𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 5
Quand ses paupières endolories par la fatigue s'ouvrirent, la première chose que Jimin vit dans le ciel était l'ombre noire qui tachait la lune descendante. La nuit d'une lune gibbeuse décroissante était arrivée. Jimin s'accoutuma de l'obscurité ambiante et découvrit qu'il était seul dans son lit. Ses souvenirs de la nuit précédente lui revinrent telle une foudre.
« Amour ? ».
Elle n'était pas à ses côtés.
Il recouvrit le bas de ses reins de ses draps, et prit d'une panique naissante, commença à chercher dans toute sa maison sans aucun signe d'elle. Avait-il rêvé ?
Et c'est dans un ultime sursaut, qu'il aperçut une silhouette familière à travers les vitres de sa baie vitrée. Il prit le temps de correctement s'habiller, et enfila par-dessus sa chemise transparente, un pull en laine blanc.
Elle était assise là. Silencieuse. Habillée de la chemise de nuit du jeune homme, ses jambes nues étaient croisées sur la terre sèche et herbacée du jardin.
Elle admirait la lune. Était-elle nostalgique ? Voulait-elle retourner de là où elle venait ? Avait-elle éprouvé un désagrément, suite à leur acte charnel de la veille ?
S'attendant à ne pas la troubler, Jimin se rapprocha d'Amour à pas de chats. Cependant, elle était perspicace, elle l'entendit arriver et avant qu'il ne s'asseye près d'elle, elle lui dit :
- C'est la première fois que je la vois ainsi, comme si elle me toisait de haut.
- Tu parles de la lune...Est-ce que ta maison te manque ?
Elle ne répondit pas.
- Je...Je voulais te demander si...si tu voulais par hasard...
- Sois clair Jimin. Je t'écoute, ne prend pas de pincettes.
- Veux-tu t'en aller ?
- M'en aller ? Pourquoi ?
- Peut-être que ton chez toi te manque ? Que la distance lointaine avec la lune te pèse ? Peut-être que...Je suis désolé si la nuit dernière, malgré moi, je t'ai fait du mal.
- La nuit dernière a été la plus belle de toute ma vie. Je t'en remercie. N'en rajoute pas plus, tu en déjà bien fait.
Elle se rapprocha de lui, et mit sa tête contre son épaule d'homme. La joue de Jimin se posa sur les soyeux cheveux d'Amour, et ses lèvres pulpeuses y déposèrent un baiser furtif en signe d'affection.
- Dites-moi Princesse, que voulez-vous faire pour votre deuxième nuit ?
- Je peux demander tout ce que je veux ? questionna-t-elle d'un immense sourire.
- Tout ce que tu veux !
- Je veux aller me promener dans un jardin.
- Un jardin ?
- Oui, un immense jardin fait de fleurs à perte de vue. Je veux que ma peau caresse les pétales. Je veux sentir la douceur du parfum des fleurs embaumer mes cheveux.
- Pourquoi un jardin ?
- Nous, le peuple de la Lune, nous n'avons pas de fleurs sur notre territoire. Certes, nous avons vos arbres qui viennent jusqu'à nous, mais les arbres à fleurs ne sont pas comme les arbres nourriciers, ils n'atteignent pas les hauteurs du ciel. J'ai toujours rêvé de toucher une fleur dans mes mains. De savoir ce que ça fait d'avoir un pétale dans sa paume.
Le cœur de Jimin se tordit suite à la découverte de cette vérité.
Enfant, il avait toujours idéalisé le peuple de la Lune. Il pensait que ce monde-là était doté d'énormes privilèges, choyé des cieux, et près de la lune qui était la Reine-Mère de cet univers. Ils étaient ses plus proches serviteurs et donc, les plus chanceux ; mais petit à petit, il réalisait que le ciel n'était peut-être qu'un lieu de désolation. Finalement, il avait de la chance d'être né dans les entrailles du peuple de la Terre.
Jimin et Amour entamèrent leur marche à travers les étendues verdoyantes du Monde-du-Bas. Jimin vivait dans une contrée reculée, où les habitants vivaient isolés, les uns éloignés des autres. Les maisonnées étaient certes loin, mais formaient un cercle autour d'un noyau de verdure. Dans cette serre à ciel ouvert, il y avait une large étendue d'une prairie de fleurs.
Vu que dans cet univers le soleil n'existait pas, les fleurs n'arboraient pas les mêmes couleurs que celles qu'on pourrait retrouver sur notre planète Terre. Cette prairie était composée d'une fleur unique qui s'appropriait du phénotype de la fleur de colza ; sauf que le jaune soleil de celle-ci, était remplacé par un blanc éthéré. Les fleurs se nourrissant de la lumière de la lune, elles arboraient sa parure.
Quand l'étendue de la prairie se découvrit sous ses yeux, Amour laissa la main de Jimin pour se noyer dans la sérénité ambiante. Elle valsait de façon insouciante à travers les allées à peine visibles, se laissant absorber corps et âme par la verdure. Jimin la surveillait attentivement, puis un moment d'inattention lui fit perdre Amour de vue.
Il la chercha, poussant avec délicatesse puis avec colère, les fleurs sur son chemin.
- Amour, Amour, où es-tu ? Amour ! Amour ! Réponds-moi !
Mais aucune réponse ne lui vint. Son âme en peine, il attendit, il cria, il attendit puis cria à nouveau son nom sans qu'elle ne se manifeste. L'étendue était immense, s'était-elle perdue ? Comment allait-il la retrouver ?
Son corps, submergé d'une inquiétude insupportable s'écroula, portant sur ses genoux tout le poids du regret d'avoir été aussi imprudent.
Soudain, des bras se nouèrent autour de ses épaules. Il ressentit le contact qui lui avait tant manqué. Il se retourna, et vit le visage enjoué d'Amour lui tendant une fleur de lune.
Voyant dans les yeux de son amant des larmes se former, son sourire s'effaça.
- Qu'est-ce que tu as ?
Sa bouche, asséchée par la délivrance de l'avoir retrouvée, ne put aligner correctement une phrase. Il se contenta de la prendre dans ses bras, et de la serrer fort contre son cœur. Amour ne comprenait pas le comportement de Jimin. Pourquoi était-il aussi bouleversé ?
Elle encapsula son visage dans ses paumes, essuyant ses larmes et essaya d'aspirer la détresse de son amant par un baiser. Il se laissa consumer en cette étreinte qui apaisa son tourment. Elle avait une aura de sérénité instantanée, chaque geste d'affection qu'elle avait à son égard, le délivrait de cette sensation d'étouffement qu'il avait emprisonnée dans son être depuis des années. Leurs lèvres dansaient la valse d'une passion amoureuse, dont les seuls témoins cette nuit-là, étaient les anonymes fleurs d'argent.
Le temps lui, continuait de filer et d'assombrir de plus en plus la lune, dont le dernier quartier trônait dans le ciel. Alors que la dernière nuit se profila, Jimin avait imaginé qu'il se passerait des choses qui allaient surement bouleverser sa vie, mais il n'avait pas imaginé ce rebondissement-là. Quand il se releva de son sommeil, qui fut aussi réparateur que celui de la veille, il retrouva Amour recroquevillée sur elle-même.
- Non ! Ne t'approche pas de moi.
- Qu'est-ce qui t'arrives ? demanda-t-il en tentant de la toucher.
- Je te dis de t'écarter Jimin !
- Explique-moi ?
Elle ne dit rien, et se contenta de sangloter.
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