𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕𝐈𝐈𝐈
Précédemment: Sora est née le même jour que Satoru et a hérité des deux pouvoirs de son clan, les Noroi. Cependant, posséder le Troisième Œil et le Néant semblent bien plus une malédiction. En effet, lorsque ses pouvoirs se sont réveillés, sa famille en est morte à l'exception de sa tante qui l'a prise en charge. Alors qu'elle décide d'abandonner la vie après le décès de sa tante, Satoru croise son chemin, il lui propose de devenir exorciste. Or, la jeune femme a une condamnation à mort au-dessus de la tête du fait de la dangerosité de ses pouvoirs. Satoru négocie auprès des grands pontes et obtient un marché: elle doit devenir une exorciste efficace pour rester en vie. Elle passe deux semaines dans la maison de Satoru qui l'entraine à utiliser son Néant pour éviter de désintégrer quiconque la touche. Puis, il l'emmène au lycée (elle devient élève malgré ses 28 ans puisqu'elle n'a aucune expérience de l'exorcisme) et il part deux jours en mission à l'étranger. Elle se retrouve de nouveau désorientée, fait la connaissance des secondes et copine avec Shoko. C'est alors que Yuji Itadori vit une expérience de mort imminente. Peu savent qu'il est toujours en vie, Sora en fait partie. Satoru est revenu de mission en étranger suite à la presque mort de Yuji et emmène Sora rencontrer ses élèves de Première après un entretien avec Yaga qui rend son statut d'étudiante officiel.
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Rencontrer les élèves de Première a été délicat, non parce que l'un d'entre eux est un panda ou qu'un autre ne s'exprime qu'en termes alimentaires, mais plutôt dû à leur air désolé. Les trois adolescents venaient en effet d'apprendre le décès d'un Seconde, bien qu'ils ne l'aient jamais croisé.
Faire semblant. Sora n'avait pas réalisé à quel point cela allait être difficile. Et ça le serait d'autant plus auprès de Megumi et Nobara.
Elle n'écoute que d'une oreille Satoru qui lui donne ses impressions sur les élèves qu'elle a rencontrés à l'instant. Cependant, elle ne manque pas ce ton de fierté lorsqu'il énumère leurs points forts.
La tête de la jeune femme est soudain agrippée et tournée vers l'exorciste qui l'observe avec amusement.
— Je t'ai posé une question, tu m'écoutes ?
Elle sursaute et reprend ses esprits.
— Oh désolée... Je pensais juste à comment j'allais réussir à mentir à Megumi et Nobara.
— Mh... Tu t'entends bien avec eux?
— Ils sont gentils, acquiesce-t-elle.
Satoru hoche la tête en réponse, satisfait.
— D'ailleurs je voulais te demander... Le garçon sur la photo chez toi, c'est Megumi, non ? s'enquiert-elle.
— C'est Megumi.
Elle s'arrête de marcher, le regardant curieusement.
— Il fait partie de ta famille ?
— Je l'ai acheté à son clan y a quelques années. C'est moi qui l'ai fait devenir exorciste.
— Acheté ?
Puisqu'il n'a pas l'air de vouloir élaborer, elle lui pose une nouvelle question.
— Et la fille ?
— Tsumiki, sa sœur.
— Elle est où ?
Il pose son index sur le front de Sora.
— T'es bien curieuse. Elle est à l'hôpital. Elle est tombée dans le coma suite à une malédiction.
— Elle va se réveiller un jour ?
— J'en sais rien.
Il semble presque las dans sa réponse. Comme s'il avait accepté l'idée qu'il soit complètement impuissant.
— Je croyais que t'étais le plus fort ?
Elle ne peut le voir avec son bandeau, mais il la fusille du regard un instant avant de lâcher un soupir amusé.
— Être le plus fort ne veut pas dire qu'on peut sauver tout le monde.
Il ne le sait que trop bien...
— Assez bavardé maintenant, c'est l'heure de l'entraînement. Montre-moi tes progrès.
Elle n'insiste pas et prend place dans un coin de la zone d'entraînement.
— C'est surtout mon Néant que j'ai essayé d'améliorer. J'ai pas fait tant de progrès, le prévient-elle.
D'un geste de la main, il lui indique de commencer.
Sora inspire une grosse goulée d'air et active ce film invisible de Néant tout autour de son corps. Malgré le Sixième Œil, Satoru ne le voit pas, c'est le principe du Néant. Et la présence occulte même de Sora disparaît. Ça, c'est une première. Il lève un sourcil, surpris, et un brin fier des progrès de la jeune femme.
— Tu n'as pas fait tant de progrès, hein ? C'est de la fausse modestie ou un manque de confiance en toi ?
Elle lève les yeux vers lui un peu embarrassée, or, son cœur ne peut s'empêcher de gonfler d'une certaine once de fierté.
— Tu arrives à toucher les gens ou ça te rend toujours aussi mal à l'aise ?
— J'ai toujours aussi peur de blesser quelqu'un...
Activant son Infini pour contrecarrer le Néant, il lui ébouriffe les cheveux.
— Je vais trouver un truc à ce propos. Maintenant, j'aimerais que tu travailles un sort d'attaque avec le Néant.
— Et comment je fais ça ?
— Le problème avec ton clan c'est qu'il n'y a aucune trace de lui nulle part, généralement on se transmet la connaissance des techniques génération par génération. Alors on va de nouveau s'inspirer de mon Infini. Tu pourrais essayer de créer une boule de Néant qui annihilerait tout ce par quoi elle passe.
— Tu crois vraiment que c'est possible ?
Une légère pichenette sur son front la fait grimacer.
— Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Croire en soi, c'est le plus important. Allez au boulot, on en profitera pour t'entraîner au corps à corps.
∞
1 mois plus tard
Le mois de Juillet s'est très vite terminé pour laisser place à Août. Yuji est toujours officiellement décédé. Megumi et Nobara semblent aller mieux même si la perte de leur camarade les a plus touchés qu'ils ne l'auraient cru.
Sora n'a eu cesse de s'entraîner, assimilant les bases des arts martiaux, qu'elle maîtrise dorénavant plus ou moins. Satoru s'absente souvent, la laissant seule avec les élèves de première et de seconde.
Lorsqu'il n'est pas là, Maki s'occupe de lui apprendre le corps à corps. L'adolescente est d'une force et précision incommensurable qui semblent inateignables pour la brune.
Lorsqu'il est là en revanche, c'est le Néant dont il est question. Comme aujourd'hui.
Le visage froncé par la concentration, une masse d'énergie occulte d'un violet foncé intense tirant sur le noir se crée dans le creux de sa paume. Mais à l'image de leurs séances précédentes, elle disparaît au bout de quelques secondes. Sora est incapable de la lancer. Elle soupire de frustration et frotte ses yeux fatigués. Malgré son travail acharné, elle a l'impression de stagner. A-t-elle vraiment le potentiel de devenir une classe S ? Elle est à la traîne et ça l'agace. À ce rythme, elle finira par être exécutée pour manque d'efficacité.
— Va te reposer, demain je t'accompagnerai à ta première mission.
Elle écarquille les yeux de surprise.
— T'es sûr ? Je fais aucun progrès.
Elle sent venir la pichenette au front et l'évite juste à temps. Il rit.
— Ça, c'est un progrès. Je serai avec toi et ce sera qu'un classe 3. Tu t'amélioreras bien plus vite en appliquant ce que tu auras appris en situation réelle de danger.
Elle acquiesce un peu anxieuse.
— Shoko m'a dit qu'elle n'avait rien trouvé du tout à propos du clan des Noroi, change-t-elle de sujet.
— Je n'ai rien trouvé non plus. Le seul qui doit avoir des informations, c'est Sukuna, mais il ne nous dira rien. Il va falloir qu'on sonde ton Troisième Œil à la devinette. Une chance que je sois un véritable génie.
Elle lève les yeux au ciel, maintenant habituée à ce genre de remarques de sa part.
∞
Ijichi se gare devant un collège. À peine arrivée, Sora sent le malaise caractéristique de la présence d'un fléau faire palpiter son cœur.
Elle mordille sa lèvre et jette un œil vers Satoru.
— Tu viens avec moi, pas vrai?
Il éclate de rire.
— La trouille mh ? Je serai juste à côté de la voiture.
Elle se retient de le supplier de l'accompagner. Elle est loin d'être une enfant et ne souhaite pas se ridiculiser.
— J'y vais alors, fait-elle d'une petite voix.
Elle ouvre la portière et sort dans la nuit ; il la suit, s'appuyant contre la carrosserie. Il étend une sorte de voile sombre autour de la zone à l'aide de son énergie occulte pour rendre invisible à l'œil humain ce qui s'apprête à se dérouler. Ijishi sort lui-même de la voiture pour se dégourdir les jambes et observe Sora s'éloigner vers le bâtiment. Il ressent une certaine angoisse pour la brune, bien qu'elle ait l'air plus forte que la première fois qu'il l'a vu.
Il détourne le regard vers Satoru dont le sourire est dorénavant absent.
— Vous êtes inquiet Monsieur Gojo ?
— La ferme Ijichi.
L'homme se crispe et décide qu'il vaut mieux retourner dans la voiture plutôt que de faire face à l'exorciste de classe S dont l'humeur ne semble pas au beau fixe.
Quant à Sora, elle ouvre la porte et entre dans l'établissement, la respiration bruyante et le cœur battant à tout rompre. Une odeur nauséabonde ainsi qu'un sentiment d'opressement font frissonner sa peau. Le fléau est-il aussi faible que Satoru lui a laissé paraître ?
Après quelques inspirations rapides, elle navigue à travers les couloirs, prêtant attention à chaque recoin.
Enfin, elle entend comme un son rauque et guttural. Ses poils se hérissent et une boule se forme dans sa gorge. Du mouvement à sa droite attire son attention. Elle tourne immédiatement la tête dans cette direction, aux aguets. Son regard se pose alors sur une créature immonde qu'elle ne saurait décrire.
Le fléau ne lui laisse pas le temps de réagir, la projetant à l'autre bout de la pièce d'un coup de griffe. Ce sont ses coudes qui subissent la plupart du choc, la douleur vient picoter le bout de ses doigts. La jeune femme grogne et se relève avec difficulté.
Elle active son Néant, faisant attention à ne pas l'activer sous ses pieds et éviter de passer à travers le sol. Cependant, elle oublie d'exclure ses mains contre le mur qui supportent son corps endolori. Alors, son Néant annihile le placo qui compose la paroi et elle perd son équilibre, les bras dans le mur détruisant l'entièreté de celui-ci.
Un entraînement qui consiste à utiliser son Néant immobile ne l'avait pas préparé à ça. S'adapter à son environnement et ses mouvements, ce sont des choses qui ne s'acquièrent qu'en situation réelle de danger.
Sous la panique, elle désactive complètement son Néant, ce qui permet au fléau de charger une nouvelle fois et d'agripper son mollet droit. La créature enfonce ses griffes, transpercant le tissus de son pantalon. Un liquide chaud s'écoule le long de sa plaie tout juste formée. C'est minime mais douloureux.
Elle clot les paupières très fort et tente de concentrer l'entièreté de son Néant au niveau de la prise du fléau. Au hurlement que ce dernier exprime ainsi qu'au relâchement de sa jambe, elle comprend qu'elle a réussi.
Sora rouvre les yeux. La créature a pris ses distances, toujours hurlante de douleur, une patte lui manquant. Dû à son faible niveau, la régénération est lente.
La jeune femme saisit l'occasion et crée une accumulation d'énergie occulte de Néant dans son pied quand il décolle du sol pour frapper son adversaire. Un trou se forme dans l'abdomen de la bête. Sora fait de même avec son poing droit, puis le gauche.
Le fléau ne tarde alors pas à éclater en morceaux. Un liquide violet éclabousse les alentours ainsi que le visage de la brune. Elle s'essuie avec sa manche et reprend son souffle. Le fléau était faible mais coriace. De plus, elle a été déstabilisée dès le début par sa mauvaise utilisation du Néant.
Elle jette un œil au mur qu'elle a détruit quelques minutes auparavant et soupire. Elle tâchera de s'en souvenir : Pas de Néant autour des mains quand elles la soutiennent au mur.
À l'extérieur du bâtiment, Satoru attend les sourcils légèrement froncés derrière son bandeau. Les informations envoyées par son Sixième Œil sont brouillées, c'est de pire en pire avec Sora. Plus elle acquérit de maîtrise sur son Néant, moins il la perçoit. C'est à la fois frustrant et... Excitant. Il ne peut s'empêcher d'imaginer jusqu'où va son potentiel. Bientôt, le froncement de ses sourcils disparaît pour laisser place à un sourire en coin.
Ijichi, qui l'observe du coin de l'œil depuis le rétroviseur extérieur est terrifié. Monsieur Gojo est encore plus bizarre que d'habitude.
Après quelques minutes, une silhouette sort de l'établissement. Satoru profite de l'absence du Néant pour la détailler du regard, repérant chaque plaie et bleu avec attention.
Elle s'approche à pas lents, boitillant légèrement, un peu épuisée malgré la rapidité de l'affrontement.
Le sourire de Satoru s'agrandit.
— Euh c'est bon, dit-elle un peu maladroitement.
— Mh je vois ça.
Elle resserre sa queue de cheval et aperçoit une sorte de dague dans la main droite de Satoru.
— C'est quoi ça ?
— Oh Maki m'avait prêté ça pour que tu puisses te battre.
Sora lui lance un regard perdu, croisant le sien sans le réaliser.
— C'est vrai que j'aurais pu te la donner avant. Mais tu t'en es très bien sortie toute seule.
Rien de mieux qu'un peu de nonchalance pour dissimuler la rapidité de ses battements cardiaques.
— Allez grimpe.
Il ouvre la portière.
— Shoko se chargera de tes blessures.
— C'est presque rien.
— Shoko s'en chargera.
Son ton ne laisse pas place à l'argumentation, alors Sora soupire et s'engouffre dans la voiture.
∞
— Comment ça s'est passé ? demande Shoko.
Sora est assise sur la chaise d'examen, en sous vêtements, afin de laisser à la vue les bleus de ses bras et du dos ainsi que la plaie à son mollet. Il est toujours plus facile pour la médecin de voir ce qu'elle doit soigner.
— J'ai eu un peu de mal au début. J'ai activé mon Néant au niveau de mes mains alors que j'étais appuyée contre un mur donc il a éclaté en morceaux.
— D'où les bleus autour de tes poignets... C'était vraiment qu'un classe 3 ?
Elle jette un œil réprobateur vers Satoru. Il ne le remarque pas puisque son regard est fixé au plafond. Mais au ton de Shoko, il comprend le sous entendu.
— Bien sûr que c'était qu'un classe 3, répond-il faussement offensé. Sora est juste très inexpérimentée. Au moins, ça lui a permis d'en apprendre plus sur ses limites.
Shoko marmonne quelque chose et soupire, décidant d'ignorer le grand idiot. Elle use du sort inversé sur les plaies de Sora.
Cette dernière observe la docteresse qui a l'air un peu tendue. Plus que d'habitude. Mais d'habitude, Satoru n'est pas là. Ça fait un moment que Sora a remarqué que Shoko est un peu à cran quand il s'agit de son ancien camarade de classe.
— Et puis qu'est-ce que tu fais ici de toute façon ? demande Shoko d'un air blasé. Va faire traîner tes yeux ailleurs.
— Oh mais je ne regarde pas. J'écoute. Je suis son professeur, ça me concerne. Promis, je suis en train de fixer le plafond.
La situation l'amuse grandement. Shoko le fusille du regard une dernière fois avant de retourner à sa tâche tandis que Satoru interroge la brune sur sa mission.
Une fois soignée, Sora se rhabille, un peu mal à l'aise.
— C'est bon ? Je peux regarder ? demande d'une voix joueuse l'exorciste.
— On a fini, répond Sora.
Satoru s'autorise à jeter un œil dans la direction de Sora.
— Tu te sens plus en forme ?
Elle acquiesce.
Quant à la doctoresse, elle fixe l'exorciste en silence, étudiant son comportement autour de Sora.
— Ta présence n'était vraiment pas nécessaire, finit-elle par dire. Enfin bref, tu viens toujours demain soir ?
— Demain soir ?
— Le dîner avec Nanami.
— Ah ça. Non sans façon, je suis occupé.
— Comme d'habitude, marmonne Shoko.
Seule Sora l'entend et la regarde avec compassion. Les deux femmes sont devenues plutôt bonnes copines ces derniers temps après tout.
— Et toi Sora ? Ça te dirait de venir ? propose Shoko. Nanami est un chic type t'en fais pas.
— Euh je...
— Je viens de me rappeler que cette chose que j'avais a été annulée, l'interrompt Satoru. Je serai présent.
Les yeux de Shoko s'écarquillent un instant avant qu'elle ne fronce les sourcils.
— Donc, tu viens finalement ?
— Oui et Sora aussi.
La médecin se munit d'un effort incommensurable pour ne pas soupirer d'exaspération.
∞
Dans la cabine d'essayage, elle s'observe en silence. Elle n'a jamais vraiment fait de shopping, se contentant de porter de très vieux vêtements, ou bien plus récemment, ceux prêtés (de la jeune Tsumiki) par Satoru et son uniforme d'exorciste.
Comme elle n'arrivait pas à choisir quoi que ce soit, Satoru lui a donné un tas de vêtements à essayer. C'était de toute façon l'idée de l'exorciste de classe S de l'emmener faire du shopping avant le dîner avec Shoko et Nanami. Par conséquent, la voilà maintenant à s'observer dans le miroir un peu mal à l'aise. Elle ne sait trop quoi penser des trouvailles de Satoru.
— T'en mets du temps ? se plaint-il. Besoin d'aide ?
Prise de court par la voix masculine de l'autre côté du rideau, ses joues s'échauffent et son cœur sursaute. Est-elle censée lui montrer sa tenue ? Elle n'arrive pas à mettre le doigt sur le pourquoi du comment mais cela l'embarrasse grandement.
— Soraaaaaaa...
— J'arrive j'arrive...
Elle prend une grande inspiration et tire sur le rideau, fixant ses pieds plutôt que l'exorciste qui attend assis sur le fauteuil face à la cabine. Ce dernier se replace, s'engouffrant davantage dans son siège. Il croise les bras, racle sa gorge et croise les jambes.
— Mh, c'est pas mal.
Il jette un œil à la vendeuse.
— On va prendre ça.
— J'ai même pas donné mon avis, intervient Sora.
Il lève un sourcil comme si elle avait dit quelque chose de particulièrement absurde. Après tout, elle fait tout ce qu'il lui dit sans broncher d'habitude maintenant qu'il y réfléchit.
— Ne me dis pas que tu doutes de mes goûts en matière de mode ? fait-il d'une voix faussement vexée.
— Non c'est pas ça. Mais j'ai au moins le droit de dire ce que j'en pense.
Elle est aussi surprise que lui par ses paroles. Cet après midi, elle se sent plus à fleur de peau vis-à-vis de lui. La moindre de ses remarques et de ses idioties l'agace. Elle ne sait d'où vient ce soudain regain d'émotions négatives mais elle n'arrive pas à s'en défaire.
— Quelqu'un s'est levé du pied gauche, plaisante-t-il.
Et Satoru n'arrange pas son cas.
Sora mordille l'intérieur de sa joue pour ne pas dire quelque chose qu'elle regrettera plus tard. Se montrer méchante est la dernière chose qu'elle souhaite. D'autant plus envers lui, la personne dont elle se sent redevable. Malgré tout, sa vie est plus agréable que le jour où ils se sont rencontrés et ce grâce à cet idiot aux cheveux blancs.
— Je vais essayer les autres, soupire-t-elle retournant dans la cabine.
S'ensuivent alors de longs essayages, tous approuvés par Satoru. Comment aurait-il pu choisir quelque chose de laid de toute manière ? L'humeur de l'exorciste de classe S est aux antipodes de celle de Sora. Guilleret comme un enfant de huit ans.
Satoru s'occupe de payer à la caisse sans se préoccuper du montant. Un employé de la boutique apporte les articles à la voiture (ou plutôt la limousine). Puisque leur sortie n'a rien à voir avec leur profession, ce n'est pas Ijichi qui les a conduits ici, mais un cinquantenaire que Sora n'a jamais vu.
Satoru ne conduit jamais. Il n'a pas son permis. Mais il est évident qu'il l'aurait les doigts dans le nez s'il s'y mettait. À quoi bon relever un défi gagner d'avance ?
Sora s'engouffre dans la voiture en silence.
— Pourquoi cet air boudeur aujourd'hui ? l'interroge Satoru lorsqu'il s'assoit à ses côtés.
Elle le fusille du regard et il lève les mains comme pour proclamer son innocence.
— Tu veux toujours aller à ce dîner ?
— Oui, répond-elle sans hésitation.
Pas question qu'elle laisse tomber Shoko. Soudain, l'évidence la frappe. C'est à cause de Shoko. Ou plutôt, le comportement de Satoru à son encontre. Voilà la raison de son agacement.
— Pourquoi est-ce que tu n'es pas plus gentil avec Shoko ?
Les yeux de Satoru s'ouvrent en grand derrière ses lunettes de soleil.
— Je te demande pardon ?
— Shoko, pourquoi est-ce que tu la traites comme ça ?
Il fronce les sourcils d'incompréhension.
— Et comment je la traite selon toi ?
— Tu t'adresses à elle seulement pour lui demander des services. Et quand elle essaie de faire un pas vers toi, tu l'ignores.
— Houla Houla, deux secondes. Vous vous êtes réunies pour parler de moi ou quoi ? Je savais pas que ma célébrité avait tant d'impact.
— Satoru ! Je suis sérieuse. Tu vois pas que tu la blesses ? Vous êtes censés être amis. Vous vous connaissez depuis le lycée, non ?
— Je n'ai pas d'amis Sora, dit-il avec le plus grand sérieux du monde.
Elle se fige, ressentant une pointe de culpabilité. Et si elle avait ajouté de la douleur sur les maux déjà existents de Satoru. Elle qui pensait bien faire n'en est plus trop sûre.
— C'est débile, dit-elle enfin. Bien sûr que tu as des amis.
Elle se retient de lui poser cette question qui lui brûle les lèvres : Et moi je suis quoi pour toi alors ? Il n'est pas question d'elle aujourd'hui, il est question de Shoko.
Satoru quant à lui, étend ses grandes jambes et agite son pied pour chasser son irritation. Il ne dit plus un mot du trajet. De quoi elle se mêle au juste ?
Décidément, quand il s'agit de faire face à leurs émotions, ils se comportent tous deux comme des enfants.
Publié le 31/03/2024
Hello ! Comment ça va ?
Chapitre assez long, moins que prévu (le dîner aurait dû y être aussi) parce que je voulais pouvoir vous sortir qqc après tant d'attente (merci la fac). Il se passe qd même pas mal de choses pour une fois. La relation de Sato et Sora évolue 👀. Et comme Sora se sent plus à l'aise, elle fait preuve d'un peu plus de caractère avec lui.
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre d'ailleurs ?
Je suis toujours aussi nulle pr décrire les scènes d'action ça change pas d'un livre un l'autre. Est-ce qu'au moins c'était compréhensible ?
Étant donné que je suis bientôt en vacances, je vais avoir plus de temps pr écrire. Là j'avais eu une salve d'evals d'où ma lenteur.
Joyeuses Pâques !
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