Chapitre 4 :

En gentille fille que je suis, je n'ai évidement pas écouté Jérémy. J'ai mis une petite jupe noire contre ses piètres recommandations. Il apprendra qu'il ne faut jamais me dire ce que je dois faire ou non, puisque ça me donne instantanément envie de faire l'inverse. Au départ, l'idée de dénuder mes jambes ne m'avait même pas traversé l'esprit. Vu la manière dont s'est terminée la dernière soirée que j'ai passé avec Jérémy, j'aurais plutôt eu tendance à opté pour un jogging et des baskets. Parce que oui, descendre d'un balcon en jupe ou en robe, ce n'est pas l'idéal. Mais je suis prête à prendre le risque si ça peut embêter mon cher voisin.

Après, je n'ai pas joué la carte de l'originalité. J'ai simplement mis un débardeur blanc, une veste en jean pour éviter d'avoir froid et des baskets. Ce n'est pas un défilé de mode après tout, et je préfère largement me sentir à laisse dans mes baskets plutôt que de jouer à la diva en mettant une paire de talons avec lesquelles je n'arriverais même pas à marcher correctement.

Je suis en train de peigner mes cheveux lorsque j'entends la sonnette retentir dans la maison. J'inspire profondément avant de quitter ma chambre. Il est là.

Pour je ne sais quelle raison, je ne me sens pas prête. Ça ne me rassure pas de passer une soirée avec des personnes que je ne connais pas. Surtout qu'elles sont plus âgées que moi. J'ai peur de faire tâche, de gêner, de ne pas me sentir à ma place. Et j'avoue ne pas être très confiante.

Je pince mes lèvres et traverse le couloir pour arriver aux escaliers.

-Entre Jérémy, Alexie va arriver dans un instant.

J'entends la voix de ma mère au rez-de-chaussée puis celle de mon voisin qui la remercie. Je sers les dents et commence à descendre les escaliers. J'espère que tout se passera bien entre Jérémy et moi. Tout à l'heure, lorsque nous parlions par message, nos propos étaient un peu froids. Beaucoup, même. J'espère qu'il n'en tiendra pas rigueur. Ce n'était que de la provoc' ces messages, rien de sérieux. Du moins, c'est ce que c'était à mes yeux.

J'arrive au rez-de-chaussée. Le regard de ma mère et de Jérémy convergent vers moi. Les yeux de ce dernier détaillent ma tenue et un rictus se forme sur ses lèvres lorsqu'il voit ma jupe. Il secoue une seconde la tête avant de connecter son regard au mien.

-Bonsoir, Alex, susurre-t-il en s'approchant.

Il me fait la bise, sûrement pour paraître poli devant ma mère.

-Salut, murmuré-je lorsqu'il embrasse ma seconde joue.

Il s'écarte, me toise un instant avant de se placer à côté de moi.

-On va y aller, déclare Jérémy en s'adressant à ma mère. Je vous la ramène avant minuit, comme vous me l'avez demandé.

-Très bien. Passez une bonne soirée tous les deux.

J'adresse un sourire à ma mère et nous quittons la maison. La voiture de Jérémy est garée au bout de l'allée. C'est un petit véhicule noire trois portes, rien de très excentrique pour une première voiture.

-Il habite où, ton ami ? Demandé-je en arrivant à proximité de l'auto.

-Dans les quartiers Est de la ville. Juste à côté d'ici, en fait.

-Pourquoi as-tu prévu une demie-heure d'avance si il habite juste à côté ? Constaté-je. On va arriver bien trop en avance.

-Je me suis dit qu'il serait mieux pour toi que nous arrivions avant les autres... Histoire qu'ils ne te sautent pas tous dessus d'un coup.

Je le fixe, étonnée. Il a donc fait ça pour moi ? Je n'aurais jamais imaginé qu'il se soucierait de ça. Au contraire, il aime bien me mettre mal à l'aise, me charrier, et le fait qu'il fasse ce geste pour que je me sente bien – mieux, au moins – et contraire à ses actes habituels.

-Merci, dis-je simplement.

-C'est normal.

Il m'ouvre la portière côté passager et m'invite à entrer d'un signe de tête. Je m'exécute et il claque la porte derrière-moi. Une faible odeur de tabac règne dans l'habitacle, mélangée à celle d'un parfum pour homme. Je mentirais si je disais que ce mélange d'odeurs est désagréable. Bon OK, cette odeur est bien plus qu'agréable.

Jérémy entre dans le véhicule à son tour. Il s'attache et tourne la clé pour démarrer le moteur. Il me jette un bref coup d'oeil ,mais son regard bifurque rapidement vers mon corps :

-Attache-toi, Alex.

Sa voix rauque retentit dans la petite voiture, me ramenant à moi. J'obtempère et boucle rapidement ma ceinture. Il me sourit et démarre enfin.

-On sera combien ? Questionné-je.

-Je ne sais pas exactement. Ça dépend si tout le monde vient ou non. Mais dans tous les cas, on ne sera pas énormément. C'est une soirée en petit comité. On aime bien se retrouver entre nous. Entre amis proches.

-Pourquoi me ramener si vous aimez bien passer du temps rien qu'entre vous ?

-Apporter un peu de fraicheur dans nos soirées ne fera de mal à personnes... répond-il simplement.

-C'est donc à ça que je sers ? A éviter l'enlisement ?

-Exactement, Bowmer.

Il sourit et se mord la lèvre inférieure. Je l'observe, en restant interdite, analysant sa réaction. Je suis rassurée. C'est de nouveau sur le ton de la rigolade entre nous. Il n'a pas pris en compte notre petit affront par SMS. Et je ne pouvais pas espérer mieux.

-Tu as mis une jupe.

La voix rauque de Jérémy tranche l'air, me coupant dans la contemplation que je lui vouais. Je reporte mon regard sur mes genoux, et attrape instinctivement l'ourlet de ma jupe du bout de mes doigts.

-Quel sens de l'observation, dis-je sarcastiquement.

-Tu n'as pas suivi mes indications.

-Non. Je ne suis pas du genre à écouter ce qu'on me dit.

-C'est vraiment une attitude de gamine ça. Tu ferais mieux d'écouter les autres de temps à autres.

-Tu as sans doute raison. Mais je ne vois vraiment pas pourquoi j'aurais dû le faire cette fois-ci. J'ai mis une jupe, ce n'est pas la fin du monde, quand même.

-C'est toi qui vois. Mais ne vient pas te plaindre quand tu regretteras.

-Pourquoi sembles-tu persuadé que je vais le regretter ?

Les prunelles émeraudes de Jérémy se posent sur moi. Ses sourcils sont légèrement froncés et toute trace de sarcasme s'est effacée de son visage habituellement si souriant. La mâchoire du brun se contracte et il prend une grande inspiration. J'avale difficilement ma salive face au regard dur et froid qu'il me jette. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas du tout ce regard. Il me semble bien trop familier, alors que je ne l'ai vu qu'une fois avant maintenant. Qu'une fois ce matin, pendant le footing.

Deux fois, et ça me suffit pour savoir qu'il ne présage rien de bon.

Je déglutis bruyamment, comprenant que ce qu'il va dire ne va pas me plaire. Jérémy pince ses lèvres quelques secondes avant de les ouvrir pour laisser passer ces quelques mots :

-Tu comprendras bien assez tôt pourquoi je dis ça.

Puis il reporte son attention sur la route interminable qui se déploie devant nous, ne me regardant plus une fois jusqu'à la fin du trajet...

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Hello tout le monde ? Alors contents d'être en week-end ? J'espère en tout cas que ce petit chapitre vous plaira... La prochaine fois on s'attaque à la soirée ! 

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