Chapitre 39
« La différence est une beauté qu'il faut apprendre à voir », Auteur inconnu
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Un court silence suit ma déclaration et AR ne réagit pas tout de suite. Quelques secondes s'écoulent avant qu'un sourire ne se glisse sur ses lèvres .
Un sourire malicieux qui me déstabilise, puis les paroles de Gaia me reviennent à l'esprit « Méfies toi juste ». Je sens une pointe de regrets s'abattre sur moi.
- Viens donc t'asseoir, me dit alors AR en tapotant la place sur son lit qui n'est pas occupée. Je ravale mon anxiété et je vais m'y installer .
- Alors comme ça tu veux bien m'aider ?
J'acquiesce avec la tête, tout d'un coup moins confiante que tout à l'heure
- Mais tu imposes quand même des conditions ?, fait-elle avec un léger ton moqueur qui me pique.
- Oui, dis-je alors promptement.
- Ok. Qu'est ce que tu veux savoir alors ?, me demande-t-elle et je me sens un peu désamorcée. Une foule de questions s'empare dans mon esprit.
- Tout , déclaré-je.
- Ok, vas y . Pose-moi tes questions.
Ma gorge devient tout à coup sèche, tant mon excitation est grande.
- Qui t'a mis au courant à propos de l'imposteur ?
Un air narquois se peint sur son visage, puis elle soupire, avant de redevenir neutre.
- Si je te demandais où est ce que vous étiez passé avec les autres la nuit dernière et ce que vous avez fait, est ce que tu me répondrais franchement ?
Je reste hébétée par sa question. Dans mon esprit passe en flash le bruit de nos pelles remuant la terre cette nuit là, et un long frisson me parcoure l'échine.
- Non , réponde-je alors d'une voix éraillée.
AR m'adresse un sourire suffisant
- Dis-toi alors, que je ne peux pas non plus te dire qui est ma source.
Je ne peux qu'alors acquiescer avec le sentiment de m'être fait piéger. Néanmoins, Je fais abstraction de ce ressenti pour le moment.
- Qu'est ce que tu veux savoir d'autre ?
Je pince des lèvres dubitative et mécontente. Certes je ne peux pas avoir de réponse, ou du moins pas maintenant, à ma principale question , mais j'en ai d'autres.
- Pourquoi tu veux tellement démasqué l'imposteur ?
Cette fois-ci AR fronce les sourcils.
- Je te l'ai déjà dit, me fait-elle remarquer durement.
Notre conversation le jour où Ella m'a balancé son plateau repas à la figure me revient en mémoire.
- Je sais, mais c'est juste ça ? Parce qu'il va nuire à notre futur ?
- On va dire que oui. Je suis impliquée intiment en même temps.
- Comment ça ?
- L'imposteur se dresse entre moi et mon objectif.
- Et quel est ton objectif ?
- Me découvrir, dit elle alors sur un ton lourd de sens, que je ne parviens pas à déchiffrer.
- Nous sommes toutes là pour çà. Nous découvrir, dis-je alors.
AR sourit.
- Je sais
Je suis perplexe suite à sa réponse. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression qu'elle est à la fois sincère mais en même temps elle a l'air de ne pas tout me dire.
Je souffle, et une question émerge de mon esprit.
- Pourquoi tu m'avais mis sur ta liste de suspect ? A part le fait que je ne connaisse pas mon jeu ?
AR arbore un air surpris, comme si elle ne s'attendait vraiment pas à cette demande. Puis elle hoche la tête avant de répondre :
- Tu étais franchement le suspect parfait. Comme tu l'a dis toi-même, le fait que tu ne connaisses pas ton jeu était le premier élément qui te mettait en tête de liste, dit-elle en un sourire. Cependant elle le perd rapidement, et passe une main nerveuse dans ses cheveux.
- Tu connais mon jeu n'est ce pas Gillian ?
- Mais oui, dis-je en toute évidence. Elle est capable de voir le passé ou plutôt les « secrets » des personnes qu'elle touche si elle le veut.
- Et bien je crois que tout est parti de là en fait. Ma ... source m'a parlé de l'imposteur, ainsi que des dangers qu'il représentait, mais sur le coup je n'y pas trop cru. Du coup j'ai décidé de faire ma petite inquiète et j'ai touché un peu tout le monde.
AR sourit comme si elle était gênée et elle se rapproche de moi et pose sa main sur mon épaule. Je tressaille, troublée par ses gestes que je ne comprends pas. Qu'est ce qu'elle essaie de faire ?
- Et le problème Gillian, c'est que quand je l'ai fais avec toi, ça n'a pas marché.
Je reste interdite par ce qu'elle m'a dit.
- Ecoute
- Qu'est ce que tu veux dire ? , dis-je avec une voix neutre tentant de cacher l'affolement émotionnel dont je suis victime. AR se redresse
- Gillian, tu sais qu'en touchant une personne, si je le veux, je peux être capable de voir des souvenirs, des actions passées ? Ne serait ce qu'un petit bout ?
Comme une automate j'acquiesce, cependant les battements de mon cœur s'affolent comme jamais. J'ai l'impression qu'elle va m'annoncer quelque chose de très grave.
- Je n'air rien vu chez toi et je pense d'ailleurs que c'est pour ça je t'ai vraiment soupçonné dans les premiers moments, dit AR. Elle s'arrête, et soupire, elle repose une fois encore sa main sur mon épaule, elle ferme les yeux avant de déclarer : je ne vois rien avec toi. Je n'arrive pas à lire en toi. Il n'y que du noir quand je te touche et ...
Elle s'interrompt et ça m'agace car je suis suspendue à ses lèvres.
- Et quoi ?, fais-je brusquement. Elle fronce les sourcils.
- Je la sens. Dans ton esprit, je sens quelque chose de fort qui me repousse quand j'essaie de m'y introduire. Comme s'il y avait une barrière qui m'en empêchait.
AR ré-ouvre les yeux et nous nous considérons. Dans le silence je me rends compte que ma respiration se fait plus bruyante.
- En général, lorsque j'essais de lire en quelqu'un, il y a comme une ambiance dans l'esprit qui me donne le sentiment que la personne que je touche et réelle. Qu'elle est bien là. Qu'elle existe vraiment. Mais avec toi Gillian, il n'y a rien. Que du noir, c'est sombre. Je sens la chaleur de ta peau sous ma main quand je te touche, mais je ne sens pas celle de ton esprit. C'est comme si tu n'existais pas. Comme si tu étais fausse.
Je déglutis avec difficulté. Je ne sais pas pourquoi ce qu'elle me dit me blesse autant.
« C'est comme si tu n'existais pas ».
« Comme si tu étais fausse »
J'ai le corps entier tendu , et pas une seule pensée cohérente ne me vient.
- Je ne comprends pas , balbutié-je. Tu veux dire que je suis fausse ? Tu penses que je suis l'imposteur ? , questionné-je sur un ton qui ne cachait en rien ma détresse.
- Je ne sais pas Gillian, me répond-elle sur un ton que je devine sincère. Et ça finit par m'achever.
Qu'est ce qui ne va pas avec moi ?
- Je...
- Tu sais si ça se trouve c'est moi. C'est moi qui ne me suis pas prise correctement, dit-elle alors comme si elle voulait me réconforter
Je me pince fortement la joue. Me crispant d'avantage.
- Arrête Amber. Tu sais qu'il y a quelque chose qui cloche avec moi.
Je suis la seule qui ne connaît toujours pas son jeu.
J'entends des voix.
J'enterre des corps
J'ai des barrières dans l'esprit
La prochaine étape se sera quoi ?
J'ai un rire nerveux et hystérique qui menace de sortir.
- Ecoutes
- OK
AR me regarde d'un air mi surpris-mi intrigué
- Je t'aide à démasquer l'imposteur si tu m'aides à trouver qui je suis
AR ne parle pas tout de suite.
- Deal, conclut-elle alors et j'acquiesce en souriant, mais je n'arrive pas à m'en réjouir réellement.
Il y a quelque chose qui m'en empêche.
- Il le faut.
Je m'efforce de garder mon calme pour pouvoir recueillir les informations dont j'ai besoin.
- Et est ce que tu as découvert un profil particulier pour l'imposteur ?
AR ne répond pas tout de suite, elle m'adresse juste un drôle de sourire
Une fois mon entretient terminé avec AR, je me suis dirigée tout naturellement vers la cuisine. Cependant, j'ai très vite déjantée quand je me suis rendue compte qu'il n'y avait plus d'eau de vie dans le frigo.
Frustrée, je me résous à me préparer un thé quand des éclats de voix me parviennent du salon. Je me précipite vers celui-ci et j'y trouve Elana et Lau face à face. Lau est dos à moi, mais je vois bien que son corps est tendu.
- C'est finit, déclare alors cette dernière tandis qu'Elana lève les yeux vers moi, et m'adresse un mauvais regard.
Je fronce les sourcils.
Lau se détourne de cette dernière, et me fait face alors. Je remarque alors l'écharpe autour de son cou. Elle ne me dit rien et disparait par la porte du couloir.
Je me retrouve donc seule avec Elana. Les joues rougis, elle regarde désormais partout sauf vers moi. Comme si elle était gênée ou quelque chose dans le genre.
Tandis que je m'apprête à lui demander si tout va bien elle me devance :
- Est-ce que tu as tout entendu ?
Je fronce de nouveau les sourcils face à cette question. Elle a un air très sérieux, avec une lueur d'appréhension dans le regard.
- Non, dis-je tout simplement.
Elle me considère un moment et se contente d'acquiescer avant de sortir du QG .
Je cligne plusieurs fois des yeux.
C'était très bizarre.
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