𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 8
Alors que le lac disparaissait, bientôt, il ne resta que quelques centaines de litres d'eau et, petit à petit, les perles dans les cheveux d'Amour se désintégrèrent. Jimin sentit son cœur se serrer, car bientôt Amour allait s'éteindre.
Vu que le torrent était moins violent, Jimin pu se rapprocher d'Amour. Elle ne pleurait pas, mais sa mine arborait une grande tristesse. Elle enleva la veste en laine qu'elle portait, et enveloppa l'enfant dans les bras de son amant. Amour regarda vers le ciel, vers la lune qui se cachait, vers la lune qui l'appelait. Elle allait disparaître, elle le sentait dans son être. Sa chair commençait à se disloquer de l'intérieur.
Le cœur de Jimin battait inexplicablement vite, bientôt des tremblements parcoururent ses jambes. De peur qu'il ne fasse tomber l'enfant enveloppé dans son pull en laine, il le posa en sécurité près de l'arbre.
Amour se rapprocha de Jimin qui prit son visage dans le creux de ses paumes. Elle l'embrassa fougueusement, cherchant à transmettre à travers ce baiser, tout ce qu'elle ne pouvait lui dire.
Dans la poitrine de Jimin, un torrent naquit, et son cœur s'emballa tandis que la peau d'Amour perdait peu à peu de sa couleur, pâlissant à vue d'œil. Amour prit la main de Jimin dans la sienne, et lui dit :
- Il est temps de se dire adieu.
Jimin resta silencieux, sa gorge s'étouffait.
- Quelque chose ne va pas, dit-il inquiet. J'ai anormalement mal.
Sur son visage Amour y lut l'inquiétude d'un tourment naissant.
- Jimin, qu'est-ce qu'il y a ?
Le jeune homme ne put tenir sur ses genoux, car ses spasmes s'intensifièrent de façon exponentielle. Il suffoquait, tremblait, et son corps entier était pris de douleur.
- Jimin ! s'écria Amour.
Comme une révélation, les deux amants virent l'un dans les yeux de l'autre, la réponse à ce qui arrivait à Jimin. Les mots prononcés tantôt, raisonnèrent lourd de sens : « Vous ne pouvez pas nous aimer, sous peine que votre cœur s'arrête ».
Jimin était tombé amoureux d'Amour. Et son cœur à présent, battait de ses dernières pulsations.
- Non, non, non...Tu ne peux pas. Jimin, tu ne peux pas m'aimer. Non !
Des larmes abondantes coulaient des yeux de Jimin.
- Je suis désolé. Je suis vraiment désolé, dit-il en pleurant.
- Ça va aller mon amour, ça va aller. Je suis là près de toi, d'accord ?
Amour recroquevilla le visage de son amoureux dans le creux de ses bras. Un cri perçant s'échappa des entrailles de son corps, qui continuait d'être aspiré par l'arbre. Elle savait qu'il était en train de perdre la vie. Alors s'il devait la perdre, autant qu'Amour lui révèle sa vraie nature avant de partir.
- Am...Am...Tu...Ton visage ?
Amour vit dans le reflet de l'eau, la forme de son visage changer. Elle reprenait sa forme originelle, celle qu'elle avait auprès du peuple de la Lune. La longueur de ses cheveux diminua, et la forme de son visage adopta une structure plus masculine.
Couché sur le sol humide, la chaleur de vie quittait l'homme aux cheveux d'argent, et sa peau devint blême.
Cependant, Jimin ne pensait plus à sa douleur car devant lui, se dressait la plus belle créature qu'il eût jamais contemplée. Ses yeux de biche avaient gardé la douceur d'un bouton de rose, et ses fines lèvres arboraient un vermillon éclatant. Il était d'une beauté époustouflante.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. « Vous ne pouvez pas nous voir sous notre forme originelle, sous peine de perdre la vue ». Les pupilles grises de Jimin devinrent noires, et accueillirent à cet instant-là, la plus sombre des nuits. Il ne voyait plus rien.
- Dis-moi...Dis-moi ton vrai nom...
Jimin puisa dans les dernières forces qui lui restait, pour articuler cette question cruciale. Quitte à tout perdre, il aspirait à percer le voile qui dissimulait la véritable identité de la personne qu'il aimait tant. Un souffle chaud effleura son lobe, et dans un murmure, un prénom se fit entendre : Jungkook.
Sur son front, un baiser fut déposé et bientôt, les douces mains qui enveloppaient sa tête d'amour, se désintégrèrent. L'être à ses côtés avait disparu, et avait emporté avec lui, les battements du cœur de Jimin.
Cette nuit-là, sous l'aura d'une lune absente, l'arbre de vie d'Art, tantôt un arbre nourricier qui s'élevait jusqu'au ciel, ne le rejoignit pas et il devint un arbre à fleurs. Car oui, ce qu'Amour avait délibérément caché à Jimin, était la malédiction qui pesait pour ceux du Monde-du-Haut qui osaient s'aventurer au Monde-du-Bas. La malédiction était que les habitants du Monde-du-Haut étaient condamnés à ne jamais retourner au ciel, et étaient voués à s'éteindre dans le Monde-du-Bas. C'est pour cette raison qu'aucun être du peuple de la Lune n'osait descendre, car cela voulait sceller son propre destin funeste.
Et pourtant, malgré tous les interdits et les dangers, Amour avait bravé ces prohibitions pour rencontrer Jimin.
Alors que les pleurs d'un enfant solitaire s'intensifiaient, l'arbre de vie de Jimin déploya sa magie, donnant naissance à une prairie de fleurs qui réconfortèrent l'enfant. Les délicates tiges des plantes à fleurs s'enroulèrent autour de lui, et formèrent un berceau de douceur.
Toutefois, l'enfant sembla soudain gêné, suffoquant légèrement. Une toux discrète fit jaillir de sa bouche une minuscule graine, qui fut immédiatement absorbée par la terre nourricière. En quelques instants à peine, une petite plante émergea ; symbole de la transformation magique opérée par la terre qui avait vu naître l'arbre de vie de son géniteur.
Couvé par les pétales de la terre, et par la couverture d'une nébuleuse d'Amour au ciel, l'enfant dormi paisiblement en attendant d'être recueilli par une famille aimante. A cet instant, Sur son dos pâle des marques apparurent, des marques qui dessinaient des phases de lune.
Il était une fin, la fin d'une histoire d'amour, mais le commencement de l'histoire d'une nouvelle vie.
𝕱𝖎𝖓.
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