à mon M.
au passé, aux détails, aux entailles...

tu sais c'est écrit au plus profond de mes plaies
je te l'ai dit au jour même où tu m'as vue
"Accepte-moi si je te plais mais ne me mets jamais à nue" : je cache du sombre.
j'ai vraiment du mal à montrer les parts d'ombre
qui s'infiltrent sur mon corps...
je suis le genre de filles qui met des filtres sur ses formes
et qui sourit pour se conformer.

j'avais peur que tu me déshabilles un jour
et que tu voies ce qui me rend laide,
mes côtes, les marques, mon visage de côté
je suis étiquetée au fer rouge, comme un code barre que j'ai dessiné au fusain
le noir du sang séché...
le soir du sang oxydé...

j'ai eu mal, quand j'avais un drap qui me cachait
qui venait se coller au fleuve sur mes mollets et jusqu'à la cheville
j'étais aux urgences et le temps était si long,
j'avais seize ans mais je n'étais qu'une petite fille...
tout le monde avait renoncé à croire qu'un jour je serais souriante, ou simplement docile,
j'étais la patiente qui patiente :
Ça s'arrêtait là...
ça s'est toujours arrêté là.

J'étais dépendante du mal que je m'infligeais et j'ai presque cru en un dieu tant je souffrais...
c'était triste

dramatiquement triste

excessivement triste

je perdais la raison et je ne vivais plus que pour l'amour-passion qu'elle m'avait laissé rêver...
C'est pas une vie, c'est creuser une fosse et s'y jeter.