Chapitre 27
Point de Vue : Jacob
- Jacob ! On passe à table dans 10 minutes ! hurle ma mère depuis le rez-de-chaussée.
Je fais comme si je ne l'entendais pas, je voulais rester seul. Je me souviens encore de la voix pleine de sanglots d'Eden quand elle m'avait raccroché au nez. Je n'avais pas le choix. Soit je disais ça à Eden, soit Maddison lui envoyait la photo qu'elle avait prise à mon insu, alors qu'elle m'embrassait.
Je regarde mon téléphone, qui indique qu'il est 19h45. Je descends les escaliers, en faisant attention à ce que ma mère ne s'aperçoive pas que je sortais dehors.
J'arrivais au fond du jardin, a côté du chêne et du potager, qui était composé de tomates, uniquement de tomates, des dizaines de tomates, dont Valen, mon grand frère décédé, raffolait autrefois.
Je sortis mon vieux carnet à poème, que je n'avais pas relu depuis notre déménagement à Houston. Pratiquement toutes les pages étaient remplies, de poèmes sans sens, écrits par un ado perdus dans son monde et ses pensées. Et tous ces poèmes parlaient de la mort, de la tristesse, du désespoir. Aaron était un jour tombé sur ce carnet, et il était entré dans une grande colère quand il a vu à quel point j'avais le moral bas. Il m'avait dit que malgré tout, malgré notre infinie douleur, on ne pouvais pas baisser les bras. Que Valen n'aurait pas voulu ça. Qu'il n'aura jamais voulu que son petit frère soit enfermé dans son coin, tout seul.
Je soupire en repensant à ces moments pourtant proches, mais qui me paraissent si lointain.
Quand je suis arrivé à Houston, il y a quelques mois, j'avais toujours l'esprit détruit. Malgré les efforts de mes proches, c'était tellement dur à supporter... Ma mère pleurait tous les soirs, et mon père tentait de la réconforter, mais sans succès.
Quand nous sommes arrivés dans notre nouvelle maison, j'ai remarqué que toute ma famille se sentait beaucoup mieux. Mon frère s'était déjà fait des amis, qu'il allait revoir à la Fac, et mes parents discutaient pratiquement tous les jours avec nos voisins.
Je me sentais mieux aussi, mais j'avais toujours ce grand vide en moi. Je devais rejoindre le collège la semaine suivante, et je m'ennuyais a mourir. Je ne connaissais personne, et je n'avais pas franchement envie de faire de nouvelles rencontres. Je traînais dans la maison, et le soir, je sortais dehors pour marcher dans le quartier. C'était comme ça tous les jours, en attendant le fatidique jour de rentrée.
Mais un soir, pendant que j'étais dehors, j'avais entendu des éclats de voix qui provenaient du jardin d'à côté. On aurait dit une personne qui se disputait, mais je n'en étais pas sur. Alors, pour en avoir le cœur net, j'étais allé près de cette maison. Le portail était ouvert, et la personne qui parlait au téléphone me tournait le dos, mais je pouvais distinguer que c'était une fille, qui devait avoir mon âge à peu près.
- Ecoute désolée, t'as raison, mais là je sais pas.., avait soupiré la fille à son interlocuteur.
La personne avait qui elle était au téléphone dut lui dire quelque chose, car ma voisine soupira, et lâcha son téléphone, signe que sa conversation était terminée.
- Un problème ? avais-je dit, curieux.
Elle s'était retournée rapidement, ses grands yeux marrons écarquillés de surprise, et m'avait détaillé de la tête aux pieds.
- Euh, on se connaît ? Et qu'est ce que tu fais dans mon jardin ? m'avait-elle lancé, avec un ton énervé.
J'avais eu l'envie de rire, mais je m'étais retenu, jugeant le moment inopportun.
- Je m'appelle Jacob. Et si je suis dans ton jardin, c'est juste parce que je t'ai entendu parler au tel avec ta pote, en tout cas j'imagine que c'est ta pote, et j'étais curieux, débitais-je d'un seul coup, soudainement gênée d'avoir ses yeux ancrés dans les miens.
- Ah ouais et toi tu t'invites chez les gens comme ça ?
Comme je n'avais rien trouvé à redire, j'avais éclaté de rire à la place.
- Tu me dis vaguement quelque chose...avait-elle dit en réfléchissant, perdant d'un seul coup son hostilité, et devenant sympa.
- Ouais, je viens d'arriver ici, à Houston. Je suis allé visiter le lycée la semaine dernière et j'entre en cours demain. Je suis en 3e.
- Ok. Cool. Moi c'est Eden. J'suis aussi en 3e.
- Cool. A demain.
Je lui avais fait un clin d'œil, et j'étais parti d'un coup, sans rien ajouté d'autre. Je me sentais bouleversé ou chamboulé, qu'importe, je ne me sentais pas bien. J'avais l'image de son visage ancré dans mon esprit, et je n'arrivais pas à l'effacer. Mon cœur battait étrangement vite, mais je m'étais vite ressaisis, en me disant que ce n'était certainement rien d'important.
Je ne savais pas qu'Eden, l'adolescente qui se disputait au téléphone avec son amie, allait pouvoir changer ma vie comme ça.
Mais maintenant, alors que j'étais adossé au chêne dans mon jardin, revenu à l'instant présent, à l'instant où je réalisais que j'avais perdu Eden, et que j'étais bel et bien un connard, comme elle me l'avait dit quelques instants plus tôt au téléphone, mon cœur se brisait lentement, comme si une main le serrait tout doucement pour le faire craqueler, pour rendre ma douleur encore plus puissant qu'elle ne l'était déjà.
-------------------------------------
Hey !
J'espère que ce chapitre où l'on découvre le point de vue de Jacob vous aura plu ! J'avais envie qu'on voit un peu plus ce que Jacob pensait, dites moi si vous aimez les passages avec Jacob et si vous voulez que j'en refasse prochainement.😊
Au fait, merci beaucoup pour les 700 vues sur cette histoires, vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me rend heureuse !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro