« Si deux personnes sont fait pour être ensemble , le destin les réunira toujours , quelque soit les obstacles. », de moi-même.

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Durant le temps qu'il m'a fallu pour marcher de l'entrée du camp au grand feu qui a été allumé les battements de mon cœur se sont accélérés. Ma gorge est nouée et je me sens mal tout d'un coup.

Le timbre de la voix a l'air de faire écho dans mon cerveau tandis que le froid me traverse les os.

Nerveusement je tire sur les manches de mon gilet alors que Rochelle commence son discours de remerciements, rappelant les efforts que nous avons fournis pour organiser la soirée et leur participation en venant.

Nous sommes tous rassemblés tout autour du feu qui crépite, et seule la voix de Rochelle résonne dans l'air. De l'autre côté, en face de nous, sont regroupés nos invités. Parmi eux, je remarque immédiatement Gabin, qui lui a les yeux rivés sur Rochelle qui parle. Il est entouré de Ella et de la seconde jeune fille dont je ne me rappelle plus du nom, mais c'est une change-peau.

Je m'attarde un moment sur Ella : je ne sais pas pourquoi, mais cette fille me fait assez peur. Peur dans le sens du terme que je me méfie d'elle. Elle a ce truc qui me met immédiatement sur mes gardes quand je rencontre son regard.

Aux côtés de Gabin, comme elle l'est actuellement, elle m'a l'air beaucoup moins intimidante. Tout comme le garou, son pyjama est bleu clair carrelé mais en plus, elle porte un gilet long bleu nuit. Sa sombre chevelure est rassemblée en une natte sur le côté.

Je me perds un moment dans la contemplation du reflet des flammes sur son visage, avant que Rochelle ne conclue avec son discours.

- Merci !

Ils applaudissent, et je les imite même si je n'ai pas vraiment écouté.

- On y va ? , me demande Lau alors que les gens commencent à se disperser dans le camp.

- On va faire quoi ?, demandé-je.

- Le speed-meeting

- Le quoi ?

- Rochelle vient de l'expliquer Gillian, soupire Lau. Je secoue la tête pour lui montrer que je n'ai pas écouté.

- C'est comme le speed-dating. Chaque élève des autres années vont s'assoir sur leur sac de couchage, et nous aurons 1minute pour nous présenter. S'ils aiment notre présentation, ils n'auront qu'à nous donner une sucrerie. Et après on échange les places. Tu as compris ?

- Oui, répondis-je.

- Allons-y alors

J'acquiesce et la suit.

Les élèves sont tous assis sur une même ligne de sac de couchage attendant que nous passions chacune. En attendant le coup de sifflet qui signalera le début de ce speed-meeting, je cherche du regard Joyce. Cette dernière m'a jusque là évité et je crois bien qu'elle est toujours en colère par rapport au pyjama. Je finis par la repérer, elle est en face d'un garçon change-peau. Elle aussi regarde un peu autour d'elle, et nos regards se croisent. Elle fait la moue et je lève mon pouce dans sa direction, elle détourne la tête sans même m'adresser un sourire.

Je suis un peu choquée, mais le coup de sifflet de Rochelle me ramène à l'instant présent.

- Merci, dis-je en mangeant ma huitième gourmandise. La fille à qui je viens de parler s'appelle Wanda. Elle a aussi 16 ans et c'est une change-peau.

Après elle, la série de change-peau se termine, je passe immédiatement au second garçon garou que j'avais rencontré à l'entrée.

Elana prend ma place face à Wanda, tandis que je prends celle d'AR face au jeune homme.

Je ne sais pas trop si je dois lui sourire pour « bien commencer », ou ne rien faire. Son manque d'expression ne me facilite pas la tâche.

Je me racle nerveusement la gorge en même temps que le coup de sifflet de Rochelle retentit. Je m'assoie enfournant mes mains dans mon gilet.

- Bonsoir je m'appelle Gillian, j'ai 16 ans et je suis une joueuse.

- Luis Garou.

Il ne scille pas, et n'a pas l'air d'aller plus loin. Voilà une réaction à laquelle je ne m'attendais pas. Durant un quart de secondes je suis complètement désamorcée et regarde rapidement autour de moi. D'un côté il y a Elana totalement à l'aise face à Wanda, et à ma droite AR qui n'a pas l'air d'en mener plus large que moi avec la seconde garou dont je ne sais rien.

- Ok, fais-je plus pour moi que mon interlocuteur. Je frotte mes doigts énergétiquement.

Ecoutes .

Une bourrasque de panique me prend la poitrine en même temps que le sifflet retentit. Je cligne rapidement des yeux comme à chaque fois que la voix me parle, je me sens perdue. Puis je détaille Luis : grand, bien bâti, châtain avec de petits yeux luisants il a une mâchoire un peu trop sculpté à mon avis. Le feu grésillant derrière lui fait de l'ombre sur son visage, lui donnant un air presque menaçant.

Flageolante je me lève et prend la place d'AR en face de la fille, laissant la mienne à Elana.

Nouveau coup de sifflet.

- Je suis Gillian, dis-je d'une petite voix. La fille en face de moi a le même air que Luis. Quoiqu'elle soit un peu moins « musclée ». Ses cheveux sont coupés à la garçonne et malgré la pénombre, il n'est pas difficile de percevoir l'effet « attention chien méchant », qu'elle renvoie. Avec la fraîcheur qu'il règne elle ne porte qu'un débardeur en guise de haut.

- Téna Garou, me répond-elle simplement.

Il est clair que l'on n'ira pas plus loin.

- Ça fait pitié, dit la voix d'Ella. Intriguée je tends un plus l'oreille vers AR et elle.

- Tu devrais surveiller ce qui sort de ta bouche, répond AR. Ella ricane.

- Sinon quoi ?

- Si tu me cherches tu vas me trouver je te promets, menace AR et un grondement retentit.

Apeurée de savoir qu'il vient de Téna, je me recule un peu d'elle.

- Amber- Rose, dis-je d'une voix étranglée suraigüe qui résonne dans le camp. Je peux sentir nos voisins baisser le volume de ce qu'ils disent pour nous prêter plus d'attention.

Cette dernière me lance un regard à la fois furieux et inquiet : ses sourcils sont froncés, mais elle se retourne bien vite vers son interlocutrice.

- Tu vas jeter tes chiens de garde sur moi ?

Et à ce moment j'ai envie de mourir.

Je regarde Ella, le sourire en coin qu'elle avait vient de s'évanouir. Elle arbore la même expression faciale que Luis et Téna.

- Non. Je te tuerais de mes propres mains , déclare-t-elle sur un ton sombre qui me fait frissonner.

Ecoutes

Mon sang se glace, AR ne répond pas.

Le sifflet retentit, et pourtant la tension ne redescend pas. Je me lève tant bien que mal attendant que AR en fasse de même mais elle ne bouge pas. Les deux se fixent comme si elles allaient se sauter dessus. Je me tourne vers Elana qui regarde elle aussi la scène un air contrarié au visage.

- Ella, ordonne Adam sortit de je ne sais où à son élève. Cette dernière reste quelques instants à regarder AR avant de se lever.

Lorsque celle-ci est sur ces pieds, le mentor se retourne avant de se diriger vers le grand feu, Ella sur les talons.

- Amber Rose suit moi, intervient à son tour Rochelle. Elles aussi se dirigent vers le grand feu rejoindre les deux autres.

- Continuons, déclare alors Elana derrière moi. J'acquiesce et je vais m'assoir en face de mon dernier interlocuteur de la soirée : Gabin.

Ce dernier me sourit, et je lui souris aussi. Je ne peux m'empêcher de regarder rapidement autour de moi, et étonnamment je me rends compte que nous sommes les derniers. Les autres sont allés sur leur sac de couchages respectifs, attendant sûrement que les deux mentors tranchent sur la sanction suite à l'altercation des filles.

- Salut, dit Gabin m'emmenant à me concentrer sur lui.

- Hey, je réponds d'une petite voix tout à coup intimidée. C'est bête mais, à cet instant je me sens toute drôle à lui parler là, alors que n'importe qui pourrait nous voir et nous entendre.

- Tu n'a pas froid ?, demandé-je en référence à son simple-t-shirt. Ce dernier me sourit franchement avant de hausser les épaules.

- Non

- C'est bizarre. Moi je gèle, dis-je en essayent de ne pas trop fixer son visage.

Seigneur, qu'est ce que je me sens bête.

- Pas si bizarre que ça. Je suis un garou, et toi non. Je suis plus résistant.

Ecoutes

Mais quoi ?

Je fronce les sourcils.

- Est-ce que c'est différent ?

- Quoi être un garou ou une joueuse ?, demande-t-il. Je hoche la tête.

- Je suppose que oui. Ce n'est même pas la même espèce.

Dit comme ça, c'est stupide mais je cherche. Jusque là la voix ne m'avait jamais rien dit d'autre à part mon prénom, et là elle veut que j'écoute, mais quoi ?

Qu'est ce que je dois écouter ?

Qu'il vient peut être de sous-entendre que les garous sont mieux que les joueuses ? Une pointe d'agacement s'empare de moi.

- Tu sais elle ne l'aurait pas attaqué, dit-il en référence à Téna tout à l'heure. Je hausse les sourcils peu convaincue. Le grondement que cette fille a émis tout à l'heure était semblable à celui d'un animal enragé.

- On n'aurait pas dit, fais-je en me renfrognant un peu. Il fait froid !

- Tant que ton amie n'atteignait pas Ella physiquement il n'allait rien arriver.

Je fronce les sourcils. Qu'est ce que c'était censé vouloir dire ? D'abord les garous sont meilleurs que nous et bien sûr on a rien de mieux à faire que de les provoquer.

Cette conversation commence à m'irriter et les propos de Gabin m'énervent. Sa façon de prendre le problème est paradoxale : il essai de me rassurer et en même temps j'ai l'impression qu'il veut donner un avis sur le sujet. AR n'est pas ma meilleure amie, mais si je sens qu'il l'attaque, je ne pourrais pas m'empêcher de la défendre.

- Amber-Rose n'est pas violente, elle n'aurait jamais porté la main sur Ella en premier, contré-je.

Gabin fronce à son tour les sourcils, puis arque l'un d'eux ce qui lui donne un drôle de rictus au visage : mi figue, mi-raisin. .

- Tu veux dire qu'Ella l'aurait fait ?

- Je ne sais pas, réponds-je honnêtement. je ne la connais pas, mais elle n'a pas non plus l'air d'être très gentille, laissé-je échappé.

Gabin arque un sourcil comme pour dire « tu es sérieuse ? ». Je pince les lèvres, confuse. Pourquoi j'ai dis ça ?

- En fait non, ce n'est pas ...

- C'est bon.

Son ton me fait immédiatement taire. Son visage n'arbore à présent aucune expression, et tout comme au dîner des racines voire même plus, je ressens cette distance.

Je frotte encore plus vigoureusement mes mains.

- Ok, je marmonne. J'ai comme la nette impression que la discussion est close.

J'ai comme tout à coup un nœud dans l'estomac, c'est stupide, presque débile mais j'ai une soudaine envie de pleurer.

Je regarde nerveusement autour de nous, puis vers le grand feu : les autres n'y sont plus. Je fronce les sourcils.

- Tu sais pourquoi on a créé ce programme ?, je regarde Gabin, surprise qu'il relance la conversation, c'est pour éliminer ça, ces préjugés et cette idée que les Garous sont l'espèce la plus violente, sauvage, animale.

Il se tait puis poursuit, et toi tu es là à juger Ella comme si tu la connaissais et ..., il ne dit rien et hausse les épaules. Il a l'air de chercher ses mots et secoue la tête. Je ne sais pas si je dois rester à écouter le reste car pour le moment ce qu'il vient de me dire m'a blessée. C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Il a sous-entendu qu'ils étaient meilleurs que nous, et selon moi nous sommes les personnes discriminées de cet institut.

- Je croyais que tu étais différente.

Quoi ?

Comment est... ?

- Je crois que le jeu est terminé.

Je ferme très fort les yeux pendant cinq secondes à l'entente de la voix d'Adam. Lorsque je les rouvre, Gabin n'est plus là. Je ne tarde pas à le repérer de l'autre côté du feu en compagnie d'Ella et Téna.

Je serre les dents, irritée qu'il soit là bas avec elle alors que nous n'avons pas terminé notre discussion. Cependant je suis d'autant plus furieuse contre Adam, qui soit dit en passant est toujours arrêté près de moi. Il se permet de venir nous interrompre, il pense peut être que je vais lui sauter au coup ?

Raide comme un piquet je me relève, ignorant délibérément la main qu'il me tend. Sans un regard pour lui je m'en vais.

Cependant même si je ne le vois pas, je sais qu'il a son sourire en coin et le poids de son regard est comme un fardeau sur mes épaules.