𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 1
𝕴𝖓𝖉𝖎𝖑𝖆 – 𝕸𝖎𝖓𝖎 𝖂𝖔𝖗𝖑𝖉
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https://youtu.be/suRElMxSzMU
𝕮'est dans un royaume bien éloigné du nôtre, et qui n'avait pas de nom que se déroule notre histoire. Dans ce bout d'univers, il n'y avait pas de soleil éclaboussant la terre de rayons de vie, et pourtant, cela ne faisait pas de ce monde, un monde plus malheureux qu'un autre. Pour les habitants de cette planète, leur astre nourricier prenait la forme majestueuse d'une gigantesque lune.
Les habitants avaient des cheveux couleur argent, leur peau reflétait la pâleur de l'écume, leurs prunelles étaient grises et d'une beauté exquise. Chaque être qui vivait-là, était la personnification d'une entité exprimant le vivant. Il y avait Ardeur, Architecte, Souffle, Pluie, Pleur, Mémoire et leurs compatriotes ; qui ensemble, formaient une unique communauté. Parmi ces êtres, il y avait aussi un être d'exception : Art.
Art répondait à l'attendrissant prénom de Jimin.
Art était d'une grâce divine, ses membres lorsqu'ils se mouvaient, possédaient la délicatesse d'un cygne glissant sur une eau pétillante.
Art vivait donc là, dans le monde qu'on appelait « Le Monde-du-Bas » ou « peuple de la Terre ». Au-dessus de sa petite bouille, vivait « Le Monde-du-Haut » ou « peuple de la Lune », celui qui s'occupait de l'astre céleste qui leur graciait la lumière nourricière faisant vivre son monde. Les deux mondes ne se côtoyaient pas, mais ils vivaient en symbiose. Dépendants l'un de l'autre ; ne pouvant vivre l'un sans l'autre.
Le Monde-du-Bas, fertile d'une terre abondante, faisait grandir de hauts et majestueux arbres, dont les racines se hissaient jusqu'au peuple de la Lune. Une grande partie de ses arbres étaient des arbres nourriciers, et avaient pour but de les sustenter.
Quand un être du Monde-du-Bas naissait, il y avait dans le creux de sa bouche de nouveau-né une graine ; une graine qui aussitôt plantée donnait naissance à un arbre sacré. Cet arbre nourricier, ensuite s'élevait vers le ciel. En s'élevant, il devenait l'unique moyen de subsistance d'une famille du Monde-du-Haut.
L'arbre d'Art, avait la particularité d'avoir des fruits de couleur arc-en-ciel. Les fruits, qui étaient d'une grande beauté, parsemaient toute l'écorce du bois de l'arbre jusqu'à s'élever à travers les nuages.
Quand les sombres cumulus du firmament se dégageaient pour montrer la nudité pâle de la lune, Art s'allongeait près du tronc de son arbre, s'interrogeant sur l'identité de la personne qui, là-haut, profitait des fruits de ses entrailles.
Sa planche de dessin à la main, il griffonnait des visages, des courbes de corps, s'imaginant à quoi pouvaient ressembler les mystérieux habitants du peuple de la Lune.
Cette nuit-là, était une nuit sans lune, une nuit de nouvelle lune. Tandis qu'Art se reposait, accosté sur son arbre de vie, une brise étrange caressa délicatement ses cheveux argentés, comme pour le saluer. Ensuite, une mélodie à peine audible raisonna dans ses tympans, semblable à un murmure. Les notes délicates provoquèrent la chute des feuilles de l'arbre, qui se déposèrent avec grâce sur l'épaule d'Art.
Une, deux, trois, puis dix feuilles se suivirent dans cette cascade qui bientôt, adopta un rythme infernal. Tel le tourbillon d'un vent cyclonique, les feuilles enveloppèrent Art.
Dans ce tumulte, le murmure prit forme en une voix :
« Et si ton Art prenait vie ? » lui demanda cette voix. « Le souhaiterais-tu ? Voir ce qu'il y à là-haut ? ».
Art ne comprenait pas ce qu'il se passait, et une peur naissante cristallisa son être. Elle rendit sa respiration suffocante, son cœur palpita et ses muscles se raidirent. Les feuilles se muèrent ensuite en la forme d'un premier croissant de lune. Instinctivement, Jimin voulut approcher sa main vers cette forme incongrue, mais à peine son petit doigt toucha la structure végétale, qu'elle s'effrita et s'évanouit dans le vent.
Le lendemain, au pic d'une nuit silencieuse, Art se rendit à nouveau là où logeait son arbre de naissance. A l'épicentre d'un ciel dégagé, un premier quartier de lune se découvrit, habillé d'un manteau noir de velours. Il se dit que s'il faisait les mêmes gestes que la veille, le phénomène avec les feuilles se reproduirait. Et ce fut le cas, car le vent naquit et fit à nouveau tomber les jeunes pousses de feuilles qui formèrent cette fois-ci, la forme d'une lune gibbeuse croissante. La même question fut réitérée par un doux murmure :
« Et si ton Art prenait vie ? ». « Le souhaiterais-tu ? Voir ce qu'il y à là-haut ? ».
Jimin eut à nouveau de l'appréhension à répondre à cette question. Il voulait intérieurement répondre par l'affirmative, mais qu'arriverait-il s'il disait oui, et qu'il découvrait que le peuple de la Lune n'était pas à la hauteur de son imaginaire ? Ne valait-il pas que ce mystère demeure éternel pour que les deux mondes ne soient pas rompus par l'équilibre qui les liaient depuis des siècles ? Jimin, à nouveau comme la veille, ne répondit pas, et l'amas de feuilles se dispersa, laissant le jeune homme dans un profond regret.
Les heures passant, la nuit se prolongeant, Jimin repensait à ces deux questions. Au fond, qu'avait-il à perdre ?
A l'aube de la troisième nuit, tout se passa comme les nuits précédentes. Le feuillage qui suivait les phases de lune, dessina cette fois-ci, la forme d'une pleine lune, et reposa pour la énième fois les questions suivantes :
« Et si ton Art prenait vie ? ». « Le souhaiterais-tu ? Voir ce qu'il y à là-haut ? ».
« Oui » répondit le garçon aux cheveux d'argent.
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