« Parfois la peur est le meilleur moyen qui puisse donner du courage », auteur inconnu

**

Un court silence suit ma déclaration durant lequel Mau nous regarde tour à tour. J'attends avec impatience une réponse de Rochelle. Mau a dit avant de commencer que les rêves que je verrais seront de vrais rêves, dans le cas où se sont des situations que j'ai déjà vécu.

Hors, je n'ai pas assisté à la rencontre secrète de mon père et Rochelle cependant si je m'appuis bien sur ce qu'a dit Mau, c'est vraiment arrivé .

Que ce soit avant ou après mon départ, j'ai toujours eu le sentiment que mes parents ne me disaient pas toute la vérité. Le seul fait qu'ils aient pu accepté l'idée de l'existence d'un autre monde m'avait comme pour ainsi dire « scotchée ». Et maintenant que j'ai ces révélations, ou simplement « ces rêves » », tout m'a l'air plus clair. Sur le coup, c'est-à-dire il y a à peine quelques secondes, j'étais en colère et j'étais éprise d'une espèce d'adrénaline. A présent , c'est retombé et je me sens très curieuse et jubile rien qu'à l'attente de la dîtes vérité.

- Alors ?

- Bon Gillian d'abord, je vais t'enlever le libérateur , s'empresse alors d'intervenir d'un coup Mau, tandis que je garde les yeux rivés sur Rochelle.

Mon professeur s'affaire autour de moi et lorsqu'elle termine et qu'elle se met à ranger son matériel j'ai tout le loisir de reprendre mon échange avec Rochelle qui me fixe d'un air pensif, les bras croisés.

Je commence à me sentir frustrée face aux silences de mes deux ogies, mais surtout par Rochelle, de qui j'attends, qu'elle me confirme ce dont j'ai toujours soupçonné mes parents .

- C'est ton père qui a contacté l'IJPS de Londres

Je cesse de respirer et écoute attentivement, la voix posée de Rochelle.

- Je pense qu'il y a quelques mois, on t'a fais faire des radios

J'acquiesce car en effet, mon père qui avait un ami, neurologue, très réputé à Londres, m'avait amené pour des radios, mais il m'avait ensuite dit que rien n'avait été trouvé. Quand à moi, je n'ai jamais eu l'occasion de les avoir entre les mains.

- Bien. Quand il nous a contacté, il a joint tes radios à ton dossier. Après les avoir examiné nous avons rappelé ton père et avons décidé de le rencontrer pour lui parler concrètement.

Les choses commencent à se regrouper dans mon esprit.

- C'est là, que vous vous êtes donné rendez-vous ce soir là ....

- Exactement. Nous avons discuté, et je leur ai donné le contrat en leur demandant de ne rien te dire pour ne pas influencer ton choix.

- Faut dire que je ne l'ai pas vraiment eut, souligné-je.

- Mais ce n'est pas une bonne chose finalement d'être venue ici ? , s'incruste de nouveau Mau d'un air mielleux, derrière son écran.

- Je ne sais pas, dis -je alors honnêtement en descendant du fauteuil.

- Je peux m'en aller ?

- Oui , bien sûr. Je ne sais pas quand j'aurais les résultats, mais dés que je les ai, je viens te les montrer pour qu'on puisse en parler.

J'acquiesce et leur dit au revoir avant de sortir.

******

Je me rends par la suite à la bibliothèque. Je prends un ouvrage au hasard et le lis distraitement pour attendre l'heure du déjeuner et ensuite allée rejoindre les autres au réfectoire comme c'était prévu. Même si j'aimerais tout de même pouvoir retournée au QG et être plus à mon aise, je sais que je devrais passer par la salle commune et Joyce a dit tout à l'heure qu'elle y serait. Quoi que je sois consciente de l'absurdité de mon comportement, je ne peux m'empêcher de continuer à me conduire ainsi. Une peur irrationnelle s'est installée dans mon esprit concernant Joyce. Je ne veux pas me retrouver seule avec elle car je n'aime pas le flot de ressentiments qui m'étreint dès je me retrouve en face d'elle.

Je ne suis pas de nature jalouse et j'ai toujours sû me faire une raison lorsque je ne pouvais pas obtenir quelque chose. Ici il n'est pas question de biens, mais d'une personne. Pendant un moment j'imagine que je me sentais vexée de son manque d'attention à mon égard durant notre période de froid tout simplement parce que je voyais bien qu'il ne se comportait pas comme çà avec les autres, notamment les filles. De plus, à présent que je ne suis plus choquée par la révélation de cette dîte relation, j'ai tout le loisir de repenser à ce que m'a dit Ella avant de parler de Joyce et lui.

Comment se fait il, que jamais personne n'ait, ne serait ce que, sous entendu le lien de parenté de ces trois là ? Je me suis toujours demandé quelle était la nature de la relation d'Ella et Gabin et pas un seul instant je n'ai imaginé qu'ils puissent être frères et sœurs. Ce qui consolide encore une fois mon amertume quant à Gabin , puisqu'au temps où l'on se retrouvait à la bibliothèque abandonné. Nous parlions de tout, nos familles. Il m'informait énormément sur l'histoire de Dom et surtout les mythes. Cependant, il n'a jamais effleuré le sujet de sa famille et je me rends compte que jusqu'à il y a 5 jours ça ne m'a pas percuté. Je ne me suis comme jamais posé de questions là-dessus.

Mais maintenant que faire ? Même si la réponse est évidente, je pense que c'est une façon d'occuper mon temps. Il est clair que je vais garder mon aigreur quand à cette histoire pour moi pour le moment. Mais peut être qu'avec le recul et ce sentiment de honte passé, je trouverais le courage d'en parler à quelqu'un.

Par ailleurs, je trouve la vie assez étrange. Tandis que je suis là à me torturer l'esprit à cause de ces futilités, je devrais plutôt m'inquiéter pour mon test, ce que je me hâte de faire. Même si la pilule a dû mal à passer en ce qui concerne mes parents, j'avoue ne pas être surprise. Comme je l'ai dit tout à l'heure, compte tenu de tous les problèmes que j'ai eu avec eux concernant mon insomnie et toutes les histoires que ça a pue provoquer, le fait que mon père ait contacté l'institut est une action que je perçois de prévisible à présent.

Je ne sais pas pourquoi sur le coup j'ai été en colère, surtout quand j'ai demandé la confirmation à Rochelle et qu'elle n'avait pas l'air de vouloir me répondre, mais à présent lorsque j'y repense ça me laisse de marbre. Cependant, il y a quelque chose à propos de ce que j'ai pu ré-avoir comme rêves me fait froid dans le dos.

Ceux sur Ina.

Pourquoi sont-ils réapparus ? Surtout, si comme m'a dit Mau avant de me mettre le libérateur sur le crâne , que les rêves qui me reviendraient seraient « réels » . Comme quoi ce serait des scènes que j'aurais déjà vu ou vécues.

Seulement il y a un très gros problème qui vient de me sauter aux yeux :

Je n'ai jamais assisté à aucune des conversations qui me sont revenues : que ce soient celles de mes parents où celle d'Ina et de ce gars étrange.

Alors que comment ça se fait que ces « souvenirs » me « reviennent » ?

***

Après la réflexion que je me suis faîtes sur mon test, c'est dans une bulle d'anxiété je suis restée tout le reste de la matinée jusqu'à ce que la cloche du déjeuner ne sonne annonçant ainsi la fin des cours. Toujours préoccupée, j'ai quitté la bibliothèque et je me suis rendue u réfectoire. Faisant partie des premiers arrivés, je me saisis d'un plateau et me place dans la file qui n'est pas très longue et je me fais servir rapidement.

Lorsque je me détourne, je suis très surprise de repérer Gaia à une table vide.

Quand j'arrive à son niveau et que je m'installe. Face à son sourire je m'efforce de mettre de côté mon désarroi.

- T'es arrivée la première, fais-je observée ne sachant pas si je dois commencer à manger ou attendre les autres. Je remarque alors que ma camarade n'a pas touché à son plateau par contre.

Gaia me sourit

- Etonnant hein ?

Très. Cependant je me conte d'un sourire :

- En effet

Elle se saisit de la bouteille d'eau qui est sur son plateau , et tandis qu'elle l' ouvre , elle me demande :

- Et ton test avec Mau comment ça c'est passé ? C'était bien ?

Surprise par cette question, ou du moins par cette manifestation d'intérêt à mon égard, je lui réponds en balbutiant légèrement :

- Plus ou moins intéressant comme échange. J'ai appris quelques trucs , et ça répondu à certaines de mes questions

- Pour ton jeu ? , me dit elle après avoir bu une gorgée de son verre d'eau.

- En quelque sorte

Elle hoche la tête, puis se baisse légèrement. Lorsqu'elle se redresse , elle tient un petit sac qu'elle pose sur la table. De celui-ci , elle en sort une chemise qu'elle me donne.

Curieuse, je saisis le document tout en la questionnant :

- Qu'est ce que c'est ?

- Un article

J'ouvre la chemise et commence à le lire.

En cette triste lune , sous l'égide de notre empereur l'alpha Ness , il nous ait parvenu un soupçon de scandale. Ce dit « scandale »proviendrait de la nouvelle école dont l'ouverture avait fait beaucoup de bruits il y a peu. Tant pour son emplacement que pour ses futurs pensionnaires.

En effet, même si le conseil a eut le feu vert par les créateurs pour son ouverture, cela ne s'est pas généraliser. Une vague de protestations s'est déclenché chez les racines.

D'ailleurs, le discours prononcé par l'un des membre du conseil des sages , Bada, représentant des Racines nous reste toujours en mémoire : « ce projet « d'ouverture » comme se complait à l'appeler certains de mes collègues est perçu par ma communauté et moi même comme une infâme trahison. Même si c'est ce que veut la tradition c'est à contre cœur que je prends part à cette mascarade. Nos échanges avec l'autre monde nous ont toujours bien profité jusque là. Cependant je ne vois rien de positif en l'autorisation ou du moins en la possibilité que nous leur donnons de rentrer sur notre territoire de façon si directe. Nous ne pouvons espérer de cela qu'un choc de culture, mais aussi une incompréhension et l'irrespect face à tout ce que nous avons pû construire jusque là »

Et par un hasard tout aussi étrange qu'ironique, un problème vient de naître suite à cette question de respect.

En effet, il est connu de tous que le sujet qui avait fait polémique se trouve a vu le jour à la rentrée forêt de Dom. La seule et l'unique d'ailleurs, qui plus est, sacrée.

Voilà d'où nait le problème. Avant la construction, une charte avait été lu en public par l'empereur en personne, son conseil à ses côtés. Parmi les conditions figurait la suivante :

- Aucune entrée ou sortie ne sera autorisée au sein de la forêt et encore dans ses profondeurs sacrés.

Cependant nous avons été informés qu'à peine 30 lunes après l'inauguration, ce point avait déjà été bravé.

Silence du gouvernement, aucun commentaire, cependant nous attendons avec impatience une vérification des faits et des décisions qui s'en suivront.

- Salut, font en même temps les voix de Joyce et Lau qui prennent place tandis que je termine ma lecture. Lau s'assoie près d moi et Joyce en face au côté de Gaia.

D'ailleurs je fixe cette dernière, et agite l'article devant moi.

- C'est quoi ça ?

- Le début de nos problèmes

- Hein ? , s'exclame Joyce suite à la réponse de Gaia , alors que Lau s'empare du document en lançant un « fait voir ».

- Apparemment nous n'avions pas le droit du tout d'aller dans la forêt que ce soit du côté interdit ou pas.

- Et quelqu'un nous a dénoncés ? , fait alors de nouveau Joyce en entamant son plat. Je ne tarde pas à l'imiter.

- Apparemment. Et c'est très certainement un élève.

- Hum, dit Lau à mes côtés avant de relever la tête et de passer sans un mot l'article à Joyce qui elle aussi l'étudie.

- Mais qu'est ce qui va se passer alors ? , demandé-je, ils vont venir ici vérifier ?

- C'est clair que oui, me réponds alors Gaia, ils vont fouiller partout.

Et je repense immédiatement à notre discussion sur le corps dissimulé du côté interdit.

- Wow, c'est chaud, commente Joyce en redonnant le papier ainsi que la chemise à Gaia qui le pose où il était, c'est-à-dire sur la table.

- Mais en fait en quoi ça nous concerne ? On n'était même pas au courant, déclare de nouveau Joyce et Gaia lui adresse un mauvais regard.

- Bien sûr qu'on est concernée. En parallèle avec ça, il y a un écrit sur lequel il demande un reclassement des joueuses. Ce qui veut dire notre expulsion, puisque si on est reconnu comme des sous-espèces on nous fera toutes partir. Originels ou pas.

- Vraiment ? , demande Lau et Gaia acquiesce avec raideur.

- Ils veulent juste une réponse des créateurs. Ce qui n'est peut être pas évident puisque Elona fait partie du conseil des sages et c'est elle-même une joeuse

- Donc tu penses qu'ils hésitent ?, demandé-je

- Les créateurs ? , fait Joyce également et Gaia hoche la tête.

- Dans un autre article, les journalistes disent qu'ils hésitent à prendre leur décision parce qu'il y a une joueuse dans le conseil, et en plus qui a toujours bien fait son travail

- Mais la validation de cette règle va montrer que c'est faux, puisqu'elle est « sensée » diriger cet endroit pour prouver qu'elle est capable ou du moins digne de devenir impératrice de Dom

- Exactement , la soutient Gaia, quelqu'un ici essai de la discréditer. Mais bon ce n'est pas çà notre vrai problème. Le truc c'est que des autorités Domiennes vont venir ici pour trouver des preuves que des activités ont bien été menées dans la forêt et ils auront des deux côtés.

Gaia se penche sur la table et se met à parler à voix basse. Je remarque alors que la cafétéria s'est remplie et quelques regards curieux sont sur nous.

- Ils vont forcément découvrir notre petit tombeau

La panique qui se lit sur le visage de Lau à cet instant est la représentation parfaite de mon ressenti actuel.

- Quoi ? comment ça ? , demande Joyce d'un ton pressant et Gaia fronce les sourcils

- Ca veut dire qu'on va se faire cramer parce que tout de suite on va rentrer dans la fiche des suspects.

- Ils ne peuvent pas. Ils n'ont aucune preuve non ? Si ? , suggère alors Joyce

- Tu as ouvert ton profil sur les guides dernièrement ? Je te conseille de le faire et de bien regarder. Il y a un fichier rouge qui apparaît. Quand tu cliques là-dessus c'est inscrit : à surveiller et le nombre de délits commis.

- Hein ? , s'exclame Joyce et je suis également stupéfaite par cette déclaration.

- Moi j'en ai deux. Le premier pour le mauvais comportement au dîner des Racines et le deuxième pour « nuit passé hors de mon dortoir sans explications valable »

- Ça veut dire que nous avons toutes un fichier avec ce délit là, fais-je alors et Gaia acquiesce.

- Exactement. Donc s'ils retrouvent le corps, nous serons dans leur ligne de mire.

- On fait quoi alors ?, demande d'une voix blanche Lau.

- Moi je crois que la meilleure solution serait de tout raconter, fait Gaia et je fronce les sourcils.

- On n'est pas allée un peu trop loin pour envisager de dire la vérité maintenant ? , dis-je et les autre hochent la tête.

- Gillian a raison, me soutient Lau d'un ton distant

- On devrait repartir là bas et enterrer le corps plus profondément pour qu'ils ne le retrouvent pas , suggère Joyce

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de retourner là bas pour refaire la même bêtise pour laquelle nous sommes dans la merde, m'exprimé-je à nouveau.

- Mais réfléchis un peu..., commence Joyce et ça me pique si vivement que je ne la laisse pas finir que je réponds du tac au tac

- Justement, c'est parce que je réfléchis que je dis ça

Joyce fronce les sourcils, sûrement surprise par mon ton légèrement agressif

- C'est pas la peine de t'emporter, me prévient-elle et alors que je m'apprête à lui exprimer ma pensée, Gaia intervient

- Bon arrêtez, c'est bon là ? Calmez-vous. Les deux personnes ici présentes qui ont le droit de se prendre la tête c'est Lau et moi.

Immédiatement je me calme.

- Bon, moi je propose qu'on y réfléchisse bien et ce soir on en parle, propose alors Lau et aucune de nous ne trouve rien redire.

Gaia se lève alors :

- Bon je vous aime bien mais si la discussion est terminée, je vous laisse

Et sans attendre notre réponse, elle s'en va. Je me lève à mon tour et me tourne vers Lau qui est tendue comme un arc :

- Je n'ai plus faim. Je vais retournée au QG

Et je me détourne également sans attendre de réponses.

Mais comme à chaque fois que je suis confrontée à une situation désagréable il faut toujours que quelque chose vienne s'ajouter pour empirer la chose. En effet , pile au moment où le double battant s'ouvre de la caféteria tandis que je sors, un groupe de garous rentre avec à sa tête Gabin. Bien évidement nos regards se croisent mon cœur fait un looping dans ma poitrine.

Comme si nous étions sur ralenti je vois ses lèvres se mouvoir mais aucun son ne me vient que je les ai dépassé. C'est lorsque la porte se referme sur eux, avec lui la tête tournée m'observant que je me rends compte que c'est mon nom qu'il appelait.