Chapitre 4
- « - Parce que ce que tu me dis là, ce n'est pas moi, je ne suis pas une joueuse. Je n'ai pas de pouvoirs magiques, c'est tout le contraire. Cette fille dont tu parles, je ne la connais pas.
- C'est ça le truc Gillian, la vérité, c'est que tu ne sais pas qui tu es. Ici, tu es sur Terre, dans un monde qui n'est pas pour toi. » de Gillian à Rochelle.
~*
Ce serait un euphémisme de dire que je suis choquée. Rochelle et ma mère se tournent d'un seul mouvement vers nous. Mon père ne s'en préoccupe pas et va à sa place habituelle et prend un journal dans le tas qui est posé sur le meuble près de lui.
- Salut, me dit Rochelle en un grand sourire.
Je suis incapable d'émettre le moindre son. Je me contente alors de hocher la tête et je m'assois maladroitement sur le divan en face d'elles. Personne ne dit rien.
La situation aurait été moins gênante si mes parents n'avaient pas été là.
Rochelle se racle la gorge, mal à l'aise à mon avis, prolongeant ainsi le silence.
- Hum, en fait Monsieur et Madame Ross, je n'ai pas été très honnête avec vous.
Mes parents observent, stupéfaits, Rochelle. Gênée, mais en même temps curieuse, je me laisse aller contre mon siège.
- Gillian et moi ne sommes pas amies. Je ne suis pas non plus nouvelle dans sa classe, elle fait une pause et poursuit, « pour être tout à fait honnête, je participe à un programme qui s'appelle l'IPJS »
- Oh, j'en ai entendu parler.
Ma mère et moi nous nous tournons vers mon père. Il a un air songeur, puis il secoue la tête comme pour se convaincre lui-même de ce qu'il dit.
- Vous avez fait faire une base ici, commence-t-il en tapotant impatiemment des doigts sur le dossier de son canapé, « il y a quelques mois non ? »
- Oui, c'est ça, acquiesce Rochelle.
- Par Sébastian Prescott ? C'est à lui qu'appartient l'entreprise The Future n'est ce pas ?
- Exactement, fait Rochelle et son sourire s'agrandit. Elle ajoute : « vous voulez voir mon badge pour être sûr ? »
- Certainement.
Rochelle se met debout et plonge sa main dans la poche avant de son jean avant d'en sortir un carton plastifié qui ressemble effectivement à un badge. Elle le donne à mon père, qui l'examine. Il le lui rend.
- Très impressionnant, lui dit-il. « A vingt ans déjà », rajoute-t-il.
Rochelle n'en est pas moins embarrassée.
- Merci.
- Mais tu es apparemment dans une autre branche de l'IPJS.
Rochelle fait une moue.
- Oui, on peut dire ça. La section s'appelle l'IPJDD.
- Et qu'est-ce que ça veut dire ? , demande ma mère qui jusque-là a été aussi silencieuse que moi.
- Quoi l'IPJDD ?, demande Rochelle et ma mère acquiesce. Cette dernière se dandine légèrement apparemment mal à l'aise.
- Voici l'une des raisons pour lesquelles je suis ici. L'IPJDD, est un dérivé de l'IPJS. Toujours conçu pour les jeunes aux talents spéciaux, mais c'est un peu différent. Tous nos autres instituts déjà ouverts partout ailleurs, avaient chacun un petit projet à accomplir. Grâce aux enfants, nous sommes arrivés à des résultats incroyables. Avec ces données, nous avons détecté d'autres personnes aux capacités hors-normes. Qu'elles soient physiques ou psychologiques.
- Je ne suis pas sûre de vous suivre, déclare mon père tandis que moi, je suis à la fois perdue, mais j'ai aussi comme la désagréable impression de savoir de quoi elle parle. Rochelle inspire profondément.
- Monsieur Ross, ce que j'essaie de dire, c'est que certaines de ces personnes hors-normes ont été localisées dans cette ville. Au moins une dizaine. C'est pour ça que je suis ici et que Monsieur Prescott a voulu faire un siège à Chelsea. Nous avons fait plusieurs équipes, et la mienne a été orientée ici. Ça fait pratiquement deux semaines qu'on sillonne toutes les écoles de la ville.
- Et que faites vous dans ces écoles ? , demande ma mère. Son ton est tendu et ses sourcils froncés.
- Nous pratiquons des tests.
- Illégalement ?, fait mon père.
- Bien sûr que non, répond sèchement Rochelle avant de continuer, « nous avons l'accord du ministère de l'éducation pour cela. C'est secret, mais nous avons les accords qu'il faut »
J'ai envie de rire. Même s'ils pratiquaient leurs tests de façon illégale, ils ne le diraient certainement pas.
Mes parents ont l'air convaincu, mais pas sereins.
- Nos tests sont inoffensifs.
Lorsque Rochelle dit ça, le cri perçant de Jane me revient en mémoire. Mon estomac se tord à ce souvenir.
- Ce matin, nous sommes passés dans le lycée de Gillian, puis dans sa classe. Il y a avait deux tests différents. Celui de l'IPJS, qui était fait par ma collègue et le deuxième était celui de L'IPJDD, c'est moi qui l'ai fait.
Rochelle s'arrête, alors que je sens ma respiration s'alourdir
- Gillian a réussi ce deuxième test.
Mes parents se tournent vers moi tandis que ma respiration se coupe dans ma poitrine tout en gardant les yeux rivés au sol.
- Nous n'avons pas les moyens pour cette école mademoiselle Vins, déclare sourdement mon père. Je me mords fortement la lèvre.
- La scolarité de Gillian sera prise en charge par l'Etat.
Ce que dit Rochelle me fait relever la tête. Mes parents ont l'air tout aussi étonné que moi.
- Et si puis je me le permettre, où se trouve L'IPJDD ?
Le sourire qu'avait Rochelle se crispe.
- Hum, fait elle en se pinçant les lèvres, « ce que je n'ai pas dit, c'est que l'IPJDD est à la fois à Londres, mais en même temps très loin d'ici »
- Comment ça ?, questionne mon père confus. Comme nous tous d'ailleurs.
- Je ne suis pas d'ici, et l'institut non plus, souffle-t-elle en se mordant la lèvre, « je viens de Dom »
- Pardon ? , s'exclame ma mère.
- C'est un nouveau pays ?, complète mon père.
- Non, Dom ne se trouve pas sur Terre.
Un ricanement se fait entendre et nous nous tournons tous vers mon père, qui place sa main devant sa bouche.
- Désolé, mais, dit-il en laissant échapper un gloussement. Il se tourne vers Rochelle, « non mais vous vous entendez ? Je suis désolé, mais tout ça devient ridicule ».
- Monsieur Ross, Dom n'est pas une planète de votre monde. Elle est parallèle à la vôtre.
Mon père recouvre son sérieux et se redresse sur sa place.
- Supposons cinq secondes que ce que vous me dîtes là est vrai. Même si les frais ne sont pas à notre charge, on y gagne quoi en laissant notre fille partir dans votre établissement ? Qui plus est n'est pas sur Terre.
Rochelle ouvre la bouche pour répondre, mais elle est interrompue par ma mère.
- Et vous avez dit que votre section était réservée aux personnes aux capacités hors-normes, pourrions nous savoir quelles sont celles de Gillian, je vous prie ? Parce que, excusez-moi si je suis brute, mais si ma fille avait eu de quelconques « pouvoirs magiques », je crois que nous nous en serions rendus compte.
Et moi aussi par la suite.
- Je crois que nous devrions poser la question à Gillian elle-même.
Ce que Rochelle propose me stupéfie.
- Quoi ?
- Gillian, on est au pied du mur, si tu sais quel est ton jeu, dis-le.
Hein ?
- Son quoi ? , dit mon père.
- Son jeu, répète sèchement Rochelle, « A Dom, selon les résultats qu'a obtenu Gillian au test, votre fille est, ce qu'on appelle une joueuse »
- Comme une sorcière ? demande ma mère, un peu horrifiée, je dirais. Rochelle fait une moue dédaigneuse.
- A peu près.
Rochelle se tourne vers moi
- Alors ?
- Tu veux vraiment savoir ? , demande-je et elle acquiesce. Ils sont tous pendus à mes lèvres et je prends une grande inspiration.
- Je n'en sais rien, vraiment. Tout ce que je sais, c'est que tout ce que tu me dis commence à vraiment à me donner la migraine et tu me fais peur. Parce que ce que tu me dis-là, ce n'est pas moi, je ne suis pas une joueuse. Je n'ai pas de pouvoirs magiques, c'est tout le contraire. Cette fille dont tu parles, je ne la connais pas.
- C'est ça le truc Gillian, la vérité, c'est que tu ne sais pas qui tu es. Ici, tu es sur Terre, dans un monde qui n'est pas pour toi.
Sa dernière phrase me blesse.
- A Dom, tu seras chez toi pour révéler ta vraie nature. Je vais te dire une chose qui va te choquer. Grâce aux recherches menées, on a découvert que les joueuses ou ne serait-ce qu'un quelconque individu ayant des origines de Dom, ont quelque chose qui leur manque ici, comme la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, la voix, la capacité de bouger, l'...
- Mademoiselle Vins, vous êtes en train de nous citer des maladies qui atteignent des centaines de personnes, intervientnt mon père
- Laissez-moi terminer Monsieur Ross, lui crache-t-elle presque la phrase. Elle se calme puis continue, « ils peuvent bien avoir des trucs psychologiques comme le changement de personnalité, ou encore des insomnies»
Oh non. Des insomnies.
- Le manque de sommeil ?, Répète ma mère comme subjuguée.
- Oui, Madame Ross et chaque dysfonctionnement d'un Domien est lié à sa nature même.
Ma nature même ? Ma nature même, c'est que je suis une humaine et que je m'appelle Gillian Ross. Je n'ai pas tellement envie de m'en aller d'ici pour aller je ne sais où, soit disant en « quête de ma nature ».
- Gillian n'a que seize ans et ça m'étonnerait qu'elle sache ce qui est vraiment bien pour elle, ricane mon père
- A ce stade-là, je vais être honnête à cent pourcent. Votre fille est la première Domienne joueuse que je rencontre, qui ne sait pas quel est son jeu.
Elle se tourne vers moi.
- Et c'est vraiment beaucoup plus compliqué parce que tu n'as pas conscience de ce dont tu as réellement besoin.
- C'est vrai, lâche ma mère.
- Quoi ?
Outrée, je me mets debout. J'aurais pensé qu'ils se seraient opposés. Je ne veux pas partir. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens un vent de panique m'envahir.
- Ce que ta mère veut dire, c'est que mademoiselle Vins a raison sur le fait que tu es trop jeune pour savoir ce qui peut être bien pour toi. Mais nous non plus nous ne savons pas ce qu'implique tout ça.
- Si vous m'en laissez l'opportunité, je vous expliquerai tout dans les moindres détails.
Je fusille Rochelle du regard et je crois que c'est la première fois que j'en veux autant à quelqu'un.
- Gil, je crois que tu devrais aller dans ta chambre, me dit mon père me sortant de ma transe
- Quoi ? Mais non..., balbutie-je.
- Gillian.
Son ton est ferme et sans appel. Je suis tout bonnement furieuse et très vexée.
- Papa, tente-je mais il reste stoïque.
C'est alors d'un pas rageur et furibond que je sors de la pièce.
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