Chapitre 66
« Quand la vérité est inscrite sur la peau, elle est à la portée de tout le monde, cachée et pourtant si proche », Le tribunal des âmes, Donato Carrisi
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J'ai pour ainsi dire passé une très bonne nuit. D'abord quand je suis rentrée, il n'y avait personne dans les pièces communes du QG, donc personne pour me faire passer un quelconque interrogatoire.
Ensuite je n'ai cessé de repasser ma soirée avec Gabin en boucle dans ma tête jusqu'à ce que je n'en puisse plus et que le sommeil m'emporte.
C'est donc le sourire aux lèvres que je me réveille ce matin.
Malheureusement, lorsque je finis de prendre ma douche et qu'en allant à la salle manger je tombe sur Gaia. Cette dernière me lance en regard qui en dit long et la vérité me retombe dessus : c'est ce soir que je dois donner ma réponse à Elona et je n'ai toujours pas eut ma conversation avec Adam.
Lorsque je pénètre dans la salle à manger j'y trouve Joyce et Lau attablées. Les deux me regardent d'une façon étrange presque réprobatrice (surtout Joyce), mais je ne comprends pas trop pourquoi. Je ne suis pas rentrée si tard hier soir.
- Bonjour, leur dis-je avant de m'installer.
- Bonjour à toi, me répond d'un ton chantonnant Joyce tandis que Lau m'adresse un petit sourire.
Je la sens tendue lorsqu'elle se lève pour débarrasser ses couverts. Néanmoins, Je commence à tartiner mes crêpes.
Avant de sortir Lau s'adresse à moi d'un ton sérieux
- Tu peux me retrouver après à notre amphi ? Mau à demander à me voir mais il faut vraiment qu'on parle.
- Ok
Puis elle sort. Joyce me lance un regard suspicieux, mais ne dit rien à propos de ça. Par contre comme je m'y attendais, elle me parle d'hier.
- Alors ? Comment était ton dîner ?
Une image de Gabin près de moi, ses lèvres frôlant presque les miennes, me revient à l'esprit.
Un frisson me parcourt tandis qu'un sentiment de honte m'envahit. Je baisse la tête vers mon assiette me concentrant sur le mouvement de ma main qui tartine les crêpes.
- Tu rougis, c'est trop mignon. Vous avez fais des cochonneries ? , glousse mon interlocutrice et n'y pouvant plus je relève la tête vers elle avec un sourire que je suis incapable de réprimer tant je suis gênée.
- Joyce...
Elle ricane
- Il ne c'est rien passé. On a juste dîner.
- Et tu étais avec qui ?
Je plisse les yeux à son égard.
- Comme si tu ne le savais pas
Elle roule des yeux et se laisse aller contre sa chaise.
- Je veux juste te l'entendre dire
- C'était avec Gabin, marmonné-je. Si je n'avais pas eut l'éclaircissement quant à leur relation à ces deux là, j'aurais certainement pris cette question pour de la provocation.
Joyce sourit bizarrement.
- Et vous n'avez fais que dîner ?
- On aurait fait quoi d'autres ?
Nerveusement je me décide à entamer mes crêpes.
Joyce hausse les épaules.
- Qui sait ...
- Nous avons beaucoup discutés
Et un peu fricoté.
Je me sens rougir.
- Il me semblait que vous aviez beaucoup de choses à mettre au point.
J'arque un sourcil à son égard.
- Oui
J'ai l'impression qu'il faut que je dise autre chose, mais je ne sais pas quoi. Est-ce que je dois lui parler d'Adam ?
Lui dire que je suis à présent au courant, et qu'avant je ne savais rien ?
- Je sentais un peu que vous vous perdiez, fait-elle et je fronce les sourcils.
- C'est-à-dire ?
- Vous vous éloigniez. Surtout quand à la foire des racines, ça m'a sauté aux yeux.
Effectivement, je les ai vus ensemble ce jour là, et je me rappelle bien la jalousie que j'ai pu ressentir.
- C'est de ça même que je lui parlais quand tu nous as vu après que Gaia ait péter son câble, fait elle comme si elle venait de lire dans mes pensées.
- Tu lui parlais de nous ?
Je me sens un peu gênée lorsque je dis le « nous » en parlant de Gabin et moi. Joyce ne semble pourtant pas s'en soucier par contre :
- Mais aussi du fait que s'il ne faisait rien tu risquais d'aller voir ailleurs. Parce que bon sang, faut ouvrir les yeux ! T'es pas moche et à mon avis je ne suis pas la seule à le penser.
Tout d'un coup je me sens perplexe.
- Est-ce que c'est toi qui a dit à Gabin de m'inviter ? , demandé-je appréhendant la réponse. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que si c'est le cas je serais un peu déçue.
- Non. Par contre je lui ai dis de se bouger un peu en ce qui te concerne.
J'acquiesce et continue de déguster mes crêpes.
- Et je dois te dire merci j'imagine ? , essayé-je de plaisanter mais en fait ça me reste en travers de la gorge.
Je ne sais pas pourquoi, peut être est ce dû aux séquelles de ma jalousie ou un truc comme ça, mais à l'entendre parler, ils ont l'air d'être les meilleurs amis du monde.
- Pour le dîner en tout cas oui, tu peux me dire merci. C'est moi qui l'aie aidé. J'en avais finis avec Adam et Gabin me faisait pitié tout seul à se démener comme un diable, fait alors Joyce en me regardant dans les yeux.
Il y a un blanc.
Elle vient de mentionner Adam et je me demande si c'est fait exprès. Veut elle en parler ou est ce moi qui doit le faire en premier ?
Mal à l'aise je me tourillonne sur ma chaise avant de lancer :
- Je sais pour Adam et toi
Joyce ne réagit comme si elle retenait son souffle, et moi-même essayant de cacher au plus ma gêne je poursuis
- Gabin me l'a dit hier après midi
- Je sais , fait elle alors sèchement.
Surprise par ce changement de ton je me redresse. Elle a l'air de s'en rendre compte car , son visage prend un air doux avant de continuer
- En fait ... Je .. , commence-t-elle avant de dévier le regard, je ... c'est gênant !
Tu m'étonnes que ça soit gênant.
Ce mec est un pédophile. Rien que d'y penser j'ai la bile qui me monte à la gorge
- Joyce, fais-je tendue e elle lève les yeux vers moi, tu es consciente que c'est du détournement de mineurs n'est ce pas ?
Les yeux de mon amie s'agrandissent, et malgré qu'elle soit métisse, j'arrive distinguer un début de rougissement
- Il ne m'a forcé à rien
Mais bien sûr .
Je combats mon envie de rouler des yeux. Comme si elle peut me faire croire qu'il ne l'a pas suivie avec ses assiduités jusqu'à ce qu'elle craque.
- Il t'a lavé le cerveau Joyce, c'est ce que les pédophiles font.
Mon amie se raidit avant de se redresser. Un air dur prend place, et j'ai à cet instant le côté connasse qu'elle m'a fait côtoyé y'a pas si longtemps que ça en face de moi.
- Gillian arrête. Tu ne sais pas ce qu'il y a vraiment entre nous.
- Je suis d'ailleurs bien loin d'essayer de me l'imaginer, dis je sarcastiquement et elle plisse des yeux.
- Ne fais pas ta salope Gillian
C'est à moi d'écarquiller les yeux.
Alors là nous y revoilà
- Adam est tout ce qui a de sincère. J'ai confiance en lui.
- Evidement, ne puis-je m'empêcher de dire. Joyce me fusille du regard et je fixe tout à coup lassé mon plat de crêpes.
Cette conversation me coupe clairement l'appétit.
J'entends une chaise grincer. Je lève les yeux et je suis des yeux ma camarade se diriger vers la sortie. Seulement avant de quitter la pièce elle se tourne vers moi
- Vous criez toutes qu'on est victime d'injustice ou je ne sais pas quoi, mais vous faites exactement pareil. Tu juges sans savoir.
Et elle claque la porte.
Magnifique.
*****
Alors que tout m'avait l'air bien parti pour passer une excellente journée, voilà qu'à présent je suis d'une humeur de chien et tout ça à cause de Joyce.
Ou plutôt d'Adam !
Je rumine tout en me dirigeant vers notre amphi en espérant, Lau n'ait pas elle aussi l'idée de me prendre la tête. Ce serait le comble !
Comme toujours, les couloirs de l'institut sont à cette heure ci vide. C'est donc en moins de cinq minutes que je rejoins Lau.
Lorsque je pénètre dans notre immense salle, je la trouve debout sur l'estrade les bras croisés. A peine je fais deux pas dans sa direction qu'elle lève les yeux vers moi. Elle a un air crispé sur la visage, et plus je m'approche d'elle , plus je la sens tendue.
- Hey, ça va toi ? , lui fais-je lorsque je suis en face d'elle. Elle ne se déride pas , et pince des lèvres comme si elle réfléchissait.
Au bout de ce qui me semble être une éternité elle me répond :
- On va dire que oui
J'acquisce.
- De quoi tu voulais me parler ?, commencé-je avant de la prévenir, j'espère que ce n'est pas à propos de Gaia.
- Si c'est à propos d'elle.
Je retiens de justesse mon roulement des yeux , mais pas mon soupir.
- Je croyais que le débat était clos la concernant. Joyce ou moi sommes censées nous rapprocher d'elle , et tout te raconter non ? , déclaré-je d'un ton las.
J'en ai marre de tout le temps tourner autour du même problème.
- Changement de plan ce n'est plus d'actualité
J'hausse les sourcils face à ses dires
- Et quel est notre prochaine mission chef ? , lancé-je un brin sarcastique.
Lau n'a pas l'air de le remarquer ou alors elle ne s'en soucie pas. Elle garde son air sérieux.
- Gillian ce que je vais te dire est très sérieux
- Vas y je t'écoute, fais-je curieuse.
- Gaia est l'imposteur, souffle-t-elle et je suis glacée.
Je pense que mon cœur a cessé de battre pendant cinq secondes.
Est-ce que j'ai bien entendu ? Est ce qu'elle vient réellement d'utiliser le terme d' « imposteur » comme l'a fait AR ?
- Qu'est ce que tu viens de dire ? , murmuré-je
- Gillian je sais ce qui AR et toi cherchez, et je cherche la même personne. Je l'ai trouvé. C'est Gaia j'en suis sûre et certaine.
Je suis totalement sans voix.
Comment diable est-elle au courant ? AR lui en aurait elle parlé ?
Nous espionne-t-elle ?
Pourquoi me dit-elle ça ? Et plus précisément maintenant ?
Toutes ces questions menacent de jaillir et pourtant il n'en est rien. Je suis en proie d'une panique qui me traverse les os.
Je n'ose pas faire autre chose que de reculer tout en soutenant le regard gris de ma camarade.
- Mais qui es tu ?
La question m'échappe, mais c'est le fond de ma pensée.
Qui est elle ? Comment est-elle au courant de l'imposteur ? Pourquoi est-elle sûre et certaine que c'est Gaia ? A-t-elle des preuves ?
- Toi qui es tu ? , me renvoie-t-elle alors la question froidement que ça me paralyse n instant avant que la raison ne me revienne et que je descende une bonne fois pour toutes de cette estrade.
Sans demander mon reste, je me dirige à grades enjambées vers la sortie lorsque sa voix m'interpelle encore une fois.
- Gillian, quoi qu'il arrive ne fait rien de ce qu'elle te demande. elle te manipule, ne fait rien de ce qu'elle te dira
Je ne prends n'y la peine de me retourner et encore moins de répondre.
Je sors de l'amphi la tête bourdonnante et angoissée.
Mais qu'est ce qui se passe ?
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