𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 3
- Merci, dit-elle d'une voix avec une tonalité suave.
Dans le cœur de Jimin, un tremblement se fit ressentir et les battements de sa poitrine devinrent frénétiques voire incontrôlables. Il était envouté par cet être.
Qui était-elle ? Était-elle née de son arbre ?
- Qui...Qui es-tu ?
Elle fit une moue si mignonne que celle-ci sublima ses joues qui ressemblaient à de juteuses pêches à croquer.
- Ne le sais-tu pas ? répondit-elle d'un sourire taquin.
« Non », fît-il d'un hochement de la tête.
- Je suis l'être que tu as accepté de voir. Je suis un habitant du peuple de la Lune. C'est moi qui, depuis là-haut me nourrit des fruits de ton arbre de vie. Ne voulais-tu pas me voir ?
- Je...vous êtes si différents de nous. Vous avez les cheveux et les yeux intrigants, si sombres. Ils sont noirs.
- Oh non. En réalité, je ne ressemble pas vraiment à l'image que tu vois en ce moment.
- Comment ça ?
- A vrai dire, je ne peux pas me montrer sous ma forme réelle. Je me suis inspirée de ton croquis, mais si tu préfères, je peux prendre une autre forme. Je peux avoir une taille plus fille, des hanches plus imposantes, des seins plus gros, une mâchoire plus sensuelle...
Tandis qu'elle énumérait ces changements, son corps se métamorphosait en conséquence devant un Jimin à la fois apeuré et ébahi. Et lorsque la poitrine de la jeune femme, devenue énorme, se colla contre son torse, le blondinet émit un holà :
- Wo- wo- wo-, stop ! Reste-t-elle qu'elle que tu étais, c'était très bien.
Ayant repris sa première forme, l'intrigante créature demanda alors à son interlocuteur de lui donner un nom.
- Tu n'as pas de nom toi ? répliqua Jimin.
- Si.
- Alors garde ton nom. Pourquoi veux-tu que je t'en donne un ?
- Mon nom sera imprononçable pour la langue des Hommes du Monde-du-Bas. Vous ne pouvez pas nous voir sous notre forme originelle, sous peine de perdre la vue, ni nous entendre avec notre vraie voix, sans y sacrifier votre ouïe. Vous ne pouvez pas non plus parler notre langue, car elle ne serait que du charabia pour votre conscience, et enfin, vous ne pouvez ni nous..., la voix de la brunette s'étrangla.
- Nous ne pouvons pas, quoi ?
- Vous ne pouvez pas nous aimer, sous peine que votre cœur s'arrête.
La révélation de cette dernière règle apporta un froid entre les deux êtres. Jimin se demanda alors ce qu'il devait faire avec cette étrangère. N'était-elle pas annonciatrice de mauvaise augure ? Cependant, quand il croisa à nouveau les noires prunelles qui soutenaient son doux regard féminin, cela attendrit son cœur d'homme.
Elle était là, seule dans ce monde qu'elle ne connaissait pas. Une certaine fragilité s'émanait de son être. En l'observant à nouveau, Jimin prit conscience qu'elle était celle qu'il avait toujours voulu connaitre, celle qui était liée à lui dans le ciel qu'il observait depuis tout petit.
- Pourquoi es-tu là ?
- Je voulais te rencontrer. J'entendais ton désir depuis les racines des arbres qui me transmettaient tes pensées. Je voulais découvrir ton monde. Te découvrir, toi.
- Viens, dit-il lui tendant la main. Je vais te faire visiter mon monde.
La jeune femme ne se fit pas attendre, et c'est d'un sourire aussi radieux que les éclats de la lune, qu'elle attrapa la main de Jimin d'une chaleur incommensurable pour la serrer dans la sienne. Ils traversèrent la mare d'eau tant bien que mal, et une fois sur les berges, les cheveux luisants de la jeune femme s'étaient parsemés de perles. L'eau, quand elle se déposait sur ses fines mèches de cheveux se transformait en perles nacrées d'une beauté éblouissante. Jimin osa s'approcher d'elle pour les lui enlever. Elle attrapa délicatement sa main stoppant son geste, et lui susurra à l'oreille :
- Laisse-les. Ses perles d'eau sont chargées de la lumière de la lune. Elles me protégeront quand je serais ici, jusqu'à ce que vienne l'heure de mon départ.
- Tu dois repartir ? Quand ça ?
- Je devrais reprendre ma forme originelle quand un nouveau cycle de lune aura lieu. Et le cycle commence lors de la nuit de nouvelle lune, soit une nuit sans lune. Dans l'obscurité, je disparaîtrai, et enfin je retournerai là d'où je viens.
- La nuit de nouvelle lune...mais...c'est dans trois lunes.
- Oui.
- C'est très rapide.
- Pourtant c'est très long, trois lunes. Tellement de choses peuvent se passer en trois lunes.
- Du coup, je ne sais pas quoi te faire découvrir en si peu de temps, répondit Jimin un peu interloqué. Que voudrais-tu ?
- Je veux un nom.
- Un nom ?
- Tu m'as donné une forme, je voudrais maintenant le nom qui va avec.
Alors qu'ils prenaient le chemin de sa maisonnée, Jimin pensa à plusieurs noms qu'il lui proposa.
- Séléné ?
- Non.
- Luna.
- Trop basique.
- Diane.
- Tu le fais exprès ?
- Quoi ?
- Tu sais comment je m'appelle.
Jimin comprit aussitôt ce à quoi elle faisait allusion. La forme que Jimin avait dessinée, et dont elle avait reproduit la carrure ; ce dessin portait un nom. Un nom qu'il n'osa pas prononcer tant ses joues s'empourprèrent d'un rose vif.
- Dis-le Jimin.
- Non.
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas un nom qu'on donne à une personne.
- Tu es bien Art.
- Ce n'est pas pareil.
- Qu'est-ce qui est différent ?
Elle l'embêtait avec ses questionnements et au fond de lui, Jimin ne pouvait rien dire pour contrer ces questions qui étaient toutefois bien légitimes.
- Je ne peux pas t'appeler comme ça.
- Pourtant, c'est le nom que tu as donné à celle que je suis sur ton dessin.
Le chemin les avait menés jusqu'à la porte de là où vivait Jimin. Ce dernier ouvrit la porte, mais alors qu'il tenait la main de la jeune brune, celle-ci refusa d'entrer et lâcha la paume du blondinet.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Viens, entre.
- Je n'entrerai pas jusqu'à ce que tu ne m'appelles par le prénom que tu m'as donné.
- Tu fais des caprices d'enfant. Arrête, voyons !
- Non.
- Mais ! Je ne sais pas comment est-ce que vous grandissez dans votre monde mais toi, c'est sûr que tu es une enfant.
- Pas du tout.
- Ah bon ? Et à quoi dois-je me fier ? Aux mots d'une gamine qui fait des caprices ? dit-il en la taquinant.
- Figure-toi que je n'ai que deux années de moins que toi, répondit-elle en abordant un ton plus grave. Lorsqu'une graine de vie est plantée du Monde-du-Bas, elle va comme tu le sais, s'ériger vers le ciel. Le temps de ce processus est aléatoire d'une graine à une autre. Les branchages de ton arbre de vie ont mis deux ans à atteindre le ciel, et c'est quand elles ont percé l'écume de mon nuage de vie que je suis née au lointain. Mon essence de vie a commencé à se nourrir de tes fruits, et c'est comme ça que depuis, je vis en symbiose avec cet arbre qui nous lie. Et c'est le cas pour chaque être du peuple de la Lune. Donc non, je ne suis pas une enfant, nos âges ne sont séparés que de deux années, dit-elle d'une mine boudeuse mais qui fit fondre le cœur de Jimin qui osa prononcer :
- Amour. Tu t'appelles Amour. Viens, lui proposa-t-il en lui tendant la main à nouveau.
C'est à l'écoute de ce seul et unique mot, que les lèvres de la jeune femme s'étirèrent en un affectueux sourire qui fit jalouser la lune d'avoir laissé au Monde-du-Bas son plus précieux enfant, et ce, même le temps d'un instant. Ses yeux empreints de tendresse, se plissèrent et accompagnèrent le geste de sa main qui fusionna avec celle de Jimin.
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