- Où sont Masque de Mort et Aphrodite ? interrogea Shura à peine ses amis avaient-ils repris connaissance.

- Demande à Ayoros, répondit Dohko en se redressant.

Ils regardèrent le chevalier du Sagittaire se relever avec l'aide de son frère. Ayoros regarda autour de lui. Il semblait chercher quelque chose.

- Vous ne pouviez pas ramener Masque de Mort et Aphrodite plutôt que ça ! bougonna Milo, debout à côté du corps du spectre étendu au sol.

- Aphrodite... répéta Ayoros comme s'il sortait d'un affreux cauchemar. Aphrodite ! Shaka, viens avec moi ! Vite !

Le chevalier de la Vierge le suivit sans comprendre ce qui se passait. Leurs amis les regardèrent s'éloigner.

- Moi, non plus, maugréa Aldébaran en s'asseyant en tailleur tout en regardant Dohko, je ne vois l'intérêt d'avoir laissé deux des nôtres pour ramener un ennemi.

- Je ne le vois pas non plus, répondit Dohko. Mais Masque de Mort semblait vraiment tenir.

- Si DeathMask tenait à le ramener, intervint Saga, c'est qu'il avait une raison.

- Ouais, et bien une bonne, j'espère, continua Ayor.

- Pour l'instant, il faut trouver un endroit où s'installer.

Ils ne savaient pas vraiment comment ils étaient revenus dans leur monde, ni même où ils étaient. Pourquoi n'étaient-ils pas revenus à Jamir ? C'était bien de là-bas qu'ils étaient partis pourtant.

Ils trouvèrent une vieille cabane abandonnée, certainement un ancien refuge. Il n'y avait qu'une seule pièce, et de ce fait, un seul lit. Il n'y avait eu aucune hésitation, ils y avaient installé Mô. Dohko releva la couverture sur la poitrine de son ami et à l'aide d'un chiffon mouillé, il lui nettoyait son visage. Mô avait perdu connaissance lors de leur retour, tout comme Rune, que les chevaliers avaient assis par terre, contre un mur, dans un coin de l'unique pièce.

Auprès de Mô, ils avaient également installé Aphrodite. Ayoros et Shaka étaient revenus, quelques jours plus tard, en portant le chevalier des Poissons dans leurs bras. Ils avaient été saisis en apprenant ce qu'il avait fait pour venir les rejoindre : mourir. Et ils comprenaient mieux maintenant la colère d'Aphrodite. Ayoros y avait beaucoup repensé et en effet, à aucun moment Masque de Mort n'avait prévu de ressortir de cet endroit. C'était sans doute pour cela qu'il n'avait pas emmené le chevalier des Poissons. Mais celui-ci en avait décidé autrement et pour les rejoindre il s'était planté deux roses blanches sanguinaires dans le cœur. Il avait dit être déjà venu et il connaissait donc le chemin. Comme le lui avait indiqué DeathMask, ils avaient retrouvé Aphrodite presque mort à Jamir, devant le château de Mô. Et ils étaient arrivés juste au moment où les roses se teintaient entièrement du rouge de son sang. Shaka l'avait soigné mais il n'était pas certain que leur ami s'en sorte. Mô lui aurait sans doute été d'un meilleur secours. Mais celui-ci n'avait toujours pas repris connaissance.

C'est dans un silence de mort que les chevaliers veillaient sur leurs deux amis inconscients.

Aphrodite reprit connaissance le premier. Tout doucement, il ouvrit les yeux sur le visage d'Ayor. Il était assis sur une chaise, les bras croisés sur la poitrine, son regard était vague.

- Où je suis ? demanda faiblement Aphrodite en sortant subitement le chevalier du Lion de ses sinistres pensées.

- Tu reviens enfin à toi ! s'exclama Ayor en s'agenouillant près du lit.

Aussitôt tous les chevaliers se rapprochèrent.

- Vous avez ramenez Mô.

- Il est prêt de toi, répondit Ayor en hochant la tête.

- Je n'aurai jamais pensé atterrir dans le même lit que lui, commenta Aphrodite en tournant son regard de l'autre côté. (Ayor se contenta de sourire). Il va s'en sortir ?

- Aucune idée. Aphrodite, pour DM, je suis...

- Désolé ?

Il regarda Ayoros droit dans les yeux tout en se redressant et son regard se durcit. Ayor voulut le recoucher mais Aphrodite le repoussa.

- J'ai besoin de prendre l'air. J'étouffe ici.

Il se leva. Un léger vertige le fit vaciller mais il reprit rapidement son équilibre. Il se sentait faible, mais son cœur ne semblait pas avoir subi de dommage important. Il posa un regard plein de mépris sur Rune, toujours inconscient et adossé à un mur. Il sortit de la cabane sans un regard pour ses compagnons, sans un mot. Les chevaliers le regardèrent faire. Ayoros voulut le rejoindre mais Saga l'en empêcha. D'un léger signe de tête, il demanda à Shaka d'y aller. Celui-ci acquiesça en silence, même s'il doutait d'être la meilleure personne pour aller lui parler. Il rejoignit Aphrodite qui lui tournait le dos.

- Tu es en colère pour l'instant.

- Oui, je suis en colère ! s'écria Aphrodite en faisant face à Shaka. Comment un chevalier tel qu'Ayoros a-t-il pu l'abandonner ? Même si c'était Masque de Mort ! Il a préféré ramener ce spectre !

- Tu l'aimes.

Aphrodite dévisagea Shaka pendant un instant. Puis, il lui tourna de nouveau le dos.

- Non, dit-il plus calmement. Mais j'aimais ce qu'il me faisait.

Shaka se crispa pendant une seconde en se remémorant la tête d'Ayor lorsqu'ils les avaient rejoints à Jamir. Il avait été bien content à ce moment-là de ne pas avoir été à sa place. Mais maintenant, il ne sentait que la souffrance d'Aphrodite qui ne semblait pas vouloir admettre la nature de ses sentiments. Il tourna subitement la tête dans la direction de la cabane.

- Rune a repris connaissance.

- Très bien, je vais pouvoir le tuer.

Rune se redressait péniblement. Les chevaliers avaient tous un visage fermé. Aucun d'entre eux n'appréciait d'avoir perdu l'un des leurs pour l'avoir sauver lui. Rune se frotta la poitrine. Il sentait comme une oppression près de son cœur, une sensation plus forte que ses autres douleurs. Il regarda autour de lui. Il était dans une petite maison, visiblement. Il avait été assis au sol, adossé contre un mur. Un peu plus loin, Mô était assis sur un vieux lit. Ses mains posées de chaque côté de ses jambes, il gardait la tête baissé. Il refusait obstinément l'aide de ses amis pour le soigner.

- N'insiste pas, leur dit Rune. Tu ne peux pas soigner les blessures infligées là-bas.

Les chevaliers se tournèrent vers lui mais ils n'eurent pas le temps de dire quoique ce soit. La porte de la cabane s'ouvrit à la volée. Aphrodite parcourut l'unique pièce du regard. Il aperçut Mô assit sur le lit et Dohko à ses côtés. Il attrapa Rune par le col avant même que quelqu'un ait le temps de réagir, il le releva et le plaqua contre le mur. Il le coinça en maintenant son avant-bras sur la gorge du spectre et de sa main libre, Aphrodite le menaçait d'une rose noire.

- Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer ! Une seule !

- Je n'en ai pas, souffla Rune.

- Arrête, Aphrodite, intervint Dohko en saisissant son poignet. Ça ne nous plaît pas non plus qu'il soit là ! Moi aussi, j'ai laissé Masque de Mort.

- Laisse, Aphrodite, lui dit Mô. Si quelqu'un doit le tuer, c'est moi. Mais avant, je veux savoir pourquoi j'ai tué trois enfants.

Le chevalier du Bélier n'avait pas relevé la tête.

- Ce n'était qu'un cauchemar.

- J'aurai préféré, Aldé. Mais je l'ai revu lorsque cette ombre a posé sa main sur moi. Si j'avais été jugé pour ça, je ne serais plus là. Alors que s'est-il passé pour que je décide d'envoyer trois enfants dans ce lac...

- Dans le lac ! s'écria subitement Rune en tournant la tête vers Mô. Mais tu es malade, il n'y a rien d'inoffensif dans ce lac !