Chapitre 46
« Ne pas mourir avant d'être mort », Auteur inconnu
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Quelque chose en moi hurle de rage tandis que mon esprit nage dans cette espèce d'absoluité : j'ai failli mourir. En effet La nouvelle voix m'a « conduit » jusqu'à l'étage, m'a fait croire des choses, puis a voulu me « jeter » de là haut.
Dit comme ça, ça a l'air très simpliste, pourtant c'est ce qui c'est passé. Depuis que je suis ici, ou même depuis que je vis tout court, c'est la première fois que j'ai été victime d'hallucination.
Les évènements se répètent dans ma tête et à chaque fois je fais une pause sur le moment où Gabin me rattrape dans ma chute, puis de mon emportement, une peur que je ne saurais décrire s'immisce dans ma poitrine.
Je me sens paniquée. J'ai peur de réentendre cette voix. J'ai peur qu'elle me parle à nouveau et me refasse du mal. Parce que si je doutais des intentions de l'ancienne voix : Ina, je sais ce qu'il en est réellement de la nouvelle. Elle cherche clairement à me faire du mal. D'ailleurs ma douleur au poignet le confirme.
Je n'ose toujours pas le bouger et je me contente de fixer le mur à ma droite. Tout à coup, à ce moment là, quelque chose me percute de plein fouet, me faisant me redresser. La poitrine en feu, j'observe les alentours de la pièce et j'ai les doigts qui tremblent sur le matelas. Je déglutis difficilement.
A mon réveil, c'est-à-dire il n'y a même pas cinq minutes, c'est dans ma chambre que je me trouvais. Et là tout d'un coup, en un clignement d'œil je ne le suis plus. Je suis à présent dans une chambre, dont trois des murs sont tout blancs et le quatrième est une vitre. Sa surface est en aluminium, et elle est tellement nickel que je peux y voir mon reflet. Assise sur ce matelas, dans cet endroit qui m'est totalement inconnu.
Un autre détail qui retient mon attention dû à son manque, c'est qu'il n'y a pas de porte. Je regarde, observe, encore et encore. Je n'en trouve pas. Rien aucune. Ni fenêtre, ni porte, quitte à me demander comment j'ai pu atterrir ici. Le silence de mort trahit par ma respiration ne m'aide pas également à réfléchir correctement. Je ne suis pas sereine et je ne me sens pas vraiment en sécurité. Déjà qu'en temps normal, je ne le suis pas, à présent c'est pire. Surtout que depuis quelques temps je suis victime d'hallucinations bien senties.
Je me sens abattue, comme vidée de mes forces. Et après un certain temps, qui me paraît être une éternité, c'est dans un soupir las que je me lève. Je sors du lit, tout en me détachant des draps avec délicatesse de telle sorte à ne pas toucher mon poignet abîmé. Je suis toujours dans la tenue de Lau et je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils lorsque mes pieds touchent le sol : je n'ai plus de chaussures. Dubitative, je me mets à genoux pour voir si elles ne seraient pas sous le lit, puisque dans cette pièce tout est blanc : les carreaux, les murs, la lumière, donc si mes ballerines étaient là, je pense que je les aurais vues.
Cependant je ne vois rien. Encore plus contrariée, je me redresse avant de me remettre debout. Avant de tomber dans les pommes, Joyce qui revenait sûrement de son dîner m'a vue et m'a porté secours. Après plus rien.
C'est noir. Je me suis réveillée ici, dans cette chambre qui a tout bien l'air d'être celle d'une prison. Pas de fenêtre, pas de porte. Rien de logique.
Tout comme ce qui c'est passé dans la bibliothèque abandonnée avec le tableau. Je regarde mes poignets et je me rends compte que je n'ai pas ma montre, je ne peux donc même pas me situer ou envoyer un signal à qui que ce soit.
Je passe une main stressée dans mes cheveux et je vais jusqu'au mur en alu. Je me plante en face de celui-ci sans oser rien faire d'autre. Et si ça aussi c'était une hallucination ? Un piège de la voix pour que quand je touche le mur quelque chose me morde ou m'électrocute ?
Je suis pétrifiée par une inquiétude épouvantable qui me noue le bas ventre. Mon cœur bat tellement fort que j'ai l'impression de pouvoir l'entendre dans le silence qui m'englobe .Même si je crois que je touche le fond, je me perds dans la contemplation de mon reflet dans l'aluminium du mur. J'ai l'air débraillé. Mes cheveux vont dans tous les sens, mes traits sont bouffis et la lueur de panique dans mes yeux est facilement détectable.
Tandis que je me focalise sur l'intonation de ma respiration dans l'habitacle, une détonation provenant du mur en face de moi retentit. D'ailleurs celui-ci vibre d'un seul coup et je me recule instantanément incapable d'émettre le moindre son.
Tout redevient silencieux, et je sens la panique m'assaillir lorsqu'un bruit de déboitement se fait entendre. Je recule encore plus alors que les contours d'un rectangle se dessinent sur le mur. La partie découpée se détache alors de l'ensemble en s'élevant créant alors un passage. Moi qui, jusque-là, respirais par saccades cesse de le faire lorsqu'une silhouette apparait à l'espèce d'entrée.
Cette fois ci, je me recule jusqu'à buter sur le lit. Je m'arrête, complètement pétrifiée. L'intrus est un homme. Il fait un pas, et là je grimpe sur le lit sans réfléchir. Je suis debout sur le matelas, et fixe l'homme devant moi appréhendant ses gestes à venir.
Grand de taille, il a des cheveux caramel très courts qui à mon avis ne mesurent même pas 1 centimètre. Il porte une blouse de médecin, et a les mains dans les poches de celles-ci. Cette dernière est ouverte et en dessous, le t-shirt qu'il porte me laisse supposer qu'il est bien bâti, puisqu'il lui moule parfaitement le torse. Cependant je reviens très vite à l'instant présent lorsque j'examine son visage : mâchoire bien dessinée, des traits fins tout comme Gabin, des lèvres pulpeuses et rosées.
Tout d'un mec canon, comme le dirait sûrement AR. Et lorsque je rencontre son regard, tout devient plus clair.
- Garou, déclaré-je la voix cassée comme si j'avais hurlé.
Le gars penche la tête sur le côté et je suis envoûtée par le vert de ses yeux. Puis quelque chose me percute lorsqu'il avance encore vers moi. Je recule prestement jusqu'à buter contre le mur, cependant je suis complètement paniquée. Je remarque que le passage qui c'était créer a disparut.
Comme par magie.
Exactement la même chose que ce qui s'est passé avec l'eau du tableau avant que je ne bascule. Et étrangement, Gabin m'étais apparut lorsque cette voix s'est mis à me parler.
J'ai l'impression de sentir l'air se raréfier lorsque je prends conscience de ces similitudes. Est-il entrain de m'arriver la même chose que tout à l'heure ? Cette voix va-t-elle encore revenir ?
Le garçon en face de moi fait taire mes questions lorsqu'il esquisse un sourire qui me donne la nausée.
Tout comme Adam.
- Et toi tu es Gillian, rétorque-t-il d'une voix rocailleuse qui me pétrifie. Il sort ses mains de ses poches, et ces dernières sont chacune munies d'un carnet et d'un stylo.
Un nœud se forme dans mon estomac, et je me colle un peu plus au mur derrière moi lorsqu'il me fixe.
- Vous êtes qui ?
Son sourire s'accentue. Sûrement dû à mon ton méfiant. Si ma panique s'est envolée au moment où il a parlé parce que je me suis rendue compte que ce n'était pas une hallucination comme avec Gabin, je reste méfiante. A part avec Gabin, les garous ne sont pas trop ma tasse de thé.
- Je m'appelle Neil. C'est moi qui m'occupe des malades à cette heure-ci
Je fronce les sourcils.
- On est où ?
- A l'infirmerie
L'infirmerie ? Depuis quand il y a une infirmerie dans cet institut ? Le garçon, ou plutôt « Neil », continue de parler.
- Bon maintenant que tu es calmée, on va parler tranquillement.
Je suis toujours tendue, et me contente d'acquiescer à ce qu'il dit. De toute façon, je pense que s'il voulait me faire du mal il aurait déjà essayé non ?
Crispée, je me glisse le long du mur jusqu'à atteindre le lit et je m'assois.
Sans comprendre pourquoi, il se détourne et avance jusqu'au mur en aluminium. Il fait marche arrière avant de déposer le carnet et le stylo sur une commode que je n'avais pas vu, mais qui est tout près du lit.
Il repart vers le mur en aluminium, et là il y pose sa main. Lorsqu'il la retire, l'endroit où il avait posé cette dernière s'illumine, et une interface carrée apparaît. Il y a des insignes qui figurent là-dessus, mais de là où je suis-je ne les vois pas réellement.
- Qu'est ce que vous faites ?
Neil se tourne vers moi, toujours avec ce même sourire.
- Je vais juste te montrer quelque chose.
Et là les lumières s'éteignent. J'ai un hoquet de surprise et je me colle un peu plus au mur.
- Neil ? , appelé-je alors incertaine et un peu effrayée. Je n'aime cette situation.
Alors là pas du tout.
Un « clic » se fait entendre et une lumière rouge provenant de l'emplacement de Neil, se braque sur moi. Ou plutôt sur mon visage. Je plisse des yeux et détourne celui-ci.
- Mais à quoi vous jouez ?
Sans me répondre, la lumière quitte mon faciès et longe le haut de mon corps avant de s'arrêter sur mon poignet bandé.
- Regarde juste.
Et je fais ce qu'il me dit. La lumière rougeâtre éclaire le bandage, et en un clignement j'ai la sensation que l'intensité de cette dernière augmente et je ne perçois plus le bandage mais ma peau. Un autre clignement et cette fois ma peau a disparue. Ma gorge se resserre à la vue de mon os, qui lui a tout à fait l'air normal.
- Oh mon dieu, murmuré-je.
- Ce que tu vois là est ton os, mais si je fais ça, dit-il alors que la luminosité s'intensifie et à la place de l'os de mon poignet des espèces de veines apparaissent.
- Ceux-ci sont les ligaments de ton poignet, et ils sont en mauvais état, ce qui veut dire qu'ils ont subi un traumatisme. Donc même si tu as eu très mal, et que tu auras encore mal les jours à venir, ne t'inquiète pas ton poignet n'est pas cassé mais juste foulé.
J'acquiesce, mais étant dans le noir je doute qu'il m'ait vu. Seulement comme il est un garou, je ne suis sûre de rien. Le ton bienveillant qu'il a utilisé pour m'expliquer ma situation devrait me rassurer mais il n'en est rien. La lumière rouge qui m'éclairait disparait subitement, laissant place à la pénombre. Un petit carré lumineux apparaît et éclaire le visage de Neil qui est en face de celui-ci. Il clique sur l'une des insignes de la mini-plateforme et la lumière se rétablit dans la pièce.
Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, je fixe mon poignet qui était éclairé un peu plus tôt et je me sens étrange. Je ne relève les yeux que lorsque je sens le garou se rapprocher. Je suis moins tendue mais je reste néanmoins sur mes gardes.
- Elles sont où mes chaussures ?
Il a l'air surpris par mon intervention, qui plus est pour savoir ce qu'il en est de mes chaussures. Cependant il sourit avant de m'indiquer la table de chevet d'un mouvement de la tête.
Je me sens très conne sur le moment. Je n'avais pas remarqué le meuble tout à l'heure.
Il se rapproche du lit, et je me rends compte qu'il a repris en main le carnet et le stylo. Le carnet est ouvert et je me demande bien pourquoi. Prend-il des notes sur moi ?
- Bon Gillian, veux-tu bien te rapprocher ?
Cette idée ne m'enchante pas vraiment, mais je ne pense pas avoir l'insolence ou alors le courage requis pour protester ou lui demander pourquoi. Prudemment je me traîne jusqu'au rebord du matelas et me met en face de son corps.
Je suis obligée de lever la tête pour le regarder en face. Cette position d'infériorité me gêne, mais lui ça à l'air de l'amuser puisqu'il refait son sourire en coin.
Je sens ma bonne volonté sans en aller petit à petit.
- Ton poignet...
Je m'exécute et lui tends mon bras. Il pose d'abord avec précaution ses doigts sur mon avant-bras, puis sur mon bras pour le lever plus haut. J'ai le cœur qui bat la chamade, non pas à cause de son toucher mais plutôt à celui qui va suivre. Je redoute le moment où il manipulera mon poignet.
Avec attention, il palpe mon bandage, et rien que cette pression me fait mal. Pas beaucoup, mais j'ai mal. D'ailleurs je grimace légèrement tout en évitant son regard, mais lorsque je relève les yeux je vois qu'il me fixe. Ça me crispe encore plus et je suis encore plus mal à l'aise ;
- Tes Ogies t'ont amenés hier soir. Tu étais inconsciente.
Je fronce les sourcils suite à cette phrase, avant que ça ne me percute et que je devine alors qu'il parle de Mau et Rochelle. Pourtant, la dernière personne que j'ai vue avant de m'évanouir est Joyce.
Serait-elle allée chercher du secours ?
Neil continue de palper mon poignet, il me le tourne, le tâte tout en parlant. Moi je serre les dents. Même si ça ne fait pas aussi mal qu'hier lors de ma chute, le fait qu'il le manipule n'est pas sans douleur.
- Tu as été retrouvée dans votre couloir en pleurs avant de t'évanouir. Sûrement à cause de la douleur. Du coup je t'ai administré des antalgiques contre la douleur.
Je fronce de nouveau les sourcils.
- Comment ça administré ?
- Et bien, je t'ai piqué.
J'acquiesce, mais je ne suis pas sûre d'être d'accord avec ce genre de méthode. Qui lui a dit qu'il pouvait me piquer comme ça ?
J'aimerais le dire, m'exprimer, mais je me sens tellement amorphe et ma bouche est si pâteuse que j'y renonce.
Neil continue ses manipulations dans le silence et lorsqu'il termine enfin je suis épuisée. Mon bras gauche est engourdi, et mon poignet douloureux.
Il reprend le carnet et le stylo qu'il avait déposé sur la table de chevet et se redirige vers le mur en aluminium. Il se tourne vers moi.
- Je dois y aller, mais tu peux partir à présent. A ta sortie ils vont te donner les médicaments qu'il faut. Ce serait bien si tu revenais me voir, la semaine prochaine pour que je vois comment ton poignet se rétablit.
- Ok
Sur ce il replace sa main sur le mur en aluminium comme tout à l'heure, et le carré lumineux réapparait avec les insignes. Il en touche une, et dès lors le carré disparait. Il recule tandis que comme à son arrivée, une détonation retentie et que le mur vibre. Les contours du rectangle géant se dessinent, avant de se détacher du mur et de s'élever vers le haut, créant de nouveau un passage.
Neil se tourne vers moi, un sourire aux lèvres
- On se revoie bientôt.
Et sans que je ne puisse dire quoi que ce soit, le rectangle redescend sur sa silhouette s'en allant avant de s'encastrer dans le mur en silence.
NDA: en média Joyce, alias Amandla Stenberg ( ps: je l'adore , elle est trop belle).
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