Chapitre 32
« La peur c'est comme l'alcool. Elle révèle le vrai visage des gens », auteur inconnu.
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Gaia met la dernière couche de terre qui referme le trou dans lequel on a balancé le corps de « l'amie » de Lau. Un silence pesant nous entoure alors que Lau est assise, nous observant. J'ai la nausée.
- Contentes? Vous êtes fières ? On peut y aller maintenant ou vous voulez lui chanter une petite balade avant qu'on y aille ? La connerie c'est un peu votre truc apparemment !, dit Gaia alors que nous laissons tomber nos pelles en même temps.
- Tu vas la fermer ?, lui commande Joyce.
- Va te faire foutre, lui crache cette dernière et moi je soupire.
Non seulement nous sommes devenues des criminelles mais en plus il ne manquerait plus que l'on se déchire.
Lau qui était restée assise tente de se relever et je vais la soutenir alors que les deux autres sont trop occupées à se tuer du regard.
- Merci, me souffle Lau d'un air dépité. J'ai l'impression qu'elle va se remettre à pleurer d'un instant à l'autre. Je ne sais pas ce qui a pu se passer, mais tout dans son comportement me dit qu'elle connaissait cette fille. Je meure d'envie de le lui demander mais je ne pense pas que ça soit une très bonne idée vu son état.
- On y va ? , proposé-je en récupérant ma lampe et supportant Lau d'une épaule.
Sans attendre leurs réponses, je me mets en marche. J'espère qu'elles auront la présence d'esprit de récupérer nos pelles et ne pas les laisser là.
C'est étrange comme au moment de m'opposer à l'idée des filles, je m'étais sentie autant oppressée , incapable de quoi que ce soit et que maintenant comme par miracle ce n'est plus le cas.
Actuellement je suis toujours incapable de réfléchir correctement : nous venons d'enterrer un corps, celui d'une fille qui apparemment a été décapitée et la seule chose dont j'ai envie c'est de rentrer le plus vite possible au QG et de rester une heure sous la douche à me frotter.
Je me sens tellement sale.
Au bout de moment alors que j'ai l'impression que nous sommes arrivées, Gaia nous interpelle et Joyce souffle bruyamment.
- Attendez.
- Qu'est ce qu'il y a ?!
- Vous ne sentez pas quelque chose ? Comme une énergie.
Joyce vient prêt de moi et Lau s'accoude sur elle ce qui me permet de me dégourdir un peu l'épaule.
J'expire essayant par la même occasion de sentir ce dont elle parle.
- Je ne sens rien, dit Joyce
- Moi non plus, fais-je à mon tour et Lau ne dit rien.
- Tout ce que je sais que nous sommes qu'à quelques pas de la sortie.
Aucune de nous ne parle, puis je sens le sol sous mes pieds trembler. Apeurée je regarde les autres qui ont la même expression que moi avant de braquer la lumière de ma torche sur celui-ci. L'aspect est normal, puis les tremblements cessent. Nous regardons autour de nous, il fait noir et on ne voit pas grand-chose.
Soudain un long gémissement rauque s'élève suivit d'une sorte de crissement de métaux. Ma poigne se crispe sur ma lampe torche et je sens une goutte de sueur perler sur mon front, malgré le froid qui règne.
- C'était quoi ça ? , demande Lau d'une voix faible.
- Je n'en sais rien et je ne veux pas savoir. Partons d'ici, dit Joyce en continuant mais à peine Lau et Joyce ont-elles fait deux pas qu'elles sont projetées en arrière alors qu'une espèce d'éclair nous illumine. Nous crions toutes , mais à travers l' aveuglement, je distingue des vibrations lumineuses qui partent de l'endroit où les filles se sont heurtées pour continuer leur ascension vers le ciel avant de s'y perdre.
- La barrière, murmure Gaia et j'ai l'impression de me réveiller. Je me précipite vers les filles.
- Ça va ?, leur demandé-je et les deux bougent avant de se redresser.
- Putain, souffle Joyce d'une voix éraillée, alors que j'aide Lau à se redresser.
- Je vous avais dit qu'il y avait une barrière !, s'exclame cette fois ci Gaia.
De nouveau le sol tremble, puis un long croissement rauque s'élève de nouveau.
Il se répète deux fois avant de s'arrêter. Je déglutis difficilement.
- Ça veut dire qu'on va passer la nuit ici ?, demande Lau mélancoliquement.
- Il se pourrait bien que oui, lui dis-je et elle hoche la tête d'un air épuisé.
- Super ! C'est magnifique ! il y a on ne sait trop quoi dans cette forêt qui s'est réveillé et nous on va rester là !, se plaint à nouveau Gaia.
J'aimerais faire comme Joyce tout à l'heure et lui dire de la boucler, mais le cours de mes pensées est subitement interrompu par un immense trou noir dans ma tête.
- Le grand chêne.
Instinctivement je me tourne vers l'intérieur de la forêt. Les cris que nous avons entendus venaient de là, mais il faut que nous y allions pour trouver ce grand chêne.
Je ne sais pas pourquoi la voix me le souffle comme si elle voulait que j'y aille, mais c'est peut-être le seul endroit où nous pourrions être en sécurité.
- On doit retourner à l'intérieur, il y a peut être un endroit sûr, dis-je. Joyce ne dit rien mais je prends son silence pour un oui.
- On ne peut pas ! Merde ! Vous n'avez pas entendu ou quoi ? On ne va pas retourner là-bas ! Il y a je ne sais quelle bête à l'intérieur.
- On ne va pas non plus rester ici à ne rien faire à part les attendre, protesté-je avec ardeur. Sans même écouter sa réponse je me mis en marche.
C'est avec soulagement que je les entends me suivre.
*******
- Sincèrement dit, est ce que tu sais où est ce qu'on va ? Ou bien alors où on est ?, me demande nerveusement Gaia et je roule des yeux. Evidement que je ne sais pas où on va et encore moins où on est. La seule chose dont je suis sûre c'est que je pourrais bien continuer à marcher jusqu'à ce qu'on atteigne un chêne ou bien que la voix me contacte de nouveau.
- Gillian, je te parle, m'interpelle de nouveau Gaia. Je ralentis et me tourne vers elle.
- J'ai entendu, c'est juste que je ne veux pas te répondre, lui dis-je et je l'entends s'offusquer mais je m'en désintéresse très vite.
Je ne ressens rien en particulier et dans un petit soupir, je décide de reprendre la marche.
C'est sûrement stupide et irraisonnable de me fier à une voix imaginaire, mais je ne sais très sincèrement pas ce que je peux faire d'autre.
Je me sens désespérée.
- Gillian, me susurre la voix et je m'arrête immédiatement.
Je regarde les alentours et je distingue immédiatement le grand arbre à notre droite.
- On va dormir là, déclaré-je en l'indiquant tout en me dirigeant vers celui-ci pour que Lau s'asseye à son pied.
- Et pourquoi là s'il te plaît ?, demande Gaia alors que je me redresse. Je pince des lèvres.
- Et pourquoi pas là ?
- J'ai lu quelque part que les arbres de cette forêt avaient une énergie protectrice, me soutient Joyce.
Gaia nous observe sceptique mais finit par soupirer.
- De toute façon ce n'est pas comme si j'avais le choix, dit-elle alors d'un air faussement mielleux.
Je souris, pas vraiment heureuse avant de m'allonger, près de Lau, au pied de l'arbre tandis que les filles en font de même. Nous plaçons les lampes au dessus de nos têtes et les pelles à nos pieds.
- Bonne nuit, murmure Gaia.
Mais aucune de nous ne répond. Ma gorge est serrée et j'ai l'impression que toutes les émotions que j'ai refoulées par rapport aux évènements de ces dernières 24 heures reviennent au galop pour m'envahir.
Cependant tout ce que je souhaite faire c'est m'endormir et c'est d'ailleurs ce que je fais.
Deux silhouettes se tiennent dans l'ombre et il n'y aucun paysage, comme s'ils étaient dans le néant. Elles se tiennent l'une devant l'autre, seulement l'une d'entre elles est assise.
- Ina fais attention, fait une voix d'homme que je ne connais pas.
- Pourquoi ?, répond la seconde silhouette et je crois frôler l'arrêt cardiaque.
- La voix , cette voix c'est la même. J'ai envie de hurler et de lui dire que je suis là et que je veux savoir qui elle est, mais comme lorsqu'il fallait décider quoi faire du corps, mes lèvres restent désespérément fermées.
- Mêle-toi de tes affaires.
- Mais je le fais !
- Ce sont les leurs ! , rugit l'homme. La silhouette de « Ina », bouge et elle se met à marcher puis à gesticuler.
- Et les nôtres aussi !
- Ce que tu fais est très dangereux.
Ina secoue la tête.
- Nous ne sommes pas les premiers, nous ne sommes pas seuls.
- Gillian, m'appelle Lau d'une voix pressante et je fulmine d'être interrompue dans mon rêve.
L'air que respirent mes narines est si glacial qu'il me les brûle. J'ouvre les yeux, couchée sur le côté je me mets encore plus en boule.
- Quoi ?, bougonné-je.
- Gillian, se répète de nouveau mon amie et je fronce les sourcils. Je remarque alors sa posture : allongée sur le dos, elle a l'air crispé et regarde droit devant elle.
Je soupire et me met dans la même position qu'elle.
Tout est étrangement silencieux, seules nos respirations résonnent. Ma tête bourdonne et là je les vois : une paire d'yeux bleus luisant dans l'obscurité. Ils ne clignent pas mais me fixent.
Je ne sais pas si les autres sont réveillées ou non, mais au fond de moi je l'espère car m'imaginer seule, ou presque puisque Lau est là, en face de cette « chose » ne me rassure pas du tout.
Je déglutis avec difficulté et j'ai l'impression que mes oreilles sifflent.
- Putain c'est quoi ce bordel ?, murmure Joyce à ma droite et j'imagine qu'elle voit la même chose que moi.
- On dirait que cette chose est penchée sur nous mais ne nous atteint pas, murmure à son tour Gaia.
Je ne suis pas sûre de la suivre, quoi que je ne vois que deux orbites scintiller dans l'obscurité : elles nous fixent.
Je sens Joyce à mes côtés se dandiner.
- Mais qu'est ce que tu fais ?, je lui demande un peu en panique, cependant mon attention est vite détournée.
Un craquement d'os se fait entendre et les yeux de la créature se rapprochent de nous. Alors tout se passe trop vite.
Les battements de mon cœur s'accélèrent. Une lumière fuse à mes côtés et pointe sur le monstre et ce que je vois étrangle le cri d'horreur qui allait jaillir de mes cordes vocales.
Le corps de l'animal se redresse et il est d'une taille colossale. Recouvert d'écailles vertes, seule sa tête est nue. Totalement. Comme s'il n'avait aucune chair là-dessus, elle est ovale et très longue. Ses yeux bleus nous fixent avec férocité et sa gueule est la pire. Il n'a pas de babines, seul un énorme trou sur toute la largeur de son visage dans lequel se trouvent des lames acérés argentées.
- Putain éteint la lumière !, ordonne Gaia mais Joyce n'en fait rien.
Mes membres sont gelés et je suis frigorifiée. La créature nous observe drôlement malgré la lumière, puis un craquement d'os se fait de nouveau entendre, elle penche la tête vers l'arrière.
Je remarque alors son absence de pattes, on aurait dit un énorme serpent.
Il émet un grognement sourd, qui fait vibrer tout mon corps et l'une des filles hoquète. Puis un rugissement strident me perce les tympans. Cependant je suis incapable de me boucher les oreilles, tant j'ai peur. Je ne réponds plus de rien et je peux sentir quelques larmes perler au coin de mes yeux.
Puis d'un mouvement violent et dans un craquement d'os effroyable elle se jette sur nous.
Je ferme les yeux.
L'une de nous hurle d'horreur ou de douleur, je ne sais pas. Cependant lorsque j'ouvre mes paupières, c'est avec stupeur que je vois que la créature a été stoppée par quelque chose, comme une barrière entre elle et nous. Joyce éteint alors sa lampe.
Nous retenons toutes notre souffle. Les yeux du monstre scintillent d'une lueur de rage et de haine. Ses dents ont l'air de s'être allongées. Elle se redresse, rugit de nouveau et fonce une fois encore sur nous mais la même chose se produit.
Elle recommence, encore et encore.
A chaque fois j'ai eu l'impression que la barrière invisible allait céder. Au bout du 10ème essai, le temps que je cligne des yeux les deux orbites bleues ont disparues.
Aucune de nous ne parle, alors que mon cœur se resserre.
- Il est partit ?, demande doucement Lau.
Mais nous ne répondons pas. Je sais que si j'ouvre la bouche je vais pleurer. A la place je sens Joyce se rapprocher de moi et j'en fais de même avec elle et Lau.
Le silence nous avale de nouveau avant que des sanglots ne retentissent.
********************
Je crois bien être la première debout, ou du moins éveillée.
Lorsque je regarde ma montre il n'est que cinq heures du matin. Après la visite du monstre, je ne me suis pas rendormie. C'est la première fois depuis que je suis à Dom que je ne dors pas, que j'ai des insomnies.
J'ai l'impression que ma tête va exploser. A chaque fois que j'ai essayé de fermer les yeux, le corps de cette fille décapitée ainsi que le serpent géant mutant me sont venus à l'esprit. J'ai été d'autant plus perturbée par les cris et les rugissements qui n'ont fait que résonner toute la nuit. A chaque fois j'ai eu peur qu'une autre bête ou alors même celle qui était venue ne viennent de nouveau.
Je me redresse mais je n'ose pas me lever. Il fait toujours aussi froid qu'hier soir et je sens mon nez me picoter et ma gorge me brûler.
Ces détails futiles dont je m'occupe me font sourire ironiquement.
Ces dernières 24 heures ont été plus éprouvantes que toutes mes années d'existences réunies. Je me suis « battue » avec Ella Garou, j'ai aidé mes amies à enterrer le corps d'une fille et j'ai été « attaquée » par une espèce de serpent géant mutant.
Je ferme momentanément les yeux avant de les rouvrir et de regarder autour de moi.
Très sincèrement, je ne sais pas ce qui pourrait nous arriver de pire. Je suis bien contente que nous soyons le matin. Mais le paysage est définitivement différent.
C'est comme si dans la nuit il y a eu une pluie de cendres. Personnellement je n'ai rien remarqué avant que le soleil ne se lève.
Dieu seul sait d'où est-ce qu'elles sont venues. Nous sommes donc recouverts de cendres ainsi que le sol et tout ce qui se trouve dans la forêt. Ça lui donne un aspect étrange, un ensemble de gris. Je regarde l'arbre derrière nous. Ce dernier est gigantesque, mais le plus étrange ce sont les trous qui s'y trouvent deux symétriques et un plus grand juste en dessous. On dirait un visage.
- Tu es réveillée ?, demande la voix de Joyce. Surprise, je me tourne vers elle et lui sourit.
- Ouai. Bien dormi ?, lui demandé-je et elle m'adresse un sourire crispé.
- On va dire ça comme ça. Et toi ?
- Non.
Elle acquiesce et détourne les yeux pour regarder les autres puis les alentours et ensuite elle reprend.
- Qu'est ce qui s'est passé ? , demande-t-telle en référence à nos vêtements. Je hausse les épaules.
- Pluie de cendres.
Elle mime un « ha » avec sa bouche mais ne rajoute rien. Elle fixe un point devant elle et j'en fais de même, jusqu'à ce qu'elle rompe le silence.
- Je suis désolée pour ce que je t'ai dit à l'amphi.
Etonnée je me tourne vers elle. Je lui souris.
- Ça va, lui dis-je honnêtement. Je ne sais même pas à quel moment j'ai cessé de penser à cette histoire. Le fait de m'expliquer avec AR m'avait plus obnubilée qu'autre chose et lorsque Gaia et elle sont venues me voir pour qu'on aille à la recherche de Lau je n'y ai même pas songé.
Elle soupire.
- Comment est ce qu'on est arrivé là ?, dit-elle d'une voix tout à coup chargée de larmes, tandis que ses yeux s'embuent. Je suis incapable de répondre tant ma gorge est nouée.
- On aurait dû aller voir Rochelle d'abord, continue-t-elle, mais j'ai paniqué et je me suis dit qu'on la trouverait vite.
Les yeux de Joyce brillent et j'ai l'impression qu'elle va pleurer d'une minute à l'autre mais elle ne le fait pas.
- Et cette fille, oh..., dit-elle alors que sa voix se fend. Elle renifle et détourne le regard.
- Je n'imaginais pas ma vie ici comme ça, poursuit-elle en changeant de sujet, j'en ai appris sur moi, bien plus que je ne l'aurais imaginé. Mais ici on est rien, on est personne. On se fait insulter, humilier, rejeter.
Puis elle se tourne vers moi
- Tu veux vivre comme ça toi ? , me demande-t-elle et je ne réponds pas.
Voir Joyce dans un état aussi vulnérable me paralyse et je ne sais pas quoi dire ou faire.
Notre discussion s'achève ainsi, avant que les deux autres ne se réveillent quelques minutes plus tard.
Gaia et Joyce ramassent les pelles et les lampes torchent tandis que j'aide Lau à se relever. Hier soir nous n'avons pas pu le voir, mais la cheville de celle-ci est gonflée et apparemment elle se l'est foulée. Aucune de nous ne lui a demandé ce qu'il s'est passé avant que nous la retrouvions inconsciente, il est cependant clair qu'elle connaissait la fille morte.
Certes la question nous brûle à toutes les lèvres mais le plus important pour le moment est de sortir de cette forêt.
Alors que nous nous apprêtons à quitter les lieux une voix d'homme nous interpelle.
- Jeunes filles, résonne la voix derrière nous.
Mon corps tout entier est en alerte. Lau que je soutiens resserre son emprise sur moi.
- Seigneur dîtes moi que je rêve, marmonne Gaia.
- Jeunes filles, répète la voix et je regarde du coin de l'œil les autres filles. Elles sont toutes aussi mortifiées que moi.
Néanmoins je vois Joyce se retourner, suivit de Gaia et je suis contrainte d'en faire autant, mais il n'y a personne.
- Qui est là ?, demande Joyce d'une voix forte.
- Je m'appelle Anthel, répond la voix et je suis au bord de l'évanouissement.
La voix vient de l'arbre et spécialement du trou que je lui avais imaginé comme étant une bouche.
- Je suis Joyce, répond cette dernière dans une sorte de fascination. De mon côté je suis partagée entre l'envie de rire et de pleurer. De rire parce que tout çà est totalement absurde et pleurer parce que je me sens dépassée et si impuissante.
Un arbre qui parle !
Tout ceci ne rime à rien.
- C'est vous qui nous avez protégés hier ? , demande d'une voix septique Gaia.
- Oui.
- Mais nous sommes des joueuses, intervient d'une voix douce Joyce et je ne peux m'empêcher de la regarder de travers.
- Et alors ?, dis-je.
Joyce me regarde et malgré le fait que je sache que cet arbre a une vue globale de nous toutes j'ai l'impression désagréable qu'il me fixe particulièrement désormais.
- Il fait partit d'une légende de Dom, me répond elle les yeux écarquillés avant de se tourner vers l'arbre, Anthel Garou. Tu as fais parti du conseil des sages quelques siècles après les premiers ancêtres. Tu espérais être élut comme empereur par les créateurs et tu considérais les joueuses comme une sous-espèce. Alors quand on a choisit la joueuse du conseil comme impératrice tu en as été furieux et tu as organisé une révolte, qui s'est transformé en guerre qui a durée des années. Finalement votre camp a perdu et tu as été punit à ...ça.
- Tu as bien apprit ta leçon, lui répond l'arbre sur un ton légèrement condescendant tandis que nous sommes à peu prêt toutes sur « le cul ». Certes en cours,il a été sous-entendu que les tensions avec les garous ne datait pas d'aujourd'hui et on nous avait raconté l'Histoire, mais je suis plutôt surprise que Joyce ait tout suite fait le lien.
- Merci, répond mon amie d'un ton sarcastique puis se radoucit. Je n'aurais jamais crû que tu existais vraiment, complète-t-elle.
Puis les paroles de Gabin lors de notre première conversation me revient en mémoire : « Les légendes sont des versions farfelues de ce qui est vrai, rien n'est totalement faux ».
- Vous étiez à mes pieds, répond alors l'arbre comme si c'était une évidence et je ne suis pas sûre de comprendre le premier sens de la phrase.
- C'est quoi la chose qui a voulu nous bouffer ? , demande Gaia et « Anthel » rit comme si c'était une bonne blague et j'entends Lau près de moi soupirer.
Elle a bien raison. Tout ça n'a rien de drôle.
- C'est ce qu'on appelle un caieus, et vous a eu de la chance d'être là, il était affamé et furieux. Ils détestent avoir de la lumière dans les yeux.
- Je te l'avais dit de l'éteindre ta satanée torche, dit Gaia en s'adressant à Joyce et cette dernière ne prend même pas la peine de lui répondre.
- Vous vouliez partir ?, demande Anthel un brin moqueur, ce qui me fait grimacer.
- Evidemment, lui répond Gaia avec un dédain non dissimulé.
- Il faudra attendre alors. A quelle heure avez-vous pénétré de ce côté ?
Il sait qu'il est du côté interdit lui ?
- Il était comme 15 heures, répond Lau à la surprise générale. J'avoue être perdue. Pourquoi indique-t-elle cette heure-ci alors que ce n'est qu'aux environs de 18h qu'elle est venue ici ?
- Donc partez à cette heure là, sinon avant la barrière ne sera pas levée.
- Comment vous savez ça ? , ne puis-je m'empêcher de demander.
- A l'heure où la barrière s'ouvre nous dormons tous, mais quand elle est fermée c'est là que l'on se réveille.
- Nous tous ?, demande à son tour Joyce.
- Vous l'avez remarqué vous-même qu'il y a autre chose que des arbres ici.
En effet.
Nous nous rasseyons là où nous étions pour attendre l'heure et partir
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