Précédemment: Sora est née le même jour que Satoru et a hérité des deux pouvoirs de son clan, les Noroi. Cependant, posséder le Troisième Œil et le Néant semblent bien plus une malédiction. En effet, lorsque ses pouvoirs se sont réveillés à elle, sa famille en est morte à l'exception de sa tante qui l'a prise en charge. Elle vit cachée et en retrait, mais alors qu'elle était en quête de nourriture, elle a attiré l'attention de Satoru (alors qu'il présentait Nobara à ses deux autres élèves de seconde) qui lui a proposé de devenir exorciste, mais elle a bien sûr refusé. D'ailleurs, les deux ont vécu une chose assez étrange, la jeune femme est passée à travers la barrière de son Infini sans effort. Sora s'en va dès qu'elle le peut et retourne à sa planque.

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Sa main tremblante abaisse la poignée de l'immeuble abandonné. Ça fait deux ans qu'elle vit ici, dont le tiers du temps passé dans la plus grande des solitudes.

Sa tante disparut il y a six mois, sans laisser de traces. Sora le sait, elle est morte. Elle aurait pu tout aussi bien voir la scène se dérouler sous ses yeux. La jeune femme est convaincue qu'un fléau eut raison d'elle lorsqu'elle partit en quête de nourriture.

Sora pleura toute une semaine, sans s'arrêter. Une vraie enfant de presque trente ans. Puis plus rien. Un vide immense s'installa dans le creux de sa poitrine. Le Néant. Que doit-elle faire maintenant ?

Assise sur ce même sol froid, contre ce même mur, des mois plus tard, elle se pose encore la question, sans pour autant y apporter de réponses.

Elle vit en automatique. Survit en automatique.

Ses yeux se balladent dans l'espace quasi vide de l'appartement laissé à l'abandon. Seul son vieux matelas témoigne de son squat.

Au moins, ici, entre ces murs de pierres, il fait frais malgré la chaleur extérieure du mois de juin.

Quoique la chaleur, ce n'est pas si mal. Tout comme la chaleur de cet homme, Satoru Gojo. Une brève sensation. Brève. Mais des plus agréables. Elle n'avait pas réalisé à quel point elle avait manqué de chaleur humaine.

Elle secoue la tête de droite à gauche pour effacer ces pensées. C'est dangereux. Il est dangereux. La société des exorcistes est dangereuse. Sa tante n'a eu cesse de lui répéter. "Ne t'approche jamais des exorcistes. Ils te veulent tous morte. Tu es un problème à éliminer pour eux." Et même du haut de ses six ans, la brune ne pouvait s'empêcher de leur donner raison. Elle méritait ce châtiment. Mais son extrême jeunesse l'avait poussée à suivre sa tante et l'écouter sans broncher. Elle avait fini par faire ça toute sa vie, ne se poser aucun question, ne pas réfléchir, simplement obéir. Et ce, pendant plus de vingt ans.

Les conseils de sa tante sont règles absolues. Elle n'avait qu'elle de toute façon.

Avait. Maintenant elle est seule. Ses mains glissent dans ses poches et le bout de ses doigts entre en contact avec du papier rigide. Elle l'attrape et le numéro ainsi que le nom qui y sont inscrits attirent son attention. Peut-être devrait-elle s'en débarrasser... Elle le froisse et le déchire en petits morceaux, en faisant des confetti dispersés autour d'elle.

∞

1 semaine plus tard

Son estomac gronde, se tordant si fort que ça en devient presque douloureux. Sa vision est un peu floue, sa bouche sèche.

Il est peut-être temps de laisser la nature faire son travail. Pourquoi continuer à vivre ? Dans quel but ? Elle n'a rien, ni personne. La seule chose que son existence peut causer, c'est la mort.

Soudain, un cri perçant la fait sursauter. Elle se fige et tend l'oreille. Un autre cri empreint de terreur lui glace le sang. Sa faim est vite oubliée et elle se retrouve sur ses deux pieds. La sensation d'une énergie malveillante pénètre son cerveau fatigué.

Un fléau.

Elle n'a jamais vraiment eu avoir à faire à eux. En effet, en ressentir l'énergie lui a toujours permis de les éviter, et quand ce ne fut pas le cas car leur énergie était trop faible, c'était eux qui évitaient sa sinistre présence.

Sans le réaliser, elle se retrouve à l'extérieur du bâtiment.

Sa tête lui tourne alors qu'elle court dans la direction des cris. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle fait. Ce doit être la première fois qu'elle désobéit à une règle de sa tante : ne jamais se mettre en danger. Or, des vies sont en jeu et elle pensait à éliminer la sienne quelques minutes plus tôt. Autant se rendre utile une dernière fois si elle le peut.

Très vite, elle perçoit l'horreur de la scène. Deux cadavres sont disséminés en morceaux sur le sol tandis qu'un homme se débat des griffes du fléau.

La vision lui donne la nausée.
Ce monstre est immonde. Les yeux. La bouche. Les bras. Rien n'est placé au bon endroit.

Elle bat des paupières pour chasser la vision de sa famille.

Ce ne sont pas eux... Elle se répète silencieusement.

L'homme crie encore à l'aide et cela la ramène à elle. Instinctivement, elle se jette sur le fléau, les mains en avant. Mais rien ne se passe.

Bordel de merde.

Que se passe-t-il avec son Néant ?

Pourquoi ne s'active-t-il pas ? Cela a-t-il un lien avec ce qu'il s'est passé une semaine plus tôt ?

Ses sourcils sont froncés mais peu de temps sont laissés à sa réflexion puisque elle est violemment projetée contre un mur. Durant un court instant, sa respiration s'arrête. Des petites lumières blanches gravitent dans sa vision. Elle n'est pas sévèrement touchée. Mais mon dieu ce que ça fait mal.

L'homme qu'elle était venue sauver se fait arracher un bras, hurlant de douleur.

Comment a-t-elle cru un instant qu'elle pouvait sauver qui que ce soit ? Idiote. Personne ne lui a jamais appris à contrôler ses pouvoirs. Que croyait-elle accomplir ?

Du sang lui gicle au visage alors que l'homme hurle toujours, son bras dorénavant dévoré par le fléau. Elle plaque ses deux mains sur le mur, se forçant à se relever dans un grognement de douleur. Elle frotte ses yeux pour y voir plus clair et titube jusqu'au fléau sans pour autant l'atteindre. Il ne l'a pas encore remarqué. Ce qui signifie, qu'il n'a absolument pas peur d'elle. Il doit être puissant ou bien avoir compris qu'elle n'était pas de taille malgré sa sinistre énergie occulte. Tant mieux. Cela permet à la brune de se concentrer. Ses paupières se ferment sur le violet de ses yeux et elle dirige ses paumes vers le fléau.

Elle murmure des phrases inintelligibles, priant pour la première fois son corps d'utiliser son Néant. Elle n'a jamais eu l'occasion de le ressentir dans son corps. Sa tante lui disait que c'était bien plus dangereux d'apprendre à l'utiliser, qu'alors on irait la chercher et qu'on les tuerait elle et sa tante parce qu'elles sont des Noroi. Sora n'avait pas eu peur pour sa vie, mais celle de sa tante. C'était la raison principale de son obéissance sans faille.

Cependant, elle n'a plus peur de mourir, si elle peut au moins sauver cet homme, alors elle tentera le tout pour le tout. Même s'ils viennent la chercher et l'exécutent ensuite.

La clé, c'est d'y croire, non ? La jeune femme se persuade qu'elle peut le faire, s'imagine réduire en miettes le fléau. Elle ne connaît pas d'autres solutions.

Elle réouvre les paupières et se répète en boucle que son Néant est activé. Elle inspire l'air goulument puis se précipite une nouvelle fois vers le monstre. Ses mains entrent en contact avec sa peau rêche. Le fléau commence à s'agiter et crie. Ce son résonne d'une étrange manière, comme directement implanté dans la cervelle de ceux assez proches pour l'entendre. Et enfin, il éclate en morceaux, du sang violet s'étalant partout aux alentours, ainsi que sur elle.

L'homme s'écrase au sol mais elle n'ose pas s'approcher. Il faut qu'elle aille chercher de l'aide, elle ne peut se permettre de poser ses mains sur lui. Trop risqué.

Il est à moitié conscient et marmonne dans sa direction.

— Je reviens ! Je vais chercher de l'aide !

Elle ignore sa migraine, sa faim intense, elle est prête à s'évanouir. Tant fatiguée qu'elle ne ressent pas l'énergie phénoménale d'un fléau lorsqu'elle commence à tourner les talons.

L'homme qui se vide de son sang au sol commence à s'agiter de panique en voyant la nouvelle forme de vie apparaître sous ses yeux.

Cela attire l'attention de Sora qui se retourne et se retrouve nez à nez avec un fléau de taille humaine, à la peau grise. Il est pratiquement nu et se tortille de gauche à droite, riant.

Sora est figée.

Je vais mourir, se dit-elle.

Tandis que le fléau s'apprête à l'attaquer d'une main, il est projeté en arrière violemment par une ombre.

L'impact contre le mur forme un trou. Le fléau crache du sang et l'ombre s'arrête devant lui.

Ce n'est pas une ombre. Un homme. Aux cheveux blancs. Il n'est pas difficile à reconnaître même si elle ne l'a vu qu'une fois.

Sora est encore tétanisée.
Tout se déroule si vite. Gojo s'en prend de nouveau au fléau et le réduit en charpie sans aucune difficulté.

Une fois le monstre mort, il s'abaisse pour attraper quelque chose au sol qu'il range dans la poche de sa veste noire.

Le plus grand des exorcistes jette un œil aux cadavres en silence, habitué aux horreurs, puis, se retourne vers les deux vivants. Cependant, ses yeux ne se posent que sur la jeune femme.

Il va me tuer, se dit-elle.

Un grand sourire se forme sur les lèvres de Satoru Gojo.

— Et bien, comme on se retrouve.

Publié le 02/01/24

Hello!

Comment vous allez ?

J'espère que ça vous plaît. Le perso de Sora et ses pouvoirs sont encore un peu énigmatiques, vous en apprendrez et comprendrez un peu plus par la suite. Ne vous inquiétez pas.

J'ai d'ailleurs une bonne nouvelle pour vous, j'ai prévu chap par chap ce qu'il se passera. Je le fais très rarement dans mes fanfics et au moins je sais où je vais à chaque fois. Et logiquement ça me permettra d'écrire plus vite et de la finir à coup sûr. A priori il devrait y avoir une trentaine de chaps si je m'en tiens à ce que j'ai fait.

Elle a recroisé Satoru. Que va-t-il se passer ? 👀

À la prochaine et bonne année !