Chapitre 73
« Il y a des personnes qui sont loin de nos yeux, mais qui seront toujours prés de notre cœur », Auteur inconnu
***
- Ça va faire bizarre quand elles vont être là, fait Joyce assise sur le plan de travail pendant que Gaia s'occupe du déjeuner et que Lau et moi mettons la table.
C'est aujourd'hui que les filles reviennent de vacances, et il faut bien que je l'avoue, je suis contente.
Je ne sais pas si le fait d'être restées ensemble ces deux dernières semaines nous a rapproché ou quoi que ce soit, mais ce qui est sûr c'est que beaucoup de choses ont été clarifiées.
- En espérant qu'elles nous ramènent des trucs hein, marmonne Lau. Nos regards se croisent, puis nous nous sourions.
Nous ne sommes plus revenues sur ses confessions au sujet de l'imposteur.
Pareille avec Gaia, elle n'est plus revenue sur le comment elle a fait pour être au courant de ma conversation avec Elona et quant à moi je ne suis plus retournée vers elle pour lui en demander plus sur Bethany.
A vrai dire, je me suis contentée de tenir des conversations platoniques avec ces deux là. Je n'arrive pas à les cerner alors qu'elles semblent très bien le faire avec moi. Elles sont au courant de choses à mon sujet qui ne me plaise pas. Ce qui est censé rester confidentiel ne l'est pas et je ne comprends pas pourquoi. Je n'ai ni le courage ni l'envie même d'ailleurs, d'en parler à Elona.
D'ailleurs même qu'est ce que je lui dirais ?
« Deux de mes camarades doutent fortement de l'identité de l'une et de l'autre. Elles me confient des trucs dont elles ne sont pas censées être au courant, et je pense même qu'elles en savent plus que ce que j'ose supposer.
Je ne leur fais pas du tout confiance, et elles me font un peu peur sur les bords. »
Suis-je censée aller dire ça ?
Je ne crois pas. De ce fait je préfère me taire et garder mes distances pour le moment. Surtout que Gaia n'a pas juger bon de dire à qui que ce soit où est ce qu'elle était passée le soir du « voile ». Aucune de nous ne lui a posé de questions, et à ma grande surprise Lau non plus.
Quant à Joyce, c'est assez bizarre, mais depuis notre dernier échange sur Adam, notre relation semble s'être améliorée. La tension qu'il m'arrivait de souvent percevoir auparavant, a disparu. Il me semble donc qu'elle m'a dit ce jour là tout ce qu'elle avait sur le cœur depuis assez longtemps.
Quoi que nous ne parlons pas d'Adam, elle m'a laissé penser, et Lau aussi, qu'ils sont en froid depuis le soir du « voile ». Bien évidement, je n'ai pas cherché à savoir .
Je ne vais pas mentir, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse.
J'ai été préoccupée par tout autre chose ces derniers jours.
Tout naturellement c'est Gabin qui figure en haut de ma liste.
Il s'en va s'en dire que je ne l'ai pas revu depuis notre « baiser ». A ma plus grande honte je l'avoue, un baiser que j'ai repassé à maintes reprise, et à chaque replay les frissons sont au rendez vous.
Plutôt vu étrangement de nos jours, mais voilà, je n'ai jamais eu de « vrais petits copains » jusqu'à maintenant. Aucun garçon ne m'a jamais embrassé comme ce dernier ce soir là.
Je n'avais jusque jamais voulu aller au-delà d'un baiser avec qui que ce soit. Souhaiter si ardemment le contact d'une peau contre la mienne, et m'y frotter jusqu'à m'en arracher la chair.
- Gillian ça va ? Tu es toute rouge, me fait remarquer Gaia. une boule se forme dans ma gorge et j'ai dû mal à déglutir.
J'ai l'impression d'avoir été prise en flagrant délit.
Les filles me regardent comme si je venais de pousser deux têtes.
- Heu ouai... j'ai juste un coup de chaud. Je vais aller me rafraichir le visage quelques minutes, marmonné-je avant de sortir en grandes enjambées de la pièce.
C'est dans ce genre de moment que je regrette ma venue ici. J'aurais besoin de parler de tout ceci à quelqu'un et pas n'importe qui.
Ma mère par exemple...
Et pas seulement de Gabin, mais de mon test aussi.
Les résultats que m'a communiqués Mau me font peur parce que je ne comprends. C'est déconcertant de se dire qu'on n'est pas comme les autres. C'est frustrant de se sentir à part comme je le suis.
Chaque fois que je me regarde dans le miroir et que j'observe assez longtemps mon reflet, que je fixe mes pupilles légèrement grisées, je le sens. Je sens qu'il y a quelque chose qui cloche. Et c'est horrible parce qu'avant de venir ici, même si sur terre je ne dormais pas, en apparence je me fondais dans la masse.
J'avais des camarades de classe, deux meilleures amies à qui je n'ai même pas pris le temps de dire au revoir, des parents aimants qui commencent sérieusement à me manquer.
Je me sens mal, très mal et à vrai dire je ne savais pas que l'on pouvait sentir aussi mal à l'intérieur de soi même. Ça ne m'était jamais arrivé jusqu'à maintenant. Si seulement je pouvais rentrée chez moi...
- Gillian ?
Je sursaute à la voix inquiète de Joyce derrière moi. Je reviens à l'instant présent, et nos regards se croisent dans la glace. Je remarque alors que le robinet est toujours ouvert et que et que l'eau coule.
La main engourdit, j'arrête l'arrivée de l'eau avant de me tourner vers ma camarade qui est arrêtée à l'encadrement de la porte les bras croisés.
Elle me lance un regard compatissant, comme si elle comprenait ce que je ressentais, et j'ai une soudaine envie de pleurer.
Je refoule mes larmes et mets mon trop plein d'émotions sur le fait que j'aurais bientôt mes règles et non pas parce que je fais peut être une dépression.
- Ça va ? , demande-t-elle et je me contente d'acquiescer de la tête
- Les filles sont là, me dit-elle, tu viens ?
Une fois encore j'acquiesce et la suit.
Depuis le couloir j'entends des éclats de voix et quand nous pénétrons dans le salon , la première chose sur laquelle mon regard tombe sont les valises éparpillés un peu partout , puis les filles.
- Gillian !, s'écrit Steph en venant vers moi.
Je ne sais pas si c'est parce que ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues ou alors parce que je suis bizarre, mais je me suis extrêmement gênée lorsqu'elle me prend dans ses bras. J'ai presque du mal à lui rendre son éteinte.
Je ne peux qu'être soulagée lorsqu'elle se détache de moi. Elle se décale pour laisser place à Danielle qui me prend également dans ses bras.
- Vos vacances ont l'air de vous avoir réussi, fait remarquer Joyce d'un ton légèrement narquois tandis que Danielle se détache de moi.
Cette dernière se joint à la discussion des filles tandis que je me retrouve en face d'AR.
Les bras croisés elle me fixe un léger sourire aux lèvres et j'en fais de même. Nous sommes un peut en retrait.
Je m'approche de quelques pas :
- Alors ?
- C'était bien. Ça m'a permis de me détendre.
J'en aurais eut besoin aussi.
- Tu m'aides à faire rentrer mes affaires ? , me demande-t-elle d'un air poli. Je regarde les deux valises qui la suit avant de m'en emparer d'une.
Je sais pertinemment qu'elle pourrait le faire toute seule mais j'imagine qu'elle veut me parler.
Tandis que nous nous dirigeons vers le couloir pour aller à sa chambre, cette dernière annonce :
- Gillian va m'aider à défaire mes valises
Cependant personne ne lui répond ou encore moins l'écoute. Je ne sais pas qu'est ce que Steph et Danielle peuvent bien raconter, mais les filles ont l'air très intéressés par ce qu'elles disent.
**
- Ah ! , s'exclame AR en sautant dans son lit. Ses valises au pied de son lit cette dernière est allongée sur le dos et fixe le plafond de sa chambre.
J'en profite pour la détailler : elle n'a pas vraiment changé, ce qui n'est réellement pas étonnant puisque ça ne fait que deux semaines qu'on ne s'est pas vues. Quoi que je remarque qu'elle est légèrement plus bronzée. J'imagine que c'est parce que le « soleil » d'ici n'est pas ce que je pourrais vraiment qualifier de « soleil ». Il est beaucoup moins fort que celui qu'il y a sur terre.
Ses cheveux sont tirés en arrière par une queue de cheval. Elle porte un leggins et des ballerines noirs accompagnés d'un pull beige cintré sur la taille.
Elle pousse un soupir au moment où je termine mon inspection et se redresse.
- Tu ne t'asseyes pas ? , fait elle d'un ton joueur et sans répondre , je vais prendre place à son bureau.
Je suis surprise lorsque par la suite, elle s'assoie à même le sol, entraînant une de ses valises avec elle, celle que moi je tenais. Elle l'ouvre et plusieurs paquets et emballages apparaissent.
- J'espère vous avoir manqué parce que je me suis démerdée à vous trouvez des cadeaux à chacune, dit elle alors et mon cœur bondit dans ma poitrine.
Elle nous a rapporté des cadeaux ?
Je me rappelle que peu avant son départ elle m'avait demandé ce que je voulais qu'elle me ramène. Cependant, je ne pensais qu'elle était sérieuse, ou du moins je l'avais oublié.
Elle prend un petit paquet de sa valise et me le tend :
- Tiens, celui là est pour toi. En fait j'ai pris des cadeaux communs, et en plus un autre spécial pour toi
Le sourire aux lèvres, je prends le dit paquet et le déballe. Il y a un petit boitier à l'intérieur et lorsque je l'ouvre, j'y découvre un pendentif en argenté avec mon prénom joliment écrit en arabesque.
- Il est trop beau, soufflé-je en le touchant du bout des doigts.
- Je savais qu'il te plairait, sourit alors AR.
Profondément émue, je la fixe droit dans les yeux en refermant l'écrin.
- Merci beaucoup, dis-je alors d'une voix où le poids de l'émotion se fait ressentir.
Je ne sais pas si c'est à cause de mon coup de blues ou quoi, mais je suis vraiment touchée par cette attention.
- Apparemment ça n'a pas été très facile pour toi, déclare AR en refermant sa valise avant de se laver et deux ranger ses deux bagages dans un coin de la pièce.
- Si tu savais, soufflé-je, on peut dire que j'en ai découvert des trucs.
AR hausse les sourcils dans une expression de surprise agréable.
- J'ai hâte de tout entendre , m'annonce-t-elle en allant vers la porte. Elle ouvre cette dernière, on aura tout le temps de parler après le déjeuner et que j'ai donné leurs cadeaux aux filles. J'ai des choses à te montrer.
Elle m'adresse un sourire énigmatique que je ne peux déchiffrer. Je me contente de la suivre lorsqu'elle sort.
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