Chapitre 30
« Nos choix déterminent le genre de personne que nous sommes », Auteur inconnu.
Lorsque je quitte le réfectoire, je sens tous les regards converger vers moi. Cependant, je m'en fous royalement. D'ailleurs, je ne cherche même pas à savoir si les garous sont toujours dans les environs ou non, je retourne au QG .
*****
Dès que je suis rentrée, je me suis écroulée sur mon lit. Le temps que j'arrive ici, je me suis calmée et malgré mon épuisement émotionnel et physique je me suis changée.
Quand je me réveille il est seize heures. J'ai le réflexe de me passer la main sur le front, ce qui est une grave erreur car au moment où mes doigts rentrent en contact avec l'endroit où le plateau de, comme le dirait Joyce, cette « connasse d'Ella » m'a frappé, une douleur aigue s'étend sur l'intégralité de mon front.
Je grimace, avant de me lever et d'aller à la salle de bain. Je regarde les dégâts dans le miroir : j'ai une bosse de taille moyenne et quelques bleus sur les joues.
Je soupire, et repart dans ma chambre puis je sors. Aussitôt que je pénètre dans le salon, je remarque instantanément la fille assise à côté de Joyce. C'est la change-peau qui nous a raccompagné avec le garçon et qui nous ont aidées à ranger : Wanda.
J'aimerais vraiment demander ce qui se passe et pourquoi elle est là, malheureusement le martèlement qui subsiste dans ma tête m'en empêche. Pour le moment tout ce dont j'ai besoin c'est d'une crème et d'un antidouleur.
- Eh mais voilà la guerrière ! , s'exclame l'étrangère. Elle me sourit grandement, mais je me sens trop mal pour le lui rendre. Pour montrer mon mal-être, je laisse ma main en suspends au niveau de mon front.
- Salut, dis-je à son intention avant de me tourner vers Joyce, tu aurais de la crème ou quelque chose contre la douleur ?
Cette dernière se mord la lèvre comme si elle hésitait, ce qui en quelque sorte me gêne car depuis l'altercation à l'amphi nous ne nous sommes pas adressé la parole.
- Non désolé, mais je crois que Lau en a ou AR.
Je hoche la tête.
- Ok. Lau est dans sa chambre ?
Elle acquiesce et je retourne dans le couloir, afin de me diriger vers la chambre de Lau. Mais avant que je ne toque, la porte s'ouvre à la volée et Elana apparaît, tout rouge, un air hagard au visage. Elle me lorgne et fronce les sourcils.
Cependant elle ne dit rien et s'en va. Je me tourne pour la regarder partir, surprise par son comportement.
Je rentre dans la chambre de Lau, appréhendant la réaction de cette dernière parce que vu l'état dans lequel est sortie Elana, on dirait bien qu'elles se sont disputées ou quelque chose comme ça.
Elle regarde par la fenêtre, et n'a même pas l'air de me remarquer.
- Ca va ?, demandé-je incertaine.
Lau se tourne vers moi et contrairement à ce que je m'attendais, elle a un air serein, contrairement à Elana.
- Oui pourquoi ?
Je hausse les épaules.
- Elana avait l'air furieuse
C'est à son tour de hausser les épaules.
- Ça lui passera, Lau regarde de nouveau par la fenêtre puis son attention se reporte sur moi, elle t'a pas raté la garou dis-donc, continue-t-elle en indiquant mon front.
- Ouai. C'est pour ça que je suis là. Tu n'aurais pas de la crème ou quelque chose contre la douleur ou encore même les deux ?
Lau sourit face à mon ton plaintif.
- J'ai les deux. Attends je vais aller les chercher, me dit elle avant de disparaître dans sa salle de bain. Elle en revient avec les produits demandés.
Je les récupère avec un sourire.
- Merci
- Pas de quoi.
Je sors de la chambre, et au même moment Steph et Danielle rentrent dans celle d'AR suivies de cette dernière.
J'inspire grandement, c'est le bon moment pour m'expliquer.
- Amber-Rose, l'interpellé-je et cette dernière se tourne vers moi tandis que les deux autres disparaissent dans la pièce.
Je m'approche d'elle.
- Attendez moi les filles j'en ai pour une minute, dit-elle à ses deux amies qui referment la porte. Qu'est-ce qu'il y a ? , me demande-t-elle neutre et j'ai l'impression que le peu de courage qui m'avait pris s'envole.
- Je voulais te parler.
- Je suis là, me répond-elle comme une évidence. Je déglutis le cœur battant.
- Tu sais après la réunion pour le bilan du camping tu as dit que j'étais une menteuse, elle acquiesce, je ne sais pas pourquoi ou enfin je veux dire je crois savoir pourquoi tu as dit ça. Il n' y a rien entre Gabin et moi. On n'est même plus amis !
AR ne réagit pas vraiment à ce que je dis. Elle se contente de me fixer, et lentement un sourire complaisant se dessine sur ses lèvres.
- Comme c'est mignon. Mais tu sais Gillian je m'en fiche de savoir avec qui tu traînes ou pas, mais sympathiser avec les sauvages n'est pas l'une des meilleures choses à faire. Et en plus avoir deux traînées dans le groupe n'est pas l'idéal, me dit-elle d'une voix douce et mes yeux s'écarquillent à l'entente de ses mots. Elle continue toutefois, ensuite vue que tu es bien gentille et tout je vais te dire un truc : tu n'es plus sur ma liste.
- Ta liste de quoi ? , demandé-je abasourdie.
- Tu sais ce que je cherche ?, me demande-t-elle et je fais non de la tête , son sourire s'élargit, je cherche la menteuse. Il y a un imposteur parmi nous, quelqu'un qui ment et qui prétend être ce qu'il n'est pas. Tout ce qu'il veut c'est infiltrer notre monde et nous attaquer au bon moment.
Je secoue la tête.
- De quoi tu parles ? Dom n'est pas notre monde.
- Tant que nous serons ici, il le fera.
- Tu veux dire qu'il y a un infiltré ?
- Oui et tout ce qu'il veut, c'est nuire au futur.
Je fronce les sourcils et ne trouve rien à redire. C'est la conversation la plus bizarre que je n'ai jamais eu avec AR.
- Fais attention à toi, continue-t-elle, et à qui tu te confie, me dit-elle avant de poursuivre : au fait, tu dois te rendre au bureau d'Elona, elle veut te voir, puis elle rentre dans sa chambre.
Je fixe la porte de sa chambre à présent fermée, je ne bouge pas d'un poil. Toutes sortes d'émotions me traversent : la surprise, la curiosité, la peur.
Je suis surprise par le fait qu'AR ait traité les garous de « sauvages », puis qu'elle m'ait dit ne pas être « fâchée » contre moi. Curieuse parce qu'elle a insinué qu'il y a avait une usurpatrice parmi nous et cette curiosité est liée à ma peur parce ce que c'est grave. L'accusation qu'elle porte est grave, ou du moins selon moi ça l'est. Ça veut dire que quelqu'un ici ment (un gros mensonge), et veut nous faire plonger.
Cependant je ne vois pas comment « la traitresse » s'y prendrait. Nous n'avons rien fait de mal, qui pourrait être un obstacle pour notre « futur ». Néanmoins j'ai un doute. Je veux bien croire AR mais la question est : de qui tient-elle cette information ?
Et pour quelqu'un qui accuse les autres, je ne la trouve pas si blanche que ça : que faisait-elle l'autre soir à aller dans la forêt qui plus est au couché du soleil un livre à la main ? Je peux déjà dire que ce n'est ni le meilleur endroit et ni le meilleur moment pour faire de la lecture.
Je soupire avant d'aller à mon tour dans ma chambre pour appliquer mon traitement avant de me rendre au bureau d'Elona.
Je me demande bien ce qu'elle aussi peut bien me vouloir.
***************
Le couloir qui me conduit jusqu'au bureau de notre mentor est similaire à celui qui distribue nos chambres. Il y a plusieurs portes de part et d'autres de chaque mur et si je me rappelle bien de la visite de notre premier jour ici, cet endroit est le dortoir de nos « supérieurs », et le bureau d'Elona se trouve à la fin de couloir : il fait office de cul de sac.
Seul le bruit de mes pas se fait entendre et je marche plus vite qu'à la normale pour arriver rapidement.
Lorsque j'y arrive enfin, je toque deux fois, puis un « oui » retentit de l'autre côté. J'inspire un bon coup avant de rentrer. Ce que je vois me coupe la respiration : Adam et Ella sont assis. Certes ils n'ont pas l'air très heureux de me voir, Ella plus qu'Adam. Néanmoins, moi j'en suis horrifiée. Voilà une « surprise » à laquelle je ne m'attendais pas. Je regarde enfin Elona, qui elle me sourit de la même façon que l'a fait AR tout à l'heure.
Mon ventre se tort d'appréhension.
- Assieds toi Gillian, me quémande mon mentor. Je m'exécute les membres soudainement engourdis. Elle croise les bas sur son bureau et se penche au-dessus de celui-ci comme si elle souhaitait m'examiner de près. Quant à moi j'ai juste envie de sortir d'ici en courant ou alors de pousser ma chaise le plus loin possible d'Adam car ce dernier est assis entre Ella et moi.
- J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai convoqué ici.
- Oui
En effet j'ai une petite idée sur le pourquoi je suis ici mais pas eux !
Toutefois je m'abstiens de toute autre remarque.
- Rochelle m'a rapporté ce qui s'est passé au réfectoire tout à l'heure. Je te dis déjà que le groupe ne va pas être puni.
Cette nouvelle me fait me redresser.
- Vraiment ?, demandé-je et Elona acquiesce.
- Oui mais toi tu l'es.
- Mais c'est sup.., commencé-je avant que ce qu'elle me dise ne me percute. Je m'exclame alors, quoi ? Mais pourquoi ?! je croyais que le groupe n'était pas puni.
- Le groupe non, mais toi si.
Comme une certaine expression le dit je suis sur le cul.
- Pourquoi ?
- D'abord parce que votre année a trop de punitions à gérer ces derniers temps, mais surtout parce que ce n'est pas toi qui a commencé.
Raison de plus ! Je ne vois pas pourquoi je serais punie alors que je n'ai fais que me défendre !
- Mais Amber-Rose non plus n'avait pas commencé !, dis-je et Elona perd son sourire
- Oui peut être mais rien ne le prouve, dit elle et je fronce les sourcils, dans ton cas Rochelle était dans la salle et a vu que tu n'as pas été la première à attaquer.
Je m'avachie sur mon siège, vaincue. Qu'on me la donne cette punition !
Elona se tourne à présent vers nos précieux invités. Toute trace de douceur disparaît de son visage.
- Adam.
- Dame Elona, font Ella et Adam en même temps.
Je jette un coup d'œil vers les deux garous, et ils se tiennent droits, comme s'ils manifestaient un grand respect pour mon mentor.
J'ai envie de rouler des yeux, car ce ne sont que deux hypocrites.
- Adam, ça fait deux fois en moins de deux jours. Je te conseille vivement de revoir l'éducation de tes louveteaux, ou sinon je te promets de te traîner devant le conseil pour manque à ton devoir, déclare froidement Elona et Adam contracte la mâchoire. Quant à moi je ne vais pas mentir, mais j'ai une grande envie de sauter de joie !
- Ça ne se reproduira pas Dame Elona, répond Adam.
- Mais j'y compte bien, lui fait-elle savoir avant de s'adresser à Ella, la princesse est venue tout suite à mon bureau après son service et tu sais ce qu'elle m'a dit ?
Ella ne répond pas.
- Que tu l'avais insulté avant d'attaquer physiquement Gillian, poursuit-Elona avec un sourire carnassier, tu vas être punie.
- Vous n'en avez pas le droit !, s'insurge l'autre et un grondement animal retentit dans le bureau. Moi je me fige et Ella se calme. Seule Elona reste de marbre.
- Bien sûr que j'en ai le droit. Je peux autant le faire que toi tu peux t'en prendre à mes élèves sachant bien qu'elles ne peuvent se défendre que jusqu'à un certain point.
Elona se redresse avec un sourire victorieux au visage. Quant à moi si je pouvais, je la prendrais dans mes bras.
- Vous pouvez disposer Adam et Ella, déclare-t-elle et je la regarde surprise.
Je ne tourne même pas la tête vers eux. Je les entends reculer leurs chaises, puis Adam dit.
- Merci dame Elona de nous avoir reçus
Cette dernière ne répond pas et se contente de hocher la tête.
La porte se referme derrière eux et j'ai l'impression qu'un énorme poids vient de s'ôter de mes épaules.
Je regarde Elona, attendant qu'elle me congédie.
- La prochaine fois, vous mangerez toute la Goma au lieu de la cacher, me dit-elle d'un air léger et je souris gênée. Evidemment si Elana est venue la voir, elle lui a sûrement tout raconté.
- Je ne pensais pas ça allait prendre de telles proportions, dis je honnêtement et elle soupire.
- Je sais. Si tu ne lui avais pas renvoyé le coup tu ne serais pas punie.
Je grimace repensant à l'impact du plateau de l'autre folle avec mon front.
C'est à mon tour de soupirer.
- Je sais mais..., commencé-je et les mots me manquent et ma gorge se serre d'un coup, ce n'est tellement pas juste la manière dont-ils nous traitent. A la moindre occasion ils nous humilient, nous narguent et là, je porte ma main droite à mon front, elle a osé me frapper. C'était juste trop pour moi et..., je laisse échapper un sanglot.
Oh non pas maintenant.
Le premier sanglot est suivit d'un autre, puis de plusieurs autres. Malgré la retenue dont j'essaie de faire preuve ma poitrine est secouée par mes larmes.
J'entends la chaise d'Elona se reculer et pourtant je suis incapable de m'arrêter. Elle entoure mes épaules de son bras et je pleure plus vivement.
Ça fait des mois que j'ai envie de faire ça : pleurer et lâcher prise.
Toute sorte de choses me passe par la tête : comme le fait que je ne connaisse toujours pas mon jeu, je veux élucider la théorie d'AR concernant l'infiltrée, je veux savoir qui est la voix, je veux qu'Ella me laisse en paix, qu'Adam ne m'approche plus, je veux que toutes ces tensions aux QG se dissipent, je veux que Gabin me reparle, qu'il s'excuse de m'avoir blessé , qu'il me dise que je lui ai manqué autant qu'il m'a manqué, qu'il me dise si cette nuit là il était avec Joyce. Je voudrais que tous ces souhaits s'exhaussent, mais tout ce que j'arrive à dire c'est :
- Ma famille me manque
- Je sais, répond automatiquement Elona. Elle se tait avant de reprendre, je sais que je ne devrais pas te le dire, mais je suis vraiment contente que tu lui aie lancé cette part de Dicas au visage de Ella.
**********
Après que je me sois calmée, Elona me laisse m'en aller. Je n'ose même pas imaginer la tête que j'ai en ce moment.
Lorsque je passe par le salon, Wanda et Joyce n'y sont plus. Je vais alors directement à ma chambre et dès que je suis en contact avec mon lit je me rendors pour la seconde fois de la journée.
Je vois mon père et ma mère, ils sont tous les deux assis dans notre salon. Ma mère a les traits du visage tirés comme lorsqu'elle est confrontée à un problème.
- Alicia, l'appelle mon père. Ma mère lève la tête et le fixe. Il poursuit, il le faut.
- Pourquoi tu les as contacté ? , demande alors ma mère d'un ton suppliant.
- Il le fallait. On a déjà eu cette conversation, soupire mon père.
- Mais c'est de Gillian dont on parle ! , s'exclame-t-elle et je sursaute. J'ai envie de parler ou alors la prendre dans mes bras quand elle porte sa main à son nez pour renifler, cependant elle se reprend, tu n'a aucune preuves
- C'est mon travail.
- Tu fais des recherches !
- Mais ils les concrétisent.
Un lourd silence s'installe et moi je déglutis avec peine.
- Gillian, m'appelle la voix, Gillian écoute
- Gillian !, m'interpelle Joyce en me secouant.
- Quoi ? , fais-je en me redressant sur mon lit.
Je prends du temps avant de remarquer qu'elle est accompagnée de Gaia.
- Qu'est ce qu'il se passe.
- Lau a disparue
- Quoi ? Il n'y a pas de quoi s'inquiéter il n'est que..., commençé-je en regardant sur le cadran de ma montre, 18h20, terminé-je tout d'un coup moins relaxe.
- J'ai raccompagné Wanda à la salle commune. Gaia nous a rejoints il était 18h. Un peu après Lau est arrivée et elle a dit qu'elle allait courir, mais elle n'est toujours pas là.
- Elle est peut être encore sur le terrain.
- Pas possible, répond Gaia, il y avait Adam et sa classe dessus et quand on est parties il nous a dit qu'elle était allée directement à la forêt. On y allées, jusqu'à la limite et elle ny n'était pas.
Je fronce le sourcil, c'est quoi cette histoire ?
- Elle n'a pas pu disparaître comme ça.
- On a regardé partout, elle n'est nulle part, ni à la bibliothèque, ni aux amphis et encore moins au réfectoire.
L'image de Lau en pleurs me passe en flash dans l'esprit.
- Elle est peut être allée dans la salle aux transits.
- Non il faut une identification pour y avoir accès, me dit Joyce.
- Dans ce cas elle est où ?, dis-je à voix haute. Je m'adresse à Gaia, tu dis qu'Adam et son groupe d'élèves sont les derniers à l'avoir vu ?
- A priori oui.
- Il faut donc qu'on retourne là bas
- Là bas où ? Dans la forêt ?, demande d'un air affolé Joyce. Une réaction qui m'étonne de sa part. Elle est d'habitude la plus téméraire.
- Oui dans la forêt. Je me change et on y va.
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