Chapitre 76
« Parfois on fait exprès de ne pas voir ce qui est flagrant », De moi-même.
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Après avoir quitté Elona, je retourne au QG. Les filles semblent surprises de me voir, et je leur explique que j'ai bien trop mal au poignet pour pouvoir travailler au réfectoire. Lau s'excuse encore une fois d'avoir réveillé mes douleurs, mais je la rassure que ce n'est rien, quoi que j'ai vraiment mal.
Nous déjeunons dans la bonne humeur, et rigolons de tout ce qu'a pu faire apparaître Danielle au lieu de la dîtes table que nous n'avons pas encore vu. Lorsque nous finissons de déjeuner, AR vient me chercher dans ma chambre pour que nous allions chez le doti.
- Allez, je sais que tu as vraiment mal, avance-t-elle après que je lui ai suggérer de digérer d'abord.
Je finis par céder, et nous quittons le QG en direction de l'infirmerie. Sur le chemin nous discutons, et je lui demande alors de quoi elle parlait à Lau tout à l'heure avant que Mau n'arrive pour commencer son cours.
- D'après toi ? , me lance alors cette dernière et je hausse les épaules.
- Alors elle a dit quoi ?
AR pince des lèvres avant de me répondre :
- Rien de spécial. Elle m'a pratiquement répété ce qu'elle t'a dit. Elle m'a juste avoué nous avoir espionnés
Je fronce les sourcils.
- Comment est ce qu'elle l'aurait fait ?
AR hausse des épaules.
- Franchement dit, je n'en sais rien et je n'ai pas cherché à savoir. Je lui ai juste demandé de garder tout ça pour elle, ça vaudrait mieux.
- Parce qu'elle comptait en faire part aux autres ? , demandé-je surprise.
- A priori non, mais on ne sait jamais. Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit.
J'acquiesce à ses dires tandis que nous empruntons le couloir qui doit nous amener au « cul de sac » où se situent les portes de l'infirmerie, la salle de transit ainsi que celles du labo.
- Et sinon , je t'ai vu aussi parlé à Elana. Elle te voulait quoi ?
Je lui explique brièvement l'histoire de témoin officiel dont m'a parlé Joyce avant d'en venir aux propos d'Elana.
Nous passons la porte qui débouche sur le couloir de l'infirmerie pour accéder à l'accueil de celle ci.
Je fais part alors à AR des suppositions de Joyce en ce qui concerne l'apparente antipathie d'Elana pour les garous , plus particulièrement envers Ella.
AR secoue la tête de droite à gauche avant de ricaner.
- Si tu veux mon avis la jalousie empêche d'avoir une vision claire des choses. Quoi qu'il en soit ce que j'en dis c'est que si ça se trouve, tous les 4 là, ils ne sont en aucun cas liés. Elona l'a déjà assez évoqué en cours pour qu'il n'y ait plus de doutes possibles : les différents entre joueuses et garous ne datent pas d'aujourd'hui.
J'acquiesce.
- Et en plus , si je me fis à ce que tu m'as raconter de votre discussion de tout à l'heure, il est clair que l'empereur n'est pas très satisfait de ses choix.
- Elana pense que son père ne l'aime pas AR, fais-je alors.
AR ne me répond pas tout de suite et semble réfléchir en posant sa main sur le reconnaisseur digital pour l'identification. La porte s'ouvre et nous rentrons dans la salle d'accueil. Contrairement à la dernière fois où j'étais là, ou alors c'est moi qui n'ais pas fais attention, je remarque que les sièges sont occupés par des élèves, qui soit dit en passant ne nous prêtent pas attention.
Je devance AR et me dirige vers le centre d'accueil et tout comme l'a fait Joyce la dernière fois, je m'accoude au comptoir de celui-ci . Les réceptionnistes sont les mêmes, et encore une fois, seule la femme lève les yeux vers nous, lorsque je dis un bonjour.
- Bonjour. Qu'est ce que je peux faire pour vous ?
- Il y a quelques temps je me suis foulée le poignet, et je reviens pour mon bandage.
La dame acquiesce, et se met à taper sur son guide. Elle me demande de donner mon nom, ce que je fais.
Nous attendons quelques secondes avant qu'elle ne me demande si le Doti qui s'était occupé de moi était bien Neil. Je confirme en rajoutant qu'il m'avait dit de repasser pour mes bandages.
Encore une fois, elle acquiesce.
- Il viendra vous cherchez pour la consultation. Allez prendre place en attendant, nous intime alors la dame.
Nous lui sourions avant de nous exécuter. Mon regard tombe sur la porte qui mène apparemment aux chambres d'hospitalisation. En face de celle-ci , se trouve une seconde autre, et j'imagine que les consultations se déroulent de ce côté-là. Cette constatation faite, je me tourne légèrement vers AR
- Bon qu'est ce que je disais déjà ? , repris-je alors.
- Je ne pense pas qu'il la déteste, commence ma camarade d'un ton sérieux avant de rajouter, par contre elle n'aurait pas tord de se méfier de lui et de douter de l'attachement qu'il peut lui porter.
Mes yeux s'écarquillent tant je suis sidérée.
- Quoi ?
- Gillian, son père est l'empereur, un garou , qui plus est l'alpha. Tu connais la politique que mène le représentant des garous dans le conseil des sages n'est ce pas ?
- Bien évidement, marmonné-je
- Est-ce que tu penses que ce serait possible s'il n'avait pas la bénédiction de l'empereur ?
Cette fois ci, je ne réponds pas.
- Je ne saurais te dire si cet homme aime sa fille comme le ferait un père normal, mais tout porte à croire qu'elle n'est pas sa priorité première. La politique passe avant, sa meute passe avant et ...
- Pas Elana puisqu'elle n'est même pas une garou, complété-je et AR approuve.
- C'est exactement ça. Donc tu peux comprendre qu'elle n'aime pas les garous
- Mais de là à les traités d'hypocrites et à parler d'eux comme ça ?
- Ce qui est sûr ce n'est certainement pas parce qu'elle a couché avec l'un des frères et qu'il lui a tourné le dos, crois moi , affirme sérieusement AR et j'ouvre la bouche mais la referme.
Mon regard se pose sur la porte qui mène aux salles de consultations, il me semble, et au même moment, celle-ci s'ouvre sur Neil.
Nos regards se croisent instantanément, et il sourit avant de venir vers nous. Il est habillé comme la dernière fois, avec sa blouse blanche. Son regard passe de AR à moi, puis de moi à AR et enfin sur AR. Quand il arrive à notre hauteur, il cesse de fixer mon amie , et lance d'un ton taquin :
- N'est ce pas ma patiente qui me fuit le plus ? Tu t'es enfin décidée à venir ?
Honteuse, je lui adresse un sourire mal assurée.
- Mais non ..., essayé-je alors de me rattraper lamentablement.
- Mais si , me contredit-il, l'air vraiment amusé avant de reprendre avec plus de sérieux, je vais quand même te consulter, venez donc.
Sur cette invitation, nous nous levons et le suivons. Nous passons la porte, et le couloir est moins spacieux que celui dans lequel je m'étais retrouvée le jour de ma sortie. Il est aussi beaucoup moins long. Au dessus des portes qui sont encastrés de par et d'autres des murs se trouvent des plaques avec des noms. Nous dépassons trois portes avant de nous arrêter à la 4ème sur notre gauche.
Le doti nous précède. Comme je suis la dernière à rentrer je referme la porte derrière moi.
La salle est de taille moyenne. Les murs sont d'un bleu clair pour changer, mais je sais que c'est en référence à la couleur des garous. Il y a une grande armoire blanche au fond de la salle ainsi qu'un lit d'examen, comme ceux qu'on trouve dans les cabinets des médecins classiques.
Au centre de la pièce, il y a son bureau en face du quel se trouve deux chaises. Il s'installe derrière celui-ci et nous prenons également place.
Il y a quelques piles de documents sur la table, et dans l'une d'elle, il saisit une chemise cartonnée sur laquelle je lis « joueuse ». Il y a plusieurs feuilles, et il en épluche quelques unes avant d'en prendre une.
Je devine que c'est la mienne.
- Donc qu'est ce que je peux faire pour toi Gillian ?
- Je sais que je devais venir plutôt pour renouveler mon bandage, mais je n'ai pas vraiment eut le temps, commencé-je et il acquiesce.
- Seulement depuis quelques jours, mes douleurs et mes démangeaisons persistent. Je me suis donc décidée à venir.
Encore une fois il acquiesce, et cette fois ci en souriant.
- Je vois ça.
Je baisse les yeux tandis qu'il enchaine.
- Je vais d'abord refaire ton bandage et on verra ce qu'il en est. Va te mettre sur le lit
Sans rien ajouter je m'exécute alors qu'il va à l'armoire blanche.
J'en profite pour établir un contact visuel avec AR, mais cette dernière me fait dos, et semble s'obstiner à admirer quelque chose sur la table de bureau.
Lorsque Neil vient vers moi, il est armé d'un plateau sur lequel je distingue : du coton, une bouteille en plastique avec de liquide transparent, un tube de crème et des lunettes.
Des lunettes ?
Je fronce les sourcils face à cette observation, mais ne dis rien.
Une fois à ma hauteur, il place le plateau à mes côtés sur le matelas.
- Enlève ton gilet s'il te plait.
Je fais ce qu'il me dit et retire l'habit, qui je me rends compte l'aurait gêné pour enlever mon ancien bandage.
Lorsque c'est fait, Neil saisit le coton et l'imbibe du liquide qui est dans le flacon.
- C'est de l'eau distillée, m'informe-t-il et j'acquiesce.
Il m frotte le poignet avec, et imbibe deux nouveaux cotons à la suite, avant de refaire la même chose.
Lorsque c'est terminé, il prend le tube de crème et en applique un peu sur mon membre doucement.
Lorsqu'il finit l'application, il prend la paire de lunettes dont les verres sont tout blancs et les portes. Il saisit ma main et recule.
- Je vais tirer sur ton bras et grâce à ces lunettes, je pourrais voir quelle réaction ont les ligaments de ton poignet
- Ok
Sur ce, il s'exécute, et quand il tire je ne peux m'empêcher de grimacer de douleur et de serrer les dents.
Lorsqu'il me lâche enfin, il enlève ses verres.
- Rien à changer par rapport à la dernières fois. Tu devrais faire plus attention, et vraiment laisser reposer. Je pense qu'un bandage n'est pas nécessaire, mais abstiens toi de toute activité qui pourrait solliciter ton bras gauche, déblate-il en allant prendre place derrière son bureau.
Je descends du lit, et retourne m'assoir près de AR qui cette fois ci semble parmi nous.
Neil écrit sur ma fiche en même temps qu'il parle :
- Je vais faire passer ton bilan à ton mentor pour qu'elle prenne les précautions qu'elle faut ok ?
- Oui , merci, dis-je alors en souriant.
Neil relève la tête vers nous.
- Vous pouvez y aller.
J'acquiesce tandis que nous nous levons et sortons de la pièce.
Ce n'est que lorsque nous devons monter les escaliers pour rejoindre le grand amphi que je me rends comptent que j'ai oublié mon gilet dans le cabinet de Neil.
Je râle suite à ce constat et sr le fit que je dois aller faire demi-tour.
AR me propose tout naturellement d'aller le chercher et que je pouvais retourner au QG .
- Tu es sûre ?
- T'inquiète, me rassure-t-elle et je ne me fais pas prier.
***
Effectivement, comme prévu, AR vient me rejoindre quelques minutes plus tard avec le dit-gilet. Par la suite, nous passons une bonne partie de l'après midi avec Danielle et Steph qui se sont mis en tête d'écrire tout ce qu'on a vu depuis le début de l'année sur l'histoire de Dom afin de réviser pour « l'examen » de fin d'année. Même si sur le moment j'ai trouvé ça barbant, je me dis que le moment venu ça nous aidera beaucoup.
Quand nous finissons avec ça, AR me demande de l'accompagner courir. Nous nous rendons donc sur le terrain de sport et comme d'habitude, Adam y est avec une de ses classes. AR me fait remarquer que c'est celle d'Ella et je souris
Mine de rien nous nous contentons d'une moitié de terrain, laissant l'autre au mentor des garous et à sa classe. Seulement lorsqu'à un moment, je me retrouve à l'extrémité du nôtre et du leur, alors qu'AR en est toujours à ses étirements, je vois du coin de l'œil Adam venir vers moi.
Je m'arrête alors. Lorsqu'il retrouve à ma hauteur, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à son groupe d'élèves qui est en cercle et qui semble discuter. Ella me fait dos, et je ressens une sorte de soulagement presque.
- Bonjour Gillian, fait le mentor des garous pour attirer mon attention. Je plante mon regard dans le sien, et comme toujours, je ressens une certaine gêne vis-à-vis de lui. Pendant un instant même, je suis tentée de reculer mais me ravise et lui adresse un sourire crispé à la place.
- Bonjour
- Elona est venue me voir en fin de matinée pour me dire que tu n'effectuerais pas le service de ce midi parce que ton poignet te faisait beaucoup souffrir, dit il d'un ton où je décèle une pointe d'ironie lorsque son regard dévie sur mon poignet gauche.
- Je suis allée voire le Doti pour ça. Il m'a retiré mon bandage et a dit qu'il me fallait du repos pour guérir.
Adam sourit et acquiesce. Quant à moi je reste de marbre.
- Je voulais te parler également de cette fille dont tu m'as chargé de trouver l'identité, reprend-il d'un air sérieux qui me rend nerveuse.
- Bethany, soufflé-je et il acquiesce en plissant des yeux.
- Oui elle. Quelque chose me dit que tu ne vas pas être étonnée, mais je n'ai rien trouvé sur elle. Aucune trace d'une Bethany quelconque, que ce soit chez les garous, les changes-peaux ou encore bien même les Racines. Elèves et corps enseignant confondus.
Je pince des lèvres.
- Tu veux me dire qu'il n'y a personne qui répond à ce nom ici ?
- Personne
Je fronce les sourcils.
- Donc je me demandais, avant de m'aventurer plus loin, j'aimerais savoir si tu la connais cette Bethany ? Ou du moins, où est ce que tu as entendu ce nom ? Tu l'as déjà vue ?
Oui, j'ai vu sa tête détachée de son corps, plus précisément décapitée. Je l'ai ensuite enterrée avec des amies dont ta copine.
Mais bien sûr, je ne dis rien de tout cela. Je me contente de hausser les épaules.
- Non pas vraiment. Je ne peux pas t'en dire plus, si ce n'est qu'il faut que tu creuses plus.
Je m'attends à ce qu'il proteste, mais non. Il ne fait que froncer les sourcils et rester silencieux quelques instants avant de me dire
- Ok, on va faire ça. Si j'ai quelque chose, je te préviens, me dit-il simplement.
J'acquiesce et il repart vers ses étudiants. Quant à moi je retourne vers AR. A mon approche cette dernière se redresse et arque un sourcil
- Toi aussi tu fricotes avec Adam garou ? Et ton Gabin là ? Ce n'est pas son frère ? C'est Joyce qui ne va pas être contente
Je reste interdite face à ses propos.
- Joyce ? , balbutie-je.
AR roule des yeux.
- Oh je t'en prie Gillian, tout le monde sait qu'il la saute
Ma bouche s'ouvre sous le choc
- Ils sortent ensemble, me surpris-je à dire comme pour les protéger.
- Bien évidement, rit AR avant de se mettre à courir.
Il me faut quelques instants pour assimiler ses dires avant de la suivre dans sa course.
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