Chapitre 21
« Les hypocrites se sont les plus dangereux de tous les méchants, parce qu'ils ont l'air bon et que l'on ne se méfie pas d'eux », auteur inconnu.
******
- Gillian attend moi, clame Joyce derrière moi alors que je marche à toute allure afin d'atteindre la porte du QG .
Je suis très exactement contrariée.
Pourquoi ?
Récapitulons : de par une volonté d'Hercule j'ai amené la plus grande paresseuse que le royaume de Dom puisse trouvé à venir courir avec moi.
J'avais prévu un après midi sympa, plein de blagues, de rires et de jérémiades, et il a fallut qu'Adam apparaisse avec son air (à mon avis faux), gentil et courtois.
Ce qui c'est passé ? C'est très simple : Joyce et lui ont trottiné tout le long, ont discuté, ont ri !
Bon sang, ils ont ri !
Je veux dire : Qu'est ce qu'ils avaient à se dire nom d'un chien ?
Et le mieux dans tout ça c'est qu'il n'y a pas vraiment de truc, c'est juste que je ne l'aime pas. Je préfère mille fois l'espèce de distance que les autres années mettent entre nous que ce genre de rapprochement.
Je n'aime pas le sourire narquois qu'il arbore parfois et que je suis seule à voir, bien que Lau parfois aussi le voit. L'antipathie naturelle, je ne savais pas ce que c'était avant de le rencontrer. Adam a cette façon de me regarder dans les yeux, comme s'il cherchait à trouver quelque chose. Ça me met profondément mal à l'aise, et j'ai comme l'impression que ça le met plus en confiance qu'il ne l'est déjà.
En gros c'est clair : je ne l'aime pas du tout !
J'atteins enfin la porte du QG et je passe de l'autre côté sans me retourner pour voir si mon amie est toujours en vie.
Les filles sont de nouveau toutes rassemblées au salon, encrées dans une discussion qu'elles stoppent à notre entrée.
- Bas vous en avez mis du temps, fait d'un air moqueur Lau.
Je plisse des yeux en la regardant : traîtresse.
La respiration hachée de Joyce derrière moi et le bruit de la porte se refermant témoigne de sa présence.
- Vous ne devinerez jamais avec qui on a couru, annonce cette dernière.
Sachant déjà ce qui va s'en suivre, je roule des yeux et vais à la cuisine me servir un verre d'eau.
Alors que je m'assoie à table, la porte s'ouvre sur Lau et quelques débris des exclamations des filles me parviennent.
Ça fait pitié.
- Alors comme ça vous étiez avec monsieur sexy ?, me taquine Lau en s'asseyant. Lau est la seule à partager mon agacement concernant ce gars.
Pour réponse, je fais une moue et hausse les épaules.
- C'est Joyce qui s'est fait draguer
Je prends une dernière gorgée et regarde Lau qui a l'air assez pensive.
- Il est vachement plus âgé faut avouer.
- Sincèrement dit, je trouve son comportement déplacé, dis-je honnêtement.
- C'est clair.
- Sinon vous avez pu arranger ces histoires d'ingrédients ?
- Oui on a même donné la liste à Rochelle. Demain ils arriveront.
J'acquiesce.
- Super. Donc dans deux lunes c'est le jour J ?
- Le jour J.
****** ~
J'emballe le dernier paquet de bonbons et le pose sur la pile. Je reste là à regarder la montagne de sucreries, alors que Gaia et Lau s'activent à les placer par couleur dans des paniers.
Honnêtement, vu comme ça, çà a l'air légèrement ridicule. De mon point de vue, j'ai l'impression de préparer la fête d'anniversaire d'un gamin ou quelque chose comme ça. Cependant les filles sont très fières. Il ne reste plus qu'à faire les petits fours, les hamburgers et ce sera terminer. Pour ma part mon travail s'achève ici. Je ne m'étais proposée que pour mettre dans les paquets tous les bonbons et autres.
Demain pour le camping, au total, nous serons vingt: dont nous les huit joueuses, huit changes peaux et quatre garous. Il n'y a pas eu un seul volontaire chez les racines. Je ne sais pas si c'est juste parce qu'ils nous en veulent pour notre comportement à leur dîner ou juste s'ils ne nous aiment pas.
Dans tous les cas, l'idée de me retrouver en pleine forêt ne m'enchante toujours pas, surtout lorsque je sais qu'Adam sera là. Car oui, pour organiser l'évènement, la présence de deux mentors est obligatoire. Bien évidement Adam et Rochelle se sont proposés.
Je peux certainement passer pour une aigrie de la vie, mais très franchement, ces deux là je ne les aime pas. Adam m'horripile et avec Rochelle ce n'est pas mieux.
Entre elle et moi, en fait je dirais que nous avons mal débuté. J'ai commencé à la « détester » quand j'ai compris la vraie raison pour laquelle elle était venue chez moi ce soir là. Puis s'en sont suivies les « cachoteries ». C'est étrange mais jusqu'à maintenant je ne sais toujours pas ce que mes parents me dissimulaient avant mon départ.
En quoi ça pouvait être si grave pour qu'ils ne me le disent pas ? Je me rappelle de ce jour où j'ai écouté l'une des conversations avec Rochelle alors qu'ils étaient dans la cuisine. Ils avaient parlé de « vidéo », mais de quoi ? Qu'est ce qu'elle aurait pu leur montrer ?
J'aimerais tellement le savoir. J'ai tant de questions sur ça, l'IJPDD et Dom.
Au final, le livre de contes de Ella ne m'a pas servit à grand-chose car il ne m'a rien appris sur les ancêtres, et encore moins sur de possibles esprits. Mon dernier recours n'est autre que le bouquin que m'a conseillé Mau, plus tôt dans la journée ou alors en parler avec des Domiens eux-mêmes.
Je n'en connais que deux jusqu'à maintenant : Elana et Gabin. Avec Elana ça devrait être plus facile, mais c'est étrange. Je ne me vois pas lui demander des informations à propos de ça. Elle semble renfermée lorsque le sujet touche le passé, surtout celui de Dom.
Du fait que l'empereur soit un garou n'a jamais été énoncé en cours, et pourtant ce n'est pas l'envie qui manque. Elona survole parfois le sujet lors de ses cours, mais elle ne va jamais plus loin. Paraît-il qu'il y a des protestations dans les diverses régions de l'empire concernant ça. Cependant contrairement à ce que nous pensions au début, le souverain ici est désigné par les créateurs.
Comment ? Par un procédé très simple : à la 620ème lune, le nom du prochain empereur se fera inscrire par un envoyé des hautes sphères, sur la pierre sacré de Dats se trouvant dans le jardin du palais royal.
Cependant, l'élu doit obligatoirement déjà faire partie du conseil des sages, représentant par la même occasion chaque espèce.
Un système très éloigné de celui que je connais.
*****
- Garou, appelé-je une fois dans l'ex-bibliothèque.
- Joueuse, répond Gabin presque instantanément. Je lève la tête vers l'étage tandis que ce dernier m'observe par-dessus la balustrade.
- Tu montes ?, me demande-t-il. Je lui fais un sourire avant de m'exécuter, le livre d'Ella sous le bras.
Gabin est adossé à la rambarde, les mains dans les poches, il ne tourne même pas la tête vers moi lorsque j'arrive à sa hauteur.
Il regarde droit devant lui comme s'il était pensif, une image qui contraste fortement avec celle de celui qui m'a interpellé tout à l'heure.
Il est de profil et je me surprends à me perdre dans le suivi des traits de son visage. Ses cheveux lui tombent un peu dans les yeux.
Notre première rencontre passe en flash dans mon esprit, à ce moment où je l'ai trouvé si beau.
Ce qu'il est d'ailleurs.
- Ça t'a aidé ?
Le son de sa voix me rend tout d'un coup timide et gênée. Un peu drôle, le cœur battant à tout rompre, je prends le livre entre mes mains et le lui remet. Maintenant qu'il est face à moi, me dépassant d'une tête, j'ai l'impression qu'il a pu entendre tout ce que j'ai pensé.
Oh Seigneur, aidez-moi !
- Pas vraiment mais ça va, fis-je lentement espérant que ma langue ne fourche pas et que je ne dise pas de choses stupides.
Il hoche la tête et récupère le manuel. Un millième de secondes, nos doigts se frôlent. Le bout des miens picotent, et je me mords la joue sentant la chaleur monter en moi.
- Tes doigts sont gelés, laissé-je échapper. Gabin ne répond pas et se contente de me fixer un instant avant de se remettre de profil.
Oh, ok...
Très bien, monsieur a l'air de très bonne humeur.
Très sincèrement, je me sens légèrement blessée et ridicule face à ses attitudes. Il avait l'air content il y a cinq secondes et là c'est comme si j l'avais giflé ou autre. C'est carrément une douche froide.
Je soupire car je ne sais pas quoi faire d'autre, avant d'adopter la même position que lui.
C'est-à-dire observer le tableau en face de moi. C'est un arbre, enraciné dans de l'eau, mais avec l'éclairage qu'il y a dans la pièce, à moins que je ne m'approche, il m'est impossible de distinguer quelque nuance que ce soit.
Soit dit en passant, l'endroit a un air lugubre, qui ne me ravit pas particulièrement.
- Qu'est ce que tu penses d'Adam ?
- Quoi ?, m'exclamé-je complètement prise au dépourvu par la question.
Pourquoi nom d'un chien, Gabin me parle-t-il d'Adam ?
- C'est notre mentor, précise-t-il.
- Je sais qui il est, fis-je. Je hausse les épaules puis poursuit, mais je ne le connais pas et je n'ai pas vraiment d'avis sur lui.
Ce qui est considérablement un mensonge. D'après moi, Adam est un arrogant, un peu snob sur les bords et il me tape sur le système. Evidement je ne peux pas dire ça à Gabin, d'autant plus que je ne cerne même pas l'intérêt de sa question.
- Pourquoi ?
- C'est juste qu'il a parlé de toi.
Mes yeux s'élargissent sous le choc.
- Quoi ? Comment ça il a parlé de moi ?, le pressé-je.
Gabin prend un air renfrogné.
- En fait tes amies sont venues faire le sondage, et il a demandé si tu serais là, dit Gabin avant de se stopper et j'ai la nausée qui me vient puis il reprend, juste après il a demandé à Hélias ,le mentor des changes-peaux, s'il pouvait le remplacer afin de pouvoir superviser votre évènement.
Il se passe une main dans les cheveux.
- Tu sais, Adam n'est pas du genre à faire des trucs sans raison. Du coup je me suis demandée si toi et lui vous...
Gabin ne termine pas sa phrase et je suis au bord du malaise.
- Adam et moi on est rien, réussis-je à articuler.
Gabin hoche la tête et ne dit rien de plus. Nous nous observons et je trouve le noir de ses yeux très captivants.
- Tu es petite dis donc, me fait-il remarquer d'un coup et je fronce les sourcils.
- Pas du tout ! Je fais 1m75, c'est toi qui es trop grand !, je rétorque en un sourire qu'il me rend.
D'un coup, je me sens de nouveau de bonne humeur.
- Ella me le dit tout le temps.
Par réflexe, à l'entente de ce prénom je me raidis.
S'il y a un mystère que j'aimerais bien résoudre en plus c'est celui de ces ceux-là. Ils sont quoi exactement l'un pour l'autre ?
Il y a comme un silence gênant qui plane avant que je me ressaisisse.
- Tu viens demain au camping ?
- Tu aimerais ?
Je me sens vulnérable d'un coup. Je détourne le regard et passe une main sur mon front avant de murmurer sur un ton de confidence.
- Beaucoup oui.
Le sourire qu'il m'envoie me soulage instantanément.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro