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29. Adrien

Média: Goodbye my lover - James Blunt.

Je ne sais plus quel jour on est.

Lorsque Mélina entre chez moi, je suis seul. J'ai choisi le moment parfait: Emma est à son spectacle de danse et j'ai imité une quinte de toux pour ne pas y aller. Nous sommes distants, et je le suis surement encore plus. Je l'invite à s'asseoir sur le canapé du salon, puis je me mets en face d'elle pour la forcer à me regarder dans les yeux. J'aime être certain de la voir jusqu'au bout. Elle se doute que ce dont je vais parler est très dur comme sujet de conversation, c'est pour cette raison qu'elle a l'air si gentille tout à coup. La pitié. Il n'y a rien de plus horrible que la pitié. Je toussote, histoire de savoir par quoi je vais commencer. Je déteste les débuts d'histoires. Les fins sont les meilleures choses, mais généralement lorsqu'elles arrivent, le récit prend un tournant fatal... nous nous fixons, nerveusement bien sûr. Je n'ai pas envie qu'elle ressorte de chez moi en ayant pris la décision de ne plus jamais revenir... je commence à parler:
- À l'époque, j'étais un peu le gars en bas de l'échelle, celui qui était toujours seul, celui qui n'était jamais à la page, celui que tout le monde détestait... ça n'a pas beaucoup changé remarque, mais avant, je n'avais pas le physique, tu vois ? L'appareil dentaire, les boutons, des kilos en trop et des lunettes...
- Toi, des lunettes ?
J'ai presque l'impression qu'elle sourit, mais je n'espère pas trop. Il est vrai que de me revoir avec mes vieilles lunettes vertes caca-d'oie est beaucoup demandé pour moi.
- Ouais. Elles étaient vertes. Je ne les mets jamais, mais je suis à moitié myope parfois. Bref, un jour, je me suis fait taper dessus par une bande de gros tas. Lise m'a sauvé...
Ça y est. L'histoire a fini le prologue, elle peut malheureusement commencer pour de bon. Mélina penche la tête comme pour m'encourager à parler davantage.

***

- Alors merci beaucoup Lise Sanchez...
Elle était vraiment très jolie, et cela m'intimidait un peu. Elle me sourit de toutes ses dents.
- De rien, je connais ces espèces de crétins. Ne fais pas attention à ce qu'ils disent, je suis certaine qu'ils ne t'arrivent pas à la cheville. Et toi, c'est quoi ton petit nom ?
J'avais beau me dire que je ne la connaissais pas, cette fille avait l'air de lire en moi comme dans un livre ouvert. Je l'avais remarqué à cause de son regard noir perçant toutefois très chaleureux.
- Adrien Anderson...
- Oh, mais je connais ta soeur, s'exclama-t'elle dans une moue incertaine, elle est... très gentille...
Génial... elle avait déjà une très bonne impression des Anderson. Merci Rachel.
- Oui je sais, c'est une vraie ordure.
- Si tu le dis, je ne vais pas te contre-dire !
Nous avons éclaté de rire, même si c'était insensé. D'ailleurs, je ne voyait pas pourquoi ça devrait être drôle, mais si elle riait je riais. Je me suis rendu compte que je n'avais même pas besoin de faire semblant.

***

- C'était un rituel. On ne faisait jamais semblant avec Lise Sanchez. Elle vous montre qui vous êtes réellement, et elle s'en va...
- Qu'est ce qui s'est passé ?
Elle me regarde droit dans les yeux et je me sens obligé de poursuivre, même si mon cerveau me hurle le contraire. Les paroles de Monsieur Millet me reviennent, mais je les ignore. Son regard bleu est déstabilisant.
- Je... enfin... c'était en novembre dernier, et presque toutes les routes étaient gelées. Avec Lise, on sortait d'une soirée bien arrosée. À l'époque, elle était invitée un peu partout parce que tout le monde l'aimait beaucoup. Malheureusement, ce soir-là, j'avais un peu trop forcé sur l'alcool...

***

- Adrien, je prends le volant. Tu n'as pas le permis et tu es complètement saoul !
- Nan nan, ... j'te dis qu'ça va, écoute moi bien Lise, 'fin, r'garde moi bien dans les yeux... chuis pas saoul ! Où t'as vu ça ???
J'avais juste un peu envie de vomir, mais ça je ne le dis pas pour ne pas l'effrayer. J'avais l'habitude de prendre le volant avec elle en coéquipière de route. Elle fronça les sourcils.
- Hors de question, passe de l'autre côté de la voiture tout de suite.
- Mais noooon ! J'te dis que j'vais bien tu vas pas me gonfler aussi !
Je commence à la pousser un peu et à ouvrir la portière du côté conducteur. Je veux vraiment conduire. Elle ne peut pas m'en empêcher.
- Adrien...
- Allez, pousse-toi d'là...
Elle finit par se dégager à contre-coeur et je suis vite vite dans la voiture en sentant néanmoins la tête me tourner. Je me suis dis que tout allait bien se passe et que je conduisais comme un dieu, donc il n'y aurait pas de problèmes. Lise grimpa à son tour et claqua violemment la portière. Je devinais qu'elle était en colère, mais je n'y attachais pas plus attention.
- Les routes sont gelées.
Elle avait dit ça juste pour me faire changer d'avis, je la connaissais bien. J'enclenchais le moteur et quittais le parking. La voiture avait zigzagué jusqu'à la sortie, mais j'avais tenté de me reprendre en main en voyant l'air inquiet de Lise. Nous arrivions sur l'autoroute où elle grommela:
- Roule plus doucement. Tu conduis vraiment n'importe comment.
- Pff... n'importe quoi ! Je suis le roi du volant ! À la claire fontaine, m'en allant promener ! J'ai trouvé l'eau si belle, que je m'y suis baigné !
Elle daigna enfin me sourire en entendant cette comptine qu'elle chantait à ses petits frères parfois, et je continue de chanter tout en empruntant un petit chemin de campagne complètement gelé. Je n'avais pas non plus prêté attention au panneau indiquant que la route était presque impraticable, et Lise non plus.
- Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierai !
Elle me lança le regard le plus attendrissant du monde et je lui souris comme un idiot. C'est alors que, dans un grand crissement de pneu, la voiture dérapa sur une flaque d'eau glacée puis roula comme une boule de bowling jusqu'à atterrir dans un champ un peu plus loin. J'entendais les vitres se briser, le plafond de l'habitacle se serrer sur nous, les ceintures me brûler le torse mais je blottissais de toutes mes forces contre le volant, tandis que Lise fut éjectée. Ma dernière pensée était de la sauver, et j'ai eu beau tendre ma main valide pour l'attraper, je me suis rendu compte qu'elle n'était déjà plus là. Je n'ai pas tout de suite réalisé ce qui était en train de se passer, surement à cause de l'alcool ou du fait qu'une personne comme Lise, qui vous donne l'impression d'être immortelle, puisse mourir un jour.
Quelques minutes plus tard, je me suis réveillé dans les débris. Je n'avais pas de blessures graves, mais je m'inquiétais pour Lise. Je me suis relevé sans trop de difficulté, si ce n'est que quelques égratignures, et lorsque j'ai vu son corps giser sur le sol à travers les hautes herbes, je me suis mit à courir jusqu'à elle. Elle était toute pâle, et ses yeux étaient mi-clos. Leur lumière chaleureuse avait totalement disparue. Elle baignait dans une marre de sang, et sa tempe était gravement endolorie. J'ai effleuré sa main, en croyant qu'elle s'éveillerait. Mais là aussi, j'ai fait fausse route et j'ai senti mon coeur se déchirer lorsque sa peau est venue en contact de la mienne. Elle était glaciale, froide comme le marbre. Et elle ne bougeait toujours pas. Son si doux visage était légèrement éclairé par le clair de lune, ce qui lui donnait une allure fantomatique. C'est ce qu'elle était devenue. Je pleurais sans m'en rendre compte. Je me suis dit que c'était entièrement de ma faute, que si cette sortie se serait passée différemment, rien de tout cela ne ce serait produit... je m'en voulais jusqu'à la mort. Tu as tué ta petite-amie. Tu es un meurtrier. Tu lui as volé la vie. Si tu n'avais pas existé, elle serait encore vivante. Voilà ce que je me répétais en boucle. Je criais pour la ranimer:
- Lise !!! LISE réveille-toi, réveille-toi !!! Tu ne peux pas me faire ça, POURQUOI ??!!!
Mais rien ne marchait. Il était trop tard, maintenant. Plus rien ne pouvait lui rendre la vie. Et j'en étais le seul et unique responsable. Il n'y avait rien, rien de pire à imaginer que ça. La réalité est la chose la plus dure au monde. Lorsque les secours sont finalement intervenus, j'étais déjà parti. Je rentrais chez moi à pied comme si de rien était. Personne ne m'a jamais posé de questions, personne n'a même osé me reparler de cette histoire. J'étais devenu l'homme invisible, celui qui ne parle pas et ne se montre pas, même si j'ai osé vouloir me suicider plusieurs fois. De toute façon, qui s'intéresserait à Adrien Anderson ?

***

Mélina me fixe étroitement, bouche-bée. Heureusement, elle ne me regarde pas comme si j'étais un tueur en série. Mais plutôt comme si elle était fière d'avoir réussi à me faire cracher le morceau...
- Et... ils n'ont jamais su que c'était toi qui conduisait ?
- Si, je pense, mais je n'ai jamais été dérangé chez moi par des policiers. Peut-être qu'ils ont déduit autre chose. Qu'elle était seule dans la voiture. Même ma mère n'est pas au courant.
- Cédric sait qu'il y avait un conducteur.
Elle essaye de me coincer pour que je daigne enfin dire la vérité. Et son regard malsain n'essaye même pas de me le cacher. Je toussote encore une fois pour me donner un air sérieux.
- Bon, OK, t'as gagné. Les policiers sont venus chez moi pour enquêter mais ma mère ne l'a jamais su parce qu'à ce moment là, elle était partie trois semaines chez des amis. C'est Rachel qui avait la garde. J'ai été reconnu coupable pour conduite en état d'ivresse et mon père a été obligé de payer une amende extrêmement chère pour ne pas m'envoyer en prison. Depuis, il ne me parle plus.
Elle garde le silence. Longtemps. Sûrement pour réfléchir à tout ce que je viens de lui avouer, et je n'aime pas ça. C'est un silence très gênant, que je finis par couper en demandant:
- Tu viens ? On part en balade.
Il n'y a rien de plus génial à voir que la petite lumière du regard de Mélina Allard qui s'allume.

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