrouvait dans l'incapacité de le faire car on ne savait pas comme s'y prendre.
Les gouttes de pluie tombèrent sur le haut de leur chevelure. Sehun ne bougea pas pour autant, il pouvait tomber malade, qu'est-ce que ça changerait ? Les gouttes devinrent de plus en plus rapides, elles commençaient à humidifier ses vêtements ainsi que ses cheveux. Mais également la personne à ses côtés. Lui non plus ne bougeait pas. Ils avaient l'air de deux idiots à rester assis sous l'averse. C'était un beau paysage nostalgique, des pensées remplies de questions et des yeux grands ouvert et tristes.
Sehun agit soudainement, il sortit un parapluie de son sac à dos qu'il ouvrit. Puis dans un geste irréfléchi, il mit l'autre garçon à l'abri (son parapluie n'étant pas assez grand pour deux personnes). L'être angélique le regarda les yeux écarquillés et les joues légèrement rougies.
- Garde-le. Prononça Sehun sans une once d'émotion dans la voix.
Il mit sa capuche sur sa tête et courut à travers la ville, l'esprit aussi léger qu'une plume.
Sehun avait attrapé un rhume, mais cela ne l'avait pas empêché d'accepter l'invitation de ses deux meilleurs amis. Ils avaient décidé de voir dans un des cafés de la ville. L'adolescent eût un sourire aux lèvres lorsqu'il entraperçut ses amis déjà assis à une table à travers la vitre. Il entra dans l'établissement, prit sa commande et partit les rejoindre. Baekhyun l'attira dans ses bras comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des lustres.
- Je suis malade Baek'.
- Je m'en fiche, tu m'as trop manqué. Dit-il en faisant la moue.
Sehun le repoussa gentiment puis s'assit à ses côtés. JongIn les regardait avec un sourire bienveillant collé au visage.
- Qu'est-ce que t'as fait pour tomber malade ? Lui demanda son ami Jongin.
- Courir sous la pluie. Répondit-il tout en haussant les épaules.
- Quelle idée extrêmement intelligente. Sortit Baekhyun d'un ton extrêmement sarcastique.
- Je sais. Je suis doté d'une intelligence hors norme.
Les garçons rirent. Sehun pouvait dire avec certitude, qu'il se sentait le mieux avec eux. Lorsqu'ils passaient du temps ensemble, le temps semblait comme suspendu, en même temps qu'il avançait à une allure fortement rapide. Il faisait de son mieux pour chérir chaque instant. Ils étaient les seuls à ne pas le juger, ils avaient compris à force, ils avaient rassemblé les pièces du puzzle. Qui faisait-ça pour vous ? Peu de personnes. Sehun avait alors compris qu'il devrait les garder proche de lui, sous peine de sombrer dans une grande solitude.
- J'ai rencontré quelqu'un. Annonça Jongin le regard fuyant.
Baekhyun qui était une personne très expressive, cria dans l'établissement tant il était heureux. Sehun quant à lui, resta sur ses réserves.
- Et tu ne me l'as pas dit alors qu'on se voit tous les jours ?!
- Je voulais attendre que l'on soit tous les trois... Et je ne voulais pas que tu me fasses une scène devant tout le lycée.
Le brun à la peau bronzé se gratta l'arrière de la tête nerveux. Sehun sourit, les mains entourant sa tasse. Il n'était pas le genre de personne à demander tous les détails, il se contentait de ce qu'on lui offrait. Baekhyun se chargeait du reste. Voir son ami avec les yeux brillants de sincérité, lui réchauffa son cœur. Il en devint presque envieux. Lui aussi voulait vivre ce genre d'émotion. Mais ce n'est pas avec son peu de vie sociale que cela allait arriver, alors il se faisait une raison. Son cœur rata un battement lorsqu'à travers la vitre, il aperçut le garçon du banc se rentre dans le café. Son regard ne le lâcha pas, suivant chacun de ses faits et gestes. Ainsi, Sehun pouvait remarquer à quel point il paraissait frêle et fragile. Le garçon qui avait dû sentir le regard persistant de l'adolescent se retourna et rougit dès lors où leurs yeux se rencontrèrent. Sehun fut lui aussi déstabilisé, alors il reporta son attention sur le liquide de sa tasse.
- Qu'est-ce qui t'arrives ?
Jongin remarquait tout et Baekhyun encore plus.
- Il regardait quelqu'un, vas-y dis qui c'est.
Baekhyun lui donna un petit coup d'épaule, l'incitant à cracher le morceau.
- Juste quelqu'un que j'ai déjà rencontré. Rien de bien spécial.
- T'es sûr ?
- Oui, j'en suis sûr.
Sehun retrouva le regard de l'inconnu qui s'était assis. Ils ne savaient rien l'un sur l'autre. Ils n'avaient jamais échangé quoi que ce soit. Les deux garçons partageaient le même banc ainsi que le silence.
- Il est mignon, même si je n'arrive pas à lui donner un âge. Prononça Baekhyun pensif.
Jongin se retourna sans aucune discrétion afin d'avoir lui aussi un visuel de l'inconnu. Sehun se tapa la tête complètement honteux de leur comportement enfantin.
- Pas mal, pas mal.
L'adolescent soupira. Ses amis étaient des cas perdus, mais il les aimait bien quand même
Le vent soufflait, il s'insinuait à travers les vêtements et faisait danser les cheveux sur nos têtes. Sehun croisa ses jambes, ses lèvres préoccupées à siroter le bubble tea entre ses mains. Il aurait aimé être comme ce vent qui était libre de ses gestes et de ses choix. La société nous empêchait de déployer nos ailes, nos insécurités étant parfois trop fortes. Sehun faillit s'étouffer quand l'inconnu s'assit à ses côtés. Il lui avait souri, et ce sourire était de toute beauté. Le garçon se mit à rire, la main devant ses lèvres sèches.
- Ne t'étouffe pas. Dit-il d'une douce voix.
Sehun but un peu et l'inconnu continua dans sa lancée.
- Je suis désolé si je t'ai fait peur.
L'adolescent fit un non de la tête.
- Ne t'excuse pas. Murmura-t-il timide.
L'autre esquissa un simple sourire n'ajoutant rien de plus. C'était peut-être mieux ainsi. Le silence brisé par le bruit du vent s'installa, laissant leurs cœurs remplies de questions et d'apaisement. Sehun sourit bêtement quand l'autre réussi à allumer sa cigarette en dépit des bourrasques. Il avait lui aussi sombré aux biens fait de la nicotine. Etait-ce une bonne chose ? Sehun ne pourrait le dire.
- Tu as de la chance. Prononça soudainement l'autre garçon, le corps ici mais l'esprit ailleurs.
- Pourquoi ? Osa demander l'adolescent.
- Tu as des amis. Répondit-il simplement.
L'autre garçon sourit à Sehun et se leva.
- Merci encore pour la dernière fois.
Sehun voulut le retenir de partir mais ce regard saturnien lui coupa le souffle. Etrangement, il se sentit impuissant ne sachant pourquoi.
Il y avait de ces gens qui marquaient nos esprits et qui ne le quittait jamais. Sehun n'arrivait pas à s'enlever de la tête cet inconnu. Sa voix triste, ses pas vides et ses paroles flottantes. Il griffonna sur le papier ces iris perçants, cette bouille céleste et ces cheveux balayés par le vent. Que cachaient ces murs autour de cette personne ? Qui avait causé ces blessures ? Sehun soupira de frustration. Pour la première fois de sa vie, il avait envie de poser des questions, il avait envie d'en découvrir plus sur quelqu'un et de connaître ses moindres secrets. Il s'endormit épuisé mais surtout ivre d'en connaître plus. Il voulait percer à jour cet inconnu.
Le temps court et ne nous attend pas. Il s'envole et personne ne pouvait le rattraper. Sehun marchait entre toutes ces personnes qui couraient pour gagner du temps. Il voyait ces corps se précipiter, ces voix s'élever à cause de l'anxiété. Personne ne prenait le temps de se poser et vivre. Tout le monde courait, mais pourquoi ? Et surtout, qu'est-ce que cela changerait ? L'adolescent s'arrêta nettement, se faisant bousculer et insulter par les silhouettes pressées. Ses yeux percevaient à travers la pénombre un corps qui courrait plus vite que les autres. Sehun l'intercepta lui retenant avec vivacité son poignet. Les regards vous savez, ils sont si beaux, ils expriment tout ce que les mots ne peuvent pas. Ils pleurent. L'inconnu pleurait, ses yeux étaient brouillés de larmes. Il voulait s'échapper mais Sehun le serra plus fort.
- Ne cours pas.
Le temps s'efface mais les souvenirs restent. Ils sont signe que le temps nous a échappé.
- Lâche-moi !
Sa voix était vide, brisée par l'émotion.
- Ne cours pas. Répéta l'adolescent. Tu vas te faire mal.
L'inconnu lâcha prise. Face à Sehun, il se délivra de ses chaînes, il craqua plus fort. Son petit corps vacilla contre celui de l'adolescent. Parfois, tout ce que l'on avait besoin était simple. Une épaule pour pleurer. Une oreille pour écouter. Un cœur pour apaiser. Sehun resta figé, mais ne le repoussa guère. Ils restèrent plantés au milieu de la foule agitée. Ils ne bougeaient pas, ils ne courraient pas. Les deux âmes vivaient le moment. Tout simplement.
- Ça va mieux ?
Sehun avait emmené l'inconnu dans un endroit chaud. Ici, ils pouvaient discuter en toute tranquillité autour d'une boisson chaude. L'autre garçon avait les yeux gonflés et le corps encore tremblant d'émotions. Il se mordillait la lèvre inférieure, nerveusement.
- Je...Je m'appelle LuHan. Prononça-t-il surprenant son vis-à-vis.
- Enchanté LuHan, je m'appelle Sehun. Répondit l'adolescent arborant un sourire chaleureux.
- Enchanté Sehun.
LuHan lui sourit en retour malgré ses blessures. Sehun était heureux de connaître enfin son prénom, merveilleux prénom qui plus est.
- Les murs empêchent d'avancer Sehun.
L'adolescent resta coi. Il écouta simplement l'être mystérieux prononcer ce qu'il avait à dire, sans jamais l'interrompre.
- Un jour, on pense qu'on arrivera à passer au travers mais ce n'est pas aussi simple. Il est impossible d'échapper à ce qui nous retient en otage. Tôt ou tard, on se retrouve piégé et incapable de bouger.
Sehun baissa la tête, sentant l'émotion l'envahir. Il avait l'impression que l'autre décrivait sa vie. Pourtant, ils ne se connaissaient pas. La connexion entre eux était néanmoins, intense.
- Fuir retarde juste le moment où tout s'écroulera de nouveau. Ajouta l'adolescent les larmes aux yeux.
Il en avait conscience. Cependant, il était incapable d'affronter ses problèmes alors il fuyait. LuHan acquiesça. Quelque part, sans savoir comment c'était possible, ils se retrouvaient liés. Ils avaient compris que leurs phrases étaient à double sens, elles représentaient leur vie. Des problèmes peut-être différents, mais des douleurs internes persistantes. Peu de personnes cherchent à comprendre les doubles sens, ils se contentent de ce qu'on leur donne et s'en aillent lorsqu'ils ne vous comprennent plus. Mais qui peut nous comprendre quand l'incompréhension vit en nous ?
- LuHan, je suis désolé.
Peut-être qu'il aurait dû le laisser s'échapper et courir toujours plus loin, jusqu'à être à bout de souffle. On ne peut certainement pas rattraper le temps, mais on peut améliorer le présent pour le futur.
- Tu n'as pas besoin de l'être.
Tout peut changer en un jour. LuHan but en silence son café, pendant que Sehun culpabilisait sans savoir qu'au fond, l'autre était reconnaissant.
- Sehun ?
L'adolescent leva les yeux, tout en se triturant les doigts.
- Merci.
Sehun eût le cœur qui explosa sous sa poitrine.
- P-pour-q-quoi ? Bégaya-t-il.
- De suspendre le temps.
Une larme roula sur la joue de l'adolescent. L'électricité à travers son corps faisait battre son cœur à vive allure. Leurs regards étaient profondément ancrés, personne n'osait bouger. Seules les larmes coulaient et la gratitude les inondait.
Sehun avait le cœur soulagé. L'inconnu avait désormais un nom. LuHan. Lu-Han. Son prénom résonnait si bien à ses oreilles, telle une douce mélodie. Il roula sous sa couverture, les joues rouges et le cœur battant comme s'il venait de parler à l'élu de son cœur pour la première fois. Cette sensation inconnue picotait son estomac, c'était comme si une vague de bonheur l'avait envahi. Il ne pouvait s'empêcher de sourire comme un idiot heureux. Sehun ferma ses paupières s'imaginant un conte de fée auprès de ce beau jeune homme.
La vie de tous les jours était loin d'être un conte de fée. Compliquée était la vie, toujours incertaine et imprévisible. Sehun était heureux aujourd'hui même s'il ne faisait pas très beau, cela n'avait en rien affecté son moral. Lorsqu'il s'était assis sur son banc LuHan était déjà là. Pour la première fois, ils s'étaient salués et souris.
- Tu as l'air heureux aujourd'hui. Articula le jeune LuHan.
Sehun pouvait ressentir sa peine à travers cette simple phrase. Lui n'avait pas l'air d'être radieux, ses yeux étaient sombres.
- Est-ce que ça va ?
LuHan lui sourit tristement.
- Je cherche toujours le sens de bien aller. Je crois que je ne sais plus ce que ça veut dire, ni même si je l'ai déjà su une fois dans ma vie.
Sehun resta muet. Il s'attendait à tout sauf à cette réponse. Pourtant LuHan était calme, presque délivré d'avoir prononcé ces mots.
- Et toi, est-ce que ça va ?
Sehun secoua la tête reprenant ses esprits. Il joua avec ses manches, le regard fuyant.
- Je ne sais plus.
Il y a quelque minute de cela, il aurait dit avec certitude que tout allait bien, maintenant il était dans l'incertitude. LuHan avait comme qui dirait ruiné ce qu'il pensait comme acquis.
- On court après le soleil Sehun. On court et on court en pensant qu'une fois l'avoir atteint on sera heureux. Mais qui dit qu'on le sera réellement une fois trouvé ? Peut-être que la véritable ataraxie se trouve sous une tempête de pluie, après tout, tout est une question de subjectivité. Rien n'est complètement objectif.
Sehun observa avec attention le visage de son vis-à-vis. Chacun de ses mots semblaient posés, tout sortait avec naturel et calme. L'adolescent s'en retrouva presque décontenancé. LuHan paraissait si jeune mais était à contrario si sage. Il se demandait ce qu'il avait vécu pour en arriver à une telle conclusion. Pensait-il trouver la sérénité après un passage douloureux ? Ne l'avait-il pas trouvé ? Que cachait-il ? Le silence plana de nouveau et l'odeur de tabac embrouilla l'esprit actif de Sehun. Il décida de lui aussi fumer et d'accompagner son compagnon. La fumée au-dessus de leur tête se rejoignirent pour ne former plus qu'une avant de s'évaporer. Tout comme les questions.
- Cette question est peut-être ridicule... mais quel âge as-tu LuHan ?
Sehun était anxieux. LuHan était calme.
- 21 ans. Et toi ?
L'adolescent écarquilla les yeux choqué et mais pas tant que ça par l'âge de celui-ci. Pendant un temps, il avait pensé qu'il n'avait que 15 ans mais qu'il était peut-être particulièrement mâture.
- 17. J'ai 17 ans.
LuHan écrasa sa cigarette contre la semelle de sa chaussure. Il se leva ensuite pour la jeter dans la poubelle.
- Nous devrions probablement marcher à la place de courir, lorsque l'on court on ne voit pas assez bien les obstacles qui peuvent être sur nos chemins. En marchant, on prend le temps d'observer et faire attention, on évite de se faire du mal. Déblatéra Sehun.
- Peu importe la manière, il y aura des obstacles quelle soit lente ou rapide. En marchant on peut rêvasser et alors tous les obstacles que l'on voulait éviter deviendront inévitables.
L'adolescent se pinça les lèvres. Il était peut-être trop optimiste ou alors LuHan était trop pessimiste, qui sait ?
La route est longue. Le bout du tunnel avait l'air de n'être qu'un mythe, pour Sehun. Il n'en voyait pas la fin. Plus il avançait plus la lumière paraissait être de plus en plus loin. Il courut jusqu'à son banc, c'était semblable à prendre son envole. Il s'assit sortant son carnet de croquis et dessina ce visage de prince sur le papier, toujours plus précisément.
Aujourd'hui, LuHan était venu plus tard que les jours précédents. Sehun n'avait rien dit mais il avait un mauvais pressentiment. Celui-ci fut fondé lorsque le plus âgé s'assit à ses côtés, la joue rouge et égratignée.
- Lu...
- Qu'est-ce que tu dessines ?
L'adolescent n'arrivait plus à bouger, il ne comprenait pas. Comment pouvait-on abîmer un si beau visage ? Son cœur était serré sous sa poitrine. LuHan s'était emparé de son carnet de croquis et admirait le dessin que le plus jeune avait réalisé pendant son absence.
- Tu as une merveilleuse mémoire visuelle. Dit LuHan avec un faible sourire aux lèvres.
Sehun aurait pu se sentir flatté s'il ne se sentait pas aussi mal. Il voulait secouer LuHan. Comment pouvait-il se comporter ainsi ?
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
L'homme haussa l'un de ses sourcils puis retrouva ses esprits.
- Je peux regarder tes autres dessins ?
Sehun vit rouge. Il s'empara violemment de son carnet qu'il mit avec empressement dans son sac. Il marcha ensuite en direction de la ville ne supportant pas ce comportement. LuHan aimait dire des belles phrases mais il était incapable de dire des choses claires. Il pensait qu'il lui faisait un minimum confiance, même pour lui mentir. Mais il fallait croire que non. Le garçon fut soudainement arrêté dans sa marche par une main tenant son poignet. Il se retourna prêt à vociférer des insultes. Cependant, à la vue des larmes sur les joues du plus âgé, il perdit tous ses moyens.
- Ne pars pas, s'il-te-plaît.
- Pourquoi je devrais faire ça ? Je suis encore libre de mes choix !
Le plus âgé le supplia de rester encore une fois. Mais Sehun n'en avait pas envie. Il ne voulait pas faire d'effort, il était fatigué.
- Dans cet univers j'ai envie d'être heureux Sehun. Mais l'univers fait tout pour m'empêcher de l'être.
- Peut-être que c'est toi qui empêche l'univers de te rendre heureux... Grogna l'adolescent.
Un sanglot brisa le cœur de Sehun. La prise de LuHan s'était resserrée sur son poignet.
- Est-ce que j'ai mérité ça ?
La voix du prince brisé fit frissonner l'adolescent. On se demande si souvent cette question. On se demande sans cesse. Puis, on en vient à la conclusion que oui... alors que non.
- Personne ne mérite de souffrir LuHan...
- Alors pourquoi ?
Sehun prit délicatement le visage de l'autre entre ses mains. Il pleurait tellement que Sehun pleurait aussi.
- Pourquoi je ne cesse de souffrir dans cet univers ?
Les âmes en peines sont nombreuses. Les âmes incomprises. Elles survolent sans trouver d'endroit où se poser. Elles en viennent à penser qu'un autre univers les attends et qu'elles devraient quitter celui dans lequel elles vivent. Si seulement on prenait le temps de se comprendre, si seulement tout n'était pas basé sur un idéal.
Les étoiles brillent pour ceux qui veulent bien les voir. Ils avaient pleuré jusqu'à la tombée de la nuit puis s'étaient séparés sans un mot, parce que les habitudes persistes.
- Moi aussi je veux être heureux dans cet univers. Moi aussi j'ai envie d'y trouver ma place mais j'ai l'impression de ne pas y appartenir. Comme si j'étais un Alien venu sur terre qu'on montre du doigt...
Sur ce banc abîmé par le temps. Deux garçons ne parlaient pas. Ils appréciaient le bruit de la nature bercer leurs pensées. Ce bruit qui fait réfléchir mais qui fait du bien. Celui avec lequel on pense à soit, à tous ce qu'on aurait voulu dire ou faire, à tous qu'on aimerait faire mais qu'on n'ose pas.
Sehun se gratta l'arrière du crâne nerveusement. Il ne savait pas comme s'y prendre, ni même si c'était une bonne idée. Néanmoins, il ne pouvait être sûr de rien tant qu'il n'essayait pas. Il se racla la gorge afin d'attirer l'attention de l'homme à ses côtés.
- LuHan, aimerais-tu qu'on aille se promener demain ?
L'autre garçon sourit. Sehun était adorable.
- Bien-sûr, j'en serai ravi.
Le soleil brille et les sourires apparaissent. La lumière éclatante et la douce chaleur avaient un effet thérapeutique. Ces simples effets redonnaient de la joie. Sehun se sentait léger. Il avait envie de passer une bonne et agréable journée en compagnie de LuHan.
Sehun n'avait que très peu dormi la nuit. Le jeune homme était particulièrement stressé. C'était la première fois que lui et LuHan allaient faire autre chose que s'assoir sans rien dire. Son cœur battait à tout rompre, il avait décidé de faire attention à sa présentation. Il avait choisi des vêtements confortables mais beaux, il avait peigné ses cheveux et même mit un masque hydratant sur sa peau. LuHan méritait de le voir sous son plus beau jour, sans qu'il ne sache pourquoi.
Il marcha avec la tête haute et les épaules droites. Un sourire bête n'arrivait plus à quitter le recoin de ses lèvres. Sehun pouvait affirmer avec certitude qu'il était heureux. Cette nouvelle rencontre avait donné un nouveau tournant à sa vie monotone. LuHan l'attendait déjà sagement sur leur banc. Lorsqu'il aperçut Sehun, il se leva et le salua d'un geste de main. La journée s'annonçait merveilleuse.
L'apparence, elle était le premier avis qu'on donnait de nous aux autres. Parfois, elle était trompeuse. Elle ne représentait pas forcément qui on était vraiment. Pourtant, elle dirigeait beaucoup de choses dans notre monde, aussi triste cela soit-il.
- Est-ce que tu as froid ?
LuHan hocha la tête, les bras croisés contre sa poitrine. Le vent faisait danser les feuilles des arbres dans le jardin dans lequel ils marchaient. Sehun appréciait ce paysage tranquille et reposant. LuHan avait aussi l'air de l'apprécier, depuis le début de leur promenade il n'avait cessé lui aussi de sourire. Mais, lorsque Sehun l'avait vu greloter il en avait conclus qu'il était temps de partir. Les deux garçons partirent à la recherche d'un endroit chaud dans le centre-ville. Ils décidèrent d'entrée dans une supérette. À l'intérieur ils s'achetèrent des boissons chaudes et s'assirent face à la vitre. Sehun souffla sur ses mains congelées et but une gorgée de son chocolat chaud.
- On vit dans un monde où peu observe ce qui les entoure. On ne prend plus le temps de vivre, on s'acharne à survivre.
Sehun écouta LuHan d'une oreille attentive, tandis que l'autre observait les passants à l'extérieur.
- Mais survivre fait souffrir alors que vivre rend joyeux, l'univers est paradoxal.
- L'humain est paradoxal. Ajouta Sehun.
- J'aimerais me réveillé de ce cauchemar constant... Est-il possible de haïr à ce point sa vie mais d'avoir peur d'y échapper ?
- Sortir de sa zone de confort est effrayant, alors on reste au milieu de nos peurs et on attend en espérant que tout disparaîtra... c'est juste impossible. C'est impossible...
Les yeux de LuHan devinrent aussi brillant que des diamants.
- Mon existence me terrorise.
Sehun fronça les sourcils et fit un « O » de surprise avec ses lèvres.
- J'ai peur de vivre.
L'adolescent prit l'une des mains du plus âgé dans la sienne. Il avait décidé d'être brave.
- Tu sais LuHan, quelquefois il suffit de lâcher prise et de se détacher de ce qui nous retient.
- Je n'ai pas envie de m'y raccrocher mais je n'arrive pas à faire autrement. Mon univers est sombre. Si sombre... il ne contient aucune lumière...
- La lumière existe toujours, il suffit de la chercher pour la trouver en dépit de tous les obstacles.
- Je l'ai tant cherché, j'ai tant espéré que je l'ai laissé sombrer.
Sehun serra la main de LuHan plus fortement. L'autre ne pleurait pas. Il s'habituait juste. Il était habitué à tenir sa tête sous l'eau. Sehun l'était aussi. Mais sous l'eau, ils avaient plus de chance de se laisser couler que de se battre pour retrouver la surface et respirer.
La pluie tomba sur le sol, l'averse balaya tout sur son passage. Les deux garçons étaient restés à l'abri devant la supérette. Ils admiraient les grosses gouttes de pluie se déverser sur les voitures et les toits. LuHan tendit sa main dans le vide afin que les perles transparentes s'échouent au creux de sa paume. Petit à petit, d'autres gens se joignirent à eux, pour être protégé de l'averse. LuHan qui était resté calme jusque là nicha son visage contre le torse de Sehun. L'adolescent se figea. Il ne savait pas comment agir. LuHan tremblait contre son torse, apeuré. Les paupières closes il posa son visage sur le haut du crâne du plus âgé et l'entoura de ses bras. Son cœur battait à tout rompre sous sa poitrine, il était sûr que l'autre pouvait l'entendre. Mais à cet instant, ce n'était pas ce qui le préoccupait le plus, LuHan était plus important. Il avait cessé de trembler.
On recherche tous du confort, être confortable avec quelqu'un, se sentir en confiance et à l'aise. Le confort apportait la confiance. A travers son regard, Sehun avait pu constater que LuHan avait une certaine confiance en lui. Il l'avait regardé avec gratitude. L'homme aux yeux de biches était reconnaissant. Lorsqu'il y repensa, Sehun eût les joues tintées de rose, LuHan le faisait trembler. LuHan faisait enfin sortir de l'eau Sehun. Lui aussi était reconnaissant, ils s'apportaient énormément mutuellement. Ils recollaient les morceaux de leurs cœurs vides et abîmés.
Sehun cherchait qui il était.
LuHan voulait simplement respirer.
Les jours passèrent, les faibles conversations, les maigres confessions, tout s'intensifiait. LuHan se livrait petit à petit. Sehun laissait entrer le plus âgé dans son monde, il le dessinait tous les jours de différentes manières. La lumière avait l'air de devenir plus intense au fond des prunelles de LuHan, même s'il ne le remarquait pas, il paraissait un minimum apaisé et heureux. Malheureusement, le bonheur était toujours de courte durée, tel un cycle. Le malheur finissait toujours pas s'immiscer et à arriver jusqu'à ses fins. Rien n'est fait pour durer, tout est fait pour être apprécié. Il fallait apprendre à savourer ces merveilleux moments.
Le ciel gris presque noir était menaçant, mais LuHan courait toujours plus vite, peu importe les obstacles, il courait toujours jusqu'à repérer cette silhouette. Sehun assit sur ce fameux banc. L'adolescent se leva précipitamment lorsque LuHan tomba sur le sol. Il l'aida lentement à se relever, en dépit de ses pleurs incessants. Sehun ferma les yeux quand l'autre le serra dans ses bras. Cela n'annonçait rien de bon...
Les éclairs déchirent le ciel, rien n'allait. Le tonnerre gronda dans la rue sombre et froide. On pense bien trop souvent échapper à tout ce qu'on pensait derrière nous. Puis, un beau jour ce mal venait taper à notre porte pour nous détruire encore plus qu'auparavant. Braver nos peurs n'était pas une tâche aisée, et même si l'envie était là ce n'était pas toujours suffisant. Ces quatre murs persistaient à toutes les intempéries alors on arrivait à la conclusion qu'on devait rester au milieu de tout cela. On se détruisait plus que l'on se faisait du bien.
Sehun tira LuHan jusqu'à sa chambre, il lui retira ses vêtements pour des vêtements chauds. Il essuya ses cheveux trempés et lui servit de quoi boire. L'homme était dans un piteux état. Sehun quant à lui était dans un état second. On n'imagine jamais ce qui pourrait tourmenter notre prochain. On évite de se l'imaginer. Sehun avait toujours imaginé de beaux scénarios à l'intérieur de sa tête. Il avait évité toutes ces mauvaises fins, il vivait d'ailleurs dans son imaginaire pour éviter la dureté de ce monde. Maintenant face au fait accompli, il était terrifié, il ne savait pas comment agir. Son corps tremblait et ses larmes coulaient. Que pouvait-il faire ? Pourquoi avait-il si peur ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ?
Le corps sur son lit était recouvert de tâches comme le bleu du ciel. Les nuages n'existaient pas. Ni même le soleil. Il pleurait et gémissait de douleur, comme s'il était possédé par un être maléfique. Sehun s'accroupit à ses côtés le regard vitreux, impuissant. Il se sentait complètement impuissant. Alors, il fit ce qu'il savait faire de mieux : Attendre. Attendre que le temps passe, la main de LuHan dans la sienne. Le tonnerre et les pleurs en guise de seules distractions.
Combien de temps allait-il encore attendre ? LuHan s'était endormi mais il n'avait pas osé bouger de peur de le réveiller. Il avait si mal au cœur, comme si l'on venait de lui donner un coup de couteau. LuHan était un être fragile qu'il fallait protéger. Dans cet univers terni, il devait lui rendre ces couleurs. Ses larmes coulèrent une énième fois sans s'arrêter dans la pénombre de sa chambre, tombant sur leurs mains liées.
- Tu...tu es la lumière de ton Univers. Tu es l'étoile la plus jolie que j'ai rencontré, je suis désolé... je suis tellement désolé.
La poigne sur sa main se resserra, l'être au visage angélique ouvrit ses paupières.
- Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de briller. Prononça-t-il. Pour la première fois, j'ai l'impression d'être apprécié pour ce que je suis...
Sehun sanglota.
- P-pourquoi c'est-c'est tout bleu ?
LuHan se redressa péniblement, puis posa sa main sur la joue de l'adolescent. Il avait compris.
- Un jour un petit garçon est né dans une famille qui n'était pas encore prête à l'accueillir. Une famille déchirée, qui n'a jamais réussi à recoller les morceaux. Au début, le petit garçon ne comprenait pas pourquoi il ne vivait pas comme toutes ces familles qu'il voyait à l'école. Maman ne lui faisait jamais de câlin et papa n'était pas là. Ce petit garçon a un jour voulu s'avoir pourquoi il ne recevait pas d'amour comme les autres à l'école, et sa maman lui a alors dit qu'il était une erreur, qu'il n'aurait jamais dû vivre... et-et... elle l'a frappé. Elle l'a étranglé presque jusqu'à la mort... Tu sais, le petit garçon était effrayé mais il aimait sa maman. Il aimait sa maman plus que tout... Il a ensuite grandi avec ses grands-parents, parce que les mamans n'étaient pas censées faire du mal à leur enfant. Mais... ses grands-parents ne l'aimaient pas non plus, ils l'ont aussi frappé, ils l'ont réduit à se demander pourquoi il vivait encore. Pourquoi personne ne l'aimait ? Pourquoi tout le monde le rabaissait ? Il était seul. Très seul... Mais, maintenant il n'est plus seul.
- LuHan...
- Maintenant, une personne est avec lui et il aime cette personne. C'est son ami, il pense. Il pense peut-être l'aimer un peu plus. Et ses grands-parents le haïssent toujours parce qu'il n'est pas comme tous les autres garçons, il a peur des autres, il a peur qu'on l'abandonne... Ils disent que le petit garçon est retardé... qu'il ressemble à leur pathétique fille. Ils le détestent... plus que tout au monde...
Sehun pleura et LuHan sourit, soulagé.
- Personne n'avait aimé le petit garçon jusqu'à aujourd'hui. Personne n'avait jamais voulu lui parler mais c'est fini désormais. Le petit garçon est heureux d'avoir cette merveilleuse personne dans son univers.
L'adolescent entrelaça leurs doigts, le cœur remplie de douleur.
- Et toi, quelle est ton histoire ? Quel petit garçon es-tu ?
Sehun sanglota. Il y avait toujours pire situation que la sienne. Leurs situations n'étaient même pas comparables. Mais, la souffrance reste de la souffrance peu importe comment elle se manifeste. Elle détruit à petit feu et semble insurmontable.
- Je suis le petit garçon que personne ne comprend, un peu trop rêveur. Ce petit garçon ne va plus à l'école, il rêve simplement de s'évader. Il déteste ce monde, il n'a pas l'impression d'y appartenir... Il est effrayé par celui-ci et par les gens qui y vivent... alors il vit dans sa tête... Il imagine des tas de choses irréalisables mais qui lui paraissent plus agréable que la vie réelle parce que tu sais, il renonce vite, il s'ennuie facilement dans le monde réel.
LuHan caressa la joue de l'adolescent.
- Rien n'est irréalisable tant qu'on n'essaye pas Sehun. Les rêves sont faits pour être réalisés.
- Je suis effrayé LuHan...
L'Univers est vaste et chacun à sa place à l'intérieur.
- Lâchons prise. Brisons ces chaînes qui nous empêchent d'avancer et tombons dans les étoiles.
Tombons dans les étoiles et ne revenons jamais en arrière.
- Promis ?
- Promis.
Leurs doigts se touchèrent afin de sceller leur promesse, des sourires remplis d'espoirs aux lèvres. Leurs cœurs étaient enfin soulagées.
Les éléments déclencheurs de nos vies nous font grandir. Ils nous apprennent des choses sur nous et sur les autres. Ils nous permettent de mieux comprendre ce qui nous entoure. N'ayez pas peur de grandir, ni de tomber. Il faut apprendre à tomber pour se relever. Peu importe le nombre de fois, ce n'est pas ce qui compte, nous tombons tous. Relevons nous et soyons plus fort, peu importe si nous tombons plus tôt que les autres. Soyons différents et acceptons cela.
Sehun et LuHan allaient grandir en paix désormais. Peu importe les obstacles, ils continueraient de se battre et d'avancer en étant fort. Ils braveraient cette longue route qui mènerait jusqu'aux étoiles. Main dans la main, ils étaient plus forts que tout.
Sur ce banc, ils brillaient dans la nuit, plus fortement que n'importe qui.
Rêvez tant que vous le pouvez.
Vous finirez par trouver qui vous êtes sur cette route étoilée.
⭐
N'hésitez pas commenter ! Merci d'avoir lu ❤️
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