« Jeux de mains, jeux de vilains », auteur inconnu

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Ce matin en me réveillant je me suis d'une excellente humeur. Cette dernière est particulièrement dû au fait que hier soir après le dîner, Rochelle est passée nous voir et en a profité pour me dire que Neil avait transmis des indications à Elona , qui suite à cela a décidé de lever ma punition , le temps que je me rétablisse.

De ce fait je jubile au fait de ne pas avoir à côtoyer Ella pendant quelques temps. A vrai dire, j'en suis même très soulagée.

Malheureusement, ma bulle éclate très vite, lorsqu'en retournant dans notre amphi après le cours de Mau qui continue de faire faire à Danielle des démonstrations, AR m'intercepte. Gaia, Joyce, Lau et Elana marchent devant nous, tandis que Steph et Danielle nous suivent.

AR me parle à voix basse :

- Ce midi pour le déjeuner on va manger à la cantine

- Non, dis-je sans même réfléchir.

AR fronce les sourcils et se recule un peu pour me lorgner.

- Si on va y aller. Ce n'était pas une question

- Mais c'était une affirmation, contré-je en faisant référence à ma réponse précédente. Je poursuis :

- AR pendant quasiment toutes les vacances, j'ai été obligée de passer mes midis là bas et un peu de mes après-midi avec Ella à servir et à nettoyer. Ne crois donc pas que j'ai envie d'y retourner alors que j'ai la permission de ne pas le faire.

- Mais tu ne vas pas pour travailler ! On va déjeuner, siffle-t-elle entre ses dents d'un air contrit. Je fais la moue.

- Non. Parce qu'en plus si j'y vais juste pour déjeuner, Ella va croire que je la nargue ou la provoque

- Depuis ce qu'Ella pense a de l'importance ? , s'étonne, ou presque se vexe AR.

Un instant je la revois penchée sur le visage creux de sa mère l'embrassant, puis Elana au pas de la porte, l'air dur.

Un drôle de frisson me traverse et je cligne plusieurs fois des paupières avant de m'empresser de rétorquer :

- Je m'en fiche de ce qu'elle pense. Par contre nous avons une relation plus ou moins cordiale et j'aimerais que ça le reste.

AR arque l'un de ses sourcils, avant de m'adresser un petit sourire, que j'identifie moqueur :

- Tu penses vraiment que vous avez une relation cordiale ?

- Nous nous supportons en tout cas

Ma camarade fait une moue qui m'agace

- Et sinon tu m'expliques pourquoi tu tiens tant à ce que je vienne ? Demande à Dani ou Steph.

La moue railleuse de mon amie s'efface pour laisser place à une expression on ne peut plus sérieuse.

- J'ai entendue Lau demander à Elana si elle voulait qu'elles déjeunent à la cafétéria ce midi. Pour garder un œil sur elle, il faut que nous soyons où qu'elle aille.

Je fronce les sourcils :

- Mais je pensais que tu avais discuté avec elle et que c'était finit ? Enfin je veux dire on a plus de raison de se méfier d'elle non ?

- Je ne sais pas encore, affirme AR en fixant droit devant elle, et je sais que c'est Lau qu'elle regarde.

- Tu penses qu'elle ment ? , demandé-je alors.

- Je ne sais pas non plus, mais elle pourrait tout aussi bien le faire si c'est elle l'imposteur par exemple, dit AR d'un ton encore plus bas.

- Elle pourrait faire semblant d'être de notre côté et pour nous berner accuser Gaia ?

- C'est tout à fait possible

- Mais Gaia aussi pourrait faire semblant d'être de notre côté, dis-je en me remémorant tout ce qu'a pu me révéler Lau sur elle ces deux dernières semaines.

AR fronce les sourcils.

- J'ai quelques trucs sur cette fille

- Qui Gaia ?

AR acquiesce.

- Seulement, elle n'accuse pas Lau

- Elle dit que Lau n'est pas celle qu'elle prétend être

- Mais ne l'accuse pas d'être l'imposteur

- Directement non, mais indirectement oui

- Lau le fait directement.

- Est-ce que ça change quelques choses ? Elles s'accusent mutuellement

- Le fait que Lau le fasse comme ça sans détour ne peut montrer que deux choses : soit elle est sûre et certaine de ce qu'elle dit et dans ce cas Gaia est vraiment l'imposteur, soit elle veut juste être sûre que nous gobions son mensonge et qu'en vérité c'est elle.

Je me pince des lèvres

- C'est vrai

- Dans tous les cas, je veux l'avoir à l'œil tant que rien n'est confirmé

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Et comme AR me l'a si gentiment demandé, lorsque la sonnerie a retentit nous annonçant la fin des cours, nous sommes d'abord retournées au QG car il fallait vraiment que j'aille aux toilettes et prenne mes cachets contre mes douleurs au poignet. Nous nous sommes ensuite rendues au réfectoire.

Quand nous arrivons sur les lieux, mon amie a l'amabilité de me proposer de prendre mon plateau repas pendant que je nous cherche une table. La tâche m'ait relativement facile compte tenu du fait qu'il n'y a pas encore grand monde. J'en trouve une, un peu au fond de la pièce, ce qui me parait tout à fait convenable car de là où nous sommes assises, nous avons une vue d'ensemble sur les autres. Ainsi, quand AR s'avance vers moi avec notre déjeuner, je repère rapidement Elana et Lau qui sont assise sur une table un peu au centre de la pièce. Seulement dieu merci, elles me font dos et n'ont pas l'air d'avoir vu AR .

- Tu les a vus ? , me demande cette dernière en prenant place et je hoche la tête.

- Je ne savais pas qu'elles se reparlaient, m'étonné-je et AR hausse les épaules. Depuis l'épisode de la forêt ou alors même un peu bien avant, ces deux à semblaient ne plus vraiment se calculer, et voilà que maintenant elles ont l'air d'à nouveau bien s'entendre.

- J'imagine qu'elles se sont réconciliées, fait alors AR.

- Et ça ne te dit rien ?

- Elana n'est pas un problème pour moi

- Mais elle l'est pour moi

AR arque un sourcil surprise par mes propos. A cet instant je repense à son apparition dans la vision de Gabin lorsque nous étions dans le voyage. Seulement, je ne l'ai pas raconté à AR et je n'en pas particulièrement envie.

- T'es toujours sur ce qu'elle t'a dit hier ? , me fait alors mon interlocutrice et j'acquiesce.

Entre temps je lui avais reporté mon interaction avec la princesse.

AR lève les yeux au ciel et nous commençons à manger.

- Garde un œil sur elles, me recommande de nouveau AR et je retiens à peine un soupir. Etant en face de moi, elle fait dos au reste de la salle. De ce fait, elle ne peut pas les espionner à sa guise.

Alors que je m'apprête à faire ce que vient de me demander si gentiment mon amie, mon regard est attiré comme un aimant vers les portes du self qui s'ouvrent. C'est un groupe de garou qui fait son entrée et parmi eux Gabin.

Mon cœur cesse de battre, je me sens comme figée. J'imagine que mon effroi doit se lire sur mon visage, puisque AR fronce les sourcils et se tourne pour regarder dans la même direction que moi avant de m'observer à nouveau.

- Qu'est ce que t'as toi ? On dirait tu vas faire une syncope.

Je n'en suis pas très loin cependant.

Je suis incapable d'émettre le moindre son si ce n'est que de respirer. Je cesse mon contact visuel et regarde le groupe s'avancer tout le long du comptoir pour se servir. Ils discutent tous, et me font dos.

Un sentiment de panique m'envahit tandis que j'examine avec frénésie une quelconque porte de sortie de secours dissimulé qui me permettrait de m'échapper rapidement et discrètement.

- Tu sais Gillian. Vous n'avez fait que vous embrassez, vous n'avez pas couché ensemble. Tu peux respirer, tu sais, me lance AR sur un ton exaspéré.

Mes yeux s'écarquillent et je n'ose pas lever les yeux de nouveaux vers le comptoir car j'ai l'horrible sentiment qu'ils ont l'oreille toute tendue vers ici

- Ta gueule, la menacé-je entre mes dents et elle sourit. Je reprends alors, « ils pourraient t'entendre de là bas »

- Ah ouai ? , fait elle alors vicieuse, je plisse des yeux.

Je m'apprête à répondre, mais comme un sixième sens je m'abstiens et lève les yeux. C'est là que je le vois se diriger vers nous, alors que les autres garçons à une autre table.

AR se retourne également avant de me refaire face et de m'adresser un grand sourire.

Ma répartie meurt au fon de ma gorge lorsque le brun arrive à notre hauteur.

Mes joues sont en feu.

Il me regarde, je le regarde. AR se marre.

Dieu sauve moi

- Je peux me joindre à vous ?

La question de Gabin est plus rhétorique qu'autre chose à mon avis puisque sans attendre de réponse il s'installe à côté d'AR, donc en face de moi.

Je sens le regard d'AR sur moi, mais mes yeux restent plongés dans ceux de Gabin. C'est la première fois que nous nous revoyons depuis le soir du voile et toutes sorte d'émotions me traverse.

La peur, la joie , la honte, mais surtout l'excitation.

Je jubile rien qu'à l'idée de recommencer l'expérience de l'autre soir.

D'un autre côté, il est là cet instant face à moi, mangeant son déjeuner comme si de rien était, quoi que je discerne une expression amusé sur son visage. Je n'arrive qu'à déglutir difficilement avant de me lancer :

- Hum, donc AR voici Gabin. Gabin mon amie Amber Rose , débité-je rapidement et AR ricane tandis qu'elle se tourne un peu vers lui.

- Gabin ? Juste Gabin ? , fait elle alors sur un ton taquin et je plisse des yeux devinant où est ce qu'elle veut en venir. J'ai envie de lui jeter mon plateau à la figure.

Bien évidement, Gabin comprend également le sous entendu et sourit.

- Gabin l'ami, lui dit il alors avant de me regarder droit dans les yeux et de rajouter, pour le moment.

Je cesse de respirer tandis qu'AR sourit comme une imbécile.

Oh seigneur.

Est-ce qu'il vient réellement de dire ce que je viens d'entendre ?

- C'est bon à savoir

Ils se sourient tous les deux, et mon arrêt cardiaque passé, je me surprends à en faire de même.

- Et sinon qu'est ce que vous faites là ? Vous ne déjeunez pas ici d'habitude, demande Gabin et AR et moi échangeons un regard rapide.

Je laisse le soin à cette dernière de répondre parce que je sais que dès que j'ouvrirais la bouche, Gabin saura que je mens.

- Histoire de passé du temps toutes les deux, fait alors cette dernière.

- Comme la princesse et son amie ? , dit il et je perçois comme une pointe de sarcasme et de mépris dans sa voix. AR semble s'en rendre compte puisqu'elle se tourne complètement vers lui et il en fait de même. Leur contact visuel dure à peine deux secondes avant qu'ils ne me refixent à nouveau.

AR affiche une espèce de rictus.

- Pas de ce genre là, déclare d'une voix douce mon amie qui m'étonne et Gabin hoche la tête.

Il me semble qu'un ange passe avant qu'il ne me lance d'un ton inquiet :

- Et toi tu m'expliques ce que tu as ? Ma sœur m'a raconté n'importe quoi et je n'ai rien compris à ce qu'elle a dit

Je plonge mon regard dans le sien, avant de hausser les épaules.

- Mon poignet refait des siennes. Je suis juste en arrêt maladie, le temps qu'il guérisse.

Gabin acquiesce suite à mes dires et rompt notre contact visuel et se remet à manger.

AR en fait de même, tandis que mon appétit à moi semble s'être envolé.

- Tu ne manges pas ? , remarque mon amie.

- Je n'ai plus faim, dis-je

- Et toi c'est tout ce que tu manges ? , fait alors Gabin à l'encontre de AR. Cette dernière fronce les sourcils à son intention.

- C'est tout ce que mon corps peut ingurgiter

Gabin fait une grimace qui me fait sourire.

- C'est normal. tu as vu comment tu es petite ? On dirait un nem nem

AR semble s'offusquer et à partir de là, leur échange m'amuse franchement. Je souris en suivant leur joute verbal, mais en même temps je suis impressionner par AR. Sa façon de se comporter avec les autres, de ne pas être intimidée ou encore moins timide avec ceux qu'elle ne connait pas.

Cette attitude me fait vaguement penser à Jane.

Jane...

- Ah mais qu'est ce que les gars peuvent être con !

C'est cette remarque d'AR qui me sort de ma rêverie alors qu'elle se lève avec son plateau.

- Je débarrasse le tien ? , me demande-t-elle

- Oui s'il te plait.

Elle saisit donc le mien et se dirige vers le comptoir pour les déposer.

Nous voilà seul Gabin et moi, contact visuel à nouveau établit.

- J'aime bien ta copine, me lance ce dernier et je souris

- Moi aussi je l'aime bien

Il hoche la tête avant de poursuivre

- Ça te dirait un truc dans la forêt ce soir. Une balade après le dîner.

J'essaie tant bien que mal de contrôler mon faciès pour ne rien laisser transparaître, seulement c'est le feu d'artifice à l'intérieur.

Du coin de l'œil je vois AR revenir vers nous. Fébrile, je marmonne

- Quelle heure ?

- 20 heures sur le terrain de sport. Tu m'attends.

Ma tête me semble peser dix kilos lorsque je hoche la tête pour signifier mon accord.

AR revient à la table toute sourire.

- Ça va le géant ? T'a fini ou il faut que j'aille te resservir ?

Gabin se lève à son tour avec son plateau.

- Non merci. Je vais cesser de vous importuner même. Au plaisir de te revoir Amber-Rose

Nous le regardons rejoindre la table de ses amis. AR se tourne vers moi et arque exagérément les sourcils

- Grave canon. Sex appeal à outrance.

Mes yeux s'écarquillent avant qu'un rire nerveux ne m'échappe.

- Bon nous aussi on y va, nos deux camarades sont déjà parties.

Nous quittons donc le réfectoire en direction du QG.