Chapitre 8
* « Le futur appartient à ceux qui croient en leurs rêves », D'auteur inconnu.
Je suis Paris **
~
Je continue de marcher. Je dépasse même ma maison, mais je continue. J'ai comme l'impression que ma tête va exploser.
J'en ai marre ! Qu'est ce qui se passe ? Il y a à peine deux jours, j'étais au lycée à cette heure-ci, et me voilà maintenant entrain de marcher, des problèmes pleins la tête.
Le souvenir du regard dément et rougeâtre de Jane me revient en mémoire, je tressaille.
Qu'est ce qu'elle avait vraiment ? A bien y réfléchir maintenant, on aurait dit qu'elle était shootée.
Un déclic se fait alors. Je m'arrête de marcher : shootée ! Elle était droguée, c'est évident ! Je suis sûre que Rochelle est venue la voir, et étant donné qu'elle travaille dans un institut apparemment scientifique, elle a dû lui trouver une drogue tellement puissante que ça a rougit ses yeux.
Mais je pince les lèvres. Ca n'a pas vraiment de sens. Et ce qui s'est passé à l'école ?
L'image de Jane se jetant au sol dans un hurlement animal est encore fraîche dans ma mémoire.
Ca n'a pas pu être une mise en scène car ca n'a aucun sens.
Un ricanement s'échappe d'entre mes lèvres. Sarcastique, amer, sans aucun humour.
Dans toute sa splendeur, la réalité des faits : rien de tout ce que m'est arrivé depuis deux jours n'est logique.
Rien, absolument rien.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Lorsque je passe le pas de la porte, c'est le silence accompagné de chuchotements qui m'accueillent. Je fronce les sourcils et me dirige vers le salon.
Dès que me mère m'aperçoit, elle lance un regard à mon père qui cesse systématiquement de parler.
- Comment c'était chez ton amie ? , me demande-t-elle un sourire gêné placardé au visage. Je l'observe, je ne comprends pas leur comportement. Ils agissent comme s'il y avait quelque chose, un problème. Comme s'ils ne me faisaient pas confiance. Ou tout comme s'ils ne me reconnaissaient pas. Est-ce que j'ai changé ?
Parce-que eux, non.
Ou du moins physiquement, parce que psychologiquement ils sont bizarres.
- Alors ?, elle insiste et je cligne des yeux
- C'était bien.
- Et comment elle s'appelle ?, demande mon père s'immisçant dans la conversation.
Je me tourne vers lui, et arque un sourcil.
- Je vais dans ma chambre, fais-je en me détournant pour m'en aller et j'entends un soupir retentir. Ca me stoppe.
Ce son, ce soupir, cette marque d'exaspération. Je les exaspère ?
Bien sûr que je les exaspère. Tellement, qu'ils sont distants, arrêtent de parler dès que je rentre dans une pièce.
Je me tourne vivement vers eux, ils me fixent éberlués. Je l'avoue, jamais de ma vie je n'ai été aussi perdue, au point d'en être insolente, hargneuse, méchante.
Tout ce que je ne suis pas.
« Tu ne te connais pas toi-même », je cligne rapidement des yeux.
- C'est quoi le truc en fait ?, commence-je mais lorsque les mots franchissent la barrière de mes lèvres, je me sens faiblir. Pour me donner de la contenance, je me mets alors à faire les cents pas, « parce que j'ai réfléchi pendant longtemps et je n'ai rien trouvé »
- De quoi tu parles Gillian ?, demande ma mère fronçant les sourcils. Elle s'avance un peu dans son siège.
- Gillian, souffle-je assez fort pour qu'ils m'entendent, « Gillian », répète-je plus fort, « ce n'est pas Gil mais Gillian ! Qu'est ce que j'ai fais de mal ? »
Ils me regardent comme si j'étais complètement folle, peut être que je le suis, mais quelle importance ? Mon père, la mine contrite, se lève et vient se placer en face de moi.
- Est-ce que tu as bu ? , demande-t-il et c'est à mon tour de froncer les sourcils.
- Non, réponds-je dégoûtée.
Je déteste l'alcool. Que ca soit l'odeur ou le goût
- Tu as pris tes cachets hier soir ? , continue-t-il alors et je plisse des yeux avant de me reculer d'un pas. Alors là c'est un coup bas. Hier il m'a posé la question et je lui ai dit non. Je savais qu'il n'en parlerait pas à maman derrière mon dos, mais là je devine qu'il me fait payer mon insolence.
Je leur en veux peut être, mais à cet instant je peux sentir leur mécontentement. Peut être même la déception. Mon esprit qui était à chaud se calme tout d'un coup. Je peux sentir mes épaules s'affaisser, malgré ça je continue :
- Non, dis-je d'une petite voix et sans oser regarder ma mère j'ajoute, « ils me rendent malade ».
Tous les deux secouent la tête, comme ce que l'ont fait quand un enfant ment ou fait une bêtise. Je suis blessée du fait qu'ils pensent que je mens.
- Qu'est ce que j'ai fais ?, demande-je et ils me regardent incompréhensifs.
- Est-ce que j'ai changé ?, questionne-je et à ces mots, je sens une soudaine envie de vomir, « pourquoi vous ne me faîtes plus confiance ? Depuis hier, depuis que Rochelle a mis les pieds ici, c'est comme si j'étais une parfaite inconnue à vos yeux. Dès que je rentre dans une pièce vous vous taisez. Alors je pose la question, c'est quoi le truc ? Le problème. Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? »
Ils ne répondent pas.
- Ou alors c'est vous. C'est vous qui avez un problème. C'est vous qui avez fait quelque chose de mal. C'est vous qui dissimulez des trucs. Pas moi.
Mon père est raide, toujours debout, il a le visage fermé. Ma mère soupire et enfouit le sien entre ses mains. Je me détourne d'eux et m'apprête à monter les marches mais je me stoppe.
- Tu te rappelles ce que tu m'as dit hier ?, demande-je à mon père et ce dernier me regarde perdu.
- Tu m'a dis que vous vouliez m'aider mais que se serait impossible si je n'y mettais pas du mien. Mais tu vois là ? J'y mets du mien ! Et tu sais de quoi j'aurais besoin ?
Et bien sûr il ne me répond pas.
- De la vérité !, crache-je.
Sans attendre leur réponse, je monte dans ma chambre d'un pas rageur.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
De toute la soirée je ne sors pas de ma chambre. Après mon départ, il y a un grand silence dans la maison. La porte a claqué, puis l'un des deux a allumé la télé.
Comment est ce qu'on a pu en arriver là ?
Certes je n'avais aucune envie d'aller à Dom, mais eux pourquoi sont ils aussi obstinés ? Je l'accorde, à 16 ans on ne peut pas vraiment savoir ce qui est bon pour nous, et étant donné que je ne suis pas majeure, je suis sous leur tutelle. Mais à part ça quoi d'autre ? Je me rappelle d'un jour où ma mère m'a avoué qu'elle n'avait pas du tout hâte que j'aille à l'université, étant leur fille unique.
Peut-être que je n'ai pas envie de m'en aller, peut être que j'ai peur, peut être qui je ne sais pas qui je suis vraiment, mais ça me tue que mes parents ne me disent pas tout.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~
Mes yeux restent fixés au plafond. Je sais que c'est le matin.
Ce matin.
Voilà deux jours que les trucs que je n'ai jamais vécus en 16 années de ma vie me sont arrivés. En à peine deux jours ! Ma relation avec mes parents, s'est transformée en celle d'une adolescente en pleine crise.
Deux jours que je ne suis pas sortie de ma chambre.
La serviette autour de mon corps me rappelle ce que je dois faire. Je me lève et vais m'habiller.
Je fixe ma valise que j'ai faite hier soir après avoir mangé. Peut être qu'on ne se parle plus avec mes parents, peut-être qu'on ne mange plus ensemble, mais ils ont laissé à chaque fois une assiette avec ma part sur la table, un dessert avec.
La constatation de ce souvenir me fait sourire. Puis la réalité du moment me revient en mémoire. J'arrête de sourire et je ne doute pas que mon visage doit être fermé.
Un peu raide, je prends l'objet et le traine derrière moi pour aller jusqu'au salon. Je sais qu'ils sont à la salle à manger, la boule au ventre je me dirige.
Ils ont l'air surpris de me voir, mais très vite ils me font des sourires gênés, que je leur rends.
- Bonjour, dis-je.
Depuis avant-hier soir, c'est le premier mot que nous échangeons.
- Bonjour, me répondent-ils un peu en décalage. Je prends place sur mon siège habituel.
Je prépare mes céréales, tandis que je sens leurs regards poséssur moi. Je sais ce qu'ils vont me demander.
- Alors tu as décidé...
- Oui, interromps-je mon père.
Je lève les yeux vers eux, et ils ont l'air surpris mais leur air fier ne m'échappe pas.
Je pourrais leur dire qu'ils ont raison d'être fier, car si je le fais c'est d'abord pour moi. Mais mes lèvres restent closes.
Je n'ai pas envie de mentir. Alors je me tais et regarde l'horloge, il n'est que 7heures.
- Vous allez m'accompagner ?, m'hasarde-je avant de remarquer qu'ils sont habillés pour sortir.
- Bien sûr Gillian, répond ma mère et j'acquiesce. Lorsque nous finissons, mon père et moi allons au salon alors que ma mère me demande de lui laisser la vaisselle.
Mon père regarde ma valise d'un air plutôt critique. J'ai pris la plus grande.
- Tu as mis tout ce qu'il faut ?
J'arque les sourcils. Si ça a été le froid ces deux derniers jours entre nous, le point positif que j'avais à en retirer, c'est qu'ils ne risquaient pas de m'embêter.
- Oui papa.
- Tes chaussures de courses ?
Je fronce les sourcils ne comprenant pas vraiment l'intérêt de sa question.
- Evidement, réponds-je, « j'adore courir tu le sais »
Il hausse les épaules.
- C'est que Rochelle nous a dit que même si ce n'était pas ici, l'école là-bas a les mêmes pratiques que celles d'ici. Dont l'exercice physique.
Je me contente de hocher la tête. Elle lui a dit ça l'autre ? Pourquoi pas à moi directement ?
- Ton père et moi on se demandait qui était ton amie que tu es allée voir avant-hier ? Après être rentré de l'institut, me demande ma mère en venant se placer près de nous
Ca me surprend qu'ils ramènent ça sur le tapis.
- Une fille de ma classe, dis-je et ils me lancent un regard appuyé et je me sens obligée de compléter, « Jane La Rose »
Ils hochent tout simplement la tête.
- C'est juste que les jumelles sont passées ici.
- Effie et Lys ? demande-je stupidement, comme si on connaissait d'autres jumelles.
- Oui, elles s'inquiétaient. Elles ont dit que tu ne répondais pas au téléphone, alors elles sont venues, continue ma mère.
- Nous leur avons dit que tu étais allée rendre visite à une des tantes malades.
- Pourquoi ?, demande-je éberluée par le fait qu'ils aient pu mentir.
- Rochelle nous a conseillé de ne mettre personne au courant de la vérité.
Je plisse des yeux. Rochelle par ci, Rochelle par là et puis quoi encore ?
Ce n'est pas Dieu non plus. Je veux dire, on s'en fiche de ce qu'elle veut Rochelle. Ce sont mes meilleures amies.
La sonnerie retentit. Je ferme les yeux, frustrée de ne pouvoir rien dire, alors que ma mère va ouvrir. Elle se met un peu à l'écart pour laisser Rochelle rentrer. Le visage un peu crispé, celui-ci se détend lorsqu'elle m'aperçoit, ma valise à mes côtés.
Oh joie !
*
Nous sortons de Chelsea, la voiture de Rochelle devant nous. Je regarde par la fenêtre et la familiarité du paysage désert ne me réjouit pas du tout. Nous roulons pendant environ une heure, et c'est à ce moment-làque je me rends compte de la distance. Hier c'est sûr, c'était impossible de relever tout ça, vu le sprint qu'on a fait.
L'Alpha Roméo s'arrête. Mon père me lance un regard troublé dans le rétroviseur.
- On est arrivé ?, demande ma mère sceptique.
Rochelle sort de son véhicule et vient vers nous. Mon père coupe le moteur, et je descends sans répondre.
Je claque le coffre en prenant ma valise, et je rejoins les autres devant le mur invisible.
- C'est ici ?, demande mon père.
Rochelle hoche la tête et mes parents se regardent. Ils doivent se demander si elle est folle. Trop tard, on ne peut plus faire marche arrière.
Rochelle refait le procédé d'hier et la porte métallique apparaît. Ma mère se tourne vers moi, le visage inquiet. Je lui fais un sourire.
Tout comme hier, Rochelle pénètre dans l'obscurité. Hésitants ils l'imitent, et je ferme la marche.
Le claquement assourdissant de la porte en fer marque notre entrée. Le flot de lumière jaillit du sol.
Rochelle se tourne vers nous et sourit.
- Suivez-moi.
Nous marchons et arrivés à l'intersection, elle prend le couloir par lequel nous étions passées en dernière position la dernière fois. Elle répète les mêmes gestes et la porte de la salle de voyage s'ouvre.
Je suis étonnée d'y voir plusieurs personnes à l'intérieur. Ils sont tous en combinaison blanches comme celles des astronautes, le casque comprit.
Rochelle se tourne de nouveau vers nous.
- Gillian ta valise, me commande-t-telle et intriguée je la lui donne. Lorsqu'elle la récupère, elle se tourne vers l'un des inconnus qui jusque-là nous avaitignorés.
- Ajoutez-le au matériel, leur dit-elle. Il la récupère et la met de côté. Elle se tourne vers nous.
- Je dois aller récupérer quelqu'un. Profitez en pour vous dire au revoir parce que nous devons y aller, on est déjà en retard.
Sans plus, elle sort.
Je me tourne vers mes géniteurs. L'émotion dans leurs regards me noue l'estomac.
- Nous y voilà, sourie-je et seul mon père me le rend. Ma mère me prend dans ses bras. Je la serre aussi fort que le peux.
J'essaie de me rappeler la dernière fois que l'on s'est étreinte comme ça et ça devait être depuis Noël, et même là ça avait été très bref.
Nous nous détachons, elle me regarde.
- Reviens quand tu le voudras. Si la vie ne te va pas là-bas reviens, on sera toujours là pour toi.
J'acquiesce et elle sourit.
Je me tourne à présent vers mon père, qui me prend dans une étreinte assez brève.
- Fais attention, prend soin de toi, me conseille-t-il. Son air est grave et je ne comprends pas pourquoi, « suis les règles qui te seront dictées Gillian »
J'acquiesce.
- Ne sois pas insolente, et reste comme tu es, dit-il en faisant un sourire en coin que je n'arrive pas à lui rendre.
Il se penche alors vers moi et me dépose un léger baiser sur ma tempe.
- On se revoit bientôt, dis-je dans un souffle et ils me sourient tous les deux.
- Mademoiselle, appelle une voix robotique et nous nous retournons vers l'un des hommes en blancs dont la voix est filtrée par le masque.
- Préparez vous, la transition va commencer.
J'acquiesce.
- Par contre monsieur et madame veuillez me suivre.
Mes parents me lancent un dernier regard et s'exécutent comme l'a demandé l'homme. Je remarque alors l'apparition d'une deuxième porte dans la pièce.
La salle se vide, et la porte se ferme derrière la chevelure flamboyante de ma mère.
Je me retrouve seule, ma valise n'est plus là.
Le grincement de la porte d'entrée retentit. Celle-ci s'ouvre sur Rochelle suivit de Gaïa. Cette dernière me lance un sourire gênée lorsque nos regards se suivent et je le lui renvoie.
- Bon les filles c'est l'heure !
Je me rapproche des portails comme elles le font.
- Vous avez juste besoin de franchir l'un des portails et vous serez à Dom.
L'éclairage de la pièce se tamise peu à peu pour devenir vert.
- La lumière verte que vous voyez démontre que les portails sont en marche.
Je m'avance vers le portail qui est en face de moi.
- On se revoit de l'autre côté.
La voix de Rochelle se perd dans l'obscurité.
Seule nos respirations à Gaïa et moi retentissent, puis plus rien.
Je sais que je suis seule. Bêtement je me tourne vers le mur derrière moi où avait apparu la seconde porte.
Puis dans un soupir je passe de l'autre côté.
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