Chapitre 13
*~
La solitude est bonne aux grands esprits et mauvaise aux petits. La solitude trouble les cerveaux qu'elle n'illumine pas
*~ Victor Hugo
Ce matin, nous sommes en retard à cause de la vaisselle que personne ne semblait vouloir faire. C'est donc d'un pas pressant que nous longeons notre couloir afin d'atteindre l'amphithéâtre à l'heure. A notre entrée, Elona y est déjà et nous sourit alors que nous prenons place : à ma droite Joyce et à ma gauche Gaia.
Lau et la nouvelle, Elana, sont justes devant nous et le trio est à l'arrière. Ca fait bizarre d'avoir toute cette salle rien qu'à nous.
- Bonjour mesdemoiselles
- Bonjour
- Bien. j'espère que vous vous êtes remises de la soirée d'hier ? , nous demande Elona et son ton jovial me fait sourire.
Nous répondons d'un « oui » commun.
- C'est bien. Alors pour entamer ce premier cours, nous allons aborder un thème essentiel de votre transition. C'est-à-dire que vous passez d'un monde à un autre, et tout est différent. Le paysage, les habitants, l'histoire.
Elle se tourne vers le tableau, et écrit en grand : « Qu'est ce que Dom selon vous ? » avant de nous refaire face.
- L'une d'entre vous a-t-elle une idée ?, vous pouvez avoir des pensées différentes et en discutez, nous dit-elle. Lau qui est devant moi lève la main, mais Elona interroge l'une des filles derrière.
- Ton prénom ?
- Danielle , dit-elle
- Bien Danielle quel est ton avis sur la question ?
- C'est un monde parallèle à la Terre ?, répond Danielle pas très sûre.
- Viens l'écrire, l'incite notre professeur en lui tendant son marqueur. Danielle se lève va inscrire juste en bas de la question, sa réponse.
- Quelqu'un d'autre ?
Devant nous passe Amber-Rose, tandis que l'autre retourne à sa place.
- Je suis Amber-Rose, dit cette dernière et Elona hoche la tête.
- C'est chez nous, inscrit-elle et j'avoue être surprise.
- Elle est sérieuse là ?, me glisse Joyce au creux de l'oreille et je ne fais qu'acquiescer.
Je ne sais pas pourquoi mais ce que dit Amber-Rose est assez désagréable à mon sens car nous sommes toutes arrivées ici au même moment, tout aussi perdues les unes que les autres et du même endroit. C'était il y a quatre jours. A peine hier, on a failli se faire déchiqueter par nos soi-disant « frères de terre ». J'exagère peut être, mais voir, si je puis dire ,« l'une d'entre nous » désigner Dom comme étant chez « nous » est gênant.
Amber-Rose retourne à sa place tandis qu'Elona se replace au-devant de la scène en nous souriant.
- Je suis contente de vous voir vous exprimer, c'est l'un des buts recherchés par l'IPJDD. Mais comme Amber-Rose vient de le dire, Dom c'est chez vous, commence-t-elle et son sourire s'élargit, « même si je sais que pour le moment ce point ne fait pas l'unanimité c'est la vérité. Dom n'est peut être là où vous êtes nées, grandies ou connues, mais c'est ici que vous êtes vous. Notre programme est conçu pour changer ces mentalités, qu'elles soient de vous ou des originels »
Originels?
Par réflexe, je regarde rapidement mes deux voisines, et elles semblent tout aussi perplexes que moi.
Notre professeur s'adosse à la table derrière elle et je remarque la tenue qu'elle porte : un gilet similaire aux nôtres avec en dessous une robe noire près du corps qui s'arrête au niveau des genoux.
- La question sur Dom n'est qu'une entrée en matière. Pour ce premier cours vous allez apprendre l'histoire de notre monde. Celle qui est connue de tous et qui est racontée aux enfants le soir avant le coucher. Vous voyez ce que je veux dire ?
Nous acquiesçons.
Les lumières de la salle s'éteignent d'un coup. Mon souffle se coupe et je regarde dans la pénombre autour de moi. Mes deux voisines sont toujours là.
- Qu'est ce qui se passe ?, chuchote Gaia. Je suis sur le point de lui répondre mais perds le fil de mes idées lorsqu'un nuage de lumière se forme sur l'estrade. Ce dernier s'agrandit puis lentement se dissipe.
- Notre dimension est née d'un rien, résonne alors la voix d'Elona dans la pénombre, « juste d'une nuée dans lesquels ont voyagés nos créateurs »
Le nuage est à présent dissipé, comme du brouillard, les sbires de toute cette osmose se baladent un peu partout dans la pièce. Un morceau de terre apparait comme un caillou, puis se met à grandir. Elona reprend alors :
-Des hautes sphères l'un d'eux laissa tomber une larme. Cette larme entra en contact avec la partie inférieure des hautes sphères. C'est ainsi que Dom apparut.
Je regarde la planète suspendue dans les airs, le brouillard toujours présent. Il n'ya pas de mers, rien du tout. Juste du gris le tout embaumé dans une brume.
-Cette nouvelle Terre créée, ils décidèrent de l'investir. De chacun d'eux ils enlevèrent une particule de leur structure, créant ainsi chaque espèce.
Un rapprochement se fait sur la planète. De la terre ou plutôt du sol, une forme se dessine, puis prend du volume. La forme grandit, avant de prendre des couleurs.
- De la larme naquît l'ancêtre des racines.
C'est une jeune fille.
Les yeux de cette dernière s'ouvrent, sa bouche aussi et j'ai l'impression qu'elle est juste à côté de moi, à avaler la bouffée d'air
- De son premier souffle, elle créa notre ancêtre.
Ce dernier se fend dans l'air, pour créer une boule. La boule d'air tombe au sol, près de la jeune fille toujours allongée. Elle se disloque au contact du sol. Nous ne distinguons rien, puis l'invisible prend du volume. Une seconde jeune fille apparait.
- De par le sang, elles façonnèrent l'ancêtre des garous.
Les deux se redressent et se regardent sans mot dire. La première tend son bras, et brusquement, la seconde le lui mord. Elle la mort si fort que des gouttes de sang perlent au coin de sa bouche. Ces dernières tombent au sol. Les deux se lèvent alors, et regardent les gouttes de sang par terre d'un air impassible.
Le sang au sol se coagule avant de se mélanger à la terre. Comme les autres fois, une forme indescriptible se forme avant de prendre du volume pour devenir un humain. Et là encore une jeune fille. Elle n'a pas l'air le moins du monde surprise ou désorientée de se trouver là. Elle se lève.
- De part leur union, elles engendrèrent l'ancêtre des changes-peaux.
Les trois se regardent toujours sans parler, puis elles crachent d'un seul mouvement au sol. Leurs salives s'infiltrent dans la terre et leurs crachats ne tardent pas à revenir à la surface avant de prendre du volume révélant une quatrième jeune fille.
- Des jeunes filles pour l'innocence, le respect, l'amour, mais aussi la solidarité.
Puis tout s'évapore, nous laissant dans l'obscurité.
Une jeune fille apparaît. Les talons d'Elona résonnent dans la pénombre indiquant qu'elle se déplace.
- Vanina, notre ancêtre.
Notre dîtes ancêtre, n'a pas l'air très grande. Elle est blonde, ses yeux sont d'un bleu pâle. J'ai l'impression qu'elle nous regarde. Malgré la pénombre, on devine facilement sa peau laiteuse.
- Elle était dotée d'un jeu très intéressant : celui de la parole. Il suffisait qu'elle vous ait déjà regardé droit dans les yeux pour que vous fassiez tout ce qu'elle ordonnait.
De nouveau tout disparait et cette fois-ci la lumière revient, tout doucement. Je plisse les yeux, un peu désorientée.
Ça avait vraiment l'air réel.
- C'était trop bien, dit Joyce et j'acquiesce.
Elona est au milieu de l'estrade, les bras croisés sur sa poitrine.
- Oui ? , dit elle en direction de Gaia qui vient de lever la main près de moi.
- Gaia, commence celle-ci. Notre mentor hoche la tête, « je voulais savoir si votre jeu c'est d'aller dans le passé ? »
Elona rigole un peu et secoue la tête.
- Non, elle sourit, « je peux jouer avec l'esprit. Si l'envie m'en prend je pourrais vous fairevoir ce que moi je veux que vous voyez »
- Ca veut dire que la lumière n'est jamais partie ?, demande Lau.
- Jamais.
- C'est trop cool, déclare Stéphanie derrière moi.
- Si on veut, lui répond notre professeur.
- Mais l'histoire de Dom s'arrête là ?, demandé-je curieuse.
- Bien sûr que non. Tu aimerais savoir ce qui c'est passé après la création des ancêtres ?, me demande Elona et j'acquiesce vigoureusement.
- Eh bien ce sera pour une prochaine fois, déclare-t-elle d'un sourire moqueur
- Non, nous exclamons-nous presque en même temps. Cette dernière hausse les épaules alors que la sonnerie de tout à l'heure retentit.
- Nous en avons fini pour aujourd'hui, à demain mesdemoiselles.
Sur ce elle sort de l'amphithéâtre en prenant la porte par laquelle nous étions passées pour assister au discours de bienvenue. Quelques secondes s'écoulent et Rochelle fait immédiatement son entrée. La nouvelle, Elana se lève à son apparition puis se rassoit. Je fronce les sourcils et regarde mes voisines, qui elles aussi m'observent.
Je m'en désintéresse vite, toujours un peu déçue car j'aurais réellement voulu savoir ce qui c'est passé après la création des ancêtres. Et surtout pourquoi la couleur des joueuses est le rouge écarlate ? Est ce que ça aurait un rapport quelconque avec le passé ?
- Bonjour, nous dit Rochelle et nous lui répondons en écho. Le chemisier et le jean qu'elle porte sous son gilet sont les mêmes qu'elle portait lorsqu'elle est venue au lycée.
- Bon, aujourd'hui comme c'est notre premier cours ensemble, on va commencer par des choses très basiques, dit-elle en nous jaugeant du regard avant de sourire bizarrement, « levez-vous »
Nous nous regardons de nouveau face à ce ton autoritaire avant de nous exécuter.
- Veuillez vous rassoir votre majesté, dit Rochelle à l'adresse d'Elana.
- Elle est sérieuse là ?, s'étonne Joyce me volant mes mots. Apparemment ce qu'a dit Joyce n'est pas passé inaperçue car Rochelle nous lance un regard agacé.
- Première règle, lorsqu'une personne plus haut placée que vous dans la hiérarchie rentre dans une pièce vous vous devez de vous lever. C'est un signe indéniable de respect.
Je fronce les sourcils. Je ne me rappelle à aucun moment ne serait-ce qu'hier ou alors à cette réunion des « espèces », vu qui que ce soit se lever à l'arrivée d'Elona. Ce sont de nouvelles règles ou quoi ?
- Et veuillez sourire les filles, continue Rochelle en étirant ses lèvres pulpeuses.
Youhou, je sens que je vais adorer ce cours...
Je m'empêche de sauter de joie lorsque la sonnerie retentit, mettant fin au cours de Rochelle. C'est sans regrets que j'aspire à voir cette dernière s'en aller. A notre plus grand dam elle nous a fait répéter les mêmes exercices, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle sort et rentre, il nous faut nous mettre debout jusqu'à ce qu'elle nous donne la permission de nous rassoir et je tiens à préciser qu'Elana, n'a pas été soumis à ça.
Durant les exercices, elle nous a fait tout un speech à propos des soirées communes comme celle d'hier. Apparemment toutes les 30 lunes si j'ai bien compris, chaque espèce différente devra organiser une soirée, à laquelle les autres seront conviés. Cet exercice permet, d'après ce qu'elle a dit, de cultiver l'esprit de « communauté » , nous habituer à nous côtoyer entre espèces différentes mais aussi à nous tolérer les uns les autres.
Ce sont les racines qui donneront la première soirée, et pour le moment selon elle, il reste imprudent de silloner les couloirs de l'Institut seule. Mieux vaut être minimum deux.
Mau passe la porte d'entrée, et comme par réflexe, nous nous levons toutes, y compris la princesse. Notre professeur nous gratifie d'un sourire avant d'hocher la tête afin que nous nousasseyons.
- Je vois que Rochelle est passée par là, rit –elle et j'avoue que sa remarque me fait sourire. Elle s'avance au milieu de l'estrade.
- Donc je suis Mau, mais vous le savez déjà, rit elle nerveusement et pour je ne sais quelle raison cette attitude me met beaucoup plus à l'aise que celle des deux autres, « c'est moi qui vous guiderai afin que vous puissiez utiliser pleinement votre jeu. Je vais vous apprendre à vous connaître et à vous explorez afin de maitriser les bases de votre jeu »
Elle tape dans ses deux mains et nous sourit grandement :
-Venez me rejoindre !
Nous nous levons et allons sur l'estrade.
- Mettez vous en cercle, nous demande Mau, ce que nous faisons. Cependant Mau me prend à l'écart et tout comme moi, les autres la regardent étonnées.
- Etant donné que tu ne connais pas ton jeu Gillian, je crois qu'il serait préférable que tu regardes uniquement.
La gorge soudainement nouée et mal à l'aise j'acquiesce. Je n'ose pas regarder dans les yeux une seule des filles et pourtant je sens qu'elles m'observent.
- A tour de rôle, je vous demande de dire votre jeu, et si possible faire une démonstration et sans oubliez de me donner vos prénoms car je ne connais pas tout le monde, déclare Mau en souriant tout en allégeant ainsi l'attention portée sur moi.
- Qui veux commencer ?, demande-t-elle.
- Moi, répond Amber-Rose , « Je m'appelle Amber-Rose », Mau hoche la tête l'incitant à continuer, « mon jeu est celui du temps »
- C'est-à-dire ? , demande notre professeur.
- Si je touche une personne et que je me concentre assez, j'arriverais à voir quelques éléments de son passé.
Mau hoche de nouveau la tête, et note sur un calepin, sorti de je ne sais où, ce que dit notre camarade.
- Tu veux le tester sur quelqu'un ?, demande Mau. Amber-Rose secoue négativement la tête, à mon grand étonnement.
- Ca me donne des migraines atroces je ne sais pas pourquoi, se justifie-t-elle.
- C'est normal, si j'ai juste, ton jeu est plus centré sur l'esprit car c'est le passé de la personne que tu vois ?
Amber hausse les épaules.
- A vrai dire, je pense que oui, parce que sur Terre je n'ai jamais demandé si c'était le cas, parce que, je le faisais souvent à ma petite sœur, mais je ne lui ai jamais dit, donc jamais avoué, enfin avant que je ne vienne ici, fait Amber puis elle sourit, « mais à certains moments c'est comme si ce que je voyais était personnel, vous savez comme les secrets ? »
Mau hoche la tête et continu d'écrire dans son calepin.
- C'est un peu ambigu, mais je me pencherais sur ton cas et celui de Gillian plus tard.
Je regarde Mau mal à l'aise. Je n'aime vraiment pas la sensation qui m'étreint lorsqu'elle évoque mon « cas ».
- Une autre volontaire ? , demande de nouveau Mau et personne ne bronche. Elle soupire toujours en souriant. Je l'aime bien, elle sourit tout le temps ce qui lui donne un air doux et gentil.
- Bon toi ?, propose-t-elle en désignant Lau. Cette dernière fait la moue.
- Je suis Lau, commence la brune et Mau sourit je devine tout de suite que c'est dû à la similitude de leurs prénoms , « donc mon jeu est un peu comme celui d'Amber-Rose. Si je te regarde droit dans les yeux en me concentrant, je peux voir ton avenir. Je ne l'ai fait qu'avec des personnes que je connais, alors je ne sais pas si ça marche avec d'autres »
Mau acquiesce, un air intéressé sur le visage et continue de noter.
- Merci. A côté, dit Mau en regardant Gaia, « tu veux bien ? », lui demande-t-elle et cette dernière acquiesce.
- Donc je suis Gaia. Mon jeu est celui de l'esprit. En me concentrant, je suis capable d'entendre les pensées de personnes que j'ai déjà touché.
- Intéressant, marmonne Mau, griffonnant toujours. Elle regarde le cercle.
- La voisine de Gaia ? , demande-t-elle en regardant Joyce.
- Joyce, fait cette dernière en souriant à notre professeur, je ne sais pas comment appeler mon jeu. En fait le truc, c'est que je peux faire ressentir ce que je veux physiquement à qui je veux, à partir du moment où je l'ai touché une fois.
- Tu veux bien faire une démonstration ?
Joyce les épaules.
- Pourquoi pas. Gillian ?
Je suis surprise qu'elle veuille le faire avec moi. Néanmoins je ne proteste pas, même si je ne saute pas vraiment de joie. Joyce vient se placer en face de moi et cette fois-ci c'est nous qui sommes encerclées. Du bout des doigts elle touche mon bras, puis elle recule d'un pas.
Je me sens tout à coup vidée de mon énergie. Pantelante, j'ai une soudaine envie de m'allonger là, à même le sol. J'ai comme l'impression de planer, c'est très bizarre. Les autres nous fixent attentivement mais rien ne se passe. Je suis juste là, arrêtée, c'est comme si mon système cérébral cessait de fonctionner et pourtant. Je réfléchis toujours, respire, j'ai conscience de ce qui se passe autour de moi, mais je n'arrive à rien faire même pas à bouger.
Mes yeux sont rivés sur Joyce qui elle aussi me fixe. J'ai à peine le temps de cligner des yeux que j'entends un « clap », fort, distinct. Les autres retiennent leurs respirations, moi aussi mais certainement pas pour la même raison.
Des picotements m'émoustillent avant de se répandre sur ma joue droite. Ce côté de mon visage est totalement brûlant.
- Alors ?, demande Amber-Rose, sa voix se fait lointaine à mes oreilles.
- Je n'ai rien senti, par conte elle il y de fortes chances que oui, j'entends Joyce lui répondre.
- Gillian tu as mal ?, me questionne doucement Gaia, mais aucun son ne franchit mes lèvres. Mes yeux sont dans le vague, puis aussi soudainement que c'est arrivé, je sens quelque chose se passer en moi, comme si on me débloquait. Mes membres ne sont plus rigides, et mon premier réflexe est de toucher ma joue : elle est chaude et douloureuse. Choquée je regarde Joyce.
- Tu m'as giflée, déclaré-je et cette dernière ricane.
- Techniquement non. Je me suis giflée et tu as ressenti ma douleur.
Je fronce les sourcils pas vraiment contente de son jeu de mots.
- Tu aurais pus y aller moins fort, l'accusé-je , « je suis sûre que j'aurais une marque »
- Et tu l'as, me confirme Lau.
Je souffle car je ne sais pas quoi faire d'autre. Nous quittons le centre du cercle, mais Mau me place de nouveau à l'écart.
Sympa, je me sens tellement acceptée.
- Ta démonstration était très démonstrative, rigole Mau à ce qu'elle vient de dire et Joyce ne fait que sourire.
- Si je comprends bien, tu peux t'infliger des trucs mais si tu penses que c'est une personne que tu as déjà touché qui subit c'est ce qui arrive ?
- Oui, confirme ma camarade.
- Ok, répond notre professeur, « Suivante », réclame-t-elle.
Toujours personne.
- Votre majesté, dit Mau s'adressant à la nouvelle. Je l'avais presque oublié.
- Madame, répond cette dernière. Je fronce les sourcils au dit « madame ».
Mau a quoi ?
Tout au plus 5 ans de plus que nous.
- Je suis Elana, continue la fille, « Mon jeu est l'esprit. Si je le veux, je pourrais jouer avec l'esprit d'une d'entre vous et je n'ai nullement besoin d'un quelconque contact. J'ai le même jeu que celui de dame Elona »
Mau hoche la tête et je regarde Elana. C'est drôle de se dire que c'est une princesse. Mais à chaque fois, que ce soit Elona, Rochelle ou encore Mau elles l'appellent « votre majesté », c'est bizarre.
Du moins pour moi car jamais avant maintenant, je n'avais été confrontée à ce genre de situation.
Il ne reste plus que Stéphanie et Danielle.
- Je suis Danielle, commence la brune, « Mon jeu est celui de la voix. C'est à dire que si vous me donnez n'importe quel œuvre écrite, si je la lis à haute voix, il y a de fortes chances que les mots deviennent réels »
- Que ce soit des faits ou des personnages ?, demande Mau et Danielle acquiesce.
- Tout
Mau finit de noter sur son calpin, et là, toute l'attention se dirige vers Stéphanie qui n'en ai pas le moins du monde gênée.
- Stéphanie, fait-elle, « mon jeu est celui des animaux », continue-t-elle, « je peux comprendre ce qu'ils veulent nous faire savoir »
- Parfait, dit Mau en notant une dernière fois dans son carnet qu'elle referme.
- Nous avons fait le tour de tout le monde. Mon jeu à moi fait partit de la grande panoplie des jeux de l'esprit. Le mien concerne ma mémoire. Tout ce qui se passe où se dit en ce moment reste gravé là, elle pointe sa tête du doigt, pour toujours.
C'est à partir de ce moment que je me sens totalement hors sujet car Mau se met à radoter sur les sensations que peuvent procurer l'utilisation ou la découverte du jeu. Je n'essaie même pas d'écouter. A la place, je m'assoie à même le sol, à l'écart du groupe. C'est à peine si les filles me remarquent. Elles sont ancrées dans la discussion, éveillées par je ne sais trop quoi. Et moi ?
Je suis là, assise par terre, et quoi que l'on ait pu dire avant, c'est la premièrefois que je me sens aussi seule.
Aussi différente.
Gillian
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