Point de vue : Eden

Je ne peut m'arrêter de fixer l'homme qui se trouve en face de moi. Il a toujours ses cheveux noirs bouclés qui grisonnent, et ses même lunettes que je connais depuis que je suis bébé.
- Papa ?
Ma voix s'étrangle dans un sanglot et je me jette dans les bras de mon père. Je respire sa bonne odeur, et je me refuse à me décoller de lui. Je n'ai plus besoin de fuir pour trouver le bonheur, car mon bonheur se trouve là, dans mes bras. 

Mon père. 

Il me serre à son tour dans ses bras, de toute ses forces. J'étouffe un sanglot, je ne veux pas pleurer, je sais qu'il n'aime pas me voir pleurer, peu importe les circonstances. 

- Papa... Mais qu'est ce que tu fais là ? 

Je voyais mon père très rarement. Depuis le divorce de mes parents, il y a bien longtemps, mon père a été contraint de déménager loin de Houston, dans un petit village de campagne. Je ne le voyais que très peu, et je correspondais avec lui par lettres, et téléphone. 

- Je passais à Houston, pour une réunion avec le boulot. Mais toi, Eden ? Pourquoi tu traînes dans ce quartier à cette heure là ?
- Je...Je me promenais.

Il me fixe, sans doute certain que je lui ment. 

- Bon, il se fait tard, je te ramène chez ta mère. 

- Non ! je m'exclame, peut être un peu trop vite. 

Il hausse un sourcil, et un rictus se dessine sur ses lèvres.

- Waouh ! Que me vaut toute cette agressivité ? lance-t-il en riant. 

- Euh... Je... Enfin, désolée. 

- Allez viens. Je vais m'arrêter en route, je prendrais du pain, puis je te ramènerais chez ta mère. Je repars dans ce soir, mais j'essaierai de revenir vite, ne t'en fais pas.

Il me fait un clin d'œil, et on rejoint sa voiture, garée quelques mètres plus loin. 

- Alors, ça se passe comment les cours ? 

- Ça va. J'ai le brevet en fin d'année, mais ça va.

On roulais depuis quelques minutes, puis il s'arrêta devant une boulangerie. Il me fit signe de l'attendre dans la voiture, puis la porte de la boutique se ferma derrière lui. Je regardais la rue sombre, éclairée par les lampadaires d'or. Dans mon cerveau tournais en boucle cette même question "Je le fais ou pas?".

Je repensai à ma routine pitoyable, mes cours, Jacob... C'était mon unique chance.

Alors, je sortis de la voiture en courant, mon sac et mes larmes pour seule compagnie.