Chapitre 10
« «L'espoir est un rêve éveillé» – Aristote
*~
Allongée sur mon lit, la lumière s'infiltre dans ma nouvelle chambre en passant par la fenêtre ouverte. Je combats une certaine envie de pleurer, car je me sens tout à coup émotive.
C'est la première fois depuis que j'ai 12 ans que je dors. Dormir dans le sens où ce n'est pas juste une sieste de quelques heures au petit matin, mais un sommeil profond qui duretoute une nuit.
Je ne me rappelais même plus vraiment de l'effet que ça faisait, c'est si agréable.
Pas apaisant comme lorsque j'étais en « transe », mais juste agréable.
Je me demande ce que mes parents diraient, mais je suis sûre qu'ils en seraient fous de joie. Mon cœur se serre alors en me rappelant mon comportement acerbe de ces feux derniers jours avec eux.
Un peu dépitée, je me lève pour faire ma toilette. Une fois terminée je vais à notre salon.. Il n'ya personne par contre je sens une odeur de pancakes. Je pars à la salle à manger où e les trouve toutes attablées.
- Salut, dis-je légèrement embarrassée d'être la dernière à m'être levée.
- Bonjour, me répondent-elles en cacophonie. Ça me fait sourire et je m'installe juste entre Amber-Rose et Gaïa. Près de Gaïa est assise Joyce, ensuite Lau et pour finir les deux autres filles. Je suis un peu gênée de ne toujours pas connaître leurs prénoms, mais bon.
La blonde en face de moi me tend l'assiette remplie de pancakes.Encore plus mal à l'aise qu'à mon arrivée, je la remercie maladroitement.
- Merci ...
- Danielle, me dit -elle avec un sourire.
Je le lui rends. Je ne sais pas si elle connait mon prénom ou pas, mais ma timidité reprend le dessus et je me tais.
Nous continuons de manger en échangeant entre nous, même s'il y a un peu comme deux groupes. Le nôtre, Gaïa, Lau , Joyce et moi. Puis l'autre, Amber-Rose , Danielle et la dernière fille dont je ne connais toujours pas le prénom.
Vu comme ça c'est un peu bizarre mais ça s'est fait naturellement.
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Alors que Joyce et moi finissons de ranger la vaisselle, une sonnerie stridente retentit. Nous nous stoppons pour se regarder.
- Attends, ils sont sérieux là ? Comme au lycée ? Une cloche ? Et on doit alleren cours j'imagine, dit Joyce et son expression contrariée me fait sourire. Je hausse les épaules.
- Je crois.
Elle soupire et nous rejoignons les autres.
- Vous avez entendu ? , demande Amber-Rose lorsqu'elle nous voit.
- Bah oui, lui dit Joyce.
- Heureuse pour vous puisqu'on doit aller dans l'autre bâtiment, dit-elle d'un ton sarcastique, ce qui fait arquer un sourcil à ma nouvelle camarade.
Sur ce, elle se lève et se dirige vers la sortie. Les filles en font de même. Alors que nous suivons le mouvement, Joyce vient à mon niveau et souffle
- Je sens qu'elle et moi ça ne va pas être la joie.
Je ne peux que rigoler.
*~*~*~*~*~*~*
Lorsque nous débouchons sur la cour, je sens que quelque chose a changé, un truc qui cloche dans l'air. Mon nez me picote et je sens mon estomac se retourner. Un mélange d'odeurs s'infiltre dans mes narines. Je passe ma main à mon nez et remarque que les autres ont en fait de même.
- Vous sentez ? , demande Danielle.
- C'est dégueulasse, rétorque Joyce et nous acquiesçons.
Nous restons plantées là, au milieu de la cour, attendant. Plus les minutes passent, plus l'intensité de l'odeur diminue. Elle devient plus légère, moins agressive. Je retire ma main.
- On dirait de la cannelle ,dit Lau en regardant autour de nous.
- Non, plutôt la rose, répond Gaïa.
- Les deux, fait Danielle.
- Le chien mouillé, ajouté-je et elles se tournent toutes vers moi. Puis leurs regards s'illuminent.
- Oui, c'est vrai. C'est très léger, mais t'as raison, me soutient Joyce.
Je lui souris.
Amber- Rose nous propose de continuer. Nous la suivons et pénétrons dans le second bâtiment. Il y a quatre couloirs à emprunter et Lau nous dit que nous devons empruntons le second en partant de la gauche.
Nous finissons par atterrir dans une sorte d'amphithéâtre. C'est encore vide.
Notre groupe se place au premier rang tandis que celui d'Amber- Rose, est situé à trois rangées derrière.
La porte par laquelle nous sommes entrées s'ouvre, et nous nous tournons vers elle. Rochelle rentre, suivit de deux autres personnes.
Elles nous sourient, et se placent en face de nous. Elles montent sur l'estrade. Parmi les deux femmes qui sont avec Rochelle l'une d'entre elles à l'air plus âgé. Elle fait plus dame je dirais. Elle a comme l'âge de ma mère.
Rochelle s'avance, mais c'est la plus âgée qui parle.
- Bonjour à toutes, fait elle en un grand sourire
- Bonjour, répondons-nous.
- Avant toute chose, je me présente : je suis Elona, commence-t-elle avant de se tourner vers Rochelle et de rajouter, « mes collègues Rochelle et Mau ».
La dite Mau nous sourit aussi.
- Nous formons l'équipe pédagogique de notre section : les joueuses. Je serais votre professeur d'histoire : celle de Dom. Mau s'occupera de l'exploration du jeu de chacune de vous, quant à Rochelle elle fera votre Education morale et vous apprendra les règles de vie dans notre monde.
Notre monde...
- Des questions ? , demande-t- elle nous regarde à tour de rôle, « oui ? »
Je me tourne un peu pour voir de qui il s'agit et c'est la fille dans l'autre groupe dont je ne connais toujours pas le prénom.
- Nos montres ont cessées de fonctionner, comment fait-on pour savoir quelle heure il est ?
- Bonne question, répond Elona , « ton prénom s'il te plait ? »
- Stéphanie.
- Eh bien Stéphanie, réserve ta question pour le cours de demain que tu auras avec Rochelle.
Stéphanie se renfrogne et pince des lèvres.
Lau lève la main, et elle l'interroge.
- Lau, s'introduit ma voisine et notre nouvelle professeur d'histoire sourit, « est ce qu'on aura des notes ou pas ? »
- Bien sûr que vous en aurez, répond Rochelle à la place, « Ici c'est tout comme l'école. On en a pas encore décidé, mais tu as minimum trois ans à faire ici, pour avoir ne serait-ce que la base, de ce que des Domiens moyens sont censés savoir. Après, avant même la fin de ton apprentissage tu peux très bien décider d'arrêter, et retourner dans l'autre monde. Mais tant que tu es ici tu as l'obligation de suivre les cours, respecter les règles et le code vestimentaire »
- Quel code vestimentaire ? , demande Amber-Rose, très intéressée.
- La tenue évidement, répond Elona.
Je me tourne pour voir sa réaction. Elle a les sourcils froncés et fixe d'un œil mauvais Rochelle.
- Tu n'as pas dit qu'il y avait une tenue, reproche Danielle.
- Et bien maintenant vous le savez, rétorque Joyce en se tournant vers elles, « c'est bon ! C'est juste une tenue, y'a pas mort d'hommes »
- On ne te parlait pas ! , vocifère Amber-Rose.
- Ça suffit !
L'ordre de Rochelle claque et c'est le silence.
- Amber-rose, je suis désolée de ne pas t'enavoir parlé plus tôt, ça m'est sorti de l'esprit, réplique Rochelle d'un ton sarcastique et à moins d'être stupide c'est difficile de ne pas s'en rendre compte.
- C'est le règlement, rajoute sèchement Elona. Amber-rose ne réplique pas.
- Avant de vous libérer, je vais vous faire un petit résumé de l'actualité. En venant ici vous avez dû sentir des odeurs ?, poursuite Elona et nous acquiesçons, « ce sera sûrement la première et la dernière fois. C'est toujours comme ça. Peut-être que là-bas vous ne vous en êtes jamais rendu compte, mais tous les Domiens ont une odorat qui leur permettent de détecter le passage ou la présence d'une autre espèce. Sur terre vous n'étiez entourées que d'humains et la nature humaine est le seul point commun que nous avons avec eux. Par contre ici à Dom, il y a d'autres espèces.
Quoi ? Comment ça d'autres espèces ?
- Trois autres en particuliers, précise Mau.
- Oui trois, intervient Rochelle en lui lançant un regard, « bref tout ça pour dire que maintenant que votre système a enregistré les senteurs, vous n'aurez plus le désagrément de tout à l'heure ».
Lau lève la main encore une fois.
- Quelles sont les autres espèces ?
Rochelle regarde Mau, puis Elona.
- Les garous, les changes-peaux et les racines, répond platement Mau.
Attendez, elle a dit garous ?
Garous, comme loups-garous ?
Je sens les battements de mon cœur s'accélérer.
- Il y a des loups ici ?, demande Gaïa l'air outrée.
Mau acquiesce, ma gorge se serre.
- C'est une blague ?
De l'agitation commence à se faire.
- C'est pour ça que tu ne voulais pas qu'on se balade seules hier ?, demandé-je à Rochelle médusée et complètement retournée par ce que je viens d'apprendre.
Rochelle hausse les épaules.
- Pour éviter les dérapages, au cas où ils n'apprécieraient pas l'odeur tout de suite.
- En gros on est des espèces de steaks hachés sur pattes pour eux !, explose Joyce et à ma grande surprise Amber-Rose l'imite.
- Ce n'était pas convenu comme ça ! Je croyais qu'on était chez nous ici, complète-t-elle.
- Mesdemoiselles calmez-vous ! , dit Elona d'un ton ferme. L'ordre semble faire effet car les filles se rasseyent la mine contrite.
Elle soupire.
- Voilà pourquoi nous sommes là, c'est pour éviter ce genre de comportements et de préjugés, déclare Rochelle.
- Des préjugés, en quoi ce sont des préjugés ?, l'attaque Stéphanie.
- Tu veux nous dire que si hier, l'une de nous s'était aventurée toute seule et qu'elle avait rencontré l'un de ces garous, ilsne nous auraient pas attaqués ?
- Non, répond Mau l'air hésitante, « ils ne vous auraient pas dévoré ça c'est sûr, mais agressif oui, ils l'auraient été »
Personne ne rétorque.
Magnifique.
Nous voilà dans un endroit où l'oon pourrait se faire attaquer à n'importe quel moment, tant que notre odeur ne plaît pas.
- Bon essayons d'oublier ça, demande Elona.
Je la regarde effarée. Essayer d'oublier ?
- On doit passer à la salle de conférence pour la réunion générale, continue-t-elle.
Sur ce, elle descend de l'estrade et sort par une deuxième porte située à l'autre bout de l'amphi.
- Suivez nous, demande Mau.
Nous nous levonsen nous lançant des regards peu rassurés. Gaia et Lau se retrouventdevant Joyce et moi, les autres derrière.
- Non mais franchement ce n'est pas n'importe quoi ? , me souffle ma voisine à l'oreille.
Je hausse les épaules.
- Elles n'ont pas l'air plus préoccupés que ça. Je crois qu'on n'a pas vraiment à s'en faire alors, lui soufflé-je en retour.
Mau et Rochelle poussent la porte par laquelle est passée Elona. Je tends un peu la tête, et au-dessus des épaules de Gaia et Lau.Je perçois une estrade de l'autre côté où des gens sont arrêtés.
Super...
Gaia et Lau passent la porte et nous en faisons de même. L'amphi est à moitié pleine de personnes qui me sont inconnues.
Lorsque nous passons toutes le pas de la porte, tous les regards convergent vers nous.
Je baisse la tête et nous suivons nos deux responsables. Nous nous installons un peu en avant de la scène. Pendant une fraction de seconde, je me permets de tourner la tête et sans connaître vraiment qui est qui, j'identifie trois groupes. Mon attention s'attarde sur celui du fond, constitué pour la plus part de garçons.
Des garous, c'est évident.
Le souffle court je me tourne vivement vers la scène. Je peux sentir, une sueur froide me dévaler le front.
La vache, la voix à la même assonance que le rire cristallin.
Celui du test.
- Putain il est canon, remarque Amber-Rose et je reviens à l'instant présent. Les autres regardent attentives la scène et je me concentre aussi dessus. En effet il y a un jeune homme au regard sombre, les cheveux un peu en vrac, assez grand je dirais. J'aime bien sa chemise, et apparemment il essaye de prendre la parole à travers le léger brouhaha. Je remarque alors la présence d'Elona, d'un jeune homme et d'une jeune femme à ses côtés.
- Excusez-moi, la voix du gars est grave et calme immédiatement la foule. Il a l'air fier de lui car il sourit, creusant des fossettes dans ses joues. Il bombe le torse et à travers son t-shirt apparaissent ses abdos.
Oui ok, il est canon, j'avoue.
- Bien, fait il et son sourire s'élargit, « vu que les dernières arrivantes sont là nous pouvons commencer ».
En plus de son regard sur notre petit groupe, je sens les autres derrière nous, en faire de même.
Il cède la place à Elona, qui elle s'avance.
- Bonjour à tous, commence Elona et dès lors où sa voix retentit la salle redevient silencieuse, « mes collègues et moi sommes heureux de vous souhaiter la bienvenue au sein de cet institut. Certains ici me connaissent déjà sous le nom de Dame Elona, je fais partie du conseil des sages de Dom. Et pour ceux qui ne le savent pas, je suis le mentor pour l'année des joueuses ».
Elle se tourne vers le jeune homme qui avait parlé tout à l'heure.
- Adam, mentor de l'année des Garous, se présente-t-il.
Je peux sentir les autres se raidir, ainsi que moi-même. Mon Dieu...
- Hélias, mentor de l'année des changes-peaux, déclare le second jeune homme qui est apparemment dans la même tranche d'âge que le dit Adam.
- Sienna, mentor de l'année des racines.
- Nous sommes responsables de vous. Vos éducateurs, mais avant tout vos mentors. Pour tous, c'est une première fois et c'est d'ailleurs une première pour nous aussi car sachez bien les enfantsque cette rentrée rentre dans l'histoire de notre monde. Une cohabitation entre les quatre espèces !
La voix d'Elona vibre d'émotion. Elle a un regard déterminé qui me cloue sur place. Cependant c'est le mentor des racines qui prend le relais.
- L'histoire de Dom est marquée par diverses guerres entre nos différentes espèces. Mais pas seulement des différences, nous avons aussi des origines qui nous lient à cette terre, qui nous lient entre nous.
Sienna fait une pause. Son regard à l'air dément, perdue, affolé. Je ne saurais la décrire. Elle doit avoir tout au plus 30 ans. Elle a des cheveux lisses, d'un blond dégradé qui lui tombent sur les épaules. Elle porte une longue robe, verte à bretelles toute simple, « c'est pour ça que vous êtes là », sa voix est posée et contraste avec tout à l'heure, « pour le savoir, l'apprendre et l'intégrer » .
Ce qu'elle dit me subjugue en quelque sorte. Ses mots me frappent, me nouent l'estomac. Ce qu'elle dit est tout sauf creux. Ça a du sens. Peut-être que je ne comprends pas vraiment les enjeux dont elle parle, mais ils restent gravés dans ma mémoire.
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