Chapitre 43
« La nuit est comme un sanctuaire, elle porte à l'intimité », de Jacques Ferron
**
Lorsque je passe par la salle commune, il n'y a aucun garou, seulement des change-peau et des racines. Je suis étonnée de remarquer que Joyce n'est pas parmi ses nouveaux amis , mais je ne m'y attarde pas plus que ça.
Dans la cour je croise quelques élèves, mais sans plus. Ils sont entrain d'aller en cours avant que ça ne sonne.
C'est donc sans encombres que j'arrive jusqu'à notre amphi. A mon entrée il n'y a personne dans l'énorme salle. Je décide alors de m'assoir et d'attendre Mau.
Quelques minutes s'écoulent avant que la porte se situant à l'autre bout de la salle ne s'ouvre sur Mau est accompagnée d'une jeune femme que je reconnais comme étant le mentor des change-peau.
Cependant je n'arrive pas à me rappeler de son nom.
- Gillian vient, m'interpelle mon professeur, et je m'avance vers l'estrade où elles sont toutes les deux arrêtées.
- Bonjour, dis-je une fois à leur niveau.
- Bonjour Gilian, me répond en souriant Mau et l'autre en fait de même, Sienna voici Gillian une de mes élèves. Gillian tu connais déjà Sienna elle est le mentor des change-peau.
La dîtes Sienna me sourit gentiment et j'en fais de même. En effet , outre l'oubli de son prénom, je me rappelle parfaitement à quel point j'avais trouvé son discours émouvant lors du banquet de bienvenue, auquel nous avions assistés à la rentrée.
- Tu voulais me voir , m'a dit Lau
- Oui c'est vrai, acquiesce Mau. Tu ne m'a pas fais de compte-rendu par rapport aux livres que je t'ai prêter dernièrement et si quelques trucs avaient changer.
Je me sens rougir tant je suis gênée. Avec tous mes problèmes, j'avais complètement oublié ça.
Mau m'avait prêté plusieurs autres livres sur les esprits depuis ma dernière demande. Et certains d'entre eux parlaient de rêve. Ça m'était complètement sorti de la tête, mais pourtant j'en faisais des rêves ces dernies temps !
- Ah oui c'est vrai. J'avais complètement zappé
- Ce n'est pas grave. Alors ?
Je jette un coup d'œil à Sienna puis regarde Mau intriguée
Elle veut que j'en parle maintenant devant l'autre ?
Pas que je me méfie de cette Sienna, mais à chaque je parle de la découverte de mon jeu , j'ai l'impression de parler de quelque chose de très intime. Alors déjà je ne suis pas à l'aise d'en parler avec Mau, que je connais assez bien maintenant, je ne suis pas prête à le faire devant cette femme que je ne connais pas.
- Il n'y a pas de mal, je peux y aller Mau, dit alors Sienna, ayant compris que ça me gênait.
- Non reste, dit mon professeur à ma plus grande surprise avant de me regarder, Gillian tu sais que les changes-peau peuvent influencer l'humeur d'autres espèces non ?
J'acquiesce.
- Mais certains d'entre eux peuvent avoir d'autres dons spéciaux. Sienna en a un : elle peut s'introduire dans les rêves des autres.
Je ne rétorque pas, mais je sens une espèce de frayeur et de mal être me prendre. Je ne suis pas du tout pour l'idée qu'elle s'immisce dans mes rêves. Alors là pas du tout.
Je ne sais pas ce qu'elle pourrait voir.
- Tu veux qu'elle s'immisce dans mes rêves ?
- Non, intervient alors la change-peau, nous allons d'abord écouter ce que tu as compris des livres que Mau t'a prêté et après on verra.
Malgré le ton doux qu'elle emploie cette perspective ne m'enchante pas vraiment. Mais apparemment je n'ai pas le choix.
Tout ce que je peux faire alors c'est de croiser mes bras sur ma poitrine, et essayer de réunir les informations que j'ai pu retenir et de les dire.
- Donc, en fait c'est un peu confus j'ai envie de dire. La plus part des livres parlaient d'esprit, ils définissaient ce que c'était et tout. Après, ils expliquaient sous quelles formes ils pouvaient s'adresser à toi et quelles particularités une joueuse pouvait avoir à partir de ça.
Elles acquiescent.
- Du coup, les jeux que certaines joueuses ont développés et qui sont connus sont : ceux de l'esprit.
- Ils interagissent soient par la pensée, soit par le rêve, dit Mau et j'acquiesce.
- Ouai
- Et donc tu peux nous parler de tes rêves ? , me demande Sienna et je me renfrogne.
- Est-ce que tu en fais d'abord ? , questionne à son tour Mau.
Je me mords la joue.
- Oui
Mon professeur arque les sourcils.
- Ce n'est pas très sérieux Gillian. Je t'avais dit de m'en parler dès que tu en aurais.
Je baisse les yeux gênée.
- Pourquoi ?, demande Sienna.
- Quand les joueuses ne sont pas dans leur habitat naturel, elles peuvent ne pas développer certaines facultés. Pour Gillian avant de venir à Dom c'était le sommeil, elle ne dormait pas.
- Donc ne rêvait pas, en conclut Sienna
- Exactement, puis elle se tourne vers moi, depuis quand tu les as ?
Je réfléchis quelques secondes avant de répondre.
- Je ne sais plus trop. Je crois que c'est depuis la nuit que nous avons passés dans les bois.
- Il y a deux semaines donc
- Oui, confirmé-je.
- Et de quoi tu as rêvé ? me demande Mau et je me sens immédiatement moins encline à lui répondre.
Cette nuit là j'avais rêvé de la voix, en chair et en os.
J'ai alors découvert qu'elle s'appelait Ina, ou du moins c'est ainsi que l'homme l'avait appelé.
Cependant je ne peux pas dire ça à Mau. Je ne peux pas lui dire que j'ai rêvé d'une voix qui a pour habitude de me parler et de me donner des ordres auxquels je ne peux me soustraire.
- Ce n'est pas grave si tu ne t'en souviens pas tu sais ?, me ramène la voix de Sienna à l'instant présent.
Je ne sais pas si elle a comprit que je n'avais tout simplement pas envie d'en parler, mais je lui adresse un sourire reconnaissant et gêné avant d'acquiescer.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, cette affaire de jeu, me semble très personnel.
Sûrement trop personnel pour en parler comme ça.
- Oui Sienna a raison ce n'est pas grave. Mais tu en as fais d'autre de rêves ?
Un frisson me traverse me remémorant mon cauchemar de l'autre nous, où je me faisais enterrer vivante.
Je me garderais bien évidement de leur parler de celui-ci également.
- Oui j'en ai fais deux autres.
- Tu veux en parler ?
- Pas du deuxième en tout cas
Mau arque un sourcil à ma réponse. Sienna, elle , ne réagit pas.
- Donc le dernier. De quoi parle-t-il ?
J'avale doucement , puis quelque chose me vient à l'esprit.
- En fait je crois que mon premier rêve date de la nuit au camping ou du moins durant cette période là
Les deux jeunes femmes froncent les sourcils, sûrement étonnées de mon changement de sujet soudain. Moi-même je suis surprise, que ceci me vienne si soudainement à l'esprit.
- J'ai rêvé de mes parents. Ils discutaient de mon départ pour Dom.
- Et qu'est ce que tu as ressenti ? , me demande Sienna.
- Ca avait l'air très réel. J'étais là avec eux dans la pièce mais ils ne me voyaient pas.
- Tu pouvais parler ? ,
- Non. Dans aucun de mes rêves je n'arrive à parler. Même quand j'essaie, j'y arrive pas.
Sienna hoche la tête avant de se tourner vers Mau.
- C'est très intéressant, dit elle à mon professeur avant de se tourner vers moi de nouveau, tu es un sujet très intéressant.
Je ne sais pas quoi répondre face à ça. Mais je n'aime pas le fait qu'elle me qualifie de « sujet ».
- Je pense Mau, que tu devrais faire un rapport sur ce qu'elle vient de dire et le soumettre à Dame Elona.
Mau acquiesce d'un air pensif. Moi je les regarde avec appréhension. Je ne suis pas vraiment chaude pour qu'elles aillent raconter ce que je viens de leur dire à Elona ou à qui que ce soit d'autre d'ailleurs.
- Bon Gillian, merci d'être venue. Je te reverrai plus tard, dit Mau me congédiant par la même occasion. Je hoche la tête et dit au revoir au mentor des change-peau.
- Aurevoir Sienna
- A bientôt Gillian.
******
J'ai marché tranquillement pour retourner au QG.
Maintenant que je connais ma punition, je peux me préparer psychologiquement à affronter Ella pour une durée indéterminée, puisque Elona ne m'a pas préciser jusqu'à quand devait s'étendre la sentence. D'une autre part, mon nouveau problème se trouve être Gabin.
Je me pose réellement des questions sur notre entrevue à venir. Qu'est ce qu'il va me dire ?
Qu'est ce que je vais lui dire ?
Si il s'excuse qu'est ce que je suis censée lui répondre ?
Je suis d'ailleurs surprise de me demander ce que je vais pouvoir mettre, parce que ça m'ai apparu comme une évidence : Gabin me plait.
Physiquement en tout cas. Il est tout ce que j'ai toujours recherché chez un garçon : beaucoup plus grand que moi. Musclé sans trop l'être. Un beau regard sombre avec des yeux noisette.
Des très fins mais en même temps viril.
Et en temps normal nous nous entendons bien. La conversation est facile , et parfois je sens qu'il y a un truc. Comme si je pouvais lui dire des choses que je ne dirais pas aux autres. Comme cette fois où je lui ai avoué que c'était la voix qui m'avait « obligé » à venir à la bibliothèque ce jour là.
Je me rends compte maintenant, qu'il a été et est la première et la seule personne avec qui j'ai déjà mentionné la voix.
Lorsque je pousse la porte d'entrée du QG, c'est sans surprise que je ne trouve personne au salon. Sans trop me poser de questions je vais à ma chambre.
Je me pose tranquillement sur le lit, mes pensées toujours dérivées sur Gabin. C'est drôle comme ces dernières semaines, je n'ai plus du tout songé à lui et que maintenant, il devienne une obsession.
Je ne dirais pas que ça me fait peur, mais je n'aime pas ça. J'aimerais m'en foutre et me dire que ce n'est rien ; mais je repense à pleins de choses. Comme le soir du camping où il m'a fait comprendre qu'il ne voulait même plus être mon ami, à comment je me suis sentie humiliée et vexée après ça.
Je me suis longtemps posée la question si cette nuit là, quand Joyce a déserté sa couche s'était pour aller le rejoindre.
Si ils se connaissaient ou pas. Avec le recul, je me demande si je n'aurais pas pus me montrer plus entreprenante et le demander clairement à l'un ou l'autre.
Si j'y réfléchis bien d'ailleurs, c'est à partir de ce moment là que Joyce a commencé à changer son comportement envers moi.
J'ai même envie de dire que c'est à partir de là que tout à changer.
Soupirant, je me lève et saisis un livre que m'apprêté à AR sur les troubles de la personnalité. D'après elle, ça pourrait nous donner des indices sur l'imposteur au cas où il aurait des comportements étranges que l'on ne remarque pas.
Tranquillement je commence à le lire avec attention.
**********
Je passe le reste de ma journée sur le bouquin d'AR et c'est avec une certaine amertume que je le ferme en début d'après midi.
Très franchement , je n'ai rien appris de florissant, étant donné que pour le moment aucune de nous n'égorge de chat ou quoi que ce soit dans le genre. Il ont parler d'isolement, et je pense à Gaia. Dans une certaine logique nous nous sommes toutes refermées les unes aux autres, et ça pourrait être très bien un signe de mal être qui conduirait l'une de nous à assassiner quelqu'un.
A part enterrer des corps, je crois que nous sommes au seuil de la normalité dans le groupe.
Un peu flegme , j'enfile ma tenue de sport et lorsque mes yeux tombent sur la penderie une seule question me vient à l'esprit : qu'est ce que je vais bien pouvoir mettre ce soir ?
- Gillian !, m'appelle Lau de l'autre côté me soustrayant de mon tout début de réflexion. Soupirant, je ferme mon armoire et sors de la chambre, découvrant mon amie plantée dans le couloir.
- Je suis là
- Je vois ça. Tu faisais quoi ? D'habitude c'est le timing parfait.
- Gnagna
Lau roule des yeux et se détourne sans répondre à ma provocation. Je la suis en souriant. je m'apprête à engager la conversation mais nous arrivons au salon et tombons sur Joyce.
Nos regards se croisent, mais sans plus.
C'est froid.
- Bas tu es là toi pour une fois ?, se moque Lau et moi je reste silencieuse. La situation pourrait me mettre mal à aise, mais le comportement de Joyce m'énerve tellement, qu'il n'en ait rien.
- Ouai. Je me repose. C'est cool de traîner avec les autres , mais parfois c'est bon d'être là.
- Ok. Donc tu coup tu nous prépare quoi ? C'est ton tour , vu que les autres soirs tu n'étais pas là. Gil et moi on s'est occupée de tout.
Joyce a un petit sourire et me regarde.
- Bas il faudra vous débrouillez encore parce que ce soir non plus je ne suis pas là non plus. Je sors .Il faudra compter sur Gaia.
Je roule des yeux. On va encore se taper la cuisine.
- Comment ça tu sors ? , lui demande Lau, mais Joyce continue de me fixer. J'ai envie de lui demander quel est son problème.
- Bas oui je sors. Dehors. Je dîne à l'extérieur
- Parce qu'on peut sortir d'ici ?
- Evidement, conclut-elle d'un ton supérieur qui m'achève.
Déjà son sourire narquois qui me fait dire qu'elle me nargue et maintenant ce ton ?
Ça me gave ;
- Super alors. Bonne bouffe, lui dis-je sèchement et son sourire s'accentue. Encore plus agacée qu'auparavant je dis à Lau : On y va !, avant de sortir de la pièce d'un pas déterminée.
J'entends Lau me suivre, avant de venir à ma hauteur.
Je fulmine tout en avançant dans le couloir. Cette attitude que Joyce vient d'avoir me mets hors de moi. Elle me renvoie le même effet que lorsque je suis avec Adam.
Nous continuons notre avancée vers le terrain de sport en silence et alors que nous sortons de la salle commune Lau finit par lâcher.
- Tu sais , faudrait qu' un jour tu m'expliques ce qu'il y a entre Joyce et toi.
Je fronce les sourcils. Si moi-même je savais...
Néanmoins je décide de répondre à Lau.
- Je ne sais pas. Elle me fait chier. Tu as vu comment elle nous a nargué tout à l'heure ?
Lau hausse les épaules.
- C'est parce qu'il y a une tension entre vous que tu l'as mal pris.
- Je m'en fous.
- Gillian !, s'exclame-t-elle surprise, mais je suis remontée à bloc prête à vider mon sac, même si je sais que Lau n'y ai pour rien.
- Tu ne comprends pas Lau. Elle se comporte comme une vraie garce avec moi, et sans raison
- Tu as essayé de lui parler ?
- Biensûr que j'ai essayé mais c'est à chaque fois la même chose. Elle ne veut pas me dire ce qu'il y a et elle est persuader que je sais. Alors que je ne sais rien ! Franchement, je ne comprends pas. J'ai l'impression qu'à chaque que les choses redeviennent normales entre nous, il y a un truc qui se passe derrière mon dos et qui change tout .
- Moi non plus je ne comprends pas. Joyce n'est pourtant pas du genre à tourner autour du pot, dit-elle en même temps que nous sortons du bâtiment des dortoirs pour atterrir sur le terrain de sport. Lau commence à trottiner et nous entamons le tour du terrain.
- Exactement, c'est pour ça je ne comprends. Et elle a l'air de vraiment m'en vouloir.
- Mais tu n'as aucune idée du pourquoi elle le serait ? Un garçon peut être ?
La dernière question pme fait froncer les sourcils. Un garçon ? Gabin ?
- Je ne sais franchement pas.
Nous continuons de trottiner tranquillement jusqu'à ce que Lau s'arrête au niveau de l'entrée la forêt. Je l'imite perplexe.
- Pourquoi tu t'arrêtes ?
- Viens, m'ordonne-t-elle sans me répondre, tout en s'engageant dans la forêt. Sans grand entrain je la suis.
- Lau !, l'interpellé-je une fois à son niveau. Elle continue de fixer droit devant elle.
Je souffle ennuyée qu'elle m'ignore.
Je m'arrête alors, et je pense que quand elle sent que je ne la suis plus puisqu' elle s'arrête également et se tourne vers moi d'un air perplexe.
Non seulement nous marchons sans raison, mais on s'enfonce également dans la forêt. Je n'ai aucune envie de me retrouver du côté interdit.
Une fois m'a amplement suffit.
- Tu ne veux pas aller plus loin ?, me demande mon amie, et je secoue la tête.
- Non, et pourquoi tu veux aller d'ailleurs là bas ?, lui demandé-je les sourcils froncés en croisant les bras sur ma poitrine.
Lau ne me répond pas tout de suite, à la place elle jette des coups d'œil rapide autour de nous comme si elle avait peur que quelqu'un ne surgisse de nulle part.
- J'ai espionné Gaia cet après midi
- Quoi ?, m'exclamé-je éberluée. Lau inspire profondément.
- Elle y est retournée
Mon estomac est en chute libre lorsqu'elle me dit ça.
- Tu plaisantes ?
- Je ne rigole pas Gillian ! Je te l'avais dit que cette fille était trop bizarre. Je me suis toujours posée des questions sur ses absences fréquentes et tu le sais. Alors aujourd'hui j'ai décidé de la suivre. Elle n'était pas sortie de sa chambre de la journée, et ce n'est que dans l'après midi qu'elle l'a fait. Je l'ai vue de ma fenêtre sortir du notre bâtiment pour aller dans la forêt. J'ai couru comme pas possible et j'ai juste eu le temps de la voir traverser la frontière.
Je suis sans voix , et je ne sais pas pourquoi, mais je suis perplexe face à un détail :
Elle a vraiment eut le temps de faire le trajet entre sa chambre et la forêt ?
Je ne sais pas mais ça me semble un peu tirer par les cheveux.
Mais en même temps, je ne sais pas si elle ment ou pas, parce que d'un côté, Gaia est tellement étrange que je la crois bien capable de faire ça.
Cependant, je ne peux rien faire pour le moment, parce que si je montre à Lau que je doute d'elle, elle risque de se refermer et de ne plus rien dire. Hors je veux savoir le fond de cette histoire.
- Mais elle irait faire quoi encore ?
Lau fronce les sourcils
- Je me suis posée exactement la même question.
Un drôle de silence s'en suit. Je n'aime pas l'ambiance qui règne dans cette forêt , je me détourne et lui lance alors
- Retournons courir.
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