Chapitre 11
" Un moment de patience dans un moment de colère empêche mille moments de regrets ", Auteur inconnu.
"~*
Après le discours de Sienna, Elona nous a remercié et nous a libéré pour la journée.
Nous avons été les premières à sortir, et sans même nous parler, aussi vite que nos jambes nous le permettaient, nous nous sommes dépêchées de rejoindre notre bâtiment, puis le QG.
C'est comme ça que nous avons décidé d'appeler, l'espèce d'appartement qui nous a été attribué.
Lorsque la porte se referme derrière Stéphanie, nous nous observons avant d'éclater de rire.
Un rire général, et nerveux.
- Nom d'un chien, hoquète Joyce, « on fait pitié, je vous jure. C'est ridicule »
- Vous serez chez vous, dit Danielle en imitant Rochelle entre ses dent, « sauf que chez moi, j'ai tendance à ne pas craindre pour ma peau »
- Sincèrement je n'ai pas peur. Je suis morte de trouille, avoue Lau.
Et je ne peux qu'acquiescer car moi aussi.
- Et en plus je n'oserais jamais sortir !, dit Gaïa en nous regardant, « nos QG respectifs sont reliés par cette espèce de salle fête », termine-t-elle d'un ton plaintif.
- Ca c'est sûr, marmonne Amber-Rose.
*~*~*~*~*~*~*~~*
Je regarde par ma fenêtre car elle donne sur le terrain de sport derrière notre bâtiment. Le ciel décoloré commence à me gaver, autant que le temps morose qu'il y avait à Chelsea.
Après avoir enfilé mon legging et mes baskets, je me laisse tomber sur le lit.
Chelsea, Londres, ma maison, mes parents. Ca ne fait qu'un jour et pourtant j'ai l'impression que ça fait plus. Qu'est ce qu'ils font en ce moment ? Je ne sais même pas quelle heure il est, que ce soit là-bas ou ici.
Dans un soupir je me relève. Je vais au salon et seules Amber-Rose et Lau y sont. Je regarde Lau,un peu gênée.
- Bah, elles sont où les autres ? , demandé-je et cette dernière écarquille les yeux. Amber-Rose nous regarde intriguée et je me sens encore plus malà l'aise.
- Merde, j'ai complètement oublié !
Elle se lève en vitesse et rajoute, « elles sont avec Rochelle. Elle est passée tout à l'heure mais tu dormais. Elle avait besoin d'aide pour je ne sais pas quoi et elles se sont proposées. Moi ça m'avait complètement échappé ! »
Je retiens un soupir, et fronce les sourcils.
- Mais t'inquiètes je vais me changer et je reviens tout de suite ! conclue-t-elle.
Sur ce elle disparait dans le couloir, me laissant avec Amber-Rose, mon agacement et moi.
- Vous allez où ? , demande cette dernière.
- Courir, réponds-je et elle hoche la tête laissant un silence gênant planer.
- Tu veux venir ?, demandé-je incertaine. Ca aurait été impoli de ne pas l'inviter, non ?
Elle me fait un grand sourire et se lève.
- Puisque tu le demandes, pourquoi pas.
Elle aussi disparait dans le couloir.
*******************
- Ca fait longtemps que tu cours ? , me demande Lau en exhalant l'air de ses poumons. Ca fait le cinquième tour que nous effectuons.
- Ouai, depuis 3 ans, soufflé-je.
- T'a une bonne foulée, me complimente Amber-Rose. Je souris, car la sienne non plus n'est pas mal.
- Toi aussi.
- On fait une pause ?, propose Lau en ralentissant, elle s'arrête et nous en faisons de même. Je regarde les grands arbres qui encadrent les bois qui sont de l'autre côté du terrain.
- Vous pensez qu'on peut y aller ? ,demandé-je et Amber-Rose ricane.
- Si t'as envie tomber nez à nez avec l'un de ses garous ou racines et je ne sais plus quoi,vas-y ..., me répond-elle avec un peu de sarcasme
Je fais la moue et hausse les épaules.
- Je me demandais juste, dis-je alors en essayant de défendre mon idée.
- Oui mais Gillian, franchement tu irais toi dans ces bois ?, demande Lau, « Regarde un peu autour », continu-t-elle et je fais ce qu'elle me dit en observant les alentours. Je reste un moment sur la façade du bâtiment du dortoir. Plusieurs fenêtres nous font faces, dont la mienne d'ailleurs.
- Il n'y a rien, rétorqué-je et Amber-Rose arque les sourcils.
- C'est ça le truc, il n'y a rien, personne, nada !
- Ca fout la trouille. On est dans une école non ? Où sont les autres ? ils se cachent ?
- Ou alors ils attendent le bon moment pour nous sauter dessus, complète Amber-Rose.
- En fait tout ça c'est n'importe quoi, dis-je en secouant la tête. Les filles me regardent.
Jamais en 16 années d'existence je n'ai crains pour ma vie.
- Elles ont dit qu'on était chez nous ici, on est censées se sentir en sécurité.
Amber-Rose ouvre la bouche pour répondre, mais une voix grave l'interrompt derrière moi. Les filles ont une expression tétanisée, c'est le cœur battant que je me retourne.
- Excusez-moi
Je tombe nez à nez avec le mentor des garous, Adam. Derrière lui apparemment se trouve sa classe. Ils nous observent tous et moi je sens mon cuir chevelu me brûler.
- Oui ?, fait Amber -Rose en s'avançant avec un air confiant et je ne peux que l'admirer.
- Nous avons besoin du terrain, ca vous dérangerait de vous en aller ?
Ce n'est pas Adam qui répond mais une jeune fille du groupe qui vient de s'avancer également. Elle a un visage mignon malgré son expression hautaine et ses cheveux sont bruns.
- Tu peux aussi demander poliment, rétorque Amber-Rose, et mon ventre se noue.
- En fait on a terminé, c'est bon, m'empressé-je d'intervenir. Je regarde Adam, leur mentor, il sourit, apparemment intéressé par l'affrontement et pas du tout prêt à s'interposer.
- T'a entendu ta copine ?, redit la fille brune. Je tire sur le bras d'Amber-Rose, priant du plus fort de mon âme qu'elle laisse tomber. Cette dernière se retire de ma prise, elle se rapproche de la jeune fille en plissant les yeux.
- T'as l'air d'avoir tout au plus 14 ans, tu devrais te montrer plus respectueuse et fermer ta bouche.
Le sourire de la fille s'estompe. Son expression devient dure. Apparemment Amber-Rose vient de toucher un point sensible. Je commence à paniquer, la situation a l'air de dégénérer.
Bien décidée cette fois ci, je serre le bras d'Amber-Rose assez fort.
- Bon entrainement, dis –je la voix étranglée et nous partons.
Lorsque nous sommes à l'intérieur du bâtiment, je la lâche et me tourne vers elle fulminante.
- Putain c'était quoi ça ?, m'écrié-je, « T'es complètement malade ?! tu veux nous faire tuer ou quoi ? »
Amber-Rose fait la moue.
- T'as vu son expression hautaine ? Je n'ai pas aimé son attitude.
Je suis à deux doigts de lui balancer en pleine figure qu'elle s'est comportée à peu près de la même façon hier.
- Et alors ? ,lui demandé-je en ayantenvie de m'arracher les cheveux
- J'ai failli la gifler cette morveuse. Je déteste qu'on me manque de respect.
Je plisse des yeux, ahurie. Là c'est moi qui ai envie de la gifler.Je serre les points.
- Oui bien sûr tu l'aurais fais, et là ils nous auraient tous sauté dessus.
Je n'imagine pas la tête de mes parents si on leur annonce que je me suis faite déchiqueter par un groupe de loups. Lau soupire.
- Gillian...
- Non mais non !, vociféré-je, Et toi ? Tu ne m'as même pas aidée pour l'arrêter.
Lau hausse les épaules.
- Amber-Rose n'a pas tort, cette fille n'a pas été très polie.
- Oui évidement, dis-je d'un ton est sarcastique, « mais c'est d'autant plus malpoli, de traiter quelqu'un d'impoli »
Amber-rose secoue la tête.
- Je m'en fous, rétorque-t-elle en roulant des yeux, « et puis c'est bon, il ne s'est rien passé. On dirait que t'as eu drôlement peur.
- Non je n'ai pas eu peur, réponde-je, « j'ai frôlé l'arrêt cardiaque »
Ma dernière phrase les fait sourire, mais elles ne savent pas à quel point ce que je dis est vrai.
Lorsque nous arrivons au QG je suis étonnée de trouver les autres au salon, assises sur les fauteuils, une pile de vêtements devant elles.
- Qu'est ce qui se passe ici ?, demande Lau le regard fixé sur les habits, « et c'est quoi tout ça ? », poursuit-elle .
- Nos robes pour ce soir, répond Danielle et je fronce les sourcils.
- Comment ça nos robes pour ce soir ?, demandé-je en m'approchant de la pile. J'en saisis une et la tends devant moi. Elle est rouge écarlate, en bustier, très centré sur la taille et un peu évasé par le bas.
- Il y a une réception, dit Gaia. Je repose le vêtement.
- Une réception ?, répète Lau, « une réception de quoi ? »
- De bienvenue, répond Joyce, « pour célébrer la nouvelle année. On a aidé Rochelle et les deux autres mentors à décorer »
- Il y avait des élèves ? , demande Lau.
- Oui, mais pas des garous, dit Stéphanie.
A l'énonciation de garous Amber-Rose, Lau et moi nous nous regardons.
- Et vous, vous étiez où ? demande Gaïa.
- On est allées courir.
Pendant un instant j'ai l'impression qu'elle va parler de l'altercation, mais Amber-Rose ne dit rien. Lau et elle vont à la cuisine, tandis que moi je vais prendre une douche.
- C'est l'heure les filles préparez vous !, acclame Joyce en passant devant nos chambres. J'entends des portes s'ouvrir et se refermer. Au bout de quelques instants, elle arrive à la mienne.
Joyce s'invite dans la pièce sans frapper. Elle s'approche, l'une des robes à la main.
- Et voilà la robe pour la demoiselle, dit-elle en un sourire. Je souris à mon tour et lâche le livre que je lis. Joyce vient s'installer à mes côtés et pose la robe sur le lit.
- Ce n'est pas un peu vif ?, demandé-je en faisant référence à la couleur. Elle hausse les épaules.
- Peut être, je ne sais pas. Rochelle nous a dit en tout cas que le rouge était la couleur des joueuses.
Je fronce les sourcils.
- Le rouge écarlate ?
Je regarde de nouveau la robe.
- Elle dit que c'est pour symboliser le sang versé, les martyres ou un truc du genre. J'ai pas trop bien compris.
Je soupire, mais ne trouve rien à redire. Joyce se lève et s'apprête à sortir.
- Change-toi maintenant, c'est l'heure.
- Comment tu sais ? , demandé-je intriguée, « ma montre ne marche plus »
- Regarde, m'indique-t-elle en m'entrainant jusqu'à la fenêtre. Je me place à côté d'elle et regarde, « tu vois là ? », elle pointe du doigt le ciel translucide et je hoche la tête, « regarde bien ».
Je m'exécute.
- Bah c'est blanc..., finis-je par répondre. Elle me regarde à présent et hoche la tête en souriant.
- Ca veut dire qu'il est entre 19h et 20h.
Je la regarde un peu dubitative. Elle roule des yeux avant de se retourner pour sortir.
- C'est Rochelle. Elle nous a un peu expliqué.
Avant que je n'ai eu le temps de répondre quoi que ce soit, Joyce est déjà de l'autre côté.
Tout le monde à l'air de bien s'entendre avec Rochelle sauf moi. J'exagère un peu peut être, étant donné que nous sommes là depuis seulement deux jours, mais cette fille m'insupporte.
J'ai l'impression que ça fait un mois que nous sommes ici alors que ça ne fait que deux jours.
*****************
La salle de fête que nous avions visité lors de notre arrivée est maintenant méconnaissable. Je regarde avec admiration les lustres qui pendent au plafond, donnant une ambiance un peu rétro mais classe. L'espace est à moitié rempli par des tables de buffet, et malgré ça ils ont trouvé le moyen de placer une estrade ainsi qu'une centaine de table et de chaises.
- Wow, je la croyais pas aussi grande, déclare Gaïa aussi éblouie que moi. Je dirais même que nous avons toutes le souffle coupé.
- Ouai, marmonne Amber-Ros, « On pourrait aller se chercher à boire, j'en ai marre de rester debout comme ça. On est totalement ridicules ».
Elle s'éloigne, suivie de Stéphanie et Danielle. C'est assez honteux de l'avouer, mais c'est plutôt gênant comme l'a dit tout à l'heure Amber-Rose. Nous avons toutes les huit les mêmes robes. On se croirait à un mariage, et nous demoiselles d'honneur.
- Bonsoir mesdemoiselles, fait la voix d'Elona nous nous tournons toutes vers elle. Sa robe est splendide, toujours dans le rouge écarlate, les manches sont courtes, la coupe est droite, elle s'arrête à ses genoux et pour son âge, même si je ne le connais pas, elle a de très belles jambes.
- Bonsoir, répondons-nous un peu timide.
- Venez que je vous montre votre table.
Elle sourit et nous la suivons.
Si c'est un banquet de bienvenue, la séparation de chaque classe a l'air de toujours être d'actualité et j'avoue approuver. Je n'ai aucune envie de me retrouver assise en face d'un garou. Lorsque je repense à l'incident de l'après midi, un frisson désagréable me traverse la poitrine.
Nous arrivons à notre table et je suis un peu surprise de voir que la nôtre est recouverte d'une nappe de la même couleur que nos robes.
Comme c'est joyeux.
Nous nous installons.
- Restez bien là, Rochelle viendra vous rejoindre plus tard. Amusez-vous bien !
Son ton bienveillant me fait sourire alors qu'elle s'éloigne. Quelques minutes après, les autres filles reviennent, chacune portant un plateau.
Sur ceux de Stéphanie et de Danielle, il y a de la nourriture et celui d'Amber-Rose est orné par des coupes, elles ressemblent aux flûtes à champagne, deux grandes bouteilles à côté.
Elles les déposent sur la table et prennent place. J'examine les plateaux de mets.
Il y a des petits fours sur le plateau de Stéphanie, dans l'autre, des plats en sauce.
Joyce saisit un petit four et elle fait la moue. Elle approche l'aliment de son nez et fronce les sourcils. Curieuse, j'en fais de même et je suis surprise de la douceur du petit four, et aussi de sa légèreté. Il est très léger.
- C'est quoi ?, demande Joyce, et j'aimerais bien le savoir aussi.
- Ils appellent ça des merveilles, répond Danielle. Joyce arque un sourcil.
- Mangez, vous allez voir.
Nous nous exécutons. Mes yeux s'écarquillent de surprise lorsque l'aliment fond de façon exquise sur mon palet. Un goût sucré, exhaussé par un arôme délicieusement exotique à mon goût. Comme de la vanille avec un peu de fraise
- Maintenant rajoutez y de la sauce, propose Amber-Rose, « regardez »
Elle-même en met un dans sa bouche et savoure. Puis elle trempe son doigt dans un des petits plats de sauces de couleur caramel, puis elle le suce.
Joyce et moi en faisons de même tandis que les autres nous regardent. La texture de la sauce est un peu gélatineuse, et lorsque je l'approche de ma bouche, c'est d'abord très glacé, puis lentement elle se réchauffe. Elle embrase mes papilles gustatives et le goût du petit four absorbé renaît dans ma bouche, la saveurest cinq fois meilleure que la précédente.
- Putain, s'exclame Joyce en reprenant un autre. Les autres en prennent aussi. Je regarde les bouteilles de breuvage sur le plateau d'Amber-Rose.
- C'est de l'alcool ? , demandé-je.
- On ne sait pas, répond Stéphanie en haussant les épaules. Là bas ils avaient mit sur l'étiquette : eau de vie.
Je hoche la tête, curieuse, débouche l'une des bouteilles et me sert une coupe. Le liquide qui s'y échappe est translucide. Tout comme l'eau. Amber-Rose me prend la bouteille, et en sert dans chaque coupe avant de faire la distribution.
Chacune boit une gorgée tandis que je les regarde faire, pas très sûre encore.
- On dirait du rosée, fait remarquer Lau.
Incertaine je prends une gorgée. C'est très léger, le liquide coule avec prestance dans ma gorge avant de la réchauffer. Il y a un arrière goût d'alcool mais l'odeur est plus éthérée.
- Quoi qu'il en soit, c'est savoureux, dit Amber-Rose et je ne peux qu'adhérer.
Nous restons quelques temps à discuter avant d'être rejointes par Rochelle et Mau, vêtues similairement à nous. Elles s'installent en bout de table l'une à côtés de l'autre après nous avoir saluées. Mau regarde les plateaux, à moitié plein à présent.
- Alors comment vous trouvez la nourriture ici ? Ca change de celle que vous mangez d'habitude.
Nous acquiesçons.
- C'est vraiment bon, surtout l'eau de vie combinée aux merveilles, rajoute Joyce.
Rochelle et Mau sourient.
- Les merveilles sont des plats typiquement Domien. Et l'eau de vie, essayez de devinez comment on se la procure ?, demande Rochelle.
Mau ricane. Pour la plus part nous haussons les épaules.
- Elle est fabriquée par les Domiens ?, propose Danielle.
Rochelle secoue la tête.
- Pas du tout. L'eau de vie est recueillie par les racines dans leur contrée. Ils y ont des arbres qu'on appelle Dji.Il paraîtrait que ces derniers pleurent chaque soir et ce sont leurs larmes qui donnent l'eau de vie.
Rochelle se stoppe et nous observe. Nous sommes toutes pendues à ses lèvres aussi effarées que subjuguées par ce qui sort de sa bouche , « mais personnellement je n'ai jamais assisté à cet évènement », nous précise -t-elle.
Elle porte la coupe à ses lèvres et boit une gorgée. Je me sens un peu déçue, c'est débile mais je le suis. Comme si j'aurais aimé que ça soit vrai.
- Attends pour de vrai, d'où vient ce truc ? , demande Joyce.
- De chez les racines. C'est tout ce qu'on peut affirmer, déclare Mau et je suis dubitative.
Comment ça se fait que depuis tout ce temps, puisqu'elles sont nées et ont toujours vécues ici, elles ne le sachent pas ?
C'est « leur » monde, elles devraient le savoir ou du moins c'est ce que je pense. Pour ma part je sais comment est fait la bière ou encore le vin.
Je m'apprête à rajouter un truc lorsqu'une voix me stoppe.
- Bonsoir.
Je me retourne à une vitesse grande V, et mon corps entier se raidit lorsque je vois un attroupement près de notre table. A la tête du groupe, la gorge nouée, je reconnais la jeune fille avec qui il y a eu « altercation » sur le terrain de sport.
- Ella, dit Rochelle à son encontre. J'imagine que c'est son prénom. La dite Ella sourit de toutes ses dents et nous regardent toutes. Son regard est insistant sur Amber-Rose.
- Jolies tenues, dit-elle d'un ton sarcastique. Elles aussi portent des robes, mais les leurs sont totalement différentes. En bustier, de couleur bleu-nuit elles sont sobres mais ne font pas demoiselles d'honneurs. Elles font plus adultes.
- Merci, Rochelle lui répond d'un ton aigre. Je vois bien que le sourire qu'elle lui donne est crispé.
- Comment vous trouvez nos merveilles, nous demande Ella, « elles n'ont même pas à être comparées à la nourriture de chez vous »
« Chez vous », elle le crache presque. A sa posture, j'imagine qu'elle doit se sentir bien de nous « humilier ». Je ne connais pas l'histoire des gens et encore moins des peuples, mais il est évident que les joueuses et les garous ne s'entendent pas vraiment.
- Et si vous alliez vous assoir, le discours va commencer, lui commande sèchement Mau. Ella nous regarde de haut en bas , puis se détourne.
Contrairement à ce qu'Amber-Rose lui a dit tout à l'heure, elle est loin d'avoir 14 ans. Peut être a -t-elle notre âge.
- C'était qui cette fille ? , demande Joyce.
- Ella Garou, répond Rochelle. Elle regarde la table diamétralement opposée à la nôtre, c'est celle des garous.
- Ses frères et elle sont des descendants directs de la première famille des Garou à avoir peuplée Dom.
- Et ils se déplacent toujours en groupe, rajoute Mau le visage grave, « donc si un jour l'un d'eux vous provoque ou je ne sais quoi, je vous conseille de ne pas y prêter attention. Parce que si vous avez le malheur d'en attaquer un physiquement, ils ne vont pas hésiter à vous sauter dessus »
Mon cœur rate un battement. Je regarde Lau puis Amber-Rose qui elles aussi me regardent.
- Alors on ne se défend pas ? , demande Gaia.
- Vous ne faites rien, lui répond Rochelle. Son ton est sans appel, et l'expression de son visage me rappelle notre virée à l'IPJS lorsqu'elle m'a ordonné de sauter de la voiture.
- Votre attention s'il vous plaît.
Tous les regards convergent vers la scène. Sur l'estrade se trouve tous les mentors et c'est celle des racines qui a pris la parole.
La robe qu'elle porte a plus l'air d'être une robe de chambre que de banquet. De couleur beige, elle n'est par contre pas transparente.
- C'est avec joie que nous vous avons accueilli au sein de l'IPJDD. Vous êtes les premiers à entrer dans cet établissement et j'espère que vous ne serez pas les derniers. Le projet de réunir toutes les espèces de Dom dans un seul et même endroit pour qu'ils apprennent à vive ensemble et à se tolérer n'aurait jamais vu le jour si nous n'avions pas eu le soutient du conseil des sages.
Sienna s'arrête de parler et regarde Elona. Quelques applaudissements retentissent et notre mentor a un large sourire, « Mais la plus grande partdu mérite revient à notre souverain. Son accord avec l'autre monde a permis la découverte de bien de choses, la venue de bien de personnes », son regard se pose cette fois-ci sur notre petit groupe.
- C'est avec honneur que nous accueillons au sein de cet institut, sa majesté l'empereur Aaron.
Sous un tonnerre d'applaudissements, la grande porte métallique donnant sur le couloir de sortie s'ouvre laissant apparaître une escorte d'hommes armés. Ils portent des armures en fer, comme les chevaliers d'autrefois et je crois que c'est la première fois que j'en vois pour de vrai. Leur revêtement a l'air lourd, c'est comme si je pouvais sentir les efforts fournis à chaque pas qu'ils effectuent. Au milieu du convoi humain il est impossible de distinguer l' « empereur ».
Une fois au pied de l'estrade, les soldats font une muraille nous obstruant la vue. Les acclamations ont cessé. Les mentors sont dans un coin de la scène et finalement apparait un homme, de la même tranche d'âge qu'Elona environ. J'avoue être étonnée de le voir en smoking. Un smoking bleu-nuit. Ne me dîtes pas que ...
- L'empereur est un garou ? , demande Lau.
- Oui, souffle Mau, « c'est d'ailleurs lui l'Alpha »
Je regarde, un peu tendue maintenant, l'homme s'avancer. C'est alors que je remarque la jeune fille qui le suit. Elle a une robe identique aux nôtres. Je me tourne vers Rochelle.
- Plus tard, tout va être expliqué, dit-elle et j'acquiesce.
Sa majesté s'approche du groupe de mentors et serre la main de chacun. La jeune fille, un peu en retrait se tient droite, mais ne fait rien. Elle est de profil, il est donc impossible de voir les traits de son visage.
Ils se mettent à murmurer puis au bout de quelques temps, ils reviennent au-devant de la scène.
- Bonsoir à tous, commence l'empereur et j'ai la désagréable impression de ne pouvoir me détourner de son regard qui embrasse la totalité de la salle. Son visage est fermé, on ne distingue que très peu ses rides. Il a le crâne rasé. La posture droite et presque arrogante de cet homme m'impressionne je l'avoue.
- Le sentiment que j'ai aujourd'hui est indescriptible. De voir que le projet pour lequel tant ont combattus voit le jour est jouissif. Du sang a été versé, des vies ont été supprimées, des alliances ont été annulées, mais n'est-ce pas du passé ?
Il sourit, et son sourire me fait froid dans le dos, il n'atteint pas ses yeux. Le ton de sa voix a l'air programmé. Grave, autoritaire, sans appel.Il reprend en nous déclarant,
-Ça l'est ! La paix règne à présent sur Dom, mais les tensions n'en sont pas moins éloignées. Voilà pourquoi ce programme est mis en place. Chers enfants, vous représentez le futur de Dom. Nous avons tous foi en la solidarité et la tolérance de l'autre.
Il met un temps d'arrêt. Ses paroles sonnent creuses à mon oreille. Il n'y a aucune émotion dans sa voix. J'ai cette impression que lui-même ne croit pas en ce qu'il dit. Puis il rajoute
- Honorée, ma fille fera partie de ce programme.
Quelques murmures se font, et la fille à ses côtés hoche la tête. Je comprends donc que c'est elle. Elle porte la couleur des joueuses et a la même robe que nous. J'en déduis qu'elle en est une ?
Elona s'avance, mais ne s'approche pas de lui.
- Merci, de votre attention.
Il hoche la tête et redescends, suivit de sa fille. Les mentors en font de même et vont s'installer à une table, que j'imagine être la leur. L'armée de gardes, refait sa muraille autour de la table, la famille royale s'y installe.
Les discutions reprennent, tandis que nous nous observons médusées.
- La politique d'ici n'a pas très l'air très avancé, fait remarquer Amber-Rose
- Et pourquoi le roi est un Garou ?, demande Joyce et ça calque exactement mes pensées
- Ce n'est pas comme donner plus de pouvoir à une espèce ? Il a l'air de détester les joueuses, poursuit Joyce et tout ça me rend perplexe.
- Sa fille est aussi une joueuse, il ne peut détester ce qu'elle est, dis-je. Je regarde Rochelle et Mau, aucune des deux n'a l'air préoccupé. Elles continuent de manger les merveilles, nous ignorant au passage.
- On vous parle, fit remarquer Amber-Rose d'un ton dur. Rochelle la regarde méchamment.
- Qu'est ce que vous voulez qu'on dise, c'est comme ça depuis la nuit des temps. Ce sont les créateurs qui décident au final.
- C'est qui les créateurs ?, demandé-je mais elles ne répondent pas.
Au bout de quelques minutes je me rends compte qu'elles ne nous en diront pas plus. J'en ai marre de rester assise là, je ne m'amuse pas, et mon crâne va exploser tellement je me pose des questions.
- Je veux rentrer au QG, geigne-je. Les filles me regardent puis Rochelle et Mau.
- Vas y, souffle Mau.
Excitée je me lève d'un bond, et traverse la salle. Je sens le regard des autres années, même si je suis mal à l'aise avec ça, je continu mon avancée, bien décidé à sortir de là.
Lorsque je débouche sur notre couloir, qui ô Dieu merci est éclairé, je sens mon cœur revenir à son rythme normal. Mes mains sont moites alors que je commence à marcher.
Au bout de quelques pas je commence à regretter mon choix lorsque je sens tanguer la pièce. Je m'accroche au mur près de moi, je ferme les yeux le temps que ça passe, mais les vertiges ne semblent pasvouloir s'en aller. Je me laisse glisser doucement au sol, toujours les paupières fermées. J'expire doucement, et je maudis les trois coupes d'eau de vie que j'ai descendues. Peutêtre que ce n'est pas de l'alcool, mais ça s'en approche beaucoup.
J'inspire et expire lentement avant de rouvrir les yeux. Mes pupilles se dilatent. Il y a comme par enchantement un miroir en face de moi. Je fronce les sourcils à la vue de mon reflet. Mes cheveux sont un peu en pagaille, je suis un peu pâle et la couleur de la robe n'arrange rien.
Je regarde rapidement autour de moi, les couloirs sont toujours vides. Pantelante, je me relève en me soutenant au mur derrière moi. Je suis très intriguée par le miroir que je n'avais personnellement jamais vu jusqu'à maintenant.
Et c'est étrange, pourquoi en avoir mis ici ? Dans un couloir...
Je fais de petits pas, pour me rapprocher de celui-ci. Je suis à moins d'un centimètre ça semble être un miroir normal, et pourtant... Je sens quelque chose de bizarre dans l'air, je me rapproche encore plus de la glace et c'est comme si tout à coup un coup de vent me poussait vers l'avant. Mon cœur rate un battement lorsque je bascule de l'autre côté.
Bu3
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