Chapitre 63
« La colère peut cacher bien d'autres sentiments », auteur inconnu
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Lorsque nous retournons au QG, je suis plus qu'étonnée d'y trouver Lau.
- Bah, qu'est ce que tu fais là ? Tu n'étais pas censée aller à la bibliothèque avec Joyce ? , demandé-je tandis que Gaia va à la cuisine prendre de l'eau.
Lau est assise dans le salon, des papiers à la main.
- Oui on y est allée. Seulement, quand on est passée par notre amphi pour revenir Mau , lui a demandé de rester parce qu'elle voulait lui parler.
- Ha , j'acquiesce avant de dire tout en me dirigeant vers le couloir, bon moi je vais aller me changer.
Lau hoche la tête, et je vais dans ma chambre.
Une fois terminée, je m'installe sur mon lit, soucieuse.
C'est demain que je dois donner une réponse à Elona et je me sens perdue. J'ai l'impression de ne pas avoir toutes les cartes en main pour vraiment faire un bon choix compte tenu de la situation.
Pour une raison qui m'échappe, Ella veut la destitution d'Elona. Elona quant à elle pour éviter ca, veut renvoyer Ella et ainsi faire annuler ces charges. Seulement pour cela il lui faut des preuves et un vrai motif.
C'est là que j'interviens, car apparemment je suis le motif parfait, mais il faut que par une fausse déclaration et mon consentement je constitue les dîtes preuves. En contre partie, Elona nous libère pour la dernière semaine qui commence après demain.
Vu comme çà, le compromis est tout aussi parfait pour mon mentor que moi.
Seulement, il y a quelque chose qui me chiffonne.
Je ne sais pas quoi, mais il y a un truc qui cloche avec tout ça.
Le fait est que ça me parait trop facile, tant pour Elona qu'Ella. S'éjecter ainsi, l'une et l'autre juste en déclarant des choses, on se croirait au primaire, dans la cour de récréation. Pour le moment , je suis donc obligée de me baser sur des suppositions puisque hier , Elona a refusé de me répondre concernant cette question et Elana elle, m'a donné la réponse la plus ambigüe qui soit.
« C'est son renvoi ou le nôtre »
Qu'est ce que c'est censé vouloir dire au juste ? Parce que si j'analyse bien cette phrase, la logique m'amène à comprendre que les choses se jouent entre Elona et Ella ou du moins, elles en sont les deux investigatrices.
Mais comme les problèmes dans ce monde ne sont jamais aussi simples qu'on le croit, je vais aller plus loin :
On va dire qu'Elona représente les joueuses et Ella les garous. Les deux espèces se confrontent alors. Et j'imagine que ce n'est pas une coïncidence le fait qu'apparemment tous ces articles sur Elona sortent, puisque de ce que Gaia m'a raconté, notre mentor serait beaucoup critiquée, notamment parce que nombreux sont ceux qui pensent qu'elle sera désignée impératrice.
Si je continue sur cette voie là, c'est-à-dire en y mêlant la politique, il n'est pas improbable que tout ceci ne soit en fait qu'un coup monté contre Elona pour la destituer et par la même occasion la mettre hors circuit de la course à la couronne.
Et son principal adversaire étant un garou, il n'est pas négligeable de le suspecter, car si mes souvenirs sont bons, ce ne serait pas non plus la première fois, que ceux là se montrent « déloyal ».
***
L'heure du déjeuner me paraît être une délivrance suite à la longue réflexion que je me suis infligée depuis ce matin. J'ai retourné maintes et une fois le dilemme dans ma tête, sans parvenir à décider quoi que ce soit.
Même si le choix semble évident, je n'y arrive pas.
A vrai dire, je ne sais pas si je supporterais d'accuser une personne d'une chose qu'elle n'a pas faîtes. Mais d'une autre part, si je ne le fais pas, ça va être Elona qui va se faire expulsée tout court et de tout. D'ici, de la politique et peut être même de Dom avec nous avec.
En y songeant bien, je me suis rendue compte, que cette dernière se trouve être notre ancre.
Sans elle je ne crois pas que nous « soyons » aptes à rester là, pace qu'il faut l'avouer, elle contribue énormément à ce que les règles soient suivis, ce qui donne un semblant de cohésion dans cet institut.
Il est clair que je ne suis pas apte à prendre ce genre de décision, et je crois bien qu'Elona s'en est également rendu compte. Il est facile d'imaginer alors qu'elle s'attend que sous le poids de la responsabilité, je me tourne vers les autres pour en parler.
Je suppose donc que si elle raisonne comme ça, elle m'attendra très certainement dans son bureau demain soir avec toute la confiance dont elle est remplie, à me voir venir accepter son deal.
Préoccupée, je vais me joindre aux autres pour déjeuner. Je considère mon plat de pâtes bolognaises d'un air las. Par l'odeur, je devine que c'est Lau qui les a faites. Près de moi se trouve cette dernière et juste en face Gaia et Joyce . J'imagine que je suis déjà contrariée par le problème en plus , qu'Elona vient de me coller, mais je le suis davantage voire même agacée par le fait d'avoir Joyce en face de moi, toute pimpante.
Je n'écoute absolument pas ce qu'elles disent, mais elle n'arrête pas de sourire d'un air niais à ce que Lau raconte et j'ai une impérieuse envie de lever les yeux au ciel.
Je me contente alors de m'empiffrer de pâtes.
Je n'écoute pas vraiment ce qui se dit jusqu'à ce que j'entende un prénom inhabituel dans la conversation :
- Ce Neil, je le trouve étrange d'après ce que tu me dis, fait Lau
- De quoi ? , m'introduis-je dans la conversation
- Gaia nous parlait du Doti qui s'est occupé de toi. Elles le trouvent suspects à braver les règles mises en place par le roi, mais pas moi. Il y a des garous sympas
Instinctivement, je me redresse, et plisse les yeux. Sur quel pante elle essaie de m'amener là ?
- Et comme qui ? , fait d'un air narquois Gaia, et Joyce a un sourire gêné qui me fait grincer des dents .
Epargnez moi Seigneur une déclaration dans laquelle elle avouera être en relation avec je sais qui, parce que je ne sais absolument pas comment je vais réagir.
- Je ne sais pas, mais Gabin Garou par exemple. C'est le frère d'Adam et Ella, il est hyper sympa , déclare-t-elle alors en me fixant droit dans les yeux.
Et bam !
Ça me fait littéralement l'effet d'une gifle.
- D'ailleurs Gillian , il me semble que tu le connais non ?
Je pense qu'à l'heure actuelle jamais personne n'a réussi à me provoquer de la sorte jusqu'à me donner l'envie de porter la main sur elle.
- Pas vraiment, rétorqué-je entre mes dents.
- Mais si tu le connais. Il est grand brun , et très beau gosse
Je crois bien que c'est la remarque de trop
- Je te dis que je ne le connais pas. T'essaie de faire quoi là au juste ? , dis-je alors d'une voix peu maitrisée, trahissant ainsi mon irritation.
Joyce prend un air surpris qui m'énerve encore plus.
- Mais Gillian calme toi, ce n'est rien, intervient Lau ce qui a le don d'encore plus m'agacée.
Crispée je me lève avec mon plat et mon verre.
- Je préfère allée finir de manger au salon.
Et je sors.
***
Bien évidement, dés lors où je suis au salon, je retrouve mon calme et me demande si ma réaction n'a pas été excessive, et si je n'ai peut être pas réagis comme le souhaitait justement Joyce.
En songeant à cette possibilité ma hargne revient.
Je me sens tout d'un coup abattue et accablée. Idiote aussi.
Si ça trouve j'ai toujours mal interprétée les gestes et les paroles de Gabin envers moi. Et si ce n'est pas le cas, tout est peut être alors de ma faute.
Peut être que si je m'étais montrée plus réceptive, si j'avais montré plus d'intérêt, et bien peut être que ce serait avec moi qu'il serait aujourd'hui.
Seulement, ce ne sont que des « peut être ». Ils ne déterminent rien de précis comme ils n'en demandent pas.
La preuve est que maintenant il est avec Joyce.
La boule d'amertume qui m'empêche d'avaler correctement mes pâtes me rappelle qu'il faudrait que j'ai une discussion avec cette dernière, tôt ou tard.
Au rythme où l'on va , il est clair que je préfère qu'elle me dise sans détour la réalité des faits avant qu'elle ne le fasse devant les autres , parce que là je n'ai vraiment pas compris l'objectif de sa provocation de tout à l'heure.
A quoi ça lui aurait servit que je dise oui ?
Aurait-elle tout bonnement conclu la conversation alors avec un « sérieusement ? Mais c'est dément ! Je sors justement avec lui ! ».
Quelle aurait été ma réaction ?
Pour le moment, rien que le fait d'y penser, me noue sérieusement la gorge et je sens une espèce de peine mélangée à un sentiment de solitude m'étreindre.
Mon estomac s'alourdit d'un coup et je cesse de manger.
Je regarde d'un air maussade, mon plat à peine entamé.
Par réflexe, je regarde la porte de la cuisine, puis je me lève avec mes couverts et je vais dans ma chambre.
Une fois dans mon antre, je pose mon plat et mon verre sur mon bureau, puis je vais m'allonger sur mon lit.
Je ferme les yeux, ma poitrine se serrant, je me mets à penser à ma mère.
***
Lorsque j'émerge de ma sieste, la première chose que je fais c'est de regarder ma montre : il est 15H. Je regarde ensuite, mon bureau et je constate avec surprise que celui-ci est vide.
Alors qu'il me semblait être aux bords des larmes quand je suis venue m'allonger, je me sens toute légère à présent.
Mon estomac crie famine, et je me lève. Je m'étire sur mon lit avant de me mettre debout et d'aller à ma salle de bain pour me rafraichir le visage.
Quand je reviens dans la pièce, distraitement, je me dirige vers la fenêtre. Par un naturel qui m'étonne je me mets à penser à Bethany avec la forêt en face de moi.
Joyce et Gabin sont rangés dans un dossier bien enfoui dans mon esprit que je n'ai pas envie d'attaquer, je préfère me concentrer sur autre chose puisqu'apparemment, mes histoires de cœur me mettent dans tous mes états et c'est un fait que je n'apprécie pas vraiment.
Il me semble que ça fait des lustres que je n'ai plus pensé à « Bethany », et pourtant Dieu seul sait à quel point elle est un grand axe de mes problèmes.
Il me faut trouver qui est cette fille et ce qui lui est arrivée. Pour cela il me faut impérativement de l'aide.
Mais qui ?
Il y a une semaine j'aurais répondu AR, seulement AR n'est pas là et elle ne revient que dans 7 jours.
Les seuls autres prénoms qui me viennent alors sont Ella, Gaia et pour une raison totalement incongrue ( ou pas), Gabin.
Dans l'immédiat, celle qui peut être a des informations, ne serait sur comment Lau connaissait cette fille, est Gaia.
Je ne sais pas ce qu'elle fait en ce moment, mais je compte bien le lui demander.
Cependant, tout d'un coup, il me revient à l'esprit que c'est demain soir que je dois donner ma réponse à Elona concernant sa proposition. Hors, il faut que j'ai une discussion avec Ella et Adam ou bien alors l'un des deux, car si j'ai l'affirmation que la plainte qui a été posée contre mon mentor vient d'elle, et bien il y a peut être une solution pour qu'elle ne soit pas renvoyée.
Résolue, je sors de ma chambre.
Je ne trouve personne au salon, ni dans la cuisine. Je décide alors d'aller directement frapper à la porte de Gaia. Cette dernière vient m'ouvrir presque instantanément.
- Bah t'a fini de faire la gueule toi ? , plaisante-t-elle en sortant de sa chambre. Sans attendre ma réponse, elle me précède dans le couloir et je la suis à grands pas.
- On va dire ça comme ça. En fait je venais te voir pour te parler d'un truc, délatté-je rapidement en voyant qu'elle se dirige vers la sortie du QG. Cette dernière se tourne vers moi les sourcils froncés :
- C'est urgent ?
- On va dire ça comme ça, me répète-je et elle hausse un sourcil avant de me sourire
- Et c'est long ? Parce que si oui, tu n'as que juste m'accompagner là, il faut que j'aille à la bibliothèque vérifier un truc rapidement sur les guides, me propose-t-elle et avant même que je ne dise quoi que ce soit, elle sort.
Encore une fois, je cours presque derrière elle et la suit.
- Et au fait de quoi tu veux me parler de quoi ? Ou de qui ?
Tout d'un coup je me sens stressée, et à la fois je jubile
- Bethany
Gaia tourne la tête vers moi et me lance un regard perplexe avant de m'adresser un sourire flottant.
- Intéressant, j'ai hâte qu'on y vienne.
Et je frissonne.
Pour je ne sais quelle raison absurde je frissonne lorsque nous passons face au miroir du couloir.
Nous nous rapprochons de l'entrée de la salle commune quand Gaia lance :
- Je n'ai jamais compris l'intérêt qu'ils ont eut à faire un miroir au beau milieu d'un couloir comme ça.
Très mal à l'aise, j'hausse nerveusement les épaules.
- J'imagine que c'est parce que nous sommes des filles, fais-je tandis que nous passons la porte d'entrée de la salle.
Un brouhaha nous enveloppe, comme à chaque après-midi c'est plein, surtout au coin des garous.
Gaia me lance un regard noir :
- C'est cliché ce que tu dis là
- Oui mais bon, concédé-je en examinant la salle alors que nous avançons. Le fait de voir les garous me rappelle que je dois parler urgemment à Ella et Adam où à l'un des deux. Seulement dans la foule des années, je ne vois qu'Ella entourée de ses copines, et au niveau des garçons à mon grand désespoir ou émoi Gabin.
Comme si il avait senti mon regard sur lui, ce dernier tourne la tête dans notre direction et je détourne rapidement mon attention sur une silhouette du même côté qu'eux mais un peu à l'écart c'est Neil.
- Gaia tu peux continuer sans moi ? Je te rejoindrais après, il faut que je parle d'abord à l'Ogie des garous.
Gaia fronce les sourcils puis suit mon regard , et son visage devient méfiant :
- Le Neil là ?
- Oui. Je veux lui demander un truc à propos de mon bras
Ma camarade me scrute d'un air sceptique avant de dire :
- C'est comme tu veux, on se retrouve plus tard , elle accélère le pas lorsque nous sommes au niveau des garous tandis que moi je ralentis et me dirige vers Neil.
Ce dernier me sourit en me voyant arriver.
- Mais n'est ce pas encore ma patiente qui me fuit ? Voilà maintenant qu'elle me cherche encore , fait-il d'un ton taquin qui me fait rigoler.
- A croire que je ne peux plus m'en passer, fais-je également quoi qu'un peu mal à l'aise. Ce n'est pas dans mon habitude d'être comme ça. Avant qu'il ne réplique je décide d'aller droit au but :
- Je m'excuse de te déranger mais je voudrais parler à Adam. Est-ce que tu sais où est ce que je peux le trouver ?
Neil sourit encore une fois, et je me surprends à apprécier l'alignement parfait de ses dents blanches :
- Je ne sais malheureusement pas où est passé mentor Adam. Après avoir passé la matinée à régler les problèmes aux quels nous sommes actuellement confrontés, il a disparu après le déjeuner
Je fronce les sourcils. Ce matin Neil m'a dit la même chose concernant Adam et j'en ai conclu que les problèmes à régler devraient être ceux d'Elona et Ella. Mais se pourrait-il que la situation se soit empirée depuis ?
Je me tourne pour regarder le cercle de filles autour d'Ella, cette dernière arbore sa fidèle expression de passivité.
Je grince des dents. Il est clair que je ne pourrais communiquée qu'avec Adam t pour cela déjà faudrait il le trouvé.
Contrarié par ces nouveaux désagréments, j'adresse un sourire crispé à Neil
- Merci
- Pas de quoi
Soufflant pour me calmer, je me dirige vers la sortie afin de rejoindre Gaia. Seulement quand je passe la porte, je me fais interpellée par une voix familière qui fait tressauter mon cœur.
Ce n'est pas pour autant que je m'arrête. Comme les autres fois je continus mon chemin, sentant mes doigts tremblés, mais je suis au bord de l'infarctus, lorsque j'entends la porte de la salle s'ouvrir derrière moi, avec des pas précipités suivants.
- Gillian !
La voix de Gabin claque comme un ordre et je me stoppe net. J'ai l'impression que quelqu'un s'est amusé à faire cinq nœuds à mon estomac et j'ai une envie de vomir. Les bras le long du corps j'ai les doigts qui tremblement de part et d'autre de mes cuisses.
Crispée comme jamais, je me tourne vers mon interlocuteur tant redouté. Nos regards se rencontrent et j'ai un choc.
Emotionnellement et physiquement.
Je me sens aussi lourde que tout à l'heure pendant le déjeuner et intérieurement, il y a un déferlement d'émotions, mais celle qui domine est la peur.
Pourquoi ?
Je ne sais pas, mais je la sens dans mes trippes. Automatiquement je me réfracte et le silence nous entourant m'énerve. Irritée, je le regarde me mettre mal à l'aise et je devine aisément que mon visage est très certainement fermé.
- Qu'est ce qu'il y a ? , fais-je alors d'une voix mal assurée, trahissant mon malaise, mais assez ferme pour y faire passer mon irritation.
Gabin s'avance vers moi de quelques pas d'un air surpris.
- Est-ce qu'il y a un problème ?
Sa voix grave résonne entre les murs du couloir, et je me demande une seconde si les garous de l'autre côté peuvent nous entendre.
- C'est à toi que je devrais poser la question. C'est toi qui m'as appelé non ?
Je croise les bras sur ma poitrine, alors que Gabin fronce les sourcils.
- Pas moi, mais toi oui
- Ah bon ?, fais-je ironiquement alors qu'en fait j'ai envie de lui hurler dessus comme
« Pourquoi tu ne m'a jamais dis qu'Ella et Gabin c'étaient tes frangins », ou alors « pourquoi tu m'as dragué alors que tu sors avec mon Joyce ?! »
- Oui. J'ai l'impression que tu m'évites depuis notre discussion à la bibliothèque, il prend un air grave, je croyais que c'était Ok entre nous. Est-ce que Ella t'a menacé ou dit quelque chose ?
Un sourire las se dessine sur mes lèvres et je devine que sa chérie et lui ont fait un debrief.
Autant être honnête
- 1 , je ne t'évite pas , ( ce qui est totalement faux), 2 non il n'y a rien eut avec Ella.
Gabin fronce encore plus les sourcils et je me demande où est censé nous mené cette conversation.
Il avance d'un pas
- Je te sens distante
J'avale avec difficulté ma salive.
Il n'est pas censé me dire ça. D'ailleurs même il ne doit pas le faire.
- Pourtant non. Rien n'a changé
- Si tu le dis Gillian, mais tu sais que je sais quand tu mens.
Malheureusement oui. Et tout à coup j'y crois. Ça me frappe comme ça, mais en fait c'est vrai : Je souhaite que rien ait changé, qu'Ella ne m'ait rien dit et que je me sente euphorique par le simple fait qu'il soit venu ici juste pour me parler. J'aimerais lui dire que là je dois y aller mais je voudrais vraiment lui parler de choses importantes. Lui raconter le dilemme et en discuter avec lui pour savoir comment aider sa sœur, comment m'aider moi-même...
Mais il me vient soudain à l'esprit que Gabin ne m'a jamais vraiment parlé de lui, alors que moi j'éprouve ce besoin de lui dire tant...
C'est presque malsain de souhaiter tout ça quand je sais que cette décision de ne pas me parler d'Ella et d'Adam vient de lui, puisque Joyce elle le sait, il le lui a dit.
Puis je reviens à la réalité.
Joyce est sa copine, pas moi.
- Du coup, si tout va bien, y'a pas de problèmes que à ce que je te fasse sortir demain ?
Je le fixe bouche bée, un peu choquée. Ma bouche s'assèche et un sourire timide se forme sur ses lèvres.
Est-ce que je rêve ?
- Qu'est ce que tu veux dire par là ?
- Tu sais quand une fille plait à un garçon et que ce dernier l'invite à sortir, déclare-t-il d'un ton doucereux mais à la fois bas, comme s'il s'agissait d'un vilain secret.
Mais après tout n'est ce pas le cas ?
Si la situation n'était pas telle qu'elle est, je serais certainement entrain de faire de l'hyper ventilation.
Je plais à Gabin, et peut être autant qu'il me plait moi.
Seulement il y a Joyce et je ne comprends pas.
Il est ce genre de garçons ? A faire des coups bas aux filles ?
Un « oui » est prêt à jaillir d'entre mes lèvres et pourtant, elles restent désespérément closes.
Je ne sais pas pourquoi, mais au travers d'une certaine satisfaction lugubre face à ce qu'il vient de m'avouer, si je peux le dire ainsi, je suis déçue.
Aussi paradoxal que ça puisse paraître, ça me dépite de voir qu'il est prêt à la tromper ainsi, en venant me dire des trucs pareils.
- Alors ?, fait il et je remarque qu'il s'est rapproché, et qu'il n'est qu'à deux pas de moi. Mon cœur bat à cent à l'heure, et la terreur que je ressentais au début revient à grand spas, et je devine à présent à quoi elle est réellement due.
- Non, mais désolé.
Le sourire timide qu'il arborait s'évanouit et son visage se peint d'une totale incompréhension qui me laisse perplexe. Je m'apprête à reculer, afin de clore la conversation, mais la question qu'il me lance m'en dissuade :
- Pourquoi ?
Instantanément une pointe d'agacement m'étreins, ou je dirais plus une colère sourde que je refoule depuis l'après midi où Ella m'a dit pour Joyce et lui.
- Tu es sérieux ? , ricané-je en croisant mes bras sur ma poitrine avant de me reprendre lorsqu'il fronce les sourcils.
- Très, il fait sèchement et le connaissant, même si je ne sais pas si c'est vraiment le cas, je me doute qu'il est vexé.
- Tu sais quoi ? C'est bon arrête
- Arrêté quoi ?
- Ella m'a tout dit
Ses sourcils se froncent
- Qu'est ce qu'Ella t'a dit ?
Je hausse les épaules nerveusement :
- Tout. Votre lien de parenté, ta relation avec Joyce. Tu ne peux pas jouer sur deux tableaux tu es au courant ?
D'un geste vif et précis que je ne vois pas venir, Gabin m'attrape le bras droit et m'attire à lui. Son regard se plonge dans le mien et je suis prise de frissons de la tête au pied. Perdue dans le noir de ses pupilles, j'oublie un instant le pourquoi du comment je suis là , jusqu'à ce qu'il se mette à parler :
- Ma relation avec Joyce ? , commence-t-il et je perçois dans son ton de l'amusement qui me perturbe et à la fois m'énerve , cependant je le laisse continuer : et qu'est ce qu'elle t'a dit exactement sur Joyce et moi ?
Mon esprit totalement en divagation comprend très vaguement ce qu'il me demande. Puis telle une automate je lui réponds :
- Elle m'a dit que Joyce et moi on se tapait ses deux frères. A priori selon tout l'institut j'ai une liaison avec Adam donc Joyce et toi ...
Je ne termine pas ma phrase et déglutis difficilement tandis que son regard se fait plus ardent.
Il me lâche mais je ne bouge pas d'un centimètre.
- Tu es le seul tableau sur lequel je joue depuis le début et même là je ne suis pas sûr de bien m'y prendre.
Je suis estomaquée, et je regarde Gabin comme si c'était la première fois que je le voyais.
Puis soudain ça me frappe
La voix de Lau me vient à l'esprit :
« Tu sais ce matin quand Adam était dans le couloir et tout. Tu m'a dis qu'il sortait d'une pièce non ? »
Comme un puzzle, des brides de conversations me viennent, puis l'évidence s'impose à moi me procurant ainsi un sentiment de vertige et de nausée. Cependant tout ce que j'arrive à faire, c'est m'agripper au regard de Gabin et dire d'une voix blanche :
- Tu veux me dire qu'Adam et Joyce se...
Je ne peux pas terminer ma phrase que mon interlocuteur acquiesce.
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